(Loulou) I'd come for you

Dans un geste rempli de désespoir je lui avais agrippé le bras et l’avais tiré vers moi. Tenant toujours son poignet dans ma main, j’avais retiré mon chandail de l’autre, puis le bandage autour de mon torse. Ensuite, je m’étais tourné dos à lui. Là entre mes dos omoplates, des plaies béantes fraichement refermés formaient un mot. Gay. Et ça c’était sans compter les dizaines d’autres cicatrices, toutes datant d’époques différentes, qui lézardaient mon dos. C’était ça que ça donnait d’avouer qui on était. Parce que les gens ont toujours peur de ce qui ne leur ressemble pas. Même si c’est par des détails insignifiants comme le sexe de la personne qu’on embrasse, de la personne qu’on aime.


Je m’étais retourné, laissant tomber le bandage par terre, et j’avais approché ma main de sa joue, la frôlant à peine.

Je penchai la tête sur le côté, l’écoutant débiter des âneries. C’est pas ce que je voulais. Enfin… il faisait ce que je lui demandais. Pourquoi est-ce que j’étais si déçu dans ce cas là? Pourquoi j’étais fâché? Je lui en voulais, j’étais vraiment pas content. Et je me trouvais con. Pourquoi je lui avais dit de partir? La réponse me frappa. Je faisais le con. Comme Tom l’avait fait avec moi. S’il était comme moi alors il se fichait de se faire tabasser. C’était mille fois pire d’être séparé de la personne que l’on aime. Et puis moi, je venais de le repousser non? J’étais vraiment, vraiment con.


Et, comme c’était la chose la plus logique à faire, je me jetai carrément dans ses bras, sur sa bouche. Je voulais lui faire comprendre que j’avais besoin de lui, que je trouvais ça tellement pire d’être loin que proche.

Haha, prevue qu’il ne me connaissait pas encore assez: n’importe quelle personne m’ayant moindrement connue en relation avec quelqu’un savait que me faire fâcher était la meilleure façon pour que je perde mes moyens. Dans le genre « Sale con! », puis après un baiser passionné et une scène classée trois X. Donc, n’importe lequel de mes amis –ou anciens amis- connaissait ma réputation. M’enfin, que d’histoires que d’histoires. J’étais un peu désolé pour ce que je disais mais d’un autre côté, accepter d’être avec lui alors que j’aimais encore Tom, c’était loin d’être sympathique. Je lui demandais pas de m’attendre, juste de comprendre que je n’étais pas encore amoureux, moi. Je ramassai mon chandail et le remis, et amassai le bandage, le posant sur mon épaule. Je passai à côté d’Adam et posai un baiser sur sa tempe, avant de murmurer à son oreille.
J’eus un haussement de sourcils et un sourire moqueur puis je partis.

Je rentrai chez moi, incertain des choix que j’avais faits. Aurai-je dû tomber dans les bras d’Adam tout de suite, même si mes sentiments pour Tom étaient encore présents et intacts? Rien n’était moins sur. Et puis, il avait mis fin au jeu sans mon accord, alors je lui proposai une revanche. Celui qui tenait le plus longtemps. Et j’étais persuadé de pouvoir gagner. Parce que j’adorais gagner. J’ouvris la porte de ma maison et la rebarrai, avant de me diriger vers le téléphone et d’y composer le numéro d’Alicia.

Et je lui racontai toute l’histoire, qu’elle m’écouta débiter sans piper mot. Puis :


Et vous vous imaginez la fin de ma soirée. Après un débat nul avec Alicia, j’allai me coucher. Samedi demain. Et je n’avais pas donné mon numéro à Adam. Non mais quel con je faisais.

Une nuit de sommeil plus tard, je me réveillai à moitié sur le sol, suite à un soubresaut causé par le cadran que j’avais oublié d’éteindre. 11h. Ah et bien, il m’en manquait un petit bout. J’étais revenu assez tôt hier non? Mais j’étais franchement un paresseux de première donc ce n’était pas surprenant que j’ai dormi aussi tard. Bon, brillante idée en tête, j’avais un nom de famille. Donc je pouvais trouver le numéro de téléphone ou l’adresse –histoire de trouver le numéro- sans trop de difficulté. Ah les joies d’internet. Bref, je fus vite en possession de ce que je cherchai et je composai rapidement. Sauf que ce qui me répondu, c’était une voix de jeune fille.
En fait, ma première idée avait été de balancer un truc du genre « j’ai oublié mon boxer hier je peux revenir le chercher. Quoi, qu’est ce que tu fais avec une fille, sale pervers?! » et de raccrocher. Ça aurait été drôle non? Ou pas. Bref, on voit où était mon cerveau alors que je venais de me lever. En fait, non on ne le voyait pas.

Je me marrai bien en silence en écoutant le combat de lutte qui avait lieu de l’autre côté de la ligne. Sauf que quand Adam attrapa le téléphone et répondit, ça se corsa. Parce que qu’est ce qu’on est sensé dire à un mec qu’on a retourné de bord la veille après l’avoir embrassé. Moi je voulais apprendre à le connais avant. Sauf que d’habitude, on embrasse les gens après qu’on en sait un peu sur eux. Et puis en même temps, c’était ma faute, pourquoi je lui avais sauté dessus?! Rageant contre ma propre stupidité, je décidai de combler le silence.

« Au moins tu as l’air de bien t’entendre avec, ta sœur. Et puis bon, j’osais espérer qu’on pouvait faire quelque chose, même si c’est une température horrible dehors. Oh, et à propos de ma… proposition d’hier. J’veux bien ajouter un prix : celui qui ne craque pas a le droit de demander tout ce qu’il veut à l’autre… pour une journée. Voilà qui devrait

motiver monsieur. »

Je souris un peu, contient ce que ça signifiait: toutes les demandes devraient être obéies, aussi humiliantes, idiotes ou osées fut-elle. À cette idée, un sourire de prédateur s’étala sur mes lèvres : je m’amuserais bien à me moquer de lui… où autre chose. Ah non, je vous vois venir : regardez le pervers, l’obsédé. Et bien ça ne vous concerne pas. Bref.

« Je sais pas… Une journée film? »

C'était bien mon genre ça, dans le style, prenons un film d'horreur et collons nous un peu. J'avais vraiment un côté de fille agace développé.

Pas peureux? C’était mon deuxième nom! Et puis de toute façon, comme j’allais gagner, je pouvais mettre le prix aussi élevé que je le désirais non? Sûr de moi? Un peu. Sauf que j’avais déjà gagné une fois non? Et puis, comme j’avais plus d’un tour dans mon sac –à savoir la brunette qui devait s’imaginer qu’on sortait ensemble- et bien la victoire m’était assurée. Remarque, fallait se méfier. Comment savoir de quoi il était capable, cet Adam?

Je n’avais jamais été le garçon le plus ponctuel au monde. Enfin, tout dépendant de comment on voyait la situation. J’étais le genre de mec à arriver trop en avance, toujours. Habituellement, c’était vu comme du stress, sauf que dans certaines situations, dont celles-ci, ça menait à des événements plus ou moins déplaisants, comme la rencontre avec la barbie. Bon, c’était de ma faute. Mais je n’y avais pas songé. Avant de partir, j’avais revêtis un pantalon noir un peu serré et un chandail de la même couleur. Je n’étais pas vraiment le genre de garçon qui prenait des heures à s’arranger. La seule petite touche d’excentrisme que je possédais, c’était le bracelet que je portais au bras droit, et le gant qui recouvrait le dos et la paume de ma main gauche, sans masquer les doigts. Comme il pleuvait, j’avais mis, avant de partir, un manteau de cuir qui ne faisait qu’en ajouter à mon style. Ça c’était comment se faire dire «Whut? Ce mec est trop pas aux hommes, l’a trop la classe pour. » et bien, erreur.

Le fait est que je m’étais retrouvé nez à nez avec deux demoiselles, en pleine discussion intellectuelle : « Tu sais, ce petit haut violet qui me plaisait, et bien il me le faut troooop », « et le rose? », « ah non, rose c’était la semaine passé, il est rendu out. Il m’en faut un nouveau ». Vous voyez le genre? Discussion de filles peu intéressantes. Mais, comme j’étais arrivé devant la porte de chez Adam –qui vivait tout près de chez moi en fin de compte- il était de convenance de ce présenter.



Et comment se mettre les pieds dans les plats en quelques secondes, par moi-même. Restait à savoir ce qu’elles me réservaient.

Pour ma part, j’avais comme règle de ne pas mater les fesses des gens avant de les connaître un peu. Donc je ne pourrais pas dire si Adam avait un beau derrière [Note de l’auteur : quoi qu’avec ce nom là, faut bien] m’enfin. Je crois que ce n’était pas le sujet principal non? J’étais en train de me faire carrément attaquer par une demoiselle hyperactive, que je ne savais pas totalement frivole. Et puis c’est pas comme si elle allait me violer non? Je veux dire, elle savait que j’étais aux mecs. En même temps, c’est pas comme si le corps d’une fille me répugnait à se point, en me forçant –ou pas- j’arriverais bien à avoir une aventure avec une. Mais pas la sœur de monsieur, ça c’était certain.

Et en même temps, les mecs c’étaient plus sexy. Plutôt dû au fait que j’aimais me sentir en sécurité, et puis que quand tu sors avec une fille, c’est toi qui doit la protéger et blablabla. Moi j’étais dans l’genre qui aimait être… dominé. Et je ne parle pas de fétiches là. Bref.

« Ah non? Et bien, vous comptiez sortir dans ce temps. Passe plutôt la journée avec nous, gamine. Je t’offre un deuxième grand frère ça te va? »

À la deuxième remarque, j’étais moins sur. Mais étant un peu excentrique moi-même, et donc, ne saisissant pas l’hyperactivité de la demoiselle –voir la trouvant agréable- je m’enfonçai encore plus.

« Bah disons que c’est pas très… loin. Je veux dire, je viens d’arriver. Depuis hier. À tous les coups si ton frère voulait que tu sois pas là c’est parce qu’il voulait m’violer! T’vas me protéger de lui huh? é.è »