Home Run 2 [Loupio]

À quelques pas de la maison d'Hiroshi se trouvait toujours le fameux terrain de baseball. Ce terrain où ils avaient si souvent joué autrefois, ce terrain où Dan avait d'ailleurs tout raté pour la première fois. À entendre l'ambiance de la foule et les rugissements du commentateur qui résonnaient jusqu'à une bonne distance, on pouvait deviner qu'un autre match s'y jouait encore ce matin.

« Au milieu de la partie, l'équipe des Chocoblack mène pour la première fois avec 4 points d'avance ! Du jamais vu depuis le début de la saison ! Les joueurs semblent en feeeeeuuu !! » s'égosillait l'homme dans son micro. On ne le voyait plus souvent comme ça depuis le départ de Dan... L'équipe avait perdu toutes ses chances de gagner, du moins, jusqu'à aujourd'hui on dirait !

« Les Wolfs s'amènent maintenant au bâton. Mais... Mais qui est ce joueur ? Il semblerait que... Non, je n'ai pas son numéro sur ma liste... En tout cas, peu importe qui il est, il ne semble pas effrayé du tout par le lanceur de l'autre équipe. Le voilà en position... Regardez-moi l'attitude mesdames et messieurs, nous avons-là un professionnel !!! Le voilà qui s'élance, oh mon dieu mais quel beau mouvement, et... et... HOME RUUUUUUUN MESDAMES ET MESSIEURS !!!! »

Les hurlements de la foule se firent entendre de loin. Tout le monde s'était levé, alors qu'on pouvait voir la fameuse et éternelle balle jaune décrire un arc incroyable dans les airs et atterrir en dehors du terrain. Mais pas dans le lac figurez-vous, car avec le temps, ils avaient eu la brillante idée de changer l'orientation du terrain, de sorte que courir après les balles à l'extérieur soit plus aisé. En effet, il n'y avait bien qu'Hiroshi pour aller chercher des balles dans le lac, les autres avaient préféré se plaindre jusqu'à ce que l'on remédie à la situation. Enfin, je précise que les balles tombaient dans le lac par accident, non pas à cause de Home Run... Il n'y avait que Dan pour en être capable, je vous le rappelle.

- Cette tête blonde me rappelle vraiment quelque chose... Se pourrait-il que... ?

La fameuse tête blonde se releva pour planter de magnifiques yeux bleus dans ceux du commentateur. En deux ans, rien n'avait changé. Bien qu'il soit plus grand, plus costaud, le visage plus adulte, c'était la même belle gueule si haïssable. Le même regard pénétrant et le même sourire suffisant. Le signe de la main qu'il adressa à l'homme le fit vociférer une nouvelle fois.

- C'EST LUI ! C'EST BIEN NOTRE DAN !!! DE RETOUR À LA MAISON MON GARÇON !! Tout le monde, pour ceux ne le connaissant pas, voici le seul, l'unique, l'imbattable Daaaaan !!!

Il se tourna vers la foule et salua d'un geste poseur, mais toujours tellement irrésistible. Tout en faisant des saluts, il se détourna et retourna tranquillement vers le banc de sa nouvelle équipe. De l'autre côté, les Chocoblack étaient dévastés. Quoi !? Ils avaient vraiment à jouer contre leur ancien coéquipier, contre le gars qui leur faisait gagner leurs matchs ? Aucune chance ! Et pourtant, des sourires apparaissaient, on était content de revoir Dan, le meilleur parmi les meilleurs... Le seul en son genre.


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« Flashback »

- Allez Dan, fait un effort !
- Mais je FAIS un effort ! C'est juste ce sport qui est débile !
- Tu ne te concentres pas assez. Tu es capable de mieux que ça. Regarde-toi, ça fait pitié. Gâcher un tel talent... Reprends-toi en main garçon !!
- J'en ai marre okay !? J'fais ce que je peux, fermez votre gueule et laissez-moi jouer comme j'veux !

Ça n'allait pas. Ça n'allait vraiment pas du tout. Oui il était venu ici de son plein gré, en pensant pouvoir s'améliorer et devenir encore meilleur. Selon tout le monde, il en avait le potentiel. Mais tout ça ne lui tomberait pas tout cru dans le bec, il devait travailler fort pour ça. Il avait beau essayer, rien ne fonctionnait. Depuis cette fameuse balle ratée, plus un seul home run. Il était arrivé dans ce camp de perfectionnement et personne n'y avait cru. Le manager avait eu beau tenter de rassurer tout le monde en disant qu'il était un imbattable qui connaissait seulement une mauvaise passe, à voir la quantité de balles qu'il ratait, on ne le croyait définitivement pas capable de tels exploits. Lui savait la raison. Hiroshi lui manquait. Même que manquer est un mot bien faible pour décrire ses sentiments. Il était tombé, et avec Hiro, il s'était relevé. Mais en le perdant, en le quittant cette journée-là, il n'était pas juste tombé, il avait dégringolé le mont Everest, tombé dans un crevasse et s'était solidement pété la gueule en bas. Ça vous explique assez bien le choc total qu'il a eu ? Normal qu'il ait du mal à remonter aussi vite, ils devaient lui laisser du temps et ne pas le brusquer. Mais ça, ils ne le comprenaient pas, définitivement...

Le temps passa. Au fur et à mesure, il oublia un peu plus son premier amour. Avec de longues journées d'entraînement, il avait bronzé encore plus, et arborait maintenant un teint parfait et délicieux, à croquer, qui s'harmonisait parfaitement avec ses yeux bleu clair. Ce matin-là, il s'était levé plus en forme que les autres jours. Il avait aussi eu plus d'appétit. Lorsqu'il se présenta sur le terrain et prit la batte... Il se sentit aussitôt plus en confiance. Ce matin, il devait y arriver. Il le fallait bien. Depuis le temps qu'il essayait, il se sentait enfin prêt à faire quelque chose. Il avait assez grimpé pour remonter cette fameuse falaise, qu'il devait bien avoir atteint le sommet. C'était le moment de montrer qu'il en était sorti indemme.
Enfin. Enfin la délivrance, le soulagement qui le submergea lorsqu'il frappa non seulement la balle, mais l'envoya plus loin qu'il ne l'avait jamais envoyée. Même s'il avait frappé constamment dans le vide pendant un mois, il s'était quand même musclé les bras, mine de rien. Ce coup rendit l'entraîneur stupéfait. Alors, peut-être, commençait-il à croire en son élève.

L'entraînement se poursuivit à merveille. Et il fonctionna, je vous avouerai. Notre beau Dan adoré développa plus de technique et surpassa bien vite tant d'autres personnes qui s'entraînaient au même endroit que lui. Il atteint un niveau de jeu encore plus élevé, aiguisant ses réflexes, l'attention qu'il portait au match, développant encore plus de sens de stratégie... L'entraînement touchait tous les aspects. Au bout d'une longue année intensive, enfin, il atteint le sommet. L'Everest, je parle. Après si longtemps, le revoilà en haut, rempli de fierté, content de ses progrès, content d'avoir remonté jusqu'au bout par lui-même. Le manager était tout aussi fier de son travail. Ce voyage en avait valu la peine... Et peut-être alors serait-il temps de rentrer ? Dan devait encore terminer des études... Ils avaient un peu négligé sa vie de lycéen depuis le temps ! Même si il avait un immense potentiel pour jouer dans de grosses équipes de baseball et se faire payer des millions, il devait quand même songer à continuer l'école...

C'était ce qui les poussa à revenir. Je vous passe la description inutile des réactions de la mère du jeune homme lorsqu'il poussa la porte de la maison un beau matin... Pour l'une des rares fois depuis deux ans, Dan eut réellement l'impression que sa mère l'aimait. L'aimait beaucoup, et même, l'adorait, et s'intéressait un tant soi peu à ce qu'il faisait...

Il s'était inscrit à une certaine école qui possédait la meilleure équipe de baseball de la région. Il ne voulait pas jouer avec des idiots misérables, plus comme avant. Il ne voulait pas être le seul à marquer, le seul à faire quelque chose. Alors il avait choisit les Wolfs. Et l'école pour laquelle ils jouaient. La rentrée était pour bientôt, et alors qu'il était tout juste de retour, déjà il jouait des matchs avec l'équipe. Il avait un équipement tout neuf d'une excellente qualité, et une nouvelle batte dont il ne se séparait jamais. Encore plus précieuse à ses yeux que la précédente, je vous laisse donc imaginer à quel point ! Avec le temps, Hiroshi lui était sorti de la tête. Je ne vous dit pas qu'il n'avait pas pensé un peu à lui en remettant les pieds dans la ville... Mais c'était en quelque sorte du passé. Et il se refusait d'y songer trop longtemps, craignant que cela ne le plonge dans la nostalgie et affecte ses performances. Il savait désormais ce qui arrivait quand il laissait ses émotions interférer dans son jeu...

Voilà pourquoi il venait actuellement de faire un superbe home run sur le terrain. Juste comme il l'avait promis, Dan était de retour. Et plus fort que jamais.

(Je sais que c'est pas bien mais je change de personne, je crois que la première personne convient trop bien à Hiroshi finalement. xD *pas taper, j'recommencerai pas, promis ! x3*)

« Aah, quelle belle journée, n'est-ce pas Hiroshi ? »

Je relevais la tête avec un soupire, l'air perplexe. Franchement, parfois, c'te fille dit des choses vraiment plus que stupides, comme si une matinée aussi humide pouvait être considérée comme une belle journée. Mais elle se contenta de rire, un sourire rayonnant sur son joli minois et les joues rosées : elle était facilement heureuse pour un rien, ça lui allait plutôt bien même si parfois je me demandais sérieusement comment elle faisait pour sourire à longueur de journée.

« Je voulais vérifier si tu étais bien en train de m'écouter.
-Quoi ? Tu me fais pas confiance ? », raillais-je avec un rire narquois.

Elle secoua la tête avec vigueur, ses mèche ondulées dansant sur son visage et devant son sourire de gamine.

« Eh non, pas du tout !
-Okay, je ne porterai plus tes sacs quand tu voudras faire du shopping.
-Quoii ?! Alleeez, Hiroshi, je plaisantais, tu ne vas pas abandonner une faible femme ! »

Faible femme ? Quand elle veut ! Miya était décidément comme ma mère, le côté très chiant en moins ce qui ne l'empêchait pas de rester quelque peu agaçante parfois ; mais bon, personne n'est parfait, je le suis sans doutes également, surtout quand je fais ma tête de mûle et que je l'ignore comme présentement. Idiote, j'ai jamais compris comment elle pouvait à ce point aimer le shopping...

« HOME RUUUUUN MESDAMES ET MESSIEURS ! »

Quoi ?! Je me retournais soudainement en direction du terrain de baseball, un peu plus loin. Cela faisait depuis deux longues années que je n'avais pas entendu ce genre de cri venant de là-bas, et encore moins vu de Home Run. D'ailleurs, à peine je m'étais retourné vers le terrain que quelque chose de jaune rebondit contre un mur à côté. Miya poussa un cri, se baissant soudainement en ramenant ses mains sur sa tête, manquant au passage de faire tomber la housse de son instrument et le clavier par la même occasion. Il y eu un bruit qui résonna un instant... mais pas de choc. Après un moment, elle releva la tête, hésitante et fébrile.

« Ça va ? », soupirais-je.

Évidemment que je l'avais rattrapée cette balle. Ce n'était pas pour rien que j'avais été ramasseur de balle longtemps pour l'équipe de baseball de mon lycée : j'avais pas vraiment envie de toujours courir dans tous les sens, alors parfois je rattrapais les balles. Après, évidemment, je ne rattrapait que celles qui sortaient du terrain ou n'étaient pas rattrapées... quand je ne sortais pas carrément d'ici pour aller la ramasser dans le lac, mais ça...

« Euh... J-je crois, murmura Miya. Tu...
-Je n'ai pas entendu parler d'un match professionnel prévu aujourd'hui... »
Miya cligna des yeux, l'air surprise.

« Tu ne sais pas ?
-Quoi ?
-Les ChocoBlack sont sur le terrain aujourd'hui.
-Ah, c'est mauviettes... »

Je faisais sauter la balle dans ma main d'un air désintéressé. Sérieusement, de quoi pouvaient-ils se vanter depuis le départ de Dan ? ... Attends... Mais... C'est un Home Run ?! Je rattrapais la balle avec un air perplexe. Soit l'équipe adverse est sérieusement forte, soit ils ont un nouveau membre dans leur équipe qui est assez fort pour envoyer la balle au dehors. Dans tous les cas, de tir ne venait d'aucun membre de l'équipe que je connaissais, ils étaient tous trop débutants pour faire ce genre d'envoi encore plus fructueux que ceux de Dan. Je reniflais, ramenant correctement ma guitare sur mon épaule.

« Allons jeter un œil, autant leur ramener leur balle, de toutes manières c'est sur le chemin.
-D'accord », soupira Miya avec un sourire.

Nan, sérieusement, il lui fallait du courage pour me supporter, j'avoue. C'était sans doutes un énorme coup de chance pour moi de l'avoir rencontrée... Elle s'accrocha à mon bras libre, un grand sourire sur le visage, et les yeux pétillants de malice demanda avec une voix rieuse :

« Dis-donc, Hiroshi, tu n'avais pas dit que tu ne me mentirais plus ?
-Quoi, qu'est-ce que j'ai fais encore ?, fis-je en faisant la moue.
-Tu ne m'as jamais dit que tu étais si fort en sport, tu me disais que tu détestais encore plus le baseball ! »

Ah oui, nous y voilà. Fichu sport ce baseball, si j'ai pu y jouer un temps c'était pour l'autre idiot, mais décidément je déteste ce sport, plus encore depuis qu'il s'est barré pour s'améliorer alors qu'il m'avait promis... Je secouais vigoureusement la tête. Hors de question de repenser à lui, je suis avec Miya pour le moment. Lui, il n'est plus là. Je haussais les épaules, allongeant un peu le pas en entendant peu à peu que l'on s'approchait du terrain, le commentateur semblant être en train d'hésiter.

« C'est parce que c'est le cas. J'étais juste ramasseur de balle au lycée, rien d'exceptionnel, j'ai appris à éviter de me prendre une balle dans la gueule.
-Hiro !
-Quoi ?
-Ta mère te gronderai d'être si impoli. »

Je haussais les épaules.

« Si seulement elle en avait le temps.
-C'EST LUI ! C'EST BIEN NOTRE DAN ! »

Je me figeais, tendu comme un ressort. Miya s'arrêta, l'air ahurie, mais ce n'était rien par rapport à la tête que je faisais. J'aurai même pas su décrire ce que je ressentais à l'instant, mais je n'avais pas rêvé. Il n'y avait qu'un joueur de baseball qui s'appelait ainsi et qui savait si bien envoyer les balles, plus loin que loin, avec toujours autant de puissance. Je ne sais pas pourquoi je ne l'avais pas reconnu à l'instant même ou la balle était arrivée dans la rue que l'on traversait Miya et moi, je ne sais pas pourquoi je n'ai même pas pensé un seul instant au retour de cet idiot en entendant cette simple expression : Home Run. Il était bien le seul à lancer si bien. Je me précipitais vers le terrain sans attendre Miya, n'entendant même plus ses appels tant le sang battait fort à mes oreilles.

« DE RETOUR À LA MAISON MON GARÇON !! Tout le monde, pour ceux ne le connaissant pas, voici le seul, l'unique, l'imbattable : DAAAAN ! »

Ces acclamations, cette excitation, cette ambiance : pas de doutes, non aucun, il n'y en avait pas deux qui provoquait une telle sensation juste par sa présence en de tels lieux. Je me précipitais au grillage après avoir bousculé sans la moindre délicatesse ceux qui se trouvaient devant : au milieu du terrain, fière et droit, plus beau qu'avant, un jeune homme frimait devant la foule : dans son comportement de poseur, ses cheveux blonds brillant au soleil et l'air sûr de lui, c'était Dan qui se tenait là. Le seul et unique, en effet, je reconnaissais presque malgré la distance son grand sourire charmeur et devinait ses profonds yeux bleus. Un sourire s'étira sur mes lèvres.

« Hiroshi !
-Miya, garde-moi ça... »

Elle me regarda, surprise, retenant fébrilement ma guitare que je lui avais donné sans attendre. Je me tournais vers elle, tenant fermement la balle.

« Je vais leur rendre ça.
-Quoi ?! Mais... Attends ! »

Manquerait plus que ça ! Attendre alors qu'il était là, devant moi ! A quelques mètres se trouvait Dan, celui qui avait occupé si longtemps mes pensées, celui que j'avais aimé plus que tout, qui était parti si longtemps et j'allais devoir attendre mademoiselle pour le rejoindre ? Ce n'était pas le moment de rester à regarder bêtement. Je contournais au pas de course le terrain, atteignant un local à l'arrière. Merde : ces imbéciles avaient placé des fichues poutres en fer sur la caisse qui me permettait d'escalader ! Bon, tant pis. J'enfonçais la balle dans la poche de mon blouson, empoignant fermement le grillage et commençant à escalader. La distance ne m'arrêterai certainement pas, et ce terrain était sous une surveillance trop peu serrée pour m'empêcher de passer. Arrivé en haut, je passais de l'autre côté et prenait à peine le temps de descendre légèrement avant de me laisser tomber sur le sol du terrain de baseball. L'ambiance était à son comble, je voyais les membres des ChocoBlack à quelques mètres qui semblaient abandonner tout espoir : affronter Dan ? Ils n'oseraient pas.

Bande de faibles décidément. Je sortais de ma poche la balle, me lançant sans attendant sur le terrain. Je me fiche du regard des autres, je me fiche de ce qu'ils peuvent penser de moi ; après tout, après tout ce qu'ont pu en penser certains en me voyant servir de chien à cette équipe ridicule, après tout ce qu'ont pu en penser certains en me voyant participer sans permission officielle au match le plus légendaire qui fut, celui-ci même de la mort d'une légende, je me fichais éperdument de ce qu'on pourrait penser en me voyant arriver au beau milieu d'un match d'exception une fois de plus. Quoi, j'avais peut-être pas la tête à toujours débarquer dans ce genre d'endroit sans permission ? Quelques personnes commençaient à me remarquer, mais je n'en entendais qu'un seul, de l'équipe des ChocoBlack, qui me reconnu vraiment.

« Hey mais... C'est Hiroshi ?! »

Eh ouais, le chien de retour. Quoi, j'étais si difficile à reconnaître ? Si on ne compte pas mes cheveux encore plus rouges et les deux mèches que j'avais laissé pousser, j'avais à peine l'air plus mûr, et encore. Mon style peut-être aussi ? Faut dire que par rapport à mes jeans pourris, mes chandails trop larges et mes baskets à moitié mortes, ça changeait de me voir en tenue plus rock. Mais c'était bien moi, et c'était toujours moi qui arrivait vers Dan en courant. Juste derrière lui, alors qu'il ne s'était même pas retourné. J'accélérais la course pour me rapprocher au mieux, et arrivant à quelques mètres :

« DAAAAN !»

Attends un peu qu'il se retourne cet...

« Espèce de salaud ! »
La balle partit presque toute seule en direction de la tête de cet imbécile, rapidement pour ne rien changer. Ouais, j'm'étais renforcé même si j'avais pas continué à jouer, et j'allais le tuer ce salopard pour avoir eu la mauvaise idée de se barrer sans me prévenir.

(J'le voyais trop faire ce genre d'entrée à cet idiot. U-U)

(Pouahahaha !!! xDDD Prends ça dans ta gueule, Dan ! =D Héhé j'ladore Hiroshi décidément ^^)

Il était toujours au milieu du terrain, se délectant des hurlements de la foule qui n'en finissaient plus de l'acclamer. Il savait pertinemment que l'équipe ne devait pas avoir fait long feu en son absence, et même là, il s'étonnait que les estrades ne soient pas complètement vides de spectateurs du côté de son ancienne équipe. Alors même les partisans - peu nombreux - des Chocoblack étaient en feu pour le retour de leur ancien champion. Et lui ça le rendait tout fier. Il leva une dernière fois la main pour saluer la foule, puis s'apprêtait à retourner au banc de son équipe lorsqu'un cri se fit entendre. Une voix hurlait clairement son nom, et bien que le ton de voix lui semblait familier, il ne parvint pas à mettre un nom ou un visage dessus. Il se tourna alors simplement pour voir qui lui adressait la parole sur ce ton empressé... et n'eut d'ailleurs même pas le temps de le voir qu'il se prit une balle en pleine tronche.

C'est dur, une balle de baseball. Pauvre Dan, je suis désolée, mais je commence à te plaindre. Ton nez, il en a mangé plusieurs, des coups, jusqu'à maintenant dans toute cette histoire. C'est dommage d'abîmer un si beau visage, mais c'était trop tentant de te l'envoyer dans la gueule plutôt que sur le front... Héhé. Créatrice indigne. Tout cela pour dire que son nez explosa en une douleur aigue et qu'un liquide à l'odeur de fer très prononcée commença à se frayer un chemin en direction de sa lèvre supérieure. Il l'essuya d'un vif geste de la main, et se pencha vers l'avant pour éviter de s'en mettre partout. Bon, c'était loin d'être cassé ou quoi que ce soit, en réalité il n'y avait pas grand chose à s'inquiéter, mais cela n'empêcha pas le manager de sauter sur le terrain et courir en direction de son joueur étoile pour s'assurer qu'il allait bien. Il fut suivi d'un soigneur qui emmena une compresse d'eau froide qu'il voulu appliquer sur le nez de Dan. Celui-ci se laissa éponger un peu le nez, l'homme essuyant délicatement le sang. Mais à l'intérieur, notre "pauvre" blessé bouillonnait. Qui avait OSÉ lui lancer une balle par la tête, qui avait OSÉ lui faire ça à lui !? Il n'avait qu'une idée en tête: se venger. Eh oui, il est toujours un peu de ce genre-là : Impulsif. Comme la fois où il s'était fait casser la gueule par une grosse brute parce qu'il lui avait sauté dessus sans prendre le temps de réfléchir.

Cette fois non plus, pas le temps de penser plus longtemps. Il écarta assez vivement les deux hommes. Ceux-ci avaient commencé à l'entraîner vers le banc, ils s'étaient donc considérablement rapprochés d'Hiroshi. De sorte que Dan n'eut qu'à faire deux pas pour pousser brutalement le jeune homme au sol et s'accroupir au-dessus de lui. Le poing serré, prêt à l'abattre n'importe quand au visage de son adversaire, il sembla alors pour la première fois observer plus attentivement le visage de celui-ci. On pu voir d'un seul coup toute la frustration s'effacer de son visage parfait. Sa bouche si délicieuse - commentaire inutile ^^ - s'entrouvrit, et son poing, qu'il tenait dans les airs, se mit à trembler un peu avant qu'il ne le désserre et ne laisse retomber sa main. La surprise laissa place à une expression perplexe ensuite. Que signifiait cette brusque attaque !? Qu'est-ce qu'il se passait, exactement, là ?

- Oh la vache, c'que tu peux être crétin ! lâcha-t-il finalement en se relevant d'un coup et portant une main à son nez avec une mine agacée.

À défaut de savoir comment réagir, il avait opté pour ce avec quoi il se sentait le plus à l'aise: répliquer.
Hiroshi...
Ça faisait si longtemps...

Alors ça, il était loin de s'y attendre, notre pauvre Dan. Sitôt debout, une main chopa violemment son col pour le tirer vers l'avant. Forcé de se pencher, il posa un regard perplexe sur Hiroshi. Il n'avait pas encore pigé la frustration intense du jeune homme, cela va de soit, et il semblait sur le point de lâcher un truc comme "Bah voyons calme-toi, t'es sûr que tu vas bien ?". Sérieusement. Bah pour ne pas changer, il était toujours un peu stupide.

Woah ! C'était bien des menaces qu'il venait de faire là ? Il parlait vraiment de le défigurer ? C'est en l'écoutant parlant qu'il comprit alors. L'attente, il n'avait pas apprécié du tout. Il en était au stade où il le détestait officiellement pour être parti. Oui, il s'était attendu à ce genre de chose. Après deux ans, c'était normal. Mais pas aussi... violent ? Il n'en revenait juste pas. En plus, il disait en avoir parlé à sa mère. Non de dieu ! Ç'avait dû être violent ça aussi ! ... Mais là, c'est que Dan, il commençait à se pomper lui aussi. Non mais il se faisait engueuler et il allait rester comme ça sans réagir ? Oh que non, ce n'était pas son genre du tout.

- Oh, parce qu'à entendre parler Monsieur, ya que lui qui a eu du mal ! Est-ce que tu sais ne serais-ce qu'un peu à quel point ces deux ans ont été pénibles pour moi !? T'en a aucune putain d'idée ! Ça n'a pas été drôle, ce fut même les deux ans les plus difficiles de ma vie ! J'étais tombé bien trop bas Hiro ! Tu faisais tout ce que tu pouvais, et ça m'aidait j'te jure, mais c'était pas suffisant ! Ou plutôt, c'était pas exactement le genre d'aide que j'avais besoin au final ! J'ai passé une année de merde à jouer comme un nul et à rater encore plus de balles que ces mecs de l'équipe ! J'ai juste eu besoin de recul, de prendre tout le temps nécessaire à digérer la situation. J'ai cru que... qu'en partant, ça aiderait. Et j'ai eu raison dans un sens. Aujourd'hui ça va. La pente, je l'ai remontée, enfin, après tout ce temps.

Il me claqua la joue. Je grognai, et attrapai brutalement son poignet, me fâchant de plus en plus, le ton de notre chicane montant encore d'un cran.

- T'es vraiment con Hiroshi. Tu crois quoi ? Que je suis qu'un égoïste qui ne pense qu'à lui-même ? Ben il se trouve que non, c'est pas ça du tout, tu te fourres le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Si j'avais réellement été égoïste, je serais resté à tes côtés, même si j'étais dans le pire des états, même si je n'étais plus tellement moi au final. Parce que j'avais besoin d'toi à mes côtés. Mais j'ai pensé à toi, j'ai pensé à nous deux. Je pouvais pas te faire ça. Je pouvais pas abuser de tes attentions et prétendre que ça allait mieux alors que c'était faux. J'avais besoin d'une aide différence Hiro.

Sa voix baissa d'un coup.

- Vas-y, raconte-le à tout le monde. Tu le sais que je t'aimais. Que j'étais fou amoureux de toi sans même avoir une seule idée de comment toute cette histoire a débuté. Si t'as envie d'essayer de ruiner ma vie, vas-y, fait-les tes révélations grandioses. Raconte-leur en détail comment j'tai fondu en larmes dans les bras en te déclarant mon amour passionné... Tu veux aller jusqu'au moment où on a couché ensemble dans ta chambre ? Ça va te mener à quoi de faire ça Hiro ? C'qui est fait est fait et je peux rien y changer. Mais au moins, arrête de te croire la seule petite victime dans cette histoire. Crétin...

Je le repoussai alors d'une brusque poussée, dégageant mon col, et le regardant avec une moue presque dédaigneuse.

- T'as fini ?


(Deeeeuuuuheeeeu *pleure* Noooon mes chériiiiiis !! =( C'est trop triste... ^^)

(Bon ben moi aussi je vais utiliser le "je", ça va mieux xD)

Ma bouche s'entrouvrit une nouvelle fois lorsqu'il se remit à me crier dessus. Je sais que j'avais l'air d'un gros dur qui se fiche de tout. Mais très sérieusement, sans blaguer, ses paroles me blessaient. Je savais que j'étais parti sans prévenir et n'avait pas donné de nouvelles. Et je savais que ça avait été très idiot. Mais maintenant qu'il me remettait tout sous le nez, et me reprochait tant de choses... Je prenais compte d'à quel point j'avais été injuste avec lui. J'avais abusé de ses attentions pour moi pour me sentir mieux après une défaite cuisante. Je m'étais permis de lui avouer un amour puissant et de l'embarquer dans cette folle histoire en disant qu'on vivrait cela ensemble, peu importe les conséquences que cela aurait. Puis je m'étais barré tout de suite après, pour deux longues années sans signes de vie. Maintenant, ça me blessait. Il me faisait mal.
Mon regard se voila et je m'arrangeai pour éviter d'avoir à le regarder dans les yeux. Peine perdue, il chopa mon col pour me rapprocher encore une fois de lui. Sérieusement, personne n'avait jamais vu le superbe Dan se faire engueuler de la sorte. C'était une première pour tout le monde, que quelqu'un ose me tenir tête sans que je ne leur arrache d'ailleurs cette fameuse tête ! Le baiser brutal qu'il posa sur ma bouche créa une sensation bizarre dans mon estomac, et je me réprimandai aussitôt. Non, idiot, laisse tomber. Tu ne sens rien pour cet imbécile, compris !?

Un hoquet de douleur m'échappa lorsque le souffle me manqua brutalement sous l'effet d'un coup de pied. Je tombai d'ailleurs sur le dos sous la brutalité du coup, et portai mes deux mains à mon ventre en grognant. Le salopard, il venait vraiment de faire ça !?

- J'ai toujours été le con entre nous deux.

Eeeh !? C'était pas du tout ça que je voulais répondre ! J'étais furieux, j'étais très en colère et je devais lui faire payer son insolence !! Pourquoi est-ce que je lui donnais raison alors ? Je suis vraiment psychologiquement atteint, et plus que je ne le croyais ! Tout ce que je faisais était contraire à mes vieux principes, contraire au véritable Dan...
... Ou peut-être pas... C'était seulement contraire au Dan qui existait avant qu'un certain crétin fasse irruption dans sa vie. En réalité, c'était contraire à mon côté imbécile...

Je me remis lentement debout et essuyai vaguement la poussière sur mes vêtements. Je relevai ensuite la tête avec un regard sérieux et déterminé, et avançai vers Hiroshi d'un pas décidé. Qu'ils essayent de m'arrêter, quelqu'un, et ils verront tous que dans des cas comme ça, ma volonté est plus dure que le fer. Je ne m'arrêtai pas avant que mon corps ne soit contre le sien. Mes mains se glissèrent sur sa nuque et tirèrent de force son visage vers le mien pour que nos lèvres entrent en contact. J'entrouvris les lèvres, nos souffles se mêlèrent alors que je l'embrassais avec plus de passion que je n'en avais jamais fait preuve, le tenant fermement pour l'empêcher de m'échapper.

Lorsque je reculai, on cru voir une larme briller au coin de mon oeil avant que ma main ne l'essuit brusquement. Je reculai de quelques pas, le visage dur, fermé, et l'expression indéchiffrable.

- J'ai jamais dit que je voulais tout oublier. J'ai jamais dit que j'avais fait les meilleurs choix. On a trop tendance à m'attribuer la perfection parce que je suis bon au baseball. Mais j'suis qu'un être humain après tout. Et un être humain est loin d'être parfait. Un être humain fait des erreurs. Faudrait peut-être que tu comprennes ça.

Je pris une profonde inspiration puis me détournai. Je me penchai juste pour ramasser ma batte de baseball, que je mis sur mon épaule. Et sans ajouter un seul mot, je quittai en direction de la sortie du terrain. J'avais terminé. Plus vraiment envie de terminer ce match à vrai dire.

(Là c'est fait j'ai de la peine pour vrai ! =/ Pauvres petits...)

Je ne m'attardai pas plus longtemps sur le terrain. Je pris la direction de chez moi, avec ma batte sur l'épaule, l'air complètement abattu. Pourquoi avait-il fallu que je le revois aujourd'hui, celui-là ? ... C'était plus que je ne pouvais le supporter. J'avais eu beau me faire croire que je pourrais vivre sans lui et être correct, qu'il m'avait lui aussi oublié et que tout ça était fini... IL était clair que seulement en le revoyant, il avait réveillé en moi des sentiments bien enfouis mais pourtant toujours là. Ça n'allait pas du tout ! J'étais encore bien bien trop amoureux de lui... Tout autant qu'au premier jour. Mais il me détestait désormais. Et une partie de moi voulait être en colère contre lui, lui crier dessus, voir même le frapper question de libérer une partie de la frustration. Mais l'autre partie de mon esprit trouvait ces pensées stupides et se languissait de sa présence auprès de moi. Il avait été le tout premier, et d'ailleurs le seul, à me comprendre complètement et me faire sentir... bien. Moi-même.

- Saleté de chien idiot ! Il jappait bien fort avant, aujourd'hui c'est qu'il mord en plus !

Je portai une main à mon nez qui saignait encore un peu, essuyant un léger filet de sang. Ça faisait encore un peu mal, mais rien de trop grave. Il entra dans la maison. Sa mère n'était pas là, et ça l'importait peu. Il allait directement prendre une douche en s'efforçant de ne pas penser plus longtemps à Hiroshi. Peine perdue hein...

Pourquoi l'avait-il embrassé devant tout le monde ? C'était vraiment vraiment stupide comme idée. Maintenant tout le monde était au courant qu'il avait au moins quelques tendances homosexuelles ! Enfin, ça ne voulait peut-être rien dire pour certains, mais pour d'autres... Normalement, avant, au moment où il était encore avec Hiroshi, il aurait dit tant pis, tant qu'on est ensemble, tout va bien. Mais maintenant...

Il sortit de la douche et alla s'installer dans sa chambre. Il était encore vraiment tôt, mais il n'avait pas envie de ressortir. Maintenant, comment agir avec Hiroshi hein ? Comme si rien n'était... ? Ben oui c'est ça, et prétendre que ça ne lui faisait rien de revoir cet imbécile ? Raaah il ne pouvait donc pas comprendre qu'on ne choisit pas tout le temps tout dans la vie... !? Qu'il avait dû penser à lui-même un peu avant de penser à EUX...

(J'adore, t'es passé tout d'un coup du "je" au "il". xD Bon, désolée pour le petit retard, j'aurai pu répondre plus tôt mais ma sœur m'embêtait pour que je joue à Minecraft avec elle. ><)

« Hiroshi... »

Je daignais enfin ralentir le pas. Non pas que Miya soit essoufflée pour le moins du monde, elle était même plus sportive que moi en temps normal et ça m'agaçait sacrément bien d'ailleurs ; c'est sans doutes pour cela qu'elle était au courant pour le match de tout à l'heure entre autre. Elle ralentit également le pas en arrivant à ma hauteur, l'air plus ou moins inquiète et perplexe. J'ose espérer qu'elle va pas me reprocher ce qu'il s'est passé tout à l'heure. C'est vrai quoi, tout est de la faute de cet idiot ! Il n'avait qu'à pas partir, il mérite amplement de s'être reçu cette balle dans le nez ! Quant au baiser, c'était aussi de sa faute... Je serrai les lèvres, fixant mes pieds : est-ce que c'était totalement de sa faute ? J'ai encore perdu les pédales, je dois franchement être con pour me laisser avoir par tout ça. Remarque, j'ai peu de chances de le croiser à nouveau, je ne fréquente jamais les terrains de sport, et mes parents ont fini par l'accepter.

« Je n'aime pas quand tu fais cette tête-là, me fit remarquer Miya sur un ton sévère.
-Désolé, soupirai-je, mais j'ai mes raisons.
-Justement, dis-moi ce qu'il s'est passé ! »

Ce qu'il... Hein ? Alors là, j'en croyais pas mes oreilles. Je me tournais vers Miya d'un air surpris. Non, je devais avoir mal compris. Je souris légèrement, lui caressant doucement les cheveux. Ce contact m'arracha un horrible frisson dans le bras, un tremblement désagréable qui me remonta dans l'épaule. Je vais vraiment pas bien aujourd'hui moi. Je maintenais un sourire se voulant chaleureux sur le visage, même si je ramenais discrètement ma main dans mon dos pour la masser, comment si une sorte de douleur s'y faisait sentir. Je dois vraiment être fou.

« Un accrochage, c'était un ami à moi avant...
-Dan ? Je veux dire, LE grand Dan ? »

Voilà, c'est ce qui m'agace chez elle, c'est qu'elle a aussi ce côté "amour du sport" que peuvent avoir les membres de sa famille. Quand je vois sa mère qui est plutôt musique je me disais peut-être que je pourrais échapper à toutes ces règles stupides, mais il faut croire que tout comme moi envers ma famille Miya se détache de la sienne. Je n'ose même pas lui demander seulement si elle aime vraiment la musique ou si c'est juste un prétexte pour que sa famille ne la déteste pas. Remarquez, elle ne m'en a jamais parlé, contrairement à moi envers Dan. Mais contrairement à Dan et moi, on ne se comprend pas du tout. C'est sans doutes ce qui fait que notre couple tien un peu plus longtemps... Je porte mes mains à mes lèvres avec un semblant de grimace. Tout à l'heure, je n'ai vraiment rien compris à ce qui est arrivé.

« Oui, ce Dan-là, soupirai-je. C'est moi-même qui allait chercher ces fichues balles dans le lac.
-Sérieux ?! », s'exclama-t-elle avec un air admiratif.

Normalement c'est là qu'elle devrait me plaindre quand même.

« Mais tu l'as frappé ? Pourquoi ? C'est pas ton ami ?! »

Va crever, franchement. Je retiens un soupir. Dan, mon ami ? Non, pas vraiment, c'était juste l'amour de ma vie mais à part ça il était pas vraiment grand chose pour moi, c'est justement pour ça que je l'ai frappé. Il griffe bien moins qu'avant, mon minet. Je lance un regard désintéressé vers Miya.

« Arrêtons d'en parler, tu veux.
-Mais c'est le plus grand joueur qui soit à notre époque, une perle pour son âge, c'est incroyable qu'il ne joue toujours pas en prof... ?! »

Je sens une expression de dégoût se faire sur mon visage, mais je la réprime malgré tout, maintenant doucement mes lèvres contre les siennes. Elle s'est enfin tue, et j'ai enfin pu confirmer mes craintes : revoir Dan m'a fait quelque chose à quoi je ne m'attendais pas. Je ne suis pas retombé amoureux, j'en suis certain... Mais toucher Miya, l'embrasser me dégoûte. Est-ce parce que je pense à "lui" ? Je me relève, passant doucement ma main sur sa joue avec un sourire forcé.

« Aller, on va être en retard, tu ne voulais pas aller faire quelques courses avant qu'on aille voir les autres ? »

Elle reste un moment silencieuse puis son visage s'illumine.

« Si, bien sûr ! Allons-y !♥ »

Naïve...



Je sais parfaitement leur faire changer d'avis, à ma mère et Miya, depuis le temps. J'ai trouvé comment leur faire croire le contraire de la réalité, mais même si je sais les tromper elles, je ne parviens pas à me tromper moi-même ni à me comprendre. Ah ! Le confort d'un lit ! Ce n'est pas encore le soir, j'ai prétendu que je ne me sentais pas très bien quand on a rejoint les amis de Miya. On était censé s'entraîner un peu, finalement ma guitare est restée dans sa housse et retournée à sa place. J’entrouvre les yeux. Pourquoi j'ai ce sentiment de grand vide et de tristesse ? La lumière du soleil me semble bien pâle aujourd'hui, pourtant les nuages se sont écartés et on retrouve bien un jour chaud convenant bien mieux à ce mois-ci. Non, je dois juste être malade, c'est surement ça. La fatigue, les pensées embrouillées... finalement, je dois vraiment pas aller si bien que cela. Je me retourne, ramenant ma main à mon front avec un soupir désespéré.

« Je tourne vraiment pas rond... »

... Bon ! C'est pas tout ça mais je déteste rester coincé au même endroit moi. Je me relève soudainement en me dirigeant vers la fenêtre, l'ouvrant en grand avec un air exaspéré. Je vais pas rester toute la journée au fond du lit, surtout maintenant que je me suis débarrassé de Miya. Ma mère est partie faire un course - elle doit être à cours de thé, ça la stresse - et Tetsu est toujours au boulot, le rêve quoi ! Cette fichue journée ne sera pas totalement foutue en l'air à cause de cet imbécile, certainement pas !

« VA MOURIR DAN !
-Oh, y'en a qui voudraient passer leur journée au calme pour une fois ! »

Je me penche au dehors pour lancer un regard noir à mon voisin. Ce gard reste toujours au même endroit à longueur de journée pour nettoyer sa voiture. Ouais chuis bruyant, quand je suis pas en train de jouer de la guitare je me défoule au dehors. Mais qu'il se mêle de ses affaires lui aussi, il a qu'à aller voir ailleurs ! Je lui adresse un magnifique doigt d'honneur comme chaque fois avant de fermer soudainement la fenêtre pour éviter le jet d'eau qu'il me lance comme chaque fois. Je sais pas quel genre de tuyau d'arrosage il a lui, mais ça lance loin ! Je lui en veut encore pour la fois où il a failli inonder ma chambre parce que j'avais joué un peu trop longtemps à son goût.

M'enfin, c'est pas le moment de rester coincé ici ! J'attrape ma guitare - quoi, ouais j'en parle beaucoup, c'est comme la batte de l'autre idiot - et me jette au dehors de ma chambre pour descendre les escaliers quatre à quatre. Les clés sont sur le meuble dans l'entrée, je les attrape au passage et sort, fermant précipitamment la porte. Un rapide coup d’œil derrière le muret me permet de voir que le voisin et tourné vers l'entrée de chez moi pendant qu'il nettoie sa voiture. Signification ? Je me redresse, prenant ma respiration, accrochant bien ma housse sur mon dos... TAïAU !

« WAAÏ ! Mais c'est froid votre truc !
-Ça t'apprendra sale môme !
-Allez au diable vieux schnock ! »

J'évite de justesse le deuxième jet d'eau même si je suis déjà trempe, et me précipite dans la rue avec un rire narquois. Voilà, ça c'est ma vie, c'est mieux que de rester coincé aux magasins. Je devrais me dire malade plus souvent, j'aime bien Miya mais son quotidien est trop monotone pour moi. La petite riche musicienne et sportive c'est un peu trop "parfait" pour moi, m'enfin je trouve quand même tout ça bourré de défauts dans une telle situation. Je ralentis le pas, reprenant ma respiration. Bon, le programme de la journée ? Je vais éviter de repasser devant le stade, le bruit du match m'agacerait, et puis de toutes manières cela voudrait dire repasser devant le vieux et son tuyau d'arrosage ; je tiens tout de même à rester à minima sec et à ne pas attraper un rhume si possible. Si je vais en ville, je risque de tomber sur Miya et ses amis. Dernier choix ? J'irais au terrain vague, ça a toujours été mon coin tranquille après tout. Même si je passe devant la maison de Dan... Mais j’accélérerai le pas, voilà tout.

(Raaah je sais je l'ai remarqué une fois posté, mais j'avais trop la flemme d'éditer xD Suffit que j'arrête d'écrire un instant pour réfléchir et je change de pronom ! J'ménerve moi-même -.- xD)

Je vous demande tout de suite de me pardonner. En réalité, ce n'est absolument pas ma faute, c'est celle de Loulou, alors on ne m'en veut pas surtout que je suis sexy. Héhé. En réalité, je me suis découvert un petit côté artistique - bon j'avoue, je l'ai toujours eu, mais je préfère ne pas en parler trop souvent, car aux yeux des gens, je suis Dan le super joueur de baseball, et dire que je joue des pièces super sentimentales au pinao ruineraient ma réputation - et comme un piano ça ne se traîne pas sur soit, j'ai pas eu le choix de me rabattre sur la guitare. Comme Hiroshi. Mais je le répète, c'est la faute de Loulou.
Alors si je passe pour un copieur, ne me lapidez pas !!

J'en avais eu marre, moi aussi, de glander dans ma chambre. Alors un jeans et t-shirt propre enfilés, et je m'étais traîné le derrière dehors pour prendre un peu d'air frais. En traînant ma guitare sur mon dos, évidemment. Parce qu'en dehors du baseball, j'aime bien faire de la musique... Quand personne ne peut m'entendre, vous voyez. Et j'avais pris la direction du seul endroit où il n'y aurait sans doute personne: le terrain vague. Évidemment. J'avais marché d'un pas lent en essayant de ne penser à rien et juste me concentrer sur les bruits alentours, mais après quelques secondes à écouter avec attention les hurlements qui continuaient de venir du stade... J'en eu assez. Heureusement, ceci s'évanouit peu à peu au fur et à mesure que je m'éloignais dans la direction opposée, et lorsque je rejoignis enfin le terrain vague, j'étais seulement accompagné par le silence total. Je me trouvai un coin pour m'asseoir tranquillement, et sortit ma guitare. Après m'être assuré qu'elle était accordée, je fermai les yeux et prit quelques profondes inspirations en laissant mes doigts frôler les cordes sans jouer rien de précis. Juste pour profiter un peu du calme et essayer de faire le vide.

C'était difficile. Vraiment, vraiment difficile. Car premièrement, quand on essaye de penser à rien, on pense à penser à rien, donc au final on pense encore à quelque chose. Stupide cerveau humain, pas capable de te relaxer quelques instants hein !? Puis de toute façon, avec la rencontre avec Hiroshi, j'avais les émotions toutes chamboulées. Ce gars-là avait vraiment le don de me mettre dans des états pas possibles...
Je jouai un ou deux accords, me raclant un peu la gorge. Puis enfin, je rouvris les yeux et me mit à jouer une certaine pièce... On se demande tous pourquoi...
"Need you now - Lady Antebellum"
Quand on laisse ses émotions s'exprimer à travers la musique, ça donne un truc super sentimental, auquel on n'a même pas réfléchis. Je me mis d'abord à fredonner les paroles en rythme avec la musique, puis me mit enfin à juste carrément chanter les paroles lorsque j'attaquai le refrain. Et comme je suis un con bourré de talents... Bah je chantais super bien. Loulou oblige ^^

(*s'est mise à pleurer en entendant la chanson* Meerde, ça faisait longtemps que je la cherchais celle-là, bouhouu, trop beau Daaan, en plus maintenant que je comprend les paroles c'est encore pire ! T___T *snirfl le reniflement franchement pas classe xD* Chuis en train de me faire foutre de ma gueule par mes camarades de classe, mais j'm'en fous ça fait du bien de pleurer sur une belle chanson. X3)

Les rues sont atrocement vide, ça c'est à cause de ce fichu match de baseball. Je commence sérieusement à le détester ce sport, on les entend gueuler jusqu'ici ! Quand je pense que j'ai passé une éternité à ramasser des balles perdues par un Home Run dans le lac à côté du terrain, ça me dégoûte, toutes ces balles que j'allais chercher comme un gentil chien. Ah ! Ils nous avaient pas cru, hein, les autres idiots de l'équipe quand j'avais débarqué avec la batte sur l'épaule au match hein, il m'avait pas cru cet idiot de manager quand il a vu que la semaine passée à m'entraîner avec Dan avait fait de moi un joueur au niveau acceptable ; quoi que, j'ai encore oublié comment on tape une balle, mais c'est pas grave, c'était marrant. Marrant ? Bon, okay, finalement c'était plutôt drôle, mais seulement parce qu'ils ont fait une gueule de trois pieds de long ! Je n'admettrais jamais avoir pu un instant apprécier ce sport, c'est impossible.

Au fur et à mesure que j'approche du terrain vague, je commence à entendre des notes. Quoi ? C'est pas tout à fait correct pour le moment, on dirait quelqu'un qui règle sa guitare... Ou alors quelqu'un qui s'amuse à ne rien jouer ? Je ralentis le pas, longeant le mur de bois d'un air perplexe. Quelqu'un d'autre serait venu ici ? Miya et ses amis peut-être ? C'est pas possible, entre le match, le voisin arroseur et cette folle je commence sérieusement à plus savoir où aller. Mais... C'est étrange. Ce n'est pas normal. Enfin, ce n'est pas le style on va dire des camarades de Miya. Je finis par m'arrêter juste avant la fin de la palissade qui cache le terrain vague, prêt à faire demi-tour comme à reprendre ma route. C'est à ce moment là que les notes prennent alors forme. Je connais cette mélodie... En tous cas, ce guitariste a un bon doigté. Je me décide à jeter un coup d’œil, la curiosité l'emportant sur la discrétion.

... Si je regrette ? Je ne saurais le dire, toujours est-il que sur le terrain vague, à l'endroit même où je vais habituellement pour me détendre, se trouve celui-ci même que j'aurai préféré éviter. Il est simplement assis là, avec sa guitare ; qui l'eut cru, un joueur de baseball si acharné qui laisse de la place pour un peu de musique dans sa vie. Remarque, on ne lui en voudra pas pour ça, mais il voulait tant me "fuir" pour son fichu sport, j'aurai pensé qu'il n'avait rien d'autre en tête cet idiot. Mais là à le voir tranquillement assis là, à jouer ce morceau aisément en fredonnant l'air, il semblait tout à fait détaché de l'idée que je m'en étais fait. Ah ! Je suis bien bête, depuis le temps je devrais savoir qu'il a toujours un petit côté caché. Après tout, j'étais persuadé qu'il finirait avec une des belles donzelles qui lui courent après. D'ailleurs, depuis qu'il est parti, il n'a personne dans sa vie ?

Il se met alors à chanter le refrain. Oui je la connais bien cette chanson malgré moi. Mais le pire, c'est qu'il chante vraiment trop bien ce con... Je sens mes doigts se resserrer dans le vide, dire que je n'avais pas un air ahuris à l'instant serait mentir. Je sentais une chaleur rassurante s'imposer une place entre mes épaules, me narguant quelque peu l'estomac et, cela ne m'étonnerait pas, chauffant peu à peu mes joues. Argh, la honte, qu'est-ce que je fous là ? J'ai beau vouloir à tous prix l'éviter, mes jambes ne veulent pas faire demi-tour. J'ai les mains moites et les muscles un peu tendu, je sens un frisson me parcourir le dos jusqu'à l'échine. Qu'est-ce qu'il avait dit déjà ? Qu'il n'était pas parfait ? Ouais, heureusement, je déteste les Miya bis... Je déteste ? Sur le coup je me laisse presque tomber assis contre la palissade, les yeux rivés sur le vide et toute mon attention portée sur ce qu'il joue. Ouais, faut croire que j'en ai marre de cette fille. Mais pourquoi je retournerai avec lui ?

Dan est juste là, derrière moi, et tout ce que je trouve à penser m'énerve encore plus. Oui il est bourré de défauts, ça je le sais depuis longtemps, mais même si cette idiot est l'imperfection incarnée tout ce qu'il fait est simplement parfait. Le sport, la musique... 'Tain, il me dépasse même dans ma passion ? Je ramène mes genoux contre mon torse, les épaules tremblantes en plongeant ma tête entre mes bras. Raah, qu'il m'énerve ce con... Et le comble de tout, c'est que je suis incapable de faire autre chose que d'écouter. Qu'est-ce que vous voudriez que je fasse ? Que je me lève pour aller le fracasser ? J'en ai fini avec ça, j'étais même pas censé le revoir. Je pourrais me lever et repartir comme si de rien n'était, mais je n'en ai étrangement pas envie. D'un autre côté, il est pas sur son terrain là quoi ! Il est au beau milieu de nulle part, devrais-je le fuir où que j'aille ?

Je me penche sur le côté, jetant un coup d’œil par dessus mon épaule. Jeter un coup d’œil à ce chat de gouttière qui semble tout faire mieux que moi. Ouais, chuis p't'être définitivement qu'un stupide chien de salon moi, je suis bien terne par rapport à lui. Lui il donne des couleurs et des formes à ce qu'il fait ; moi je fais joujou pendant ce temps-là avec des imbéciles tels que Miya. Je crains de ne rien valoir par rapport à lui ; comment j'ai pu un seul instant l'approcher auparavant ? Ses lèvres étrangement douces, ce sourire qu'il donne à tous vas mais que j'avais eu pour moi, ses yeux comme deux lacs profonds... Argh, le lac. Je laisse ma tête retomber d'un air désespéré. Nan, je crois que ce sport me poursuit où que j'aille. C'est à cause de ces fichues balles que j'ai pu l'approcher, hein ?

« Quel imbécile ! »

J'avais la voix un peu enroué. Ah ! C'est ce que ça fait de rester planté comme ça à écouter jouer quelqu'un qu'on est "censé détester". J'ai jamais souvent pleuré, et pourtant je suis sensible... Quand était-ce la dernière fois ? Le départ de Dan. Et encore avant ? Cette fichue dispute qui aurait dû être comme bien d'autre. J'avais craqué, faut croire... Et là ces stupides larmes étaient collées à mes joues, comme si elles me poursuivaient...

(J'adore, je fais le message en plusieurs fois mais à chaque fois que je remet la musique en lisant ton message je re-pleure. >< //VLAN// En attendant j'ai parfois envie de foutre des baffes à mes persos. xD)

(Aooooon !! xD Je sais, en plus, moi d'habitude j'pleure presque pas même devant les films, mais j'étais super dans l'émotion en écrivant mon message, une chance j'étais toute seul donc personne pour se foutre de ma gueule... xDD)

J'étais pris dans la musique, les yeux baissés sur ma guitare, mes doigts se plaçant d'eux-même pour jouer les notes alors que je chantais avec une émotion certaine. Je n'eus même pas conscience qu'Hiroshi était arrivé sur le terrain, de toute façon, concentré comme j'étais, je n'aurais pu le remarquer. Ce n'est pas non plus comme s'il était arrivé joyeusement sur le terrain en criant mon nom... Je terminai donc la chanson dans mon coin sans savoir que j'avais un spectateur, et sans savoir dans quel état d'âme je venais de mettre cet ancien ami, cet ancien copain...

Je terminai sur une note douce, qui résonna quelques instants dans le quasi silence du terrain vague. J'appuyai doucement ma tête et poussai un profond soupir, gardant les yeux fermés un instant pour reprendre contrôle sur moi-même, avant qu'il ne se produise quelque chose que je désirais plus que tout éviter. Je me voyais mal laisser libre court à un surplus d'émotion sur un terrain comme ça au beau milieu de nul part, et ce serait encore pire si je savais que quelqu'un était là pour m'observer. Alors je pris une minute ou deux pour me calmer. Au final, il avait peut-être eu raison, ce stupide chien, en ayant peur de se lancer dans une relation. J'avais eu l'air si sûr de moi, alors, si convaincu que tout irait bien. Dieu que je l'aimais. Mais si je ne l'avais pas poussé à me faire confiance, peut-être aujourd'hui la situation n'en serait-elle pas là. Il ne serait pas dans un état pas possible puisque je l'ai laissé tombé, et je ne serais pas en train de me morfondre quand au fait qu'il est si près, et pourtant si loin de moi... et que... Merde, tuez-moi si je l'aime encore !!

*meurt* (Pardon, pardon, je devais faire cette petite blague XD)

Je rouvris les yeux et déglutis un peu péniblement. Juste comme j'allais m'appliquer à jouer un nouveau morceau, une exclamation à voix assez basse, rauque, me fit interrompre mon geste, les doigts suspendus en l'air près des cordes, prêts à jouer les premières notes. Je redressai la tête en fronçant les sourcils. C'était mon imagination, où je venais d'entendre "Quel imbécile" ? Non, c'était juste impossible, il n'y avait personne aux alentours... Enfin, personne que je puisse voir d'ici. De toute façon, j'avais tellement les émotions à vif que ç'aurait bien été mon genre d'halluciner la voix d'Hiroshi pour rajouter un peu de drame. Allez, je deviens encore plus dérangé qu'avant, ça craint.

Je jouai doucement le début de la chanson. Entre quelques pratiques de baseball, j'ai toujours aimé pratiquer la guitare. Je crois même que j'ai commencé à jouer de la guitare avant de commencer le baseball. Sérieusement. Je devais avoir cinq ans peut-être, lorsque j'ai suivis mes premiers cours. Comme on sait que ma mère se fiche bien de ce que je fais comme sport, vous aurez deviné que son truc à elle, c'est la musique. Dire qu'elle m'a même fait pratiquer le piano. J'excelle donc à la guitare, au piano, et même si elle aurait voulu me faire jouer un truc comme le violon, je me suis arrêté là, à ces deux instruments. C'est déjà beaucoup, surtout qu'avec le baseball, je n'ai plus tellement de temps libre pour pratiquer énormément. Mais tout cela pour dire que le con bon en sports, il joue un paquet de musique en plus de ça.

Au début je ne faisais que fredonner, murmurer à voix basse quelques paroles. Mais enfin je commençai à chanter pour vrai, cette chanson un brin plus douce, mais tout aussi remplie d'émotion, je crois bien. La preuve est que ma créatrice est toute chamboulée au moment d'écrire ces quelques mots.

- I hate to turn up out of the blue uninvited,
But I couldn't stay away, oh I couldn't fight it
I had hoped you'd see my face and that you'd be reminded
That for me... It isn't over.

J'arrêtai là, tout de suite, avant le refrain. Ma dernière note chantée avait sonné bizarre, car ma voix, rendue tremblante, avait flanché juste avant d'entamer le refrain, et je luttais maintenant pour garder les yeux secs. Bordel de merde... Je le HAIS !! ... tellement pas...
Je posai la guitare à mes côtés dans son étui, ramenai mes genoux contre moi et croisai mes bras dessus. Le front appuyé sur ces fameux bras, je lâchai:

- Pourquoi !? Hein, pourquoi !?

(Tu le fais exprès ? xD J'ai re_pleuré, sauf que là c'est mon frère qui s'est foutu de moi. x3 Nan mais d'habitude moi non plus chuis pas du genre à pleurer, mais devant mes RP c'est incroyable à quel point je peut rire, m'énerver ou pleurer, ça tue mes camarades parce que à côté j'ai l'air blasé quand je lis un livre qui les a fait pleurer. ^^")

Je soupirais discrètement en essuyant ces fichues gouttes au goût à la fois amer et salé. La mélodie peu à peu s'était tue en un silence lourd et triste. Qu'est-ce qui faisait que j'avais l'impression que ces paroles étaient plus que de simples mots mis sur chanson ? Je ne parviens pas à comprendre, j'étais comme concerné par tout ceci et consterné de l'être d'ailleurs. Merde quoi, c'est vachement cliché comme histoire ! Je laisse retomber ma tête entre mes genoux alors que d'autres notes de musiques se laissaient entendre. Ouais, c'est trop cliché, mais c'est ma fichue histoire. La voix de Dan se fait à nouveau entendre, plus grave en quelques sortes, plus triste...

« I hate to turn up out of the blue uninvited,
But I couldn't stay away, oh I couldn't fight it
I had hoped you'd see my face and that you'd be reminded
That for me... »

Sa voix se brise, tremblante et hésitante, m'arrachant un frisson d'horreur :

« It isn't over. »

... Te le fais EXPRÈS ou quoi ?! Oui je comprenais parfaitement, et je connaissais parfaitement ces paroles. Un peu trop peut-être même, j'aurais préféré ne rien en connaître, être sourd plutôt que d'avoir pu porter le moindre intérêt à cette voix brisée et... Je me relève, me penchant très légèrement pour jeter à nouveau un coup d’œil vers Dan. Il a les yeux rivés sur sa guitare, le regard vide. Il et tendu et tremblant, et je vois ses yeux qui brillent d'une lueur discrète. Il se retient ? Il se retient de pleurer ? Mais il est totalement CON ! Il n'a pas à pleurer lui, il a fuit pour ne pas être faible lui ! Je ne lui permet pas ! ... Il range sa guitare dans son étui et ramène avec ses bras ses genoux contre son torse, laissant son visage retomber à son tour.

« Pourquoi ?! Hein, pourquoi ?! »

... Je sais même plus quoi en dire. Normalement je crois que j'aurai dit qu'il était ridicule, pathétique. Enfin, je crois... Mais c'est comme prévoir un évènement : on a jamais vraiment raison. Si je m'étais écouté plus tôt, je serai en train de le tabasser pour me venger encore, mais j'ai beau dire c'est juste ma carapace qui me fait vouloir ça. Je suis pas comme ça, et lui n'est pas comme je veux me persuader qu'il peut être. Je retiens un soupir. Reprend-toi idiot ! Qu'est-ce que tu as fait jusqu'à maintenant ? Tu as abandonné ce passé, te laisse pas à nouveau avoir par ces beaux yeux nom d'un chien ! ... Ce fichu chat de gouttière, je sais plus si j'éprouve de l'affection, de la pitié ou de la jalousie pour lui. Je prend fébrilement ma guitare de sur mon épaule, laissant la housse retomber à côté de moi. Les cordes commencent un peu à fatiguer, je ne vais pas tarder à devoir la réviser un peu, la remettre à neuf. Je hausse les épaules, effleurant les cordes pour tester le son ; toujours aussi bon, c'est comme ça... Dois-je m'en rappeler ? Pff, je hais prendre le temps de me concentrer, la musique c'est un sentiment pas un devoir après tout... et les paroles viennent d'elle-même hein.

« Nevermind, I'll find someone like you,
I wish nothing but the best for you, too,
... »

Je m'arrête brusquement sur un fausse note en grimaçant. Argh, je hais quand mon doigt dérape comme ça. Je secoue un peu ma main et lâche un rire jaune.

« Faut croire que c'est pas encore tout à fait ça... Ah ah... »

Aller, ne faiblit pas, ne tremble pas, reste fier... Je quitte ma "cachette", tenant un peu fébrilement ma guitare tout en tentant de garder l'air ferme, un sourire le plus détendu possible sur le visage. Garde l'air de rien, ne te laisse pas abattre.... Il est là, juste devant moi, à quelques mètres, mais je reste contre la palissade, gardant la guitare en main en soutenant mon regard sur lui. Pas question de fuir, pas cette fois... Je ne vais pas éternellement me cacher, il doit voir que je vais bien. Voir que moi au moins j'ai tenu le coup, que j'me laisse pas abattre par son départ ; c'est vrai quoi, je me suis refait, je suis quelqu'un d'autre, j'ai remonté la pente moi aussi. J'ai pas le droit de retomber...

« Tu sais ce que je me suis dit quand t'es parti hein ? Ah ! Pas grave, j'l'ai trouvé cette autre personne pour refaire ma vie hein. Après tout, j'vais pas te maudire pour ta stupidité, j'te connais à force, j'pouvais qu'espérer ton bonh... »

La fausse note. Ma voix s'est soudainement cassée. Je mens. Je mens jusqu'au bout, comme un arracheur de dents, je m'abandonne à des mensonges pour me cacher. Qu'est-ce que je dis ? Et qu'est-ce que j'en pense ? Voilà où ça mène de tenter de faire le paon ou de se cacher son mal par des idées : on ne sait même plus ce qui est vrai ou faux hein. Je mens... J'ai les pensées qui s'embrouillent, j'ai même plus la notion de la différence entre ce que je dis et ce que je pense...

« Un idiot ouais... J'ai pensé ça, mais pas jusqu'au bout. Hé, faut croire que cette note restera fausse pour moi, hein Dan... »

Je baisse la tête en serrant un peu plus l'instrument contre moi, me mordant la lèvre inférieure.

« Dan le passionné et son fidèle chien... Qui l'eut cru, que ce stupide chien était juste jaloux et sans passion... Dan, tu veux vraiment savoir pourquoi ? Pourquoi ça a fini comme ça ? Parce que toi tu as besoin de ton espace pour ta passion et moi je peux pas vivre comme ça. C'est con, hein ? »

Mes mains se remettent à trembler. Merde... Et les larmes qui reviennent de plus belle. Je baisse un peu plus la tête, mais elles coulent de plus en plus. Ai-je... tord ? Je le voudrais tant, mais je crains la vérité...

« La logique, le rationnel, pourquoi tout ça nous ramène à la réalité si durement ? On ne peut pas rêver, on est fait pour vivre ainsi alors ? »

(Pouahahaha ^^ De mon côté... J'essayais d'étudier mes sciences mais j'pouvais pas m'empêcher de me remettre ces deux chansons en boucle et m'imaginer Dan et Hiro dans un moment super touchant xD)

J'avais arrêté de jouer, et pourtant, une partie du refrain joué à la guitare parvint jusqu'à mes oreilles. Je redressai un peu la tête, passant ma main dans mes cheveux et les plaquant un peu vers l'arrière, sur mon crâne. Après avoir cligné quelques fois des yeux, j'avais tant bien que mal réussit à faire disparaître ces larmes qui y brillaient... Mais pour combien de temps ? Combien de temps ce camouflage allait-il durer ?
C'était bien sa voix, sa voix à lui, qui poursuivait ma chanson. Je fixais l'endroit d'où venait la musique, entendant tout à coup une fausse note. Le doigt qui dérape, hein ? Combien de fois cela m'était-il arrivé avant de maîtriser la guitare à ce point ? Beaucoup de fois, oh oui, surtout lorsque j'apprenais des morceaux qui me rappelaient des moments difficiles... Dans ces moments-là, c'est dur de ne pas laisser l'émotion te faire trembler.

Qu'est-ce qu'il faisait là en réalité ? Pourquoi est-ce qu'il venait de sortir de derrière la palissade avec cette tête-là, pourquoi est-ce qu'il me regardait ainsi !? Ça faisait plus mal que je ne le pensais, de le revoir comme ça une deuxième fois dans la même journée. La tristesse laissa place à un autre sentiment indescriptible... Une sensation bizarre qui me prit au ventre. Il semblait essayer de prendre un air fier et de me montrer qu'il allait très bien sans moi. Lorsqu'il s'approcha, je me relevai lentement pour lui faire face, et pour me donner un peu plus de contenance puisque j'étais plus grand que lui. D'un certain côté, ça me faisait sentir mieux. Car de cette façon, bien qu'émotionnellement je sois à plat, j'étais un peu supérieur à lui, dans un sens.

Je fis quelques pas dans sa direction avec un air déterminé. Cette personne... Il devait parler de cette fille que j'avais eu le temps de voir avant de quitter le terrain, un peu plus tôt. Oui, celle-là qui ne m'avait pas paru des plus agréables... Car elle me faisait de la compétition ! Mais à entendre Hiroshi parler, et sa voix se briser ainsi, cette fille, ce "someone like you" n'était peut-être pas tellement "like me", si je peux dire. Pas tout à fait comme moi... Non, personne ne peut être stupide comme moi, faire des erreurs comme moi, miauler comme moi ou sortir les griffes comme moi. Personne ne peut être un tombeur comme le stupide chat que je suis, car malgré tous mes défauts, c'est ce qui fait mon charme... D'un côté, je suis bien plus attachant qu'il n'y parait, et ce n'est pas tout le monde qui a cette personnalité complexe et bizarre. C'était bien à entendre, parce que je n'avais pas trouvé quelqu'un d'autre comme Hiroshi, moi non plus. Y'avait que lui pour me faire sentir aussi... aussi... comme ça. Crétin !

... Ta gueule, Hiro ! Fais juste... La fermer... m'exclamai-je enfin après toutes ces paroles.

Je baissai un peu les yeux, l'air de ne pas savoir quoi faire, les bras ballants le long du corps. Puis soudainement, ces fameux bras attrapèrent les épaules du jeune homme qui se tenait devant moi, et je plantai mon regard dans le sien.

- J'ai toujours refusé d'entendre, d'écouter ces paroles. T'es pas le premier qui me dit ce genre de trucs, Hiro ! Mais je REFUSE d'y croire, c'est bon !? T'as tort. Tu DOIS avoir tort. Ça m'sert à rien d'avoir de l'espace si ya personne pour le combler et m'empêcher d'être seul dans tout ça. Qu'est-ce que t'en penses ? Que tant que j'ai le baseball, ma vie est superbe et que j'suis le plus heureux dans le meilleur des mondes ? T'as même pas idée de ce que je sacrifierais désormais pour... pour...

... Toi. C'était tout de même pas si compliqué à dire, et pourtant... La peur d'être rejeté à nouveau si je faisais trop d'aveux, elle était bien là. S'il me laissait tomber encore une fois, moi je percutais le mur. Et j'ai déjà le nez assez massacré comme ça hein...
Je disais vrai. J'avais pris conscience que ce qui me manquait, c'était pas tellement de jouer au baseball comme une superstar. Oui c'est bien, et oui j'aime ça. Mais au fond, si c'est pour avoir que le baseball et personne dans ma vie, à quoi bon ?

- Ouais, Dan le passionné et son fidèle chien. Mais j'crois pas que le chien, il était sans passion. M'sieur le passionné avait juste trop la grosse tête pour se rendre compte de comment il traitait le chien. T'as raison, c'est con. Parce que quand j'y réfléchis, si ça pouvait régler les choses, je laisserais tomber le baseball. Tu vas dire que c'est complètement idiot et que je dis n'importe quoi. Mais tu l'sais, j'ai jamais été bon pour exprimer ce que je ressents, et là, j'suis un peu à court de mots. J'ai l'impression de parler pour rien dire au final, et que je fais que tourner en rond...

Je relâchai lentement ses épaules et ramenai mes mains contre moi, glissant mes pouces dans mes poches.

- J'aurais juste pu faire plus simple... Et dire que... P'taiin, Hiro, tu peux pas savoir à quel point j'suis désolé ! Et tu peux encore moins savoir à quel point tu me manques. Ça me tue, merde ! Moi aussi, j'me suis fait croire que j'allais bien sans toi. Mais le baseball ça suffit pas à remplacer une personne ! C'est qu'un sport idiot après tout...


(Woah ! Dan devient presque sentimental, c'est chou <3)

Je commençais à être habitué à ses pleurs abondants. Aussi, je n'en fis pas de cas et acceptai de l'avoir contre moi durant le temps qu'il prit pour se calmer - un tout petit peu, certes. Au diable mon chandail, j'crois bien que c'était le dernier de mes soucis en ce moment. Je voulais qu'il reste à mes côtés. Hiroshi, je parle, pas le chandail ! J'pourrais lui chanter toutes les chansons d'amour, mignonnes à souhait ou profondes et sentimentales, de mon répertoire si ça suffisait à lui faire comprendre, à le faire rester.

C'est ça, sombre crétin ! Inonde mon chandail puis sauve-toi ! On ne fait que ça, s'engueuler puis se sauver en refusant de se dire les vraies choses en face. Il faudrait être débile pour ne pas remarquer qu'il y a cette chimie entre nous qui n'est toujours pas disparue, qu'il y a encore tant de sentiments puissants que nous éprouvons l'un pour l'autre... Enfin, dans mon cas. Oui, je l'avoue, je suis fou de lui. Je sais c'est complètement con, d'être parti sans rien lui dire. J'aurais pu lui laisser savoir, j'aurais pu garder contact avec lui. Mais je l'ai pas fait. Peut-être par peur de me faire encore plus mal si j'avais de ses nouvelles tout en étant si loin de lui ? Je n'en ai aucune idée. Tout ce que je sais, c'est que même après tout ce temps, rien n'a changé dans mes sentiments par rapport à lui. De le revoir devant moi me le confirma, de le sentir pleurer dans les bras m'en fit prendre encore plus conscience. Lorsqu'il passa à côté de moi avec une excuse bidon, je pivotai et attrapai vivement sa main.

DIsparue, l'expression fière et un brin hautaine. Je le regardais intensément, l'expression douloureuse, triste peut-être ? Mes doigts s'entremêlèrent délicatement aux siens. Je ne voulais pas qu'il parte. On avait peut-être plus rien à se dire, ou en tout cas on en avait l'impression. Mais c'était faux. Puis pas besoin de parler en autant qu'il soit près de moi. Je sais j'deviens cliché, jme demande moi-même où est passé le bon vieux Dan qui se fiche de tout, mais j'ai beau chercher je ne le trouve nul part.

- Me laisse pas seul ! ...

C'était un peu surprenant comme réaction. J'avais sorti ça de nulle part, sans vraiment y réfléchir avant. Sur le coup, j'avais juste cherché à le retenir plus longtemps, et c'est tout ce qui était sorti. Mais au lieu de me sentir idiot et m'apitoyer sur cette stupidité affligeante, j'ajoutai un petit:

- Ta mère pourrait bien attendre encore un peu... Nan... ?

Je glissai une main derrière ma tête, grattant un peu ma nuque en tentant maladroitement d'esquisser un sourire, ce qui donne une mine timide à craquer comme on en voit à la tonne dans les manga. Je n'avais toujours pas lâché sa main... et je m'en servis d'ailleurs pour le tirer un peu vers moi. Puis je cherchai à le regarder plus intensément, à lui faire passer un message.

- J'men fiche des jolies filles, pigé ? Oh, J'aurais bien pu essayer tu vois... On peut toujours tromper notre tête. Mais c'est difficile de tromper son coeur...

Conclusion ? Je t'aime espèce d'abruti, quand est-ce que tu vas t'en rendre compte !? Embrasse-moi, merde, j'en ai assez de toujours faire les premiers pas ! Montre-moi qu'tu tiens à moi...

J'espérais réussir à le retenir. Je ne voulais pas le voir partir comme ça sans se retourner. Mais mon geste sembla avoir l'effet escompté, puisqu'il s'arrêta. Je cru sentir un frisson le parcourir au contact de mes doigts sur son poignet, et encore plus lorsque je passai mes doigts entre les siens. Je ne pu me retenir de frissonner à mon tour en me rendant compte que ce simple contact pouvait me remuer à ce point. Sa tête se tourne vers moi, mais il n'ose me regarder. Mes paroles firent leur effet sur lui ; il releva son visage vers moi avec un empressement soudain et la surprise qui s'y lit est indéniable.

Il me regardait toujours et moi, je n'osais dire un mot. J'avais déjà assez peur comme ça qu'il ne fasse que jeter un regard derrière, mais ne reste pas et se détourne à nouveau. Il ne devait pas s'éloigner. Non ! Alors en fait, pour éviter qu'il ne s'en aille loin de moi, je le tirai pour le forcer à se rapprocher. Et ça marcha, évidemment.

Oui, il était planté là et me regardait. Je crois que je devais avoir l'air con, après tout j'avais toujours mon allure si fière et là il me mettait dans tous mes états à un tel point que j'en avais abandonné mon arrogance habituelle. Il ne disait toujours pas un mot, et ça avait le don de m'énerver. Dans le doute, j'aurais préféré savoir. Je préférais des mots, à un silence. Je préférais un refus à cet absence de paroles, à cette façon de m'observer. Je l'aurais bien secoué un peu pour la forme, juste pour le réveiller de cette sorte de fixation dans laquelle il était plongé.

Finalement, il eut une réaction ; mais certes pas celle à laquelle je m'attendais. Ou plutôt si, je m'y attendais sûrement, et c'est ce qui me fit le plus mal, car j'avais visiblement vu juste. Ça semblait l'attrister un peu, mais c'était fini, voilà tout. Il avait tourné la page, et même si pour moi cette histoire n'était pas finie, il n'en pensait pas la même chose. Je le vis se détourner alors que sa main s'arrachait doucement à la mienne. Je ne cherchai même pas à le retenir, laissant sa main glisser dans la mienne et ne resserrant pas ma poigne. Ça ne servait à rien de le retenir une deuxième fois. S'il m'avait aimé vraiment, une seule fois aurait suffit. Ma main retomba mollement le long de mon corps et je baissai la tête. Je ne prévoyais pas qu'il déciderait de faire brusquement demi-tour. En sentant quelque chose de lourd me heurter et me faire basculer, j'écarquillai les yeux avec une sorte de glapissement surpris. J'en tombai à la renverse, m'écrasant sur le dos mais surtout, surtout, je sentis quelque chose d'autre, et ça sur le coup, ça me surpris encore plus.

Je crispai une main dans son dos en serrant un peu son chandail, alors que je réagissais enfin en prenant pleinement conscience de la situation. Je répondis alors finalement au baiser avec plus de passion, montant ma main jusqu'à ses cheveux, l'embrassant. Lorsqu'il détacha ses lèvres des miennes, je le regardai avec un petit sourire. En le gardant contre moi, bien étendu avec lui si près de moi, sa chaleur m'enveloppant, son souffle caressant ma peau, je répondis à sa question par un simple :

- ... Il le faut, Hiro. Parce que je t'aime.