Home Run [Loupio]

La balle fila au travers du vent sans se soucier de la bise. Elle dévia à peine de sa trajectoire quand une bourrasque souffla, et alla se perde au delà des grilles du terrain.
« Home Run ! »
Et voilà, encore une à aller chercher à trois kilomètres. Décidément, je devais être le ramasseur de balles de baseball le plus malchanceux qui soit. Et dire que les autres sont jaloux de moi parce que j'aide en tant qu'assistant l'équipe du meilleur joueur lycée. Moi, ce surdoué, j'aurai plutôt tendance à vouloir l'étrangler à dire vrai. Enfin, bien forcé de me lever en sentant le regard appuyé et menaçant de l'entraîneur de l'équipe Chocoblack, l'équipe de baseball de notre lycée, je me dirigeais d'un pas lent et désinvolte vers la sortie du terrain. Oui, y'en avait marre de ce mec avec sa belle gueule, avec ses home run et sa célébrité, quand bien même qu'il soit classe quand il joue il reste une mauviette dans tous les sens du terme, et peu m'importe qu'il n'y ai qu'un seul sens !
Enfin, ce n'est pas censé être le problème de l'assistant de toute évidence. Ou plutôt si : pourquoi je dois toujours aller chercher la balle dans le lac derrière le terrain ?! Il y avait franchement de quoi s'arracher les cheveux. Vous m'en voulez les gens ! Avouez-le au moins ! Je soupirais. Moi, Hiroshi, étudiant dit délinquant parce que je me suis coloré les cheveux – bah quoi, les yeux noirs avec les cheveux noirs ça la fait pas, je préfère encore des cheveux rouges – au lycée et assistant de l'équipe des Chocoblack – merde, qui a trouvé un nom aussi stupide que je lui éclate la face ?! – je n'ai jamais mon mot à dire à part pour interpeler le lanceur – qu'il récupère ses balles tout seul cet idiot ! Vous vous demandez sans doutes ce que je fais dans cet équipe si cela ne m'intéresse pas plus que ça ? Bah ! Dans ma famille, les garçons sont inhérent du sport, si vous voyez ce que je veux dire. Ce serait la honte pour ma mère, paraîtrait-il, que je ne fasse pas du sport, alors bon je lui mens pas vraiment si je lui dis que je fais partie de l'équipe des Chocoblack, après tout je suis leur ramasseur de balles.
Un ramasseur de balles avec de l'eau jusqu'aux genoux et les bras dans la vase ! Tiens, j'ai l'impression d'avoir touché quelque chose de gluant... Enfin, au moins ma mère ne risque pas de me voir dans cet état, elle ne va jamais voir les matchs, quant à mon père il passe ses journées à dormir, un vrai oiseau de nuit, il ne travaille qu'une fois la lune levée. A croire que je suis le fils d'un vampire, si ce n'est qu'un fantôme ou d'un zombie ! Il ferait presque peur à voir, en tous cas ça me réveille bien vite le matin...
Enfin ! Je sors victorieusement la balle d'entre les algues et la vase. Un air de dégout passe sur mon visage : comment les gens peuvent-ils jouer avec cette... chose ? Même quand elle est crade ils trouvent toujours le moyen de jouer avec, de véritables chiens. En attendant, c'est moi qui fait chercher et qui ramène ! La honte quoi, y'a que ça à dire. J'pourrais pas être un mec normal avec une famille normale dans un lycée normal et qui passe normalement ses journées à paresser – normal quoi ! Non, bien sur, je suis forcé de me coltiner une équipe de boulet avec un batteur professionnel qui passe son temps à envoyer les balles à l'autre bout, toujours dans le même lac, coincé avec les mêmes algues et la même vase ; je suis persuadé qu'il a aussi calculé au centimètre près pour m'envoyer toujours au même endroit !
Je parviens enfin à m'extirper du lac. Mes chaussures sont toujours aussi foutues, mais je peux y ajouter également mon jean qui a, cette fois-ci, sérieusement souffert en étant déchiré contre un rocher. Au moins j'ai compris la leçon : plus de chaussettes pendant que je suis au club, au risque de baigner toute la journée dans un liquide puant et peu attrayant. Je retire mes baskets en vidant leur contenu dans le lac, puis les remet à contre-cœur avant de reprendre le chemin du terrain. Et c'est comme ça tous les jours, vous imaginez vous ?
Enfin, tant qu'on me demande pas de tenir la batte ou de rester enfermé dans la même pièce que ce batteur surdoué, ça me va à peu près. Quoi que le regard du manager se fait de plus en plus meurtrier dernièrement. J'hésite même à retourner sur le terrain quand je vois sa large face me fixer avec ses grands yeux de bouledogue. Il cherche vraiment à me faire fuir, c'est définitif, ou alors il lui vient une irrésistible envie de me mordre. A cause de la balle vous croyez ? J'ai encore moins envie de l'approcher sur le coup...
« Hiroshi ! La balle ! »
Ouais, bon, la voilà votre balle. Toujours aussi impatients – ils ont pas assez pour acheter d'autres balles ? Bon, okay, la plupart ont été perdues au fond du lac à cause de monsieur le sur-doué ; celui qui fera de la plongée sous-marine ici découvrira un véritable trésors à mon avis avec toutes ces balles. Mais en l'occurrence, ce serait plutôt à moi que reviendrait le droit de découvrir un trésor pour m'échapper de ce terrain maudit, quand bien même qu'il y ai un joueur de baseball surdoué dans l'équipe. Un surdoué qui me fait étrangement face tout d'un coup. Qu'est-ce qu'il me veut avec ses yeux de merlan frit, ma photo peut-être ?

Encore une fois. Un, deux, trois, hop ! elle est partie. Certes, il n'y a rien d'étonnant. Sans vouloir me vanter - en fait si, mon but est simplement d'étaler mon talent aux yeux de tous - avec un batteur comme moi, ça ne peut être autrement. Je m'appuyai sur ma batte en croisant légèrement une jambe derrière l'autre, et levai ma main en visière au-dessus de mes yeux. Cela me permi d'observer le vol de la balle que je venais de frapper. Oh. Encore le lac. Oups ? Non, pas vraiment. Hiroshi est là pour ça après tout. Je levai les yeux au ciel en faisant tourner la batte dans les airs, avant de la caler contre mon épaule dans un geste purement sexy. Eh oui. Je suis un beau gosse. C'est comme ça. Mais cette belle gueule ne fera pas revenir la balle plus vite. Je me demande encore ce qui me retient de dire à l'entraîneur de mettre ce jeune homme à la porte. Il croit quoi, lui ? Qu'on est ici pour s'amuser, qu'on a tout notre temps et qu'il peut se permettre de prendre dix minutes à chaque fois qu'il doit aller chercher la balle ? Avoir su qu'il était aussi lent, je me serais opposé à sa participation dans le club... Il n'aidait pas vraiment... Il nous faisait perdre un temps fou. Le lanceur n'avait qu'à courir sa balle, il serait plus efficace que notre ramasseur de balles actuel. Tien justement... Il daignait enfin se pointer près du terrain. Pourquoi il faisait cette tête-là ? Il s'attendait sûrement à ce qu'on soit tout contents qu'il soit allé chercher cette fichue balle, mais c'était loin d'être le cas. Enfin, je devrais plus dire, loin d'être mon cas. Quand Dan, superbe blond aux yeux d'océan, meilleur joueur de l'équipe du lycée, veut cogner des balles, il n'a pas envie d'attendre une éternité pour que sa balle revienne.
C'est d'ailleurs pourquoi je décidai d'aborder ce cher Hiroshi. Il n'avait pas de chance, aucune envie de me montrer clément. Je tendis la main droite sans prononcer un mot, attendant qu'il me redonne la balle. Dès qu'il la posa dans ma paume, je refermai ma main dessus et la lui lançai brutalement par la tête. Tout compte fais, je n'étais pas seulement bon batteur. Je crois que je pourrais exceller aussi du côté lanceur. Un sportif né, je vous le dit. Dans tous les cas, j'avais de la force dans le bras, aucun doute là-dessus. Ça devait avoir cogné assez fort pour lui. Mais il ne méritait pas mieux.

- Baka ! Il était temps que tu la ramènes ! J'ai bien cru qu'on ne la reverrait jamais, cette balle ! La prochaine fois, tu te dépêches. On a pas besoin d'un escargot dans l'équipe. Maintenant ramasse-moi cette balle.

Je le fixais de mes yeux bleus éclatants, dégageant avec désinvolture mon front d'une mèche agaçante en écoutant d'une oreille distraite les rires et commentaires parmis les autres joueurs de l'équipe. J'étais plutôt concentré sur lui à vrai dire, trop en colère pour m'amuser de lui avec les autres. Je ne le supportais pas plus que lui ne me supportait.

Le voilà qui me tendait la main avec un regard appuyé, attendant visiblement avec une grande impatience cette fichue balle. Mais il le faisait vraiment exprès ! Il avait vraiment tout pour me faire rager, mais de là à en plus en rajouter avec son expression stupide... La prochaine fois, il pourrait aller la chercher seul sa balle. Bien content d'avoir un chien, hein ? Je daignais enfin lui mettre la balle dans la main en lâchant un sifflement rageur. Marre de servir comme un animal, vivement que je quitte cet endroit inutile et désespérant. Ce n'était pas près d'arriver, malheureusement. J'allais me retourner pour partir, mais un objet volant non identifié vint soudain se fracasser juste au dessus de mon œil. Je titubais, sérieusement sonné, et tombait sur le séant en me tenant douloureusement le front. La balle jaune retomba à côté de moi en rebondissant un peu et roula un peu plus loin.
« Baka ! Il était temps que tu la ramènes ! J'ai bien cru qu'on ne
la reverrait jamais, cette balle ! La prochaine fois, tu te dépêches.
On a pas besoin d'un escargot dans l'équipe. Maintenant ramasse-moi
cette balle. »
Quoi ?! En plus d'être un idiot de batteur à la belle gueule d'ange pathétique qui profitait de mes services pour récupérer les balles, il en profitait également pour me considérer comme le chien que je semblait être pour cette fichue équipe. Pour ne rien arranger, il me demandait après ça de ramasser cette œuvre du diable qui était à même pas deux pas et demi de lui et à peut-être un mètre quatre-vingt et des poussières de sa tête ! Je crachais par terre en me relevant, titubant légèrement - c'est que ça fait mal une balle lancé avec cette force à cette distance !
« Alors comme ça mônsieur n'est même pas capable de ramasser une balle à un mètre de lui ?! Je n'te propose même pas d'aller fouiller au milieu de la vase et des algues la prochaine fois, j'imagine que t'aurais trop peur de te casser un ongle ! La voilà ta balle ! »
Je ramassait cet horrible petite boule jaune et la lançait rageusement à ses pieds. Je n'étais peut-être pas bien grand et pas bien costaud, mais j'avais aussi de quoi me faire respecter.
« Oups, on dirait que la vase l'a faite glisser ; quel dommage ! »
Je lui adressais un regard assassin et me pressait de me diriger vers le banc le plus proche, c'est-à-dire la seule place à l'ombre que je me réservais en temps normal. J'en avais plus que marre de nager dans la saleté à chaque fois pour ramasser une fichue balle qu'il n'était même pas capable de ramasser lui-même. Comment les filles pouvaient-elles supporter un tel poltron à chaque fois qu'il avait une pause ? En plus, dans cette équipe, y'en a pas un pour rattraper les autres, à part cet idiot de Dan personne ne sait frapper une balle, mais bien sur c'est à l'assistant de tout se prendre dans la tête, bien sur !
Bon, il faut avouer que ma fainéantise n'y était pas pour rien là-dedans, mais à dire vrai je me serais aussi bien passé de ma place en tant qu'assistant que le manager et Dan se seraient passés d'un assistant comme moi, seul problème il semblerait que je sois le seul imbécile qui préfère aller marcher dans la boue et l'eau croupis que de rester planté au soleil pour admirer Dan-chou en train de faire tout un spectacle de son don. Le truc banal du mec qui a tout dans les muscles, tout dans la gueule, mais rien dans le crâne. Pitoyable, c'est tout ! Vivement la fin de l'entraînement qu'on me laisse aller sécher les cours et dormir sur le toit, là au moins je serais tranquille.
En attendant... Je lançais un autre regard noir à Dan, méfiant comme toujours. Je devais me coltiner ce boulet pendant tout l'entraînement, et pire encore maintenant qu'il avait décidé qu'il avait un problème avec moi - joie !

Je soutenais son regard avec un sourire en coin, attendant de voir sa réaction. Bien entendu, le fait d'aller chercher la balle aussi loin ne lui plaisait absolument pas, et il ne tarda pas à me le faire savoir. À la fois par son attitude, puis par ses paroles une fois que je lui eu lancé la balle dessus. Parlant de cela, j'étais presque certain qu'il s'en sortirait avec une marque sur le front pour quelques jours. Mais bon, ce n'était pas ça le plus important. Je pense surtout qu'il me sous-estimait. Il croyait pouvoir me tenir tête avec ses petites répliques, et s'amuser à me ridiculiser. Mais je n'allais pas me laisser faire comme cela. Je ne comptais pas me fâcher inutilement et lui sauter dessus. Non...
Ah ben ça alors. Il ne me la redonnait pas ! Non, il préférait la lancer à mes pieds en croyant que j'allais me pencher pour la ramasser. Il me prenait pour qui exactement ? Avec moi, il avait intérêt à changer d'attitude rapidement. Je n'allais pas me forcer à ramasser les balles tout le temps comme ça... La prochaine fois, c'est sa tête que j'enverrai dans le lac ! Soupirant, je me penchai et mis la main sur cette stupide boule jaune - désormais plus très jaune. Je l'envoyai en direction du lancer, qui l'attrapa et s'apprêta à me faire un lancer. Je me plaçai alors en position, souriant nettement en coin avec un air qu'on pouvait qualifier de diabolique. Lorsque la balle fila dans ma direction, je brandis la batte et levai les yeux vers le ciel. Sans y apercevoir la balle. Mais où était-elle ? Je ne ratais JAMAIS mon coup. Elle ne pouvait pas être tout près, quand même... Je me tournai alors lentement vers l'endroit où s'était installé Hiroshi, sachant très bien que la balle était allée tout droit vers lui. Je l'avais fais exprêt, évidemment ! Car je ne rate JAMAIS mon coup. J'offris alors un sourire au jeune homme en mettant ma batte derrière ma tête, la tenant aux deux extrémités. Encore une pose sexy... Raaah...

- Oups... On dirait que la vase l'a faite glisser. Quel dommage !

Rieur, je levai la main en l'air en attendant clairement qu'il me la relance. Mais je savais pertinemment que ce ne serait pas aussi facile que cela. Encore une fois, j'aurais droit à un sermon ou quelque chose du genre, puis il bouderait, se plaindrait et je finirais pas avoir la balle quand même au bout du compte, et lui retournerait s'asseoir à sa place de petit chien en attendant d'aller courir la prochaine balle. J'étais le meilleur, le plus beau et le plus populaire. Et j'obtenais toujours ce que je voulais. Ce n'était pas ce mec qui allait y changer quelque chose.

Dan ne sembla pas me prêter plus longtemps attention. Et tant mieux ! Je n'avais aucune envie d'être le centre d'attention d'un idiot. Pourquoi j'étais rentré dans cette équipe, franchement... A croire que non seulement j'étais le chien de l'équipe et de Dan, mais aussi celui de mes parents. Quelle ironie, né pour être un chien, c'est pathétique. Je détournais la tête, légèrement tendu et les sourcils froncés. Dans de telles conditions, qu'est-ce que je pouvais faire ? Sincèrement, rien, et c'était sans doutes le plus rageant. Un cri de surprise m'échappa lorsqu'une nouvelle balle vint me percuter.
« Oups... On dirait que la vase l'a faite glisser. Quel dommage ! »
Encore lui ! Encore et toujours lui, il n'y avait rien à faire ! Je me relevais soudainement. Je sentais mon visage chauffer sur le coup de la colère, je n'avais qu'une envie : sauter au cou de cet idiot et lui arracher la tête. Je ramassais rageusement la balle tombée à mes pieds, foudroyant Dan du regard, les mains légèrement tremblantes.
« C'est bon, tu t'amuses bien ?! »
Je n'eus pas le temps de continuer car ma voix se perdit soudainement. Cela n'avait pas raté, je m'étais énervé, mais étrangement je ne parvenais plus à dire quoi que ce soit sans avoir la respiration coupée. Quoi ? Qu'est-ce que vous regardez vous ?! C'est quoi ces regards ahuris ? Voilà que le manager s'y met ; vous avez un problème peut-être ? C'est pourtant quotidien avec un tel abruti que je m'énerve, c'est pourtant pas nouveau !
Je sursautais en sentant quelque chose de froid sur ma joue. Ce n'était tout de même pas... ? Je passait brièvement une main sur ma joue, puis sur mon œil, puis l'autre main sur l'autre œil... Cela venait en cascade, je ne parvenais pas à comprendre, j'étais totalement perdu : une simple dispute qui était bien quotidienne avec cette idiot avait réussi à m'arracher des larmes que même mon père et ses incroyable sermons n'avaient jamais pu faire couler. Cette fois-ci, c'était bel et bien fini pour moi, je n'avais déjà pas grand chose en étant le chien de l'équipe. Voilà que je serais le chien pleurnichard - cela ne changerait pas grand chose, juste que... Non, c'était fini pour moi, j'en avais plus que marre de leurs brimades stupides et gratuites.
Je passais machinalement mon bras devant mes yeux pour essuyer mes larmes contre ma manche. Je devais déjà avoir les yeux rouges, je n'ai vraiment pas l'habitude de pleurer. Au moins, j'ai réussi à à peu près calmer les larmes. Je jurais - pas tout à fait discrètement - n'adressant pas un regard à Dan. Il ne le méritait même pas ; de toutes manières, un chien tel que moi n'avait pas le droit de le regarder, n'est-ce pas ? Chien, ce mot commence à sérieusement faire partie de mon quotidien, allons bon.
« Quoi ?!, crachais-je en lançant un regard noir aux autres joueurs. Qu'est-ce qu'il y a, vous avez jamais eu de moment de faiblesse peut-être vous ?! »
Je me demande bien pourquoi je tente de m'expliquer devant ces idiots. Sans doutes parce que j'ai honte, pour une fois j'ai honte même de faire partie de cette équipe, honte d'être moi, le chien. Zut, voilà que ça me reprend. Je laisse tomber la balle, faisant un quart de tour machinal pour me diriger d'un pas rapide et sec vers la sortie. Je sens encore ces regards dans mon dos, parmi eux il doit y avoir celui de Dan. Voilà, t'as gagné, t'es content ? Manquerait plus qu'en plus je me fasse virer de l'équipe ; bah, après tout ce serait pas la première fois que je me ferais virer de quelque chose. J'accélère le pas. Vite, je veux juste vite m'éloigner de cet endroit maudit. Aujourd'hui ils se débrouilleront seuls, voilà tout.
Voilà le terrain vague, avec son vieux local vide. Je monte sur la caisse qui est placée juste à côté, et grimpe sur le toit du local. Voilà, ici c'est un peu chez moi. Voilà tout... Je jure une énième fois en me frottant l’œil. Tiens ? Un liquide rouge s'est légèrement mêlé à mes larmes. Ah, le coup de la balle lancée par Dan avait peut-être été plus fort que je le pensais. Je me relevais en position assise et frottait légèrement l'égratignure avec une grimace. Je ne suis qu'un chien après tout, un chien...

Je le fixais, toujours dans la même position, dans l'attente de la balle. Balle qui ne vint pas. Je vis Hiroshi se lever, visiblement très en colère. Il ne me faisait aucunement peur mais j'avoue avoir affiché une expression un peu moins souriante. Non cette fois, ça avait l'air pire. Il semblait véritablement furieux. Lorsqu'il me cria si je m'amusais bien, j'ouvris la bouche: aucun son n'en sortit. Car de soudaines larmes sur les joues du jeune homme m'avaient un peu coupé le souffle. Une expression perplexe sur mon beau visage, je me tournai à moitié pour jeter un coup d'oeil aux autres gars, essayer de voir s'ils comprenaient quelque chose à la situation. Qu'est-ce que j'avais fais !? Ce n'était qu'une petite balle jaune stupide, que je lui avais envoyé dessus... Ce n'était pas pire que d'habitude ! Je le traitais toujours comme le chien qu'il était et jamais il n'avait eu une réaction comme celle-ci ! Voyant que les gars ne saissisaient pas plus que moi, je me retournai vers Hiroshi. À nouveau, celui-ci réagit brusquement suite à nos regards. Moments de faiblesse ? Oui, ça arrive à tout le monde... sauf à moi. Mais ce n'était pas son moment de faiblesse qui était le plus étonnant, mais le fait que cela arrive là, en ce moment, alors que nous n'avions presque rien fait. Enfin bon. Il avait décidé de s'en aller. Je ne lançai aucune réplique stupide pour le retenir, parce qu'il n'en valait juste pas la peine. Je fis plutôt les quelques pas qui me séparaient de la balle et m'en emparai, la lançant dans les airs quelques fois et la rattrapant d'une main. C'était tant mieux, il était plutôt exaspérant aujourd'hui. Bah. Sauf que maintenant, qui irait chercher la balle hein ?

- Hiroshi s'est cassé. On a plus personne pour aller courir la balle... On arrête ?

Je laissai ma batte par terre et m'étirai longuement, ébouriffant ensuite mes cheveux d'une main. Je ne voyais pas le but de continuer. Aucun des joueurs ici ne voulait aller patauger dans le lac de toute façon, et moi encore moins. Cette dispute avait vraisemblablement abrégé la pratique...

- Je vais rentrer. À quand la prochaine pratique ?

On s'entendit tous ensemble pour une date, et c'est à ce moment que certains commencèrent à dire qu'Hiroshi ne viendrait pas plus, que de toute façon il ne connaitrait pas la date de la prochaine pratique et blablabla. Ce qu'ils disaient n'était pas faux. Ils tournèrent même les yeux vers moi. Quoi !? Ils attendaient que j'aille m'excuser, peut-être !? Bande d'idiots. Comme si j'allais me faire pardonner pour lui avoir envoyé une balle sur la tête. Il allait s'en remettre, de ce coup, il n'en était pas mort !

- J'irai le voir pour lui donner la date. Et l'avertir qu'il est mieux de se pointer. Non non, je serai pas trop dur avec lui, c'est bon...

Évidemment, personne ne me faisait confiance. Ils ne croyaient pas que j'allais arriver aux côtés du jeune homme et déclarer gentiment « S'il te plait, tu vas venir la prochaine fois ? ». Bref. C'était ça ou rien, je ne ferais pas mieux. J'enlevai alors mon chandail mouillé de sueur et le jetai sur mon épaule, prenant ma batte et ma bouteille d'eau. Après un bref salut en direction des autres joueurs et de l'entraîneur, je m'éloignai. Et là, imaginez-vous la démarche d'enfer, avec les cheveux un peu humides de sueur, le torse musclé à la vue de tous... J'ai trop la classe.

(xD J'adore ton perso décidément)

Non, décidément, je ne comprends pas. Je ne comprends pas comment j'en suis arrivé là, à devenir un chien. Pire encore, aucune idée de pourquoi j'ai pleuré, c'est pitoyable hein ? Bah, au moins ça a rabattu le caquet à cet idiot de surdoué, il a pu la fermer au moins sa belle gueule pour une fois. J'aurai encore préféré qu'il ne se passe rien, que tout soit tout à fait normal. Chais pas, faut croire que réfléchir à mon statut de chien me trouble plus que la normal, il vaut mieux que j'oublie ça, c'est tout.
Abandonnant mon égratignure, étalé sur le dos sur le toit du local, les yeux rivés sur le ciel, tout ce que je pouvais faire en cet instant c'était à la limite dormir peut-être. Bah, je me demande bien ce qu'ils peuvent faire maintenant qu'ils ont plus de ramasseur de balles. Ils m'ont sans doutes remplacés. Rien que de penser à voir Dan fouiller dans la vase et les algues à la recherche de sa balle, je me dis que c'est improbable, mais d'un autre côté cela m'aurait largement arrangé. Fichue famille de sportifs, la prochaine fois j'y réfléchirais à deux fois avant de suivre les tradition de la famille.
Je fermais les yeux en appréciant une brise. Non, je ne voulais vraiment plus suivre ces imbéciles et leurs idées déplacées, ils avaient bien autre chose à faire que de s'occuper de moi de toutes manières. Ma famille ne connaissait rien de moi, de toutes manières ils n'étaient que fier que j'ai eu la stupidité de rejoindre cette équipe. Les camarades de classe bah... je me demande même s'ils sont encore en vie, peu d'entre eux me parles ; j'ai rien de bien à moi ou de bien particulier, au final j'importe peu. Et l'équipe, eh bien je crois que tout est bien compris, je suis un peu leur comique et leur chien à la fois.
Combien de temps se passera encore alors que je pense à ça ? J'aurai bien aimé que ce soit toute la journée, que j'ai le temps d'y réfléchir puis de ne plus y penser. Puis j'aurai découvert en retard la date du prochain entraînement. Je me serais fait sermonner par le manager, foutre de moi par Dan, je serais parti chercher une vingtaine de balles, j'en aurait reçu trois ou quatre dans la figure après les grosses colères de cet abruti, et j'aurai essuyé une magnifique défaite suite à une dispute. C'est pas un surdoué qu'en baseball, c'est aussi le roi des chieurs si on peut encore dire ça.
Aujourd'hui avait été un jour différent, mais demain serait comme tout autre, une fois de plus. Pourtant, je ne parvenais pas à me persuader que tout serait normal, je me tournais encore et encore ces mauvaises idées dans la tête. L'idée que c'était fini. Fini quoi ? Bonne question, faudrait approfondir la recherche le jour où j'aurai la tête à ça. Un jour comme les autres, par exemples, si tenté que je parvienne jusque là sans avoir été viré de l'équipe. Quoi qu'ils aient bien besoin de moi avec un batteur comme Dan...
Bon, inutile de trainer plus longtemps ici. De toute façon ma "faiblesse" est passée, maintenant j'risque plus grand chose. Ma mère n'y verra que du feu, elle croira que je suis fatigué, comme d'habitude, et mettra la faute sur l'entraînement en s'imaginant encore que je suis batteur ou je ne sais quoi. Ça ne risque pas d'arriver, chuis déjà assez con comme ça à aller chercher les balles mais je trouve les joueurs de baseball encore plus stupides dans le genre.
M'étant enfin décidé à me relever, je descend du local. Pas d'affaire à aller chercher, au final la seule chose que j'amenais pour les entraînement c'était mes baskets pourris alors bon. J'avais juste envie pour le moment de rentrer chez moi me prendre une bonne douche et aller dormir au plus vite. Une chance que j'habite à deux pas du terrain, au moins j'aurai moins de risques de croiser un des mecs de l'équipe, ou pire encore une de ces imbéciles de majorettes. Quoi que, elles ne seront jamais bien pires que Dan...
J'arrive plutôt rapidement chez moi. Comme d'habitude, dès que j'entre, c'est comme toujours le silence total à la maison. Mon père doit encore dormir et ma mère doit être dans son bureau à faire je-ne-sais-quoi, comme toujours.
« Chuis là...
-Hiroshi ! »
Tiens ? On dirait que ma mère n'était pas enfermée dans son bureau aujourd'hui. Elle arrive vers moi avec un grand sourire sur le visage, et celui-ci s'étire même encore plus quand elle voit que je suis épuisé.
« Alors, tu t'es bien entraîné ?
-Mouais...
-Tu es bien sale !
-Ouais, la faute aux Home Run... »
Ma mère rayonne, tout simplement. Si elle savait au moins que les home run n'étaient pas de moi mais bel et bien de Dan. Enfin, d'un autre côté je lui mens pas vraiment du coup. Je ne lui adresse même pas un regard, me dirigeant vers les escaliers. Mais elle perd soudain son sourire et me prend par les épaules, regardant d'un air sévère l'égratignure causée par la balle sur mon front.
« Qu'est-ce que c'est que ça ?
-'trébuché...
-Tu as trébuché ? Mais comment tu t'es débrouillé pour te faire mal ici en trébuchant ?
-Un poteau, laisse tomber, c'est rien...
-Il est fort ce poteau. »
Je soupire, agacé.
« Je te dis que ce n'est rien, tu me connais, chuis maladroit...
-Si tu le dis. Dépêche-toi d'aller te débarbouiller, j'ai une surprise pour toi. »
J'allais pour monter mais cette fois-ci je m'arrête, observant ma mère d'un air ahuris. Quelque chose s'était passé à la maison - un véritable miracle ! - et en plus c'était une bonne nouvelle à première vue ! Allez savoir ce qu'elle allait encore trouver à me dire. Je hausse les épaules et me presse de monter. Je ne m'attarde pas dans la douche, j'ai plus que hâte de rejoindre le moelleux de mon lit, mais avant il va falloir que j'aille voir ce que veux me montrer ma mère... Je m'arrête dans le couloir. J'vais vraiment aller voir ou je vais me coucher tout de suite ? De toutes manières ça ne changerait rien si je ne venais pas : on ne sait rien les uns des autres et c'est aussi bien comme ça...

(Hahaha mercii xD)

Où est-ce que les chiens ramasseurs de balle ont l'habitude de se terrer normalement ? Aucune idée. Il ne devait sûrement pas être dans un lieu où l'on retrouvait beaucoup de gens. Il devait plutôt avoir recherché la solitude. C'est bien beau tout ça, mais ça ne me mène à rien. Il y a une foule d'endroits où il pourrait avoir la paix sans personne pour le déranger. Et je ne vous parle pas encore de mon manque de motivation... Si nous pouvions trouver un remplaçant à Hiroshi, croyez-moi, je ne serais pas actuellement en train de le chercher partout. Mais figurez-vous qu'il n'y a personne d'autre d'assez stupide pour se pointer chaque jour et aller ramasser les balles que j'envois à l'autre bout du terrain. Non, il n'y a que lui que l'on peut exploiter comme ça. Y'en a pas deux comme Hiroshi. Sauf qu'encore une fois, cette réflexion ne me mènera pas à lui. C'est plus fort que moi, il faut bien que je rumine un peu des idées noires à son sujet... S'il n'était pas parti comme un idiot, je n'en serais pas là. Tout ça n'était que de sa faute. Je pourrais en ce moment passer faire un petit tour chez un copain, ou bien traîner confortablement sur le canapé devant un film d'action... Mais non. Je me promenais au hasard en trainant ma batte sur mon épaule, à la recherche d'un imbécile. À coup sûr il était rentré chez lui. Je savais vaguement où il habitait, puis qu'une fois il était sortit de chez lui au moment où je passais pour me rendre au terrain. Mais s'il s'avérait qu'il n'était pas là ? J'aurais fais ces pas pour rien, j'aurais perdu un temps fou. Bon, ça ne pouvait pas être pire que le temps que je perdais actuellement.
Même que s'il était chez lui, je pourrais prétendre être un super ami et m'amuser un peu à ses dépends. M'ouais. Décidément, cette idée s'en venait bien bonne. Alors on y va sans perdre de temps. Je commençai à marcher en direction de sa maison, remettant mon chandail en chemin, des fois qu'il ait une soeur qui reluque mes abdos... Ou sa mère alors !? Bref. Je me sais irrésistible, je ne ferai pas exprêt.
Je m'arrêtai finalement devant la maison de celui-ci. Un chance que j'avais quand même une bonne mémoire... Avec les millions de numéros de téléphones que j'avais à retenir, pour rappeler toutes ces filles, ça me faisait de la pratique. Enfin bref. Plus important, sonner à la porte et attendre qu'on m'ouvre. J'appuyai donc mon doigt sur la sonnette puis enfouit une de mes mains dans la poche de mon short, l'autre tenant toujours ma batte. Et j'attendis. Avec mon plus beau sourire.

(Je le veux !♥ *déjà dehors, comme toujours mais bon*)

Alors que j'allais retourner dans ma chambre pour m'y enfermer jusqu'au matin et me reposer définitivement après ce fichu entraînement, la sonnerie de l'entrée retentit. Qui donc venait voir ma mère à cette heure-ci ? Peut-être ses stupides amies riches avec qui elle prenait le thé. C'est agaçant les famille de bourgeois, franchement. Ou alors peut-être quelqu'un pour son travail. D'ailleurs, je ne sais toujours pas ce qu'elle fait comme travail, ce serait intéressant d'en savoir plus. Je descend deux marches de l'escalier, réussissant à avoir une belle vue en toute discrétion sur l'entrée. Ma mère s'y dirige, vêtue d'une de ses belles robes de haute couture. A tous les coups, sa "surprise" n'était autre que cette robe, j'avais bien fait de ne pas descendre finalement. Elle ouvrit la porte, l'air perplexe. Perplexe ? Il faut croire qu'elle aussi ne s'attendait pas à cette visite surprise. Rah ! Je ne voix décidément rien de l'invité d'où je suis, mais je sais que si je descend plus ou si je me penche pour mieux voir, ma mère me verra ; il faut dire que j'en avais plusieurs fois fait l'expérience étant plus jeune.
Mais visiblement la présente surprise semble ravir ma mère qui retient une exclamation joyeuse, portant une main devant ses lèvres rouges en retenant un gloussement, puis accordant un sourire polit au nouveau venu, toujours aussi rayonnante qu'à l'accoutumer si ce n'est plus encore.
« Quelle joie de vous accueillir ici ! J'imagine que vous êtes venu voir Hiroshi, c'est cela ? »
Quelqu'un venu me voir ? Allons bon, un précepteur ou je ne sais quoi encore ? Si c'est le cas, il va vite être viré, je ne compte pas supporter tout cela plus encore. Ma mère se tourne vers les escaliers avec un sourire qui en dit gros, les joues rougies par une joie inexplicable et plutôt rageante. Ses yeux pétillent d'une lueur étrange quand elle m'aperçoit en haut des escaliers.
« Hiro-chaan !♥ C'est un de tes amis !
-Un ami ?, rétorquais-je sèchement. Manquerait plus que ça, depuis quand mes amis viendraient me rendre visite ? »
Ma mère met les mains sur les hanches d'un air sévère, tapant du pieds avec sa magnifique chaussure à talons haut ornée de paillettes - beurk - et faisant danser ses boucles noires sur son front blanc.
« Hiro-chan, tu ne vas pas me dire que ça ne te fait pas plaisir !
-Je n'ai envie de voir personne, répondis-je de but-en-blanc en étant bien décidé à ne pas me faire titiller par un des imbéciles du voisinage.
-Pas même dans le but d'avoir une équipe soudé ?, insiste ma mère en plissant les yeux.
-Pas même... Une équipe soudées ?! »
Cette dernière phrase m'arrache une expression de terreur : allons bon, maintenant ces imbéciles de Chocoblack allaient me martyriser même jusque dans ma maison ?! Celui qui était planté devant ma maison allait en voir de toutes les couleurs, moi je vous le dis. Sur le coup, et à la grande joie non-cachée de ma mère, je me lève soudainement et descend les escaliers quatre à quatre, les sourcils froncés et l'air décidé, prêt à aller montrer de quel bois je me chauffe à celui de ses incapables qui avait pensé que le chien en question n'était peut-être qu'un chihuahua ; il va vite apprendre que Hiroshi peut être un molosse quand quelque chose lui va pas, et ceci à ses dépends !
Je me stoppe à nouveau, me démontant soudainement. Une taille remarquable, une carrure bien connue, une dégaine pleine de classe et un sourire bourré de charme, le tout accompagné des indispensables yeux bleus plein d'une fausse innocence tout simplement dégoutante et des cheveux blonds humides après une journée d'entraînement plutôt bien passée pour quelqu'un comme lui. Oui, lui qui n'avait eu aucun mal à charmer ma mère à mon avis vu le sourire béat de celle-ci, plus encore s'il expose de manière visible sa batte de baseball, là il ne pouvait qu'avoir les faveur de cette imbécile. Je sens à nouveau la colère me prendre mais me contente de froncer les sourcils, serrant les dents devant celui qui me faisait à présent face : Dan.
Ma mère finit par s'inquiéter du silence, prenant un air interrogateur :
« Hiro-chan ? »
Je me tourne vers elle, cachant au mieux mon air en colère derrière mon habituelle mine renfrognée.
« Tu permets m'man, je sors un instant. »
Ma mère affiche un sourire rayonnant en pensant sans doutes avec sa grande naïveté que je vais "m'amuser avec un ami", et se dirige d'un pas joyeux vers le salon. Moi je me presse de sortir en le poussant un peu pour qu'il n'encombre pas le passage et referme brutalement la porte derrière moi. Enfin seuls, je laisse ma colère à nouveau exploser - de toutes manières, ce n'est pas ça qui inquiètera le voisinage qui ne m'appréciait déjà pas puisque je n'étais pas assez bourgeois pour eux.
« Qu'est-ce que tu fous là encore toi ?! »

(Niaaah il est à moua !! :O xD)

Je ne patientai pas bien longtemps sur le bord de la porte. Une femme vint m'ouvrir, femme que j'éblouis d'un coup avec mon sourire trop sexy. Je la détaillai un instant, m'attardant quelques brèves secondes sur les souliers à paillettes. Vu son apparence physique, elle semblait trop vieille pour être une soeur. Ce devait donc être la mère de mon... hum... "ami". C'est fou comme les parents sont naïfs. Ils s'imaginent toujours que, si quelqu'un vient cogner à la porte pour voir leur enfant, c'est automatiquement un ami. Qu'est-ce qui lui disait que je n'allais pas entraîner son petit Hiro-chaaan dans un coin pour le massacrer à coups de batte ? Hein ? Pouahah. Ça serait drôle quand même. Quoi que, pas tellement. Du sang, ça tache. Je passerais des heures à nettoyer ma batte après ça...
Je n'eus pas besoin de faire grand chose. Un simple hochement de tête pour signifier à la dame que j'étais venu voir son fils, puis celle-ci s'occupa du reste. Il n'y eut pas de réaction, et d'où j'étais, je ne pouvais pas voir Hiroshi. Mais il était bien là, puisque sa mère lui parlait. Savait-il que c'était moi ? Non, sûrement pas. Dès que la femme parla d'équipe, des bruits de pas retentirent venant des escaliers. Tiens, voilà le petit chien qui s'amenait ! Mon sourire se fit plus grand lorsque je vis son expression. Il se figea en me voyant. Bah tiens. Surprise ! Mais de qui pouvait-il bien retenir, celui-là ? Tellement renfrogné alors qu'à l'inverse, sa mère était rayonnante et débordait visiblement d'énergie et de bonne humeur. Son père devait avoir un fichu caractère alors. Haha. Famille de timbrés...

Nous nous faisions face, lui à l'intérieur aux côtés de sa mère, et moi sur le pas de la porte, avec mon air trop gentil. N'importe qui aurait trouvé cela louche, mais évidemment pas la mère. Surtout qu'en plus, rien qu'à voir la tête de son garçon, il fallait comprendre qu'il n'était pas très heureux de voir son... ami de l'équipe de baseball. M'enfin. Quand on dit que l'on ne voit que ce que l'on veut bien voir...
Hiroshi s'adressa à sa mère, annonçant qu'il sortait. Juste avant que la femme ne s'éloigne, je sautai sur l'occasion d'en rajouter une couche et lâchai à son intention:

- Merci beaucoup pour votre accueil, madame.

Avec mon éternelle allure de tombeur né, évidemment. Pour qu'elle m'aime encore plus. Haha. Sous la poussée du jeune homme - ben voyons, il se prenait pour qui lui !? - je reculai de quelques pas et fronçai un sourcil. Quelle attitude désagréable. Il n'avait pas encore eu sa leçon ? Allais-je vraiment devoir lui donner un coup de batte derrière la tête !? Cependant, mon air un peu bête disparu sitôt qu'il m'adressa la parole. Je souris en coin, amusé.

- Je suis juste venu te voir, Hiro-chaan !! ♥

Je fis effectuer à ma batte de baseball quelques cercles dans les airs, avant de la poser lourdement sur l'épaule du jeune homme. Mon regard se fit plus sérieux, mes yeux bleus scrutant les siens.

- Pratique après-demain. Même heure, même terrain.

(Maiiis ! x3 Moi j'aime les méchants garçons ! 8D *et les intellos mais ça a rien à faire ici !♥ >W<"*)

Tiens, comme pour me confirmer son sourire stupide disparu de son visage aussitôt après que j'ai refermé la porte, nous menant évidemment hors du champ de vision de ma mère qui semblait tout simplement enchanté d'avoir rencontré "quelqu'un de mon équipe", et il afficha un sourire en coin, comme un sourire victorieux. Ouais, il avait bien gagné sur le coup, et c'était vraiment rageant de savoir qu'il pouvait tranquillement venir trainer chez moi et être invité par ma mère. Mais quelle idiote franchement ! Mon père n'aurait pas fait cette erreur lui au moins, mais la différence c'est qu'à cette heure-ci il commençait sans doutes tout juste à émerger, voire à peine à ouvrir un œil.
« Je suis juste venu te voir, Hiro-chaan !!♥ »
Qu... QUOI ?! C'était quoi cette voix mielleuse maintenant ?! Alors là, Dan, non seulement tu te rends ridicule mais tu me fais peur, sérieusement. Je grimaçais de manière très visible en me plaquant presque contre la porte pour être le plus éloigné possible de ce fou. Oui, je considérais également ma mère pour une folle et je crois bien que ce n'est pas une nouveauté, ça jamais ! Dan releva sa batte de sur son épaule, exécuta quelques mouvements dans les airs et posa la pointe de l'objet sur mon épaule. Je me tendit, lui adressant un regard noir, soutenant ses yeux emplis de sérieux qui semblaient scruter ma réaction.
« Pratique après-demain. Même heure, même terrain. »
J'écarquillais les yeux, surpris. Attends, mais il... Il était venu jusqu'ici, mônsieur Dan était venu chez moi dans le but de me dire qu'ils avaient besoin de moi, sur le terrain ? Bien sur, des chiens comme moi ça se trouvait pas à tous les coins de rues. D'un autre côté, c'était plutôt ironique de retrouver le batteur de génie devant chez moi, en train de me faire une demande (c'est sans sous-entendus, juré ! x3). Je tentais de retenir un rire mais il faut avouer qu'en général je ne tiens pas longtemps, et cette fois ne fit pas exception cela va de soi : j'éclatais bruyamment de rire, me retenant au mur pour ne pas me retrouver déséquilibrer par mon hilarité soudaine.
« C'est pas vrai ! Toi, le génialissime Dan, venu jusqu'ici pour me demander d'être présent à la prochaine pratique ? Trop drôle ! »
Je riais de bon cœur quelques secondes, peut-être une ou deux minutes, puis ayant retrouvé mon souffle retenait un sourire derrière un air à nouveau renfrogné, bien qu'une lueur mesquine se fit sentir dans mon regard.
« J'avais du mal à t'imaginer aller chercher des balles et à te salir les ongles, mais de là à ce que ça te pousse à venir ici... »
Je plissais les yeux, sourcils froncés et bras croisés : envers et contre tout, il y avait toujours quelque chose qui clochait là dedans, comme - je sais pas moi - son comportement peut-être ? Je relevais la tête d'un air dédaigneux, rouvrant la porte de chez moi en entrant d'un pas dédaigneux, ne lui accordant qu'un regard rapide en m'adossant à l'encadrement de la porte. Il fallait régler ceci...
« Et pour quelle raison devrais-je venir ? Je ne crois pas qu'assurer la perfection de la manucure de monsieur me convienne, faudra trouver mieux si tu veux me persuader. »

(Mwhaha XD Je te le laisserai peut-être un peu, dans ce cas... Mais c'est bien parce que t'as fait un sous-entendu (même si selon toi, ce n'en était pas un) xDD)

La situation commençait de plus en plus à me déplaire. Je m'étais forcé pour me rendre jusqu'ici et voilà comment il me traitait. Il se permettait de rire de moi comme cela, et c'était franchement frustrant. Je serrai le poing sur le manche de ma batte, me demandant sérieusement ce qui me retenait de lui en coller une. J'exploserais volontier sa belle gueule d'idiot, même si ça aurait le désavantage de le rendre plutôt moche. Un nez cassé et en sang, ce n'est jamais super joli à regarder. Mais soit. Il fallait savoir faire preuve d'un minimum de self-control, et garder son calme pour lui faire croire que ce qu'il dit ne l'atteignait pas. Voilà. Je l'écoutai sans dire un mot. Au moins il reconnaissait ma magnificence... À moins que son mot, "génialissime", ne soit employé sarcastiquement, chose qui était fort possible dans une telle situation. Allez, ce n'est pas grave. Je ne voyais pas ce qu'il y avait de drôle ici, je venais lui demander - ordonner - de se pointer à la prochaine pratique pour ramasser les balles parce que c'était son job et qu'il ne valait pas mieux. Allons bon, il est un peu bizarre aussi comme mec, je l'ai toujours su ça.

- Il n'est pas question de manucure ici. Seulement, un batteur ne court pas les balles. Un batteur frappe des balles. Et explose des gueules.

Je frappai quelques fois ma batte dans la paume de ma main gauche, en retrouvant mon sourire en coin. Sadique cette fois. Oh qu'à sa place je m'inquiéterais légèrement désormais. Oui, quand je commençais à arborer cet air-là, c'est que j'avais comme l'envie de me défouler. Sur quelqu'un. Parce que le quelqu'un en question me mettait sur les nerfs.

- Je ne sais pas exactement à quoi tu t'attends, mais si tu espères que je me mette à genoux et commence à te supplier de venir après-demain, c'est peine perdue. C'est beau de rêver Hiroshi... Mais on n'est pas non plus dans un conte de fée. Alors ta persuasion, tu peux te la mettre où je pense. Mon argument ? J'ai une batte dans les mains et pas toi. Je sais frapper fort avec, et pas toi. Je peux te démolir quand je veux, et pas toi. Suis-je assez convaincant ? Ou ce n'est pas encore assez clair ?

Inutile de vous préciser que, s'il refusait de venir, il allait en manger une. Il n'allait pas commencer à se défiler comme ça. Je pouvais m'occuper personnellement de lui, sinon.

(Laisse-le à Hiroshi alors, c't'encore mieux !♥ //VLAN// *okay ! j'me la ferme xD j'vais m'pendre !*)

« Il n'est pas question de manucure ici. Seulement, un batteur ne court pas les balles. Un batteur frappe des balles. Et explose des gueules. »
Ça, je crois que j'avais remarqué. Je frottais instinctivement la marque qu'avait laissé la balle sur mon front, fronçant les sourcils d'un air agacé et méfiant. Il aurait beau frapper autant de fois qu'il voudrait avec sa batte dans sa paume de main, c'était loin d'être le genre de truc qui impressionne. C'est vrai quoi, il ressemble plus à un de ces stupides personnages de dessin animé de mon enfance qu'au mec classe qu'il veut laisser croire qu'il est. En tous cas, mon comportement semblait bien l'énerver, et tant mieux à dire vrai puisque ce n'était qu'une vengeance tout à fait justifiée !
« Je ne sais pas exactement à quoi tu t'attends, mais si tu espères que je me mette à genoux et commence à te supplier de venir après-demain, c'est peine perdue. »
Hum... A dire vrai, j'avais pas vraiment songé à ça, faut croire qu'il est pas trop du genre à réfléchir le Dan. Comme que je disais : tout dans les muscles et dans la gueule, mais rien dans la tête. Il poursuit tout naturellement - comme s'il croyait m'impressionner, peuh !
« C'est beau de rêver Hiroshi... Mais on n'est pas non plus dans un conte de fée. Alors ta persuasion, tu peux te la mettre où je pense. Mon argument ? J'ai une batte dans les mains et pas toi. Je sais frapper fort avec, et pas toi. Je peux te démolir quand je veux, et pas toi. Suis-je assez convaincant ? Ou ce n'est pas encore assez clair ? »
Là j'ai du mal à retenir un large sourire sur mon visage. S'il en vient au mains, c'est qu'il a plus beaucoup d'idées le coco. A croire que les disputes qu'on avait sur le terrain c'était peu de chose par rapport à ce qu'il se passait maintenant, cette fois-ci il n'allait pas gagner si facilement. Après bah... J'dois vous prévenir tout de même, chuis pas suicidaire. Ou alors juste un tout petit peu, disons juste après que j'ai ma fierté à préserver, et c'est pas sa belle gueule ou sa batte qui me fera changer d'avis.
Je m'approche légèrement de lui d'un pas lent, le visage de marbre et les yeux baissés... Des excuses, franchement, c'est pas si compliqué parfois, mais sur le coup je suis aussi retissant que lui à cela. C'est surtout que je n'ai aucune raison d'en faire. Je relève soudainement la main, le prenant par le col du chandail en le tirant vers moi, mes yeux plantés dans les siens, gardant autant de calme que ce qu'il m'en restait.
« Tu veux me tabasser ? Ben vas-y, te gêne pas ! Ça changerait pas grand chose à d'habitude ! De toutes manières... J'ai rien à perdre...
-Hiro-chan ? »
Je lâche soudainement Dan, me retournant brusquement. Ma mère sursaute en même temps que moi, portant sa main à ses lèvres d'un air surpris, ses boucles brunes dansant nerveusement sur son front pâle. Elle nous adresse un timide sourire, arrangeant d'un geste gracieux les plis de sa robe.
« Ne restez donc pas comme ça dans l'entrée, il fait meilleur dans le salon. »
Et comme pour me dissuader de refuser, elle ajoute d'un air sévère :
« Vous encombrez l'entrée, ton père va encore être en retard si vous restez là ! »
Je soupire en la regardant repartir dans les grands couloirs de notre demeure. Eh bien, si vous voulez vraiment savoir, non ce n'était pas simple de vivre avec ça, avec une mère qui avait un tel caractère. Encore que pour le moment elle était plutôt soft, c'était la suite que je craignais. Je me retournais vers Dan, le regards méfiant et accusateur.
« Alors, tu préfères déguerpir et venir me tabasser demain ou continuer à soudoyer ma mère, mônsieur le surdoué ? »

(Oh c'tune bonne idée quand même... NON ! Pend-toi pas !! :O *cours après pour l'empêcher*)

Il y a une chose que je dois avouer: Je fus heureux que sa mère intervienne tout à coup à l'extérieur. Elle me sauva d'une situation qui aurait pu tourner au désastre, et m'évitait d'avoir à faire un sale truc qui se terminerait en bain de sang. Dit plus clairement, grâce à son apparition soudaine, je n'avais pas eu à tabasser Hiroshi, et j'en étais soulagé d'un certain côté. J'étais en colère, mais pas assez pour en venir à le frapper sans remords. Ce n'était pas la même chose qu'avec une balle. Quand on se prend l'horrible boule jaune sur le front, ça passe encore. Mais donner un coup de batte à quelqu'un, c'est vraiment différent. Ça devient sanglant pour vrai. Au fond, je faisais bien des menaces, mais je préférais encore en pas avoir à les mettre à exécution. Certes, si la chose avait continué, et qu'il n'avait pas arrêté de me pousser à bout, j'aurais pu en venir là. Mais... Hum. Enfin bon. Soulagé, c'est tout.

- Je vais pas te tabasser pour cette fois. Non... Mais t'es mieux de venir au terrain. J'vais faire un effort pour envoyer la balle de l'autre côté du lac, comme ça t'auras pas à fouiller dedans, juste à le traverser. Ça te va ? Haha~

Je passai à ses côtés, mettant les pieds dans la maison. Bon, puisque la mère m'avait invité à le faire, et comme je n'avais rien d'autre d'intéressant à faire, je me décidai à entrer. Parce qu'en plus de tout, Hiroshi ne devait sûrement pas sauter de joie à l'idée que je reste encore plus longtemps avec lui, surtout dans sa propre maison. Alors s'il pouvait être embêté, ça faisait bien mon affaire. Je marchai un peu dans l'entrée, souriant.

- J'ai envie de voir à quoi ressemble la maison d'un crétin ramasseur de balles...

Une idée me vint alors. Oui, j'ai toujours d'excellentes idées comme ça. Avec mon esprit d'être supérieur et surdoué en sports. Évidemment, ce n'était pas une idée intelligente, plutôt une belle stupidité, mais qui allait provoquer certaines réactions... Je crois. Je l'espère, du moins.

- En passant madame, je suis vraiment désolé ! Au moment où vous êtes arrivée dehors, j'avoue que j'avais dans l'idée de me jeter sur votre fils pour l'embrasser. Que voulez-vous, un tel mec... Impossible d'y résister ! Tellement populaire... Tellement bon en sports ! J'ai beau être hétéro, Hiro est juste trop craquant. Pardonnez-moi, encore, d'avoir eu de telles pensées... lançai-je soudainement, bien plus fort que nécessaire, pour être bien certain de me faire entendre.

Ouais. Comme si je fantasmais sur son fils ! Il y a quand même des limites. Même si j'avais été gay, je ne me serais pas abaissé à jeter mon dévolu sur lui.
Comme je m'amuse, comme je m'amuse. Haaa...

(Owiii, bonne idééée... *_* *ressuscite juste pour le yaoi* //VLAN//)

Je dois avouer et on s'en doute que j'ai vraiment aucune envie de me coltiner cet imbécile jusque dans ma maison, mais j'ai encore moins envie de passer pour quelqu'un d'encore pire que lui. Comment dire ? Bah le minimum dans une famille comme la mienne c'est de, si on peut pas se montrer noble et impeccable, se montrer au moins à minima polit.
« Je vais pas te tabasser pour cette fois, répondit Dan. Non... Mais t'es mieux de venir au terrain. J'vais faire un effort pour envoyer la balle de l'autre côté du lac, comme ça t'auras pas à fouiller dedans, juste à le traverser. Ça te va ? »
Mais c'est qu'il me cherche encore plus cet idiot ! Il passa à côté de moi en riant d'un air satisfait, pénétrant dans MA maison pour aller rejoindre MA mère dans MON salon, à mon grand désarroi dont je me serais bien passé pour l'instant. Je retenais un juron rageur, claquant violemment la porte. On entendit un étrange bruit provenant de l'étage du dessus. Bah, ça devait être mon père qui était tombé du lit sous le coup de la surprise. Bien fait pour lui, il a qu'à être là quand il faut, ça m'aurait évité de voir la belle gueule de Dan ce soir, et de la supporter en plus jusque chez moi. En espérant juste que ma mère ne l'invite pas à dîner, juste ça pitié !
« J'ai envie de voir à quoi ressemble la maison d'un crétin ramasseur de balles...
-C'est sur que tu risques pas d'avoir assez de neurones encore intacts pour faire appel à ton imagination », raillais-je non sans soupirer d'agacement.
Ma mère nous attendait à peine quelques pas plus loin devant la porte du salon. A la vue de celle-ci, le regard de Dan s'illumina soudain. Oh non, pitié, me dites pas qu'il va se mettre à faire du plat à ma stupide mère maintenant ! Oui je l'ai dit plus tôt, je l'ai dit mais c'était une plaisanterie, une stupide blague que même un gamin ne suivrait pas ! Je retenais un air dépité alors que Dan s'exclamait soudain dans la continuité de son réveil soudain :
« En passant madame, je suis vraiment désolé ! »
J'écarquillais les yeux de même que ma mère qui porta ses mains à ses joues rougies sous l'effet de la surprise - ma mère était très sensible, heureusement que je tiens pas d'elle de ce côté-là, ou du moins j'espère - alors que Dan poursuivait sur un ton presque théâtral et d'une voix forte :
« Au moment où vous êtes arrivée dehors, j'avoue que j'avais dans l'idée de me jeter sur votre fils pour l'embrasser. Que voulez-vous, un tel mec... Impossible d'y résister ! Tellement populaire... Tellement bon en sports ! J'ai beau être hétéro, Hiro est juste trop craquant. Pardonnez-moi, encore, d'avoir eu de telles pensées... »
Qu'est-ce qu'il... QUOI ?! A l'entente du mot embrassé, je m'étouffe à moitié, mais le reste finit par m'achever. Je sens petit à petit mon visage brûler, j'ai l'impression d'être une cocotte minute ; mais à l'aide nom d'un chien, faites le taire ! Le menton de ma mère toucherait presque le sol tant la nouvelle est choquante. Mais non, je suis pas comme ça, c'est impossible ! Mais... Mais elle sourit ?!
Effectivement, après quelques secondes de silence le visage de ma mère rayonne et ses joues rosées lui donne un air étonnamment plein de joie, un bonheur indescriptible qui ne tarde pas à s'expliquer :
« Merveilleux ! Tout simplement magnifique ! Mon fils, populaire ! »
Elle affiche un sourire en coin comme pour lui faire une confidence, lui adressant un clin d’œil :
« Mais voyons, ne vous dérangez pas pour moi, je vous laisse profiter de mon fils autant que vous voudrez !♥
-M'man ! »
Alors là c'est le pompon. Mais non, tout ça c'est faut ! Ma seule popularité c'est d'être le chien de l'équipe de baseball ! Quant à cette fichue idée... Merde, j'aurai encore préféré supporter quelques coups de batte plutôt que ça, c'est de la torture ! Ma mère éclate d'un rire détendu, se dandinant joyeusement en roucoulant :
« Vous resterez bien dîner, n'est-ce pas ?♥ J'insiste, je vous invite à goûter la cuisine de Takashi ! Notre cuisinier fait des merveilles avec presque rien !
-M'man, arrête de dire n'importe quoi !
-Mais oui, bien sur ! Où avais-je la tête, j'imagine que vous voulez être seuls !♥ Hiro-chan, va lui montrer ta chambre ! »
Alors là, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Je reste tout simplement tétanisé sur le coup. Elle peut pas me faire ce coup-là, pas ce coup-là ! Elle nous regarde avec un grand sourire, et j'ai tout simplement peur de ce qu'elle peut attendre à l'instant. Aux secours...

(Yaoiii !! /sbaff/ On est aux premières loges en plus ^0^)

Je ne m'attendais vraiment pas à ce que la mère embarque dans le jeu à ce point-là. En fait, elle, elle était persuadée que ce que je disais était la vérité. Donc, on ne peut pas vraiment dire qu'elle jouait. Mais ses phrases ne faisaient que m'arranger pour rendre la situation intéressante et la tourner à mon avantage. Je souris largement, détournant un peu les yeux d'un air faussement timide. Dommage qu'on ne puisse pas rougir sur commande... J'aurais été vraiment trop craquant, avec les pommettes rosées, quelques mèches blondes cachant un peu mes yeux d'océan... Elle aurait définitivement été achevée et corrompue à jamais par moi.

- Profiter de votre fils... ? Hum... Haha~ ^^

Je relevai les yeux, jetant en direction d'Hiroshi un regard diabolique que seul lui pu remarquer. Puis, avec mes grands talents de comédiens - ou est-ce simplement ma beauté qui aveugle les gens au point de leur faire avaler tout ce que je dis ? - je répondis gentiment à la mère:

- Ce serait vraiment un plaisir de rester dîner. Après tout... Pendant la pratique, Hiroshi et moi n'avons pas tellement le temps de parler, on se concentre plus sur le jeu... C'est bien de pouvoir passer un peu de temps ensemble après. Et je suis vraiment heureux de faire votre connaissance aussi. C'est toujours sympa de rencontrer la famille de ses amis !

Il se tourna une seconde fois vers le jeune homme, avec l'air de dire "Tiens, prend ça dans ta gueule". Puis, il laissa sa batte contre le mur du salon, l'y appuyant doucement.

- Ça va si je la laisse ici ? Hum... Oh. Excusez aussi mon allure un peu... Débraillée. Je n'ai pas eu le temps de prendre une douche...

ON ne sait jamais, des fois qu'elle me proposerait de me laver ici ! Ça serait juste vraiment trop drôle. Je profitais de la situation au maximum, et je savais que ça ne faisait pas l'affaire d'Hiroshi. Je crois bien qu'après ça, il aurait toutes les raisons du monde de ne pas venir ramasser les balles. De ne plus jamais revenir, en fait. Mais ça ne m'empêcherait pas de revenir me pointer ici pour le ridiculiser ! J'avais trouvé un nouveau passe-temps, une nouvelle façon de l'embêter, et j'allais exploiter cette façon à fond !

- Ben allez, Hiro-chan ! Fais voir ta chambre ! ... T'as pas l'air heureux. C'est quoi, t'es pas content que j'sois là ou quoi !?

Je pris un ton un peu agacé, comme si le fait qu'il soit si peu enthousiaste m'offusquait. Je me rapprochai alors de lui et l'attrapai par les épaules, ébouriffant ses cheveux de mon poing en laissant échapper un léger rire sexy - encore une autre chose de sexy, tiens, ça commence à faire beaucoup.

- Oh c'est vrai, excuse-moi. Je n'aurais pas dû révéler que j'ai eu envie de t'embrasser. Je comprend que cela soit embarrassant pour toi... Allez. Ne t'inquiète pas, ce n'est pas parce que tu me montres ta chambre que j'vais t'y violer... Haha ! ~

(Dan est juste trop con xD Je l'aimeeuh mon perso )

(xD L'est pas plus con que moi, à peine j'ai fini de lire la phrase où il s'excuse d'être débraillé que je pense exactement la même chose que ce qu'il espère de la mère juste après. x) *s'enferme dehors avec un grand sourire débile de la fille qui veut son yaoi*)

Dan détourne le visage avec un air faussement gêné, un large sourire inquiétant sur le visage. Bon Dieu mais... Maman ! Tu vois pas qu'il te mène en bâteau nom d'un chien ?! Mais non, bien sur, ma mère est trop concentrée sur son petit rêve pour réagir au fait que je suis en train de lui envoyer des signaux bien visibles tant que l'autre idiot à les yeux tournés. Je cesse tout de suite de remuer quand il prend la parole - je m'attend au pire.
« Profiter de votre fils ? Hum... »
Oh non, j'aime pas du tout ça, je déteste quand Dan prend l'air de réfléchir... Il rit presque tout de suite après, semblant trouver la situation très amusante. Mais c'est tout sauf amusant espèce de brute dégénérée ! Et ma mère alors ? Je sais que je ne savais rien d'elle, mais de là à imaginer qu'elle puisse me croire homosexuel, pire encore qu'elle puisse accepter ça tout naturellement en invitant même mon pire ennemi à faire pire ce que qu'il s'amuse à imaginer pour le simple plaisir de me martyriser jusque chez moi. Alors là, s'il cherche pas à me terrifier de l'extérieur, c'est que je suis pire que le dernier des idiots. Ouais, c'est ça, amuse-toi ; ça a vraiment l'air de lui plaire tout ça à en voir la lueur diabolique dans le regard qui me lance. Il se tourne par la suite avec toujours autant d'aise vers ma mère qui, toujours aussi aveuglée par sa stupidité, n'y voit toujours que du feu, et du feu d'artifice même si on veut sortir les mauvaises blagues de mon grand-oncle...
« Ce serait vraiment un plaisir de rester dîner. Après tout... Pendant la pratique, Hiroshi et moi n'avons pas tellement le temps de parler, on se concentre plus sur le jeu... C'est bien de pouvoir passer un peu de temps ensemble après. Et je suis vraiment heureux de faire votre connaissance aussi. C'est toujours sympa de rencontrer la famille de ses amis ! »
"Ami". Ce simple mot sortant de la bouche du dernier des idiots m'arrache un frisson de dégoût que je cache, à nouveau, derrière une mine renfrognée, et comme pour une rajouter une couche cet imbécile me lance ce regard bien caractéristique qu'il m'adresse quand il réussit quelque chose qui m'agace. Ouais, là il avait réussit à rendre ma mère plus folle encore que d'habitude, mon pire cauchemar. Ou plutôt non, je vais pas m'avancer sur ce chemin, ce serait trop dangereux en sachant que je peux rencontrer pire encore après, et le simple fait d'y penser me dissuade bien vite de continuer sur cette voie.
« Ça va si je la laisse ici ?, demanda Dan en posant sa batte contre un mur du salon devant ma mère qui lui fait clairement comprendre en secouant vigoureusement la tête qu'il n'y a aucun problème. Hum... Oh. Excusez aussi mon allure un peu... Débraillé. Je n'ai pas eu le temps de prendre une douche...
-Ah, çà !, fit ma mère en riant joyeusement. Hiro-chan vient de prendre la sienne, la salle de bain doit être libre.♥ »
M'man, ne me dit pas que...
« Tu fais comme chez toi, ne te gêne pas !♥ »
Eh si, elle l'a fait ! Elle lui donne tous les droits en plus, c'est pire encore. Mais elle est aveugle ou quoi ?! La honte, enfermé chez moi avec un fou à lié, qui plus est le mec que je déteste le plus, une véritable horreur, un enfer tout simplement ! Je n'avais qu'une envie : aller m'enfermer dans ma chambre en le sachant lui-même chez lui et retrouver une mère occupée et calme qui passe ses journées à trafiquer je ne sais quoi dans son bureau. A croire que c'était pas bien correct ce qu'elle faisait à en voir son comportement...
« Ben allez, Hiro-chan ! Fais voit ta chambre ! »
Et lui il en rajoute. Je relève un air agacé et dégouté vers cet imbécile pour lui faire clairement comprendre que je pense être assez chaos comme ça, mais évidemment il n'allait pas arrêter ici. Il reprend d'un ton plus sec et agacé :
« ... T'as pas l'air heureux. C'est quoi, t'es pas content que j'sois là ou quoi !? »
Je soupire, m'apprêtant à rétorquer quelque chose, quand soudain son bras encercle mes épaules. Je me sens déséquilibré et son poing vient me frictionner le haut du crâne, ébouriffant encore plus qu'ils ne l'étaient mes cheveux flamboyants. Je pousse un cri de protestation, sentant à nouveau mon visage chauffer - allez savoir si c'était de rage ou de honte une fois de plus, pauvre de moi ! - alors qu'il lâche un rire bien caractéristique de sa belle gueule.
« Oh c'est vrai, excuse-moi. Je n'aurais pas dû révéler que j'ai eu envie de t'embrasser. Je comprend que cela soit embarrassant pour toi... Allez. Ne t'inquiète pas, ce n'est pas parce que tu me montres ta chambre que j'vais t'y violer... Haha !~ »
Ma mère retient un cri hystérique - la honte, ma propre mère ! - avant de se diriger en riant vers les cuisines pour prévenir Takashi qu'on avait un invité de plus ce soir. Je repousse tant bien que mal Dan en prenant l'air le plus énervé possible pour cacher ma gêne devant une telle situation. Ce n'était pas dans mon habitude, et j'espère bien que ça ne le serait pas, mais avec lui dans les parages c'était même pas la peine d'y penser !
« Mais qu'est-ce que t'as encore derrière la tête toi ?! Tu sais que c'est pas que moi qui suis concerné là, tu connais pas ma mère ! T'es taré ou quoi ?! »
J'ai essayé de dire ça le plus bas possible pour que l'autre folle n'entende pas, mais le mieux serait peut-être justement d'éviter qu'elle soit à côté à écouter. Tant pis pour mon honneur, là c'est plutôt question de vie ou de mort. Je m'empare du poignet de Dan, le tirant dans les escaliers de force et le tire un peu plus loin dans le couloir.
« Maintenant ça suffit ! En plus d'être ton chien faudrait que je sois ton jouet maintenant ?! »
Je grimace, reprenant un peu mon calme mais non pas sans cacher mon dégout.
« Si je te dis ça, c'est autant pour mon bien que pour ton bien : ne t'aventure pas sur ce terrain avec ma mère à côté, ça va mal finir ! »

(Hahaha XD T'inquiète tu vas l'avoir ton yaoi *sourire plein de mystère...*)

Je laissai échapper un autre joli rire suite à la réaction de la mère, à savoir un cri hystérique. Eh oui. Typique d'une mère folle qui croit qu'il va se passer du beau yaoi dans la chambre de son fils. Comme si j'avais l'intention de faire des trucs avec Hiroshi. Même pas en rêves ! J'aurai beau être enfermé pendant un mois entier avec lui, j'oserais jamais. Je préfère encore le bon vieux truc de la main. Ça a l'avantage de se pratiquer seul, et quand on veut. Enfin, tant de débats sur un tel sujet, alors qu'il se passe des choses si intéressantes au salon ! Revenons donc à nos moutons - ou notre chien ? Il semblait subir un drôle de mélange d'émotions. À la fois gêne/honte/frustration et plein d'autres petites choses que je ne saurais nommer. Sûrement un cocktail explosif... En tout cas, il n'avait pas esquissé le moindre sourire. Oh la vache... Être si boudeur, c'est possible ça !? Je suivis la mère des yeux le temps qu'elle parte vers la cuisine, mais me sentit ensuite tirer par le poignet. Un peu déstabilisé, je ne posai juste pas de questions et suivit Hiroshi dans les escaliers, puis plus loin dans un couloir.

- Écoute. Moi je fais juste ça pour m'amuser. Ta mère est peut-être bizarre, mais elle m'aime, alors c'est bien. Soit pas si rabat-joie. Si c'est ça que tu veux, je vais t'embrasser pour vrai. Bon, pas trop longtemps quand même... Mais si ça peut te faire changer de caractère... -.-

Je secouai un peu la tête avec un soupir, prenant un air sérieux. Bon, certes, peut-être que ma plaisanterie tournerait un peu mal si la mère commençait à nous forcer à faire des démonstrations d'amour en public ou je ne sais trop quoi encore. Mais sérieusement, je ne crois pas que ça va se rendre jusque là. Un petit dîner, puis c'est tout, il ne peut pas se passer tant de choses horribles pendant un simple dîner !?

- Tu me montres la salle de bain ? Puis... t'es pas mon jouet en passant. T'es juste un crétin. Te donne pas une place trop élevée par rapport à moi quand même...

(*ronronne en bavant sur son clavier*)

« Écoute, commença Dan. Moi je fais juste ça pour m'amuser. Ta mère est peut-être bizarre, mais elle m'aime, alors c'est bien. Soit pas si rabat-joie. Si c'est ça que tu veux, je vais t'embrasser pour vrai. Bon, pas trop longtemps quand même... Mais si ça peut te faire changer de caractère... »
Il prit un air blasé en secouant la tête, laissant échapper un léger soupire alors que à nouveau mes joues viraient au rouge (et non mes rouges viraient au joue. --' *va se pendre*) à nouveau, sous le coup de la surprise, me tirant à nouveau dans un état de panique avancée quant à ma situation des plus embarrassante - et personne pour me tirer de là, ma mère ne faisait que m'enfoncer encore plus, quoi que Dan n'était lui non plus pas prêt d'en sortir avec elle - tout en m'arrachant un "mais ça va pas ?!" de protestation. Mais Dan reprit un air plus sérieux, poursuivant naturellement comme si c'était tout à fait normal de se retrouver invité de cette manière dans ce genre d'endroit.
« Tu me montres la salle de bain ? Puis... t'es pas mon jouet en passant. T'es juste un crétin. Te donne pas une place trop élevée par rapport à moi quand même... »
Voilà, ça c'était le Dan que je connaissais. Je soupirais de soulagement, cachant tout de même cette faiblesse derrière un grognement agacé, puis enfonçant les mains dans les poches lui fit un signe de tête pour qu'il me suive. Il faut dire que ma mère avait la folie des grandeurs, mais avec la richesse qu'elle semblait avoir amassé cette folie semblait être parfaitement bien représentée par la demeure que l'on habitait : grands couloirs, pièces innombrables... Et j'ai toujours détesté en définitive cet endroit.
Je m'arrêtais devant la porte de la salle de bain en lâchant un soupire. Dire que c'était officiel, j'allais devoir supporter cet imbécile toute la soirée - heureusement que ma mère n'avait pas ajouté la nuit, je l'aurait pas supporté - et en plus cet imbécile avait eu la mauvaise idée de provoquer l'esprit tortue - une déformation de "l'esprit tordu", parlant parfois un peu trop vite il faut avouer que ça donnait facilement ce genre de jeux de mots pourris - de ma mère.
« Bon, voilà, tu veux pas que je te lave non plus, ça ira ?, grognais-je avec agacement. Moi j'vais profité du calme avant la tempête dans ma chambre... »
J'indiquais de manière plutôt imprécise la porte de la pièce en question puis dardais un regard agacé et las sur le batteur de génie, attendant une éventuelle réponse comme à l'accoutumer.

(*Regard bizarre* Waaais, ok.... xD)

Suite à son signe de tête, je commençai à le suivre dans la maison. On voyait bien le genre: couloirs interminables, tellement de pièces qu'on ne sait plus quoi en faire... En fait, je crois que j'aimais bien quand même. C'est pratique quand tu as un petit frère énervant que tu veux à tout prix éviter. Tu te caches quelque part, et avec la grosseur de la maison, ça lui prend un temps fou à te trouver. Même que, si tu changes de cachette, c'est encore pire. Ça me serait bien pratique ça parfois...
Il s'arrêta devant la salle de bain, et j'en fis de même. Bien qu'il ait rougit suite à mes paroles, il n'avait pas prit vraiment la peine de répliquer à l'histoire du baiser, si l'on exclu son exclamation de protestation. Tant mieux, des fois qu'il aurait eu l'idée de dire oui... Bon. Comme je pouvais profiter de sa salle de bain comme je le voulais, je poussai la porte de celle-ci. Je m'arrêtai cependant juste avant d'y entrer, écoutant les paroles d'Hiroshi, et me tournant vers lui avec un demi-sourire.

- Ça ira. Tu n'es pas encore assez élevé dans mon estime pour avoir l'autorisation de toucher mon corps. On se reverra pendant la tempête.

Je lui fis un petit salut moqueur de la main et refermai la porte derrière moi. Bon. Comme j'ignorais où se trouvaient les affaires, je fouillai un peu et mit la main sur une serviette. Bon, c'était déjà ça. Je la laissai près de la douche, et entreprit de me dévêtir. Et c'est que moi, j'ai beau être sexy tout habillé, je le suis encore plus quand je me déshabille. Quand je retire mon t-shirt, j'ai tellement de style dans le mouvement que ça ferait baver n'importe qui. Et quand je détache mon pantalon, avec ce petit sourire en coin irrésistible... Rwaar ! Bref. Une fois dévêtu, je me glissai dans la douche et ouvrit l'eau chaude. Je prenais toujours ça chaud moi, c'est tellement agréable de la laisser couler un peu sur soi avant de se laver. Je songeai alors à cette soirée que j'allais passer. Qui aurait cru que je finirais par rester dîner chez Hiroshi ? J'étais seulement parti le prévenir pour la pratique, et me voilà invité chez lui, en train d'y prendre ma douche de surcroît. Revirement de situation innatendu ! Hum... Tiens ? Ben il est où le savon ? Il y avait bien un porte-savon, mais euh... Pas de savon dedans. Génial, je vais me laver comment, moi ? Je soupirai. Quelles étaient mes options ? 1. Sortir et aller demander à Hiroshi. 2. Sortir et aller demander à sa mère - hors de question !! O_O. 3... Aller demander à Hiroshi. Waou le choix qui s'offrait à moi. Bon. Tant pis, optons pour le premier choix. Je fermai l'eau et me glissai hors de la douche. J'essuyai plus particulièrement les pieds, et un peu mes jambes, pour ne pas laisser de l'eau partout, puis enroulai la serviette autour de ma taille. Je sortis ainsi de la salle de bain, à moitié nu et le torse encore luisant d'eau, les cheveux mouillés et en bataille et l'air tout simplement à croquer. Je pris la direction de la porte qu'il m'avait vaguement montrée sans enthousiasme, et y cognai en espérant que ce soit la bonne pièce, et qu'il vienne m'ouvrir. Sinon, j'aurai qu'à lui crier. Sauf que sa mère risque de débarquer, attirée par le son de ma voix, croyant qu'il allait se passer quelque chose...

Je n'attendis pas bien bien longtemps sur le bord de la porte, heureusement. Il avait décidé de venir ouvrir. Et une vie de sauvée, une ! Ou en fait deux, puisque non seulement je l'aurais tabassé, mais sa mère aurait accouru parce que j'aurais dû gueuler pour me faire ouvrir, et elle m'aurait achevée. Donc bon. On avait tout les deux la vie sauve grâce à sa bonne idée d'ouvrir la porte. Je souris largement en voyant sa grimace. Il grimaçait toujours en me voyant. Sûrement parce qu'il me détestait mais qu'il ne pouvait s'empêcher de me trouver plus que beau, ce qui le mettait en rogne. Bon. Il croyait encore qu'il y avait une blague ? Je ne suis pas con à ce point-là quand même, il m'arrive d'être sérieux aussi. Quand je joue au baseball, je suis sérieux. C'est juste qu'il me tend le bâton pour se faire battre. Je ne fais que profiter de l'occasion pour le ridiculiser.
Je secouai un peu la tête, négativement, ce qui envoya légèrement de l'eau un peu partout.

- Non, pas de blague cette fois. C'est seulement qu'il n'y a plus de savon.

Ici, le sous-entendu de ma phrase: Trouve-moi en au plus vite. Je crois qu'il devait avoir compris. Je voulais qu'il m'en donne, pour que je puisse tranquillement aller prendre ma douche. Tout en le fixant intensément, attendant qu'il se bouge, je remontai un peu ma serviette qui avait tendance à glisser, la replaçant bien comme il faut. J'avais frooiiid comme ça moi, le corps mouillé. Il le savait pas, lui, que l'eau sur la peau s'évapore en nous arrachant de la chaleur !? Qu'il se dépêche ! À croire qu'il est bel et bien lent dans tous... Je vais mourir d'hypothermie avant qu'il n'ait trouvé le savon !

J'entends au travers de la porte de l'eau goutter, comme s'il venait de se secouer - comme un chien, tiens, quelle coïncidence - alors qu'il me répond avec sérieux et exceptionnellement négativement :
« Non, pas de blague cette fois. »
Pas de blague ? Bon... J'entrouvre légèrement la porte, jetant un coup d'oeil méfiant à l'extérieur. Qu'a-t-il encore inventé cette fois-ci pour justifier le fait qu'il se promène nu, couvert tout juste d'une serviette qui ne tient même pas en place, dans les couloirs de ma maison avec ma mère qui peut à tous moments surgir pour nous dire de venir dîner ; ou alors tenter de nous surprendre la main dans le sac entre autre vu la tête qu'elle faisait tout à l'heure - galère...
« C'est seulement qu'il n'y a plus de savon. »
Quoi ?! Alors s'il se baladait nu dans le couloir maintenant, c'est parce que monsieur n'avait pas trouvé le savon ? Pire encore, il n'avait même pas eu l'intelligence de fouiller un peu dans la salle de bain ! Je soupirais exaspéré et las à la fois, mais à dire vrai plutôt amusé de le voir dans une telle situation, pour une fois que c'était lui qui n'était pas sur son terrain de prédilection je pouvais un peu en profiter.
Finalement je haussais les épaules en lui indiquant à nouveau d'un signe de tête de me suivre, en espérant juste que ma mère ne débarquerait pas en cour de route. Je me faisais sans doutes trop de soucis car je l'entendis, en traversant le couloir, en train d'entonner un petit air joyeusement. Arrivé dans la salle de bain, j'ouvre un des tiroirs... Pas d'chance, c'est le tiroir des parfums que ma mère recevait à ses anniversaires. Ils sont tous pleins ou je rêve ?
Bon, un deuxième tiroir. Raté encore, c'était le tiroir à gants de toilette. Un tiroir entier de gants de toilette, à se demander ce qu'on peut en faire au final, franchement... Allez, le troisième, et encore loupé- ah, non. C'était bien le tiroir à savon. J'en prend un au hasard et le tends à Dan avec un soupire, prenant un air blasé malgré le fait que j'aurais plus été tenté à être intrigué par tous les objets qui peuvent se cacher dans la dizaine - ou la vingtaine ? - de tiroirs de la salle de bain.
« Le voilà ton savon. Autre chose peut-être ? »

Je le suivis vers la salle de bain, à nouveau embêté par son air moqueur. Je détestais quand il trouvait quelque chose pour rire de moi, ne serais-ce qu'un minuscule détail qui lui donnerait une occasion de se marrer. Bien voilà. Le fait que j'aie traversé le couloir vêtu d'une unique serviette pour lui demander du savon, ça, ça semblait être l'une de ces choses qui font qu'il s'amuse de moi. Petit crétin...
Je me postai à ses côtés, l'observant ouvrir quelques tiroirs les uns après les autres. C'est moi ou... C'est complètement fou cette salle de bain !? Je veux dire, autant de tiroirs pour des trucs si inutiles... Lui en tout cas n'avait pas l'air d'en connaître très bien le contenu. Me demande si sa mère savait dans quel tiroir se trouvait chaque chose. Intriguant. Enfin bon. Résistant à l'envie d'explorer les autres - ne pas donner l'occasion de faire rire de moi... - je m'emparai tout simplement du savon. Et je lui donnai un petit coup sur le front avec mon doigt.

- Oui, une dernière chose: Dégage. J'ai plus besoin de toi.

J'attendis qu'il soit sortit pour balancer ma serviette dans un coin et retourner tranquillement à ma douche bien chaude. Une fois lavé, quelques minutes plus tard, je fus tenté de traîner un peu sous l'eau, mais je craignais que le dîner ne soit servit, et que sa mère monte m'en avertir. On ne sait jamais. Elle aurait bien pu ouvrir la porte. Enfin, j'exagère sûrement, mais avec cette famille-là, on est jamais sûr de rien. Je me rhabillai puis sortit de la salle de bain, mes cheveux encore humides, descendant par réflexe à la cuisine. Parce qu'à l'heure qu'il était, sûrement qu'on mangerait bientôt. De toute façon, pas envie de retourner à la chambre d'Hiroshi. Il m'énervait, ce mec.