L'amour et la danse (Libre)

Je souris.

-Ça ira, c'est juste de la jalousie mal placée.

Je défis l'élastique qui retenait mes cheveux en arrière et le mis dans mon sac.

-Tu veux passer chez moi ? T'es jamais venu après tout ..

Lui proposais-je. Je n'avais pas prévu de revoir Jason avant deux bonnes heures, et je n'avais nullement envie de rester chez moi toute seule.

- Oh, mais bien sûr.
Je souris et la suivit, marchant à ses côtés en direction de son immense maison, sans dire un mot.
Ainsi Jason était jaloux. Il est vrai qu'avoir été à sa place, il aurait peut-être - non, sûrement - eu une réaction similaire.

Nous arrivâmes devant chez moi. J'ouvris le grand portail blanc et nous entrâmes dans l'immense cours qui me servait de jardin, et qu'il suffisait de traverser par l'allée sur laquelle nous étions déjà pour se rendre à l'intérieur. Je refermai le portail derrière nous et me dirigeai vers la porte d'entrée que j'ouvris ensuite, invitant Keven à entrer.

Je regardais partout autour de moi d'un air franchement émerveillé. J'entrai dans la maison et fit quelques pas, n'osant pas vraiment toucher à quoi que ce soit. Je n'avais jamais mis les pieds dans une maison aussi grande, aussi belle, qui valait aussi cher...
- Waow.

Je lui souris, mais j'étais plutôt mal à l'aise . Quand je montrais ma maison pour la toute première fois à quelqu'un que je connaissais, il arrivait parfois que soit l'interressé ne m'adresse la parole que pour ça, soit qu'il me prenne pour une fille à papa, ou alors qu'il flippe complètement. Et je n'avais pas du tout envie que Keven se sente gêné ou quoi que ce soit.

-Voilà, là c'est le salon.

Voyant qu'il n'osait pas trop avancer, je le pris par la main et l'entrainai dans une autre pièce pour essayer de le mettre à l'aise.

-Tu peux faire comme chez toi tu sais. La c'est la cuisine ..

Je gardai sa main dans la mienne et la suivit en regardant partout autour de moi. Le fait qu'elle me dise de faire comme chez moi me rassura un peu. Normalement, dans ce genre de maison, c'est toujours hyper strict à un tel point que tu as peur de toucher à quelque chose, de peur de te faire réprimander. Ici, ça semblait vraiment être différent. L'endroit était accueuillant, au lieu d'avoir plus l'air d'être un musée que d'autre chose.
- C'est vraiment génial... !

-C'est vrai que j'ai de la chance.

Avouai-je en l'entrainant dans une autre pièce, lui montrant ainsi toute la maison, en gardant toujours sa main dans la mienne. Il vit ainsi le deuxième salon - jamais compris à quoi il servait - la bibliothèque, le bureau, les trois salles de bains, les deux chambres d'amis, la piscine intérieure, la salle de jeux ... Nous arrivâmes alors devant la porte de ma chambre. Le seul endroit où je passais réellement du temps. J'ouvris la porte et lui montrai ainsi l'immense pièce décorée par mes soins et qui était plutôt différente du style du reste de la maison.

-Et ma chambre.

Je sifflai en entrant dans la chambre.
- Joli !
Bizarrement, je me sentais beaucoup plus à l'aise dans cette pièce que dans le reste de la maison. Comme si, puisque c'était la chambre de Frannie, c'était différent. C'est dur à expliquer... Mais c'est comme ça. Je me sentais mieux ici.
Un sourire aux lèvres, j'allai m'asseoir sur son lit.
- Ouais. T'es vraiment chanceuse, sérieusement.

Je m'assis à côté de lui, mettant mes jambes en tailleur sur le lit.

-Ouais .. C'est sûr. J'ai juste pas les parents adaptés.

Fis-je en rigolant, lui souriant, comme je le faisais à chaque fois que j'étais avec lui. J'avais l'impression que, il pouvait m'arriver n'importe quoi, à chaque fois qu'il était là, j'avais le sourire.

Je rigolai à mon tour et me couchai sur le dos, croisant mes bras derrière ma tête.
- Confortable, ton lit !
Je lui rendis son sourire. Un large sourire heureux. Comme chaque fois lorsque j'étais en sa présence.

Je m'allongeai à mon tour sur le côté, appuyant ma tête sur ma main, le regardant.

-Du haut de gamme !

Fis-je en prenant un petit air supérieur, pour rigoler, évidemment.

- Je vois bien ça !
Je me tournai sur le côté, face à elle, pour pouvoir la regarder. Pour la... troisième fois, peut-être ? mon regard accrocha le sien et ne le lâcha plus. Un silence s'installa à nouveau entre nous, et je le rompit en marmonnant:
- Et c'est repartit...

Je ne répondis pas tout de suite à ce qu'il venait de dire, et finalement battit des cils en détournant le regard.

-Désolée.

- Pas grave. C'est aussi un peu de ma faute, nan ?
Je soupirai un peu. Je détestais quand une telle chose se produisait. J'avais l'air totalement imbécile dans ces moments-là... Comme hypnotisé par son regard...
- Eum... Bon...
Je me raclai un peu la gorge. Je ne trouvais rien à dire.

Je me redressai passant une main dans mes cheveux, remettant ainsi une mèche qui dépassait sans cesse devant mes yeux.

-Tu .. Tu veux boire quelque chose ?

Proposai-je pour rompre ce silence qui devenait gênant.

- Euuh... Juste un verre d'eau...
Je me relevai lentement et secouai un peu la tête pour me remettre les idées en place.

Je sorti en vitesse de la pièce et me dirigeai dans la cuisine pour aller chercher deux verres d'eau fraiche. J'en rempli un et le vidai d'un coup, puis m'appuyai contre le rebord d'un évier un instant réfléchissant. J'avais du mal à expliquer ces gênes soudaines qui s'interposaient entre nous, de plus en plus souvent. Je secouai alors vivement la tête, décidant de ne plus y penser et remplit les deux verres, me redirigeant vers ma chambre. J'entrai dans celle-ci et trouvait Keven dans la même position que lorsque j'étais partie et lui tendit le verre d'eau.

Je la remerciai aussitôt en prenant le verre, et m'assis sur le lit pour le boire tranquillement. Je pris quelques gorgées en regardant le plancher, ou carrément dans le vide. J'évitais un peu le regard de Frannie, légèrement mal à l'aise.

Je finis mon verre assez rapidement et le posai sur la petit table de chevet à côté du lit.

-Bon .. Ben ..

Je croisai mes bras et mes jambes, évitant aussi son regard. Comment se faisait-il que nous soyons aussi gênés d'un coup ?

Il me restait un peu d'eau dans mon verre et je finis de le boire d'un coup, le déposant ensuite à côté de celui de Frannie.
- Ouain... dis-je, comme en réponse aux deux mots qu'elle avait prononcés.
Je me raclai à nouveau la gorge et relevai enfin les yeux pour la regarder.

Je sentis son regard se poser à nouveau sur moi. J'avais beau me dire de ne pas relever la tête, j'y fut forcée bien malgré moi, et mon regard se replongea dans le sien. Bon sang ! Il avait de sacrément beaux yeux tout de même ...

Avant que j'ai pu réagir, mon regard se retrouva à nouveau attaché au sien. Impossible de m'en défaire.
Une drôle de sensation se répandait dans mon corps, et je cru remarquer que les battements de mon coeur s'étaient quelque peu accélérés.
Sans que je m'en rende compte, je me rapprochai un peu d'elle.

Bien qu'à cet instant je ne regardait que ses yeux, je sentis qu'il se rapprochait de moi, et bientôt nous étions tellement proche que nous nous frôlions, et je pouvais sentir sa respiration avec la mienne. Mon cœur battait vite, comme si il faisait une accélération avant de s'arrêter complètement, mais cette sensation était tout simplement incroyable.

Même si j'avançais, elle ne reculait pas. Elle resta parfaitement immobile, son regard dans le mien, de sorte que nos visages se retrouvèrent très, très près l'un de l'autre. Je pouvais sentir le souffle chaud de la jeune fille sur ma peau et cela me procurait des petits frissons dans tout le corps. J'avais une sensation de chaleur très agréable dans la poitrine, et l'impression que mon coeur faisait des montagnes russes­.
Lentement, mon regard s'arracha au sien... pour baisser vers ses lèvres.

Mon regard qui fixait depuis maintenant un petit bout de temps les yeux de Keven, faisait maintenant de lents allers et venus entre ses yeux et ses lèvres, et sans m'en rendre vraiment compte, ces allers-retours devenaient plus rapides. Il était à présent encore plus près, et cela ne me dérangeait absolument pas. Je me mordillai la lèvre inférieure, toujours en le regardant de la même manière, alors que nous nous rapprochions dangereusement.