PV Loupio ♪

Chriss fit semblant d'être d'accord à lui, bien que cela ne soit pas forcément le cas. Enfin, disons qu'il avait une certaine nuance à apporter: aucun bruit, si possible. Car si se lever lui tirait déjà des couinements étouffés et avec ses quintes de toux tellement incontrôlables...bref, il allait faire de son mieux, point. Il aurait bien voulu blaguer un peu pour détendre l'atmosphère, et sortir un truc du genre "Tiens, tu as inventé une nouvelle façon de marcher?" mais bon...c'était ni très gentil, ni très approprié.

C'est pourquoi il suivit tout simplement le mouvement, cramponné à Jason comme à une bouée de sauvetage même s'il essayait de ne pas trop lui peser sur la jambe. Heureusement que Jason avait retrouvé sa voie, c'est à dire celle de l'hétérosexualité, parce qu'il y avait un moment où...ben, peut-être bien qu'il aurait abusé de notre petit instructeur brimé. Ben ouais, c'est dur la vie...

En passant devant toute porte jugée suspecte, j'essayais de faire encore moins de bruit, si possible. Chriss s'appuyait sur moi, et mon pied me faisait souffrir, mais je ne disais pas un mot. Il était dans un état pire que le mien, je ne pouvais pas le blâmer. Finalement, je vis une sortie au bout du couloir et nous entraînai la-bas avec un sourire. Yeees mon ami, on allait y arriver. Il fallait juste trouver ensuite le moyen de rejoindre Ariane pour qu'elle vienne avec nous.

Une fois dehors, Chriss inspira un grand coup puis vacilla, décontenancé par la teneur en oxygène de l'air. C'est sûr que dans sa cellule, il n'y avait qu'à peine de quoi survivre sans mourir étouffé...jamais aérée et tout ça.

-Bon sang...on a intérêt à déguerpir, et vite. Tu connais quelqu'un ici?

Inutile de préciser qu'il n'arrivait pas à assimiler que j'étais sa merveilleuse élève venue le sauver, au vu de son regard perdu et de ses gestes maladroits. Il était en train de perdre la boule ou...juste trop fatigué pour se comporter à peu près normalement.

- Euh, oui. Mais ça sra pas facile de la rejoindre... Une petite conne avec des gros seins, ca te rappelle quelque chose ?

Je l'entraînai plus à l'écart, où personne ne risquait de nous voir. Je n'avais toujours pas de plan. Le laisser et aller chercher Ariane me semblait une mauvaise idée. Mais que faire d'autre ? Je ne pouvais pas vraiment le traîner avec moi, dans un tel état, jamais nous ne pourrions être discrets ! Il fallait réfléchir.
Il y avait peut-être un autre moyen de rejoindre ma copine. Une lettre ? super discrète, où je lui expliquerais tout de façon codée ? M'ouais...

Chriss se gratta pensivement la tête. Petite, conne, forte poitrine...oh, EXPLOSION CÉRÉBRALE! Non bon, plus sérieusement, il venait juste de se rappeler de mon existence...enfin presque. Disons qu'il voyait à peu près mon corps, mais que ma tête restait mystérieusement coincée dans de la brume. Franchement flippant.

-Pourquoi, elle est coincée quelque part?

Ah ça oui, en quelque sorte! Je ne pouvais pas m'esquiver comme ça, sans bonne raison valable...non mais franchement!

- Hey mon pit, jte signale que c'est la guerre ici. Tu peux pas t'promener dans les rues tranquillement comme si rien ne se passait ! Elle a été attrapée par une charmante madame pour aider à soigner les soldats. T'imagine un peu qu'elle est débordée... elle pourra pas partir comme ça. Euh... Tu peux te planquer ici et nous attendre ?

Nous avions atteint un genre de petit... euh, j'ignore comment qualifier ça. Un genre de creux, dans le sol, derrière une petite colline, caché par un bâtiment... En fait, j'ignore totalement ce que c'est, mais du moment que Chriss restait là, ça ne me prendrait que quelques minutes le temps de rejoindre Ariane, puis quelques heures le temps qu'elle obtienne le droit de partir, et enfin on pourrait venir rejoindre ! =D
Super plan ! ... Non, du tout. Mais c'était le seul auquel j'avais pensé qui avait un minimum de sens.

Chriss fronça les sourcils, conscient du risque élevé pour que ses gardiens aient déjà remarqué son absence et soient à sa recherche. Mais bon, cet endroit était un peu à l'écart et...oui, de toute façon, il risquait autant en traversant le camp au bras de Jason.

-Ca marche mon pote. Reviens juste me chercher d'ici moins d'une semaine, il fait froid, la nuit!

Il avait beau plaisanter, il n'en menait pas large. Il faut dire que mon Chriss d'amoooour sans sa Jessica était tout ce qu'il y a de plus douillet et gamin. Je crois qu'une maman serait passée par là, il se serait jeté contre elle en pleurant.

- T'en fais pas. Donne moi une heure. Juste une petite heure.

Ben oui. Oubliez pas que je me promène sur le talon de mon pied, moi ! Soyez un minimum indulgent ! Je donnai une toute petite tape sur l'épaule de Chriss avec un sourire rassurant et m'empressai de m'éloigner en direction du camp. J'allais le plus vite que je pouvais, pour arriver le plus tôt possible avertir Ariane. Avec un peu de chance, elle pourrait se libérer tout de suite, et cela prendrait moins d'une heure. Sinon... Mmm.
Finalement, en arrivant à la tente, j'avais le visage tordu dans une expression bizarre. J'avais maaaal au pied. J'avais marché dessus toute la journée, je m'étais promené partout sur de longues distances. Mauvaise idée, mais j'avais pas le choix. Je fis une courte pause, le temps de retrouver un visage à peu près impassible, et entrai ensuite dans la tente, cherchant Ariane des yeux.

Pas de bol pour Jason, j'étais pour l'instant totalement H.S. Ouaip, pour la première fois depuis que j'étais arrivée ici, j'avais pris la place du blessé. Sauf que moi, j'étais pas terre, allongée dans la poussière. Inconsciente. Faut dire que ç'avait été carrément INATTENDU. Tout avait commencé lorsqu'on nous avait amené un soldat tout tremblant et blanc comme un linge. Il était visiblement en bonne, ou plutôt correcte santé, mais semblait vraiment très choqué. Vu que les autres procédaient à l'amputation des deux jambes d'un autre soldat derrière un paravent au fond de la tente et que je m'étais portée volontaire pour surveiller les autres (nan mais sérieux, une amputation quoi), ce fut moi qui l'examinai en premier. Et me pris le coup de poêle magistral en plein crâne. Laissez moi vous expliquer...

Je venais juste de l'allonger quand il s'est mis à hurler comme un dément. Il me criait de le lâcher, qu'il ne voulait pas mourir, enfin ce genre de choses quoi. Et allez savoir pourquoi, quelqu'un avait laissé une arme meurtrière non loin de là, bien en évidence: une énorme poêle en fonte. Amen. Vous connaissez la suite, le pauvre gars s'est jeté sur moi avec cette fameuse poêle et n'a eu qu'à frapper un bon coup pour que je m'effondre. Avant de s'enfuir en titubant de la tente, toujours armé de son ustensile de cuisine. Et autant vous dire que moi, j'étais mal barrée, parce que...ben, j'étais un peu toute seule là!

En la voyant comme ça... Je ne m'alarmai même pas. Pas le moins du monde, même. Parce qu'en fait, je venais de revoir le soldat passer en vitesse avec sa poêle, poursuivant quelqu'un d'autre qui hurlait que quelqu'un attrape le possédé. Je m'approchai alors tout simplement d'Ariane et la prit dans mes bras comme je le pouvais, pour l'allonger sur le lit vide qu'avait abandonné le soldat armé de sa poêle. Je mouillai ensuite un bout de tissu pour le poser sur son front, tapotant un peu sa joue en même temps.

- Allez Ariane, réveille-toi...

Ça allait compromettre mon plan, si elle tardait à se réveiller ! Nous prenions déjà bien trop de temps !

Je grimaçai en sentant quelque chose de frais sur ma joue, grimace qui me fit bien plus souffrir que je ne l'avais espéré. Je parvins néanmoins à ouvrir les yeux, et bien que mon regard reste dans le vague, ne retombai pas dans les pommes. C'était déjà ça...

-...lui...p-parti...dangereux...

Je portai une main tremblante à mon front, tâtant précautionneusement ma bosse...qui était énorme. Et devait sûrement être en train de foncer, genre violet ou ce genre de couleur très sexy sur la peau d'une jeune femme.

Effectivement, c'était énorme. Et violet. Et vraiment pas sexy. Mais je doute fort qu'un pied ensanglanté avec un trou dedans soit réellement mieux, alors je n'allais pas passer de commentaire. Il fallait seulement à faire revenir totalement à elle. Aussi, je m'assurai que mon visage était dans son champ de vision et dit doucement:

- Ça va, il fera pas de mal à personne. Est-ce que tu vas bien... ?

Je passai la serviette humide sur son visage, évitant la bosse, qui devait être affreusement douloureuse. Viteeeuh !! Pas de temps à perdre !!
Oh seigneur, tout allait tellement mal pour nous ! Si jamais elle était trop étourdi ou se sentait trop mal pour marcher jusque là-bas, je ne serais jamais capable de la transporter !

Je levai mes yeux vitreux vers lui, un sourire hésitant aux lèvres. Oui, j'allais plutôt bien pour quelqu'un qui venait de se faire tabasser à coups de poêle. Mais en même temps, je me sentais...bizarre. Vous savez, trop légère, trop...

-Je crois que oui. Maintenant aide-moi à me relever s'il-te-plait, je dois m'occuper des blessés.
Je ne lui demandai même pas la raison de sa venue, croyant tout simplement qu'il avait envie de me voir. C'est mignon, non? Je jetai bien sûr un coup d'oeil critique à son pieds, mais en tout cas, ne me doutai pas un instant de l'urgence de la situation.

- Euh, nan. Pas t'occuper des blessés. Il faut que tu viennes avec moi.

Je la pris doucement par la taille et la remit debout, la gardant contre moi pour éviter qu'elle ne s'effondre. On est jamais trop prudent, après tout !
Je me penchai vers elle, approchant ma bouche de son oreille, et murmurai:

- J'ai trouvé Chriss. On va aller le rejoindre, et on va rentrer chez nous sains et saufs. Il faut partir maintenant.

Je m'agrippai à ses épaules pour ne pas tomber de surprise une fois qu'il m'eut annoncé la nouvelle. La bonne et la flippante nouvelle, les deux à la fois. Il avait retrouvé Chriss, génial...on allait devoir se débrouiller pour le rejoindre, moins génial. Bref, je jetai un coup d'oeil en arrière pour voir si quelqu'un risquait de me retenir. Les autres étaient toujours occupées autour du soldat qui allait perdre ses deux jambes. Et les blessés somnolaient ou déliraient tous dans leur coin sans faire attention à nous.

-Parfait, on se casse.

C'était le seul signal que j'attendais. Je hochai aussitôt la tête et l'entraînai avec moi hors de la tente. Je marchais aussi vite que mon pied blessé me le permettait, m'autorisant à l'occasion à marcher totalement dessus pour reposer mon talon qui souffrait. Mine de rien, le poids de mon corps était difficile à supporter sur un simple talon, et ce dernier devenant douloureux. Plus nous avançions, plus je sentais quelque chose de poisseux entre mes orteils. Je savais bien que mon pied pissait le sang, mais je n'avais pas l'intention d'en faire part à Ariane. Des plans pour qu'elle s'inquiète et s'arrête là, et qu'on rate notre plan. Non, non il fallait retrouver Chriss et rentrer. Une fois là-bas, elle aurait tout le loisir de s'inquiéter sur mon état.
Sauf que plus ça saignait, plus ça faisait mal. La blessure était bien ouverte, et de plus en plus en mauvais état. Pas grave. Fallait pas montrer la douleur. Juste marcher. On y était presque, de toute façon. On pouvait y arriver. J'avais confiance.

- Juste là-bas.

Je faillis pousser un cri en voyant mon Instructeur adossé faiblement au mur du bâtiment. Au lieu de ça, je franchis les derniers mètres qui nous séparaient en courant et me jetai dans ses bras en pleurant. Ce dernier me regarda en haussant les sourcils, me tapant maladroitement dans le dos tout en essayant de se défaire un peu de mon étreinte. Euh, non, il ne m'avait toujours pas vraiment reconnue. Il faut dire qu'il était dans un sale état...Peu-être même pire que certains des soldats qui me venaient dans la tente de premiers secours. Mais bon...

-Il faut vite le ramener...

C'est en sautant sur un pied que je franchis les derniers mètres, pour finalement me laisser choir directement sur le sol, aux côtés de Chriss et de Ariane. En tout cas, pour cacher à celle-ci que je souffrais, c'était raté. Juste à voir mon front qui s'était couvert de sueur et mon air plus ou moins bien, c'était carrément évident. Je levai les yeux vers Ariane en hochant un peu la tête.

- Je sais. Il faut... On a qu'à se tenir ensemble, les trois. Ils doivent pouvoir nous téléporter, non ?

-Hmm hmm. Enfin je crois.

Je leur jetai à tous les deux un regard inquiet avant de m'accroupir devant eux, passant mes bras autour de leurs épaules et les serrant aussi fort que je le pouvais. J'activais alors la commande vocale de ma montre en prononçant la phrase "un éléphant jaune dans le ciel" (oui je sais, on a des gadgets un peu bizarres", puis attendis que l'écran devienne bleu pétant avant de crier "Hervé, tu es un dieu. Retour au bercail, et ksasaute!".

Rappelez moi de tuer le programmateur de cette montre... Mais plus tard. Pour l'instant, je fermai les yeux aussi fort que possible et priai pour que ça marche.

(J'suis enrhumée, et donc d'humeur diabolique xDD Faut que je passe ma frustration sur le dos de quelqu'uuuuun !! *jete un regard vers son perso* Oh, Jaaaasoooon ! <3)

Je fermai aussi les yeux. Ça commençait à picoter, partout dans mon corps. Pour marcher, je crois que cela marchait. Oui.
Sauf que soudian, je lâchai un cri en sentant deux mains empoigner mon pied blessé. Je hoquetai alors en me sentant tiré brutalement vers l'arrière. Ma main attrapa celle d'Ariane, la tint une fraction de seconde, avant que je ne lui sois arraché de force. Et alors, sous mon regard alarmé, elle et Chriss disparurent. J'entendis les exclamations du soldat qui venait de m'arracher à Ariane.
Non. Non...
Ils étaient rentrés sains et saufs. Mais je n'étais pas resté accroché assez longtemps, jusqu'à la fin, pour partir avec eux. J'étais coincé ici.
Une pensée me vint alors. Si jamais je laissais ma vie ici... au moins alors Ethan ne serait pas tout seul. Il fallait seulement espérer qu'Ariane aurait l'intelligence de ne pas revenir me chercher. Ou du moins, que quelqu'un d'autre l'en empêcherait. Si j'avais à me sortir de ce pétrin, c'était seul, par moi-même.
Je me relevai. Le soldat me dévisageait, son expression indéchiffrable. Il avait quand même l'air un peu furieux. Et je ne savais pas trop quoi dire pour expliquer la situation.

(Haha! Pauvre toi...j'espère que tu vas vite te rétablir alors! ^^)

L'atterrissage fut rude, et Chriss et moi roulâmes plusieurs fois par terre avant de nous immobiliser. Chriss et moi. Dans l'herbe du parc de l'Académie. Chriss et moi. Seuls. Je poussai un cri désespéré et me relevai en titubant, cherchant Jason des yeux malgré les larmes qui les emplissaient déjà.

-Jason...Jason!
-Il n'est pas là. Il est resté là-bas.

Chriss me prit dans ses bras pour m'éviter de tomber. J'avais tellement peur pour lui que je sentais mon coeur rater un battement à chaque fois que j'inspirai à nouveau.

(Merchii ^^ *tousse* *meurt* *se mouche* *re-meurt* *re-tousse* Bon, je pense que j'suis prête à écrire ma réponse ! Oh, non, attend ! *se re-mouche* voilààà ! Very Happy

XD)(Hoon, je vais faire un peu dramatique... :O)

Un petit cri retentit, venant de la porte qui donnait sur le parc. L'instant d'après, une petite créature sur deux pattes se précipita en courant vers sa maman, son petit visage d'ange barbouillé de larmes. Il se jeta contre la jeune fille, la serra fortement, pleurant et riant à la fois.

- Maaaamaaaaan...

Il avait pas aimé ça du tout, le voyage de ses parents. Il était peut-être jeune, mais pas complètement débile, malgré les lacunes cérébrales sans doutes transmises génétiquement par son père. Il avait bien vu que Jessica, qui s'occupait de lui, était morte d'inquiétude. Et il s'était fait un sang d'encre. Voir sa maman saine et sauve le rassurait tellement. Tellement... Il s'était ennuyé. Il avait eu atrocement peur, aussi. La nuit, il avait fait un cauchemar terrible, imaginant ses parents poursuivis par des monstres. Même Ruby n'avait pas réussi à le rassurer. Il avait tremblé toute la nuit.
C'est fou, le lien qui unit les personnes. On aurait dit qu'il avait un vague apercu de ce qu'il se passait pour ses parents, durant le voyage. Qu'il avait su instinctivement que ce n'était pas une bonne chose...
Soudain, le petit sembla prendre conscience d'un détail. Ses beaux yeux bleus se levèrent vers le visage de sa mère.

- Maman... Maman, l'est où papa ??

~~~~~

Le soldat m'adressa quelques mots. J'étais si perturbé que je dû le faire répéter trois fois pour être enfin en mesure de comprendre ce qu'il disait. Dans pareille situation, j'avais autre chose à faire que de me rappeler mes cours d'Allemand !
L'homme disait devoir me ramener au général pour lui expliquer ce qu'il s'était passé, et que celui-ci jugerait par lui-même de ma punition pour avoir été complice dans l'évasion de son prisonnier. Alors qu'il avait le dos tourné, je n'attendis même pas. C'était la seule chose qu'il me restait à faire. Chriss avait été tellement massacré avec ce général que je ne devais pas prendre la chance d'y aller. Il ne restait qu'une option: courir. Je pris donc mes jambes à mon cou, détalant le plus vite que je le pouvais, ignorant les élancements dans mon pied blessé, essayant juste de fuir. Le soldat s'énerva derrière moi, me criant de revenir. Soudain, un coup de feu. Pendant quelques fractions de seconde, plus rien. Je cru d'abord qu'il m'avait raté, mais soudain, un choc horrible me propulsa au sol. Ma tête heurta le sol. Je perdis alors complètement la notion du temps, puisque je sombrai dans l'inconscience. Le soldat, certain de m'avoir abattu, ne prit même pas la peine de venir chercher mon corps. Il reparti sans rien faire de plus.

Je pris le visage de mon fils entre mes deux mains et le couvris de baisers, essuyant ses larmes en pleurant moi même, et lui remouillant le visage en l'embrassant. Il m'avait tellement manqué celui-là! Et dire que j'avais pensé ne jamais aimer un certain mini-thon, à l'époque où il n'était qu'une toute petite crevette dans mon ventre...oh, comme il m'avait manqué!

-Mon bébé, mon bébé!

Pour une fois, il ne me repris pas alors que je l'appelais comme ça. Je le pris dans mes bras et le serrai, fort. Il savait. Il avait deviné que Jason ne rentrerait pas avant un certain temps...voir jamais. Et il me regardait, avec ces deux billes d'un bleu profond qui faisaient office pour lui d'yeux. Je n'avais pas le courage de lui répondre honnêtement, alors je me contentai de hocher la tête.

Quelques mètres plus loin, Jessica s'était précipitée vers Chriss avec un de leurs enfants dans les bras, totalement paniquée par son état. Et il y avait de quoi, parce que là...

Heureusement, quelqu'un se chargea vite de venir chercher Chriss et l'emmener à l'infirmerie. Pendant ce temps, Ethan regardait toujours fixement sa mère. Il savait, oui. Mais c'était comme une réalité trop dure à accepter. C'était comme s'il ne prenait pas totalement conscience de ce qu'il se passait. Au fond, il voulait se convaincre lui-même. Il y croyait très très fort. Alors il ne pleurait pas. Ses yeux semblaient vides. Dénudés d'expression. Il encaissait le choc. Ce devait être dur pour son papa, là-bas.
Il imaginait, oh oui. Mais il n'avait aucune idée à quel point son pire cauchemar était en fait si loin de la réalité de la deuxième guerre mondiale...

~~~~

Après combien de temps repris-je conscience ? Je n'en savais strictement rien. Il faisait sombre, mais le soleil semblait se lever au loin, commençant à colorer le ciel de jaune et de rose. Je me redressai légèrement, et me rendit compte que je n'étais plus capable du tout de bouger mon pied. Charmant.
J'avais vaguement le souvenir d'une douleur près de l'omoplate, avant que je ne perdre connaissance. Par réflexe, je me tâtai, cherchant à découvrir une blessure quelconque. Mais je ne trouvai rien de grave. Si j'avais été blessé sérieusement, je serais soit mort, soit en train de me vider de mon sang. J'aurais bien plus mal que ça. Je crois que c'est simplement le choc de la balle me rentrant dessus à toute vitesse qui m'a fait m'écrouler, plus que la réelle douleur.
Je ne pouvais pas me relever. Je crois avoir saigné légèrement de la tête, et j'ai une bonne bosse là où mon crâne a heurté le sol. Dans l'ensemble, je n'allais pas trop mal. Maintenant, le truc c'était... comment rentrer ? Oui, j'avais ma propre montre. Était-elle complètement brisée ? Égratignée, en tout cas. Et c'était quoi, la phrase à dire, déjà ? Oh merde... Réfléchis, Jason, réfléchis !!

~~~~

(J'me permet de faire passer un tantinet de temps xD)

Quatre jours (ayoye, il s'est assomé solide ! xD). Quatre jours qu'Ariane et Chriss étaient revenus, et toujours aucune trace de Jason. Gorille était venu faire de vagues condoléances à Ariane, décrétant malgré tout en faisant fit de son orgueuil pendant quelques instants, que Jason était au final un bon p'tit gars. Il n'était pas très optimiste, de même que la plupart des autres personnes. Plus les jours passaient, plus les chances de voir Jason rentrer devenaient minces, voir quasi inexistantes.
Ethan semblait complètement vide depuis qu'il avait comprit la terrible nouvelle. Il errait dans l'établissement tel un fantôme, glissant le long des murs, le visage dénudé d'expression. Il faisait peur à voir. Il se traînait les pieds, parfois avec un doudou à la main, et touchait à peine à son assiette. L'infirmière n'arrivait pas très bien à décrire son état, autre que par le mot "dépression". Mais c'était peut-être un peu poussé comme diagnostique pour le moment. Il ne pleurait jamais. Sauf la nuit. C'était le seul moment où il semblait redevenir lui-même, plus humain, moins... comme une coquille vide. Alors il pleurait, et pleurait encore. Il hurlait. Et s'endormait seulement tard dans la nuit, même que l'on pourrait dire tôt le matin.

Vivre sans Jason au sein de l'Académie était encore pire que je ne le pensais. Et savoir que mon fils était dans un état vraiment préoccupant n'arrangeait pas les choses. J'avais essayé de le divertir, de jouer ou de regarder des dessins animés en sa compagnie...mais rien n'y faisait, Ethan n'était plus là. Mon fils était perpétuellement perdu dans un autre monde, où il croyait sans doute croiser son père. J'avais mal, j'étais une mauvaise mère.

La bonne nouvelle (la seule, je crois) de ces quatre derniers jours fut véritablement le rétablissement complet de Chriss. Aidé des soins de l'infirmière, de l'amour de Jessica et des bombes caloriques de Mama, il avait repris un semblant de consistance humaine. Je me rendais néanmoins compte à présent, avec le recul, de ses changements physiques et mentaux. Il avait beaucoup fondu, et restait maintenant collé à Jessica et à leurs enfants toute la journée, comme s'il voulait profiter du dernier jour de sa vie. L'infirmière avait dit la même chose que pour Ethan: Dépression. Sauf que lui, il cherchait surtout l'affection et le soutient de ses proches. Mon fils, au contraire, préférait s'isoler. Il voulait disparaitre dans un trou de souris et ne plus revenir. Mais le soir, une fois que tout était calme, il venait se blottir dans mon lit. Et il pleurait. Et je pleurais aussi.

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