(Loulou) I'd come for you

Après le cours de maths, il disparu si vite que je n'eus pas le temps de remarquer où il allait. Lorsque j'arrivai à ma case, il n'y était déjà plus. Ben voyons, c'est ça, il m'évitait maintenant où quoi ? Sale petit... Huuh ! Je soupirai en espérant juste qu'il ne se soit pas perdu, sinon on mettrait ça sur ma faute. Je pris mes vêtements et me rendis dans le vestiaire pour me changer. Pas du tout dérangé qu'il y ait d'autres gars, mais avec le temps, j'avais trouvé des techniques subtiles pour mater en toute discrétion. Tien, Logan était pas là ? Jusqu'ici, on avait eu tous nos cours ensemble, il devrait pourtant y être ! Grommelant un peu à voix basse, je finis de me changer, mis mon chandail moulant et me rendit dans le gymnase. Mon allure était un peu spéciale. Car personne ou presque ne portait de vêtements plutôt serrés comme les miens. Mais je m'en fichais éperdument.

Je venais de voir le fameux nouveau, dans le gymnase, en compagnie de deux poulettes. Oui, j'aurais dû m'en douter. Ça n'avait rien d'étonnant, qu'il commence à courir les jolies filles. Il y en avait à la tonne ici. M'ouais. J'étais déçu, c'est bien ça ? Je crois que j'avais commencé à me faire des espoirs stupides. Comme d'habitude, la déception était au rendez-vous. Je le fixai... fixement, espérant capter la conversation. Une histoire de party, à ce que je comprenais. Je n'allais pas trop dans ces soirées, pour la simple bonne raison que je n'avais rien à faire à me déhancher contre des filles à moitié nues en me soulant la gueule. Mais... Huh. Logan avait accepté d'y aller. Elle lui écrivait son adresse sur la main... ELLE LUI ÉCRIVAIT SON ADRESSE SUR LA MAIN BORDEL !! Elle y croyait, la demoiselle ! Dès qu'elle me demanda si j'y allais, je passai tout près de lâcher un "Oui !!" décidé... mais me ravisai au dernier instant. Non, ce serait agir bien trop stupidement. Je n'y allais jamais. Pourquoi cette fois est-ce que je serais emballé par l'idée ? Après m'être raclé un peu la gorge, j'haussai les épaules.

- M'ouais, peut-être bien.

Je croisai les bras et m'appuyai contre le mur en laissant Môsieur là-bas. Fallait pas avoir l'air accro non plus. Sinon, on s'amuserait bien trop à faire courir de nouvelles rumeurs. Et puis... c'est juste parce qu'il était sexy, hein ! Je tombais pas du tout amoureux de lui. Trop pas mon genre. Peuuh....
Arff. Je sais, je ne suis aucunement crédible.

Parce que, le noir, c’est sexy. Oui, oui, c’est toujours Logan qui parle. Le noir, c’est vraiment une couleur qui rends sexy, donc on ne se surprend pas que moi, qui était vraiment craquant à la base, portait un chandail légèrement serré de cette couleur. Et donc, les filles étaient après moi. Oh Logan, je crois que je me suis fait mal à la cheville en courant, tu peux m’aider à marcher. Et moi, je prenais l’air du garçon qui ne sait pas qu’il se fait draguer et je la relevai, cette jolie blonde, avec un sourire. Sauf que ça ne me faisait ni chaud ni froid. C’est bien jolie, une fille, mais pour moi, ça ne dépassait pas le stade d’amie.

Enfin, je remarquai le regard d’Adam lorsque la fille passa à côté et je ris intérieurement. C’était carrément gagné. J’avais l’impression d’être un poison qui se rependait doucement en lui, qui bientôt l’infecterait totalement. J’aimais ça. Bien sur, pour l’instant ce n’était qu’un jeu, ce n’était pas comme si je craquais pour lui ou quoi que ce soit. Enfin, je pense. Le cours se termina et je fus bien obligé d’aller au vestiaire. Évidement, lorsqu’on vit les longues coupures qui lézardaient mon dos, mon bandage, ainsi que les cicatrices que j’avais un peu partout, on me demanda ce qui c’était passé. Je répondis simplement :

« Vous auriez dû voir l’autre gars… »

…Se marrer pendant que les autres utilisaient le couteau.

Le truc qu’ils ne savaient pas, c’est que sous le bandage, j’avais gravé profondément dans la chair « Gay ». Disons qu’à la dernière école, plutôt de basse renommé, quand ça s’était su, les jeunes délinquants qui fréquentaient l’académie ne m’avaient pas tout à fait aimés.

J'entrai dans le vestiaire sans jeter un regard à personne. Retirant d'un coup mon chandail mouillé de sueur, je le fourrai brutalement dans mon sac à dos et enfilai mon autre t-shirt. Je me changeai en deux minutes à peine, top chrono, sans jeter un regard à personne. L'un des gars m'interpella.

- Hé, Adam ! T'as vu un peu ses cicatrices ?

Il pointait Logan. Je ne jetai qu'un bref coup d'oeil, et me détournai avec un soupir.

- Ouuh. C'est bon, j'ai pas qu'ça à regarder. C'est que des cicatrices après tout.

Il était préférable de ne pas trop poser les yeux sur lui. Son petit jeu devenait de moins en moins drôle. Un gars comme moi, ça ne court pas les rues. Vous croyez que j'ai souvent quelqu'un avec qui partager quoi que ce soit ? Non. Alors faut pas me provoquer. J'en avais déjà assez avec les beaux mecs de l'école sans que lui ne vienne en rajouter. De toute façon, les filles étaient déjà toutes autour de lui. Qu'il les aime passionnément et me laisse tranquille, voilà tout. Qu'il arrête de me poursuivre comme ça et de s'incruster dans ma tête ! Même sans le voir, je le voyais, maintenant !

- Ouais peut-être, mais il en a PLEIN !
- Tu veux que je t'en fasse, moi, plein de cicatrices !?
- Wow qu'est-ce qui te prend ?
- J'sais pas, t'as l'air de sérieusement fantasmer sur les blessures de guerre. J'voulais seulement t'aider, moi.

Je refermai mon sac d'un geste brusque et sortit du vestiaire sans me retourner. Non, non et NON ! Il allait me rendre dingue ce mec !

C’était quoi, ces états d’âmes?! Ce n’était pas au programme. Bon, j’avoue que je m’attendais à le fâcher un peu mais à ce point… Enfin, disons que l’autre mec qui matait mes blessures ne me rendait pas très à l’aise. Bref, je m’habillai en vitesse. En même temps, ces cicatrices, ce n’était pas quelque chose dont j’étais très fier. Je n’avais pas bougé, je m’étais laissé tailler la chair sans un mot, trop apeuré pour rien faire. Et c’était après ça que mes parents avec compris que j’étais aux mecs, et qu’ils m’avaient offert ce « nouveau départ ». Pour m’éloigner d’eux. Parce qu’ils avaient honte de leur héritier. Bref, j’attrapai mon sac et sorti du vestiaire rapidement, histoire de rattraper l’autre hystérique. Mieux valait ne pas parler de l’incident, parce que ça pourrait le gêner. Je me contentai du lui lancer un sourire timide.

« Dis tu vas bien venir ce soir huh? Parce que je connais difficilement la moitié des gens qui viennent alors… bah quelqu’un que je connais –un peu- serait apprécié. Et puis… je te déteste pas »

Voilà l'autre qui s'en venait. Juste à entendre les bruits de pas qui se précipitaient dans ma direction, je devinai que c'était lui. Ma réaction devait l'avoir profondément surpris, ou même choqué. Après tout, c'était quoi aussi mon idée de faire ça ? Un peu plus et je me mettais à hurler "NOOOOON il m'attire pas du touuut !!" pour essayer de ne PAS avoir l'air gay. C'était pas du tout subtil, ma façon de procéder. Et puis au fond, ça ne m'avait jamais dérangé, alors pourquoi maintenant ? Bien malheureusement, je connaissais la réponse. Parce qu'avant, aucun gars de l'école ne me faisait cet effet monstre. C'est facile de t'adapter quand tu ne louches pas sur le corps d'un autre gars. Si t'as l'air bien normal, personne ne te critique. Et c'était mon cas, puisque ce n'était sûrement pas ici que je trouverais l'amour. Mais avec lui qui, à peine arrivé, me faisait sentir tout bizarre... Non, ça n'allait pas.

Suite à ses paroles, je ne su que répondre. Au fond de moi, il y avait cette étrange envie d'accepter. C'était totalement stupide. Aller là-bas pour le voir se faire tripoter par des inconnues aux gros seins ? Non merci, pas pour moi. Jaloux de première. C'est sans doute l'un de mes pires défauts.

- Oui c'est bon, je vais venir. Puisque c'est pour... «fêter ton arrivée». Je peux bien faire ça pour toi.

Le tout avec un sourire franchement joli. Euuuh... C'était pas du tout ça que j'étais supposé dire. Je m'apprêtais juste à lui dire que j'étais occupé ce soir, mais les mots étaient sortis seuls, sans que je ne puisse rien y faire. Mon subconscient voulait ma perte ! Rendu à ce point-là... je suis vraiment damné.

Bon bon, comprenez moi, je voulais le faire fâcher un peu mais certainement pas le mettre de mauvaise humeur. Pauvre chose, je me sentais presque mal maintenant. Enfin, j’avais mieux à faire que me soucier de lui, alors je décidai de jouer la carte du garçon trop gentil et innocent pour comprendre pourquoi l’autre était irrité. Ainsi, passons sous silence son attitude, alors que je savais tout à fait qu’il était jaloux et donc, que mon plan fonctionnait. Je lui souri lorsqu’il accepta, parce que je redoutai presque qu’il ne le fit pas.

« Cool. Hey, tu serais gentil au point d’m’y amener? J’ai cru comprendre que tu savais où elle habitait et puis, même si j’ai un bon sens de l’orientation, je connais rien du coin. »

Je sorti un papier de mon sac et y inscrivis mon adresse. Ensuite, je m’éclipsai avec un « au revoir »

Longtemps après qu'il fut parti, je restai immobile à contempler le bout de papier sur lequel était inscrite son adresse. Bon. Après tout ce n'était pas sa faute à lui. Il était beau, déjà populaire auprès des filles, et moi je ne suis qu'un pauvre homosexuel qui fantasme. Depuis longtemps, les chances étaient nulles. Alors on sourit et on s'en remet. Ainsi va la vie. Ça ne sert à rien de me jeter sur le premier venu. Un jour, je trouverai le bon. Un jour. Et sûrement pas maintenant.
Je crois que finalement, cette petite soirée me réjouissait.

Les cours étaient terminés pour la journée, je passai à ma case pour ramasser quelques cahiers que je devais ramener à la maison pour des devoirs. Que je ne comptais sûrement pas faire. Mon sac sur l'épaule, je sortis et prit la direction de chez moi. J'habitais assez près pour venir à pied, même si c'était un bon vingt minutes de marche. Quand ça ne me tentait pas, je prenais ma voiture. Mais j'aimais marcher seul, perdu dans mes pensées, avec le léger vent frais qui venait caresser ma peau... J'étais bien.

- Allez Adam. Tu vas aller chercher Logan comme si rien n'était, tu agis normalement avec lui et tu ne boude pas si des filles l'approchent. Voilà. C'est simple...

Je me parlais un peu seul, parfois. Surtout quand je voulais me convaincre de quelque chose. Je m'adressais à moi-même avec un ton déterminé. Heureusement, j'étais presque arrivé. Faire ça en plein milieu de la rue me donnerait un air clairement débile. Je poussai la porte et laissai mon sac à dos dans l'entrée, montant tout de suite à l'étage vers la salle de bain. Où je croisai l'horreur sur deux pattes. Oh, oui... En vous parlant de ma méchante belle-mère, je ne vous ai pas mentionné l'ignoble adolescente qui vient avec ? Eh oui, la chère madame avait une fille. Gééénial.

- Pousse-toi, je vais dans la douche.
- Pour te crosser en pensant à un mec ?
- Ta gueule, salope.
- Moi au moins je couche avec des gens du sexe opposé.
- Ouais, d'ailleurs, ta mère serait super contente d'apprendre que t'as eu cinq partenaires différents la semaine dernière...
- Oh ferme-là et vas-y donc, prendre ta douche.

Elle s'écarta de mon chemin et je m'enfermai dans la salle de bain. C'était toujours comme ça, et aucun de nous ne le prenait personnel. C'était des insultes lancées juste comme ça. On s'en fichait bien.

« Salut? »
« Logaaan, tu me manques è,é »
« Salut Ali, comment va Tom? » c’était un peu une sorte de rituel, à chaque fois qu’Alicia m’appelait
« Et bien… mieux que certains jours, pire que d’autres. Je ne crois pas qu’il soit encore prêt à te revoir. »

« Il ne sera jamais prêt, huh? J’veux dire… il veut plus me voir. »
« Non! Bah je… oh j’suis tellement désolée »
« C’est pas ta faute… j… j’aurais dû m’en rendre compte bien avant. J’attends quelqu’un je dois te laisser. Bye. »

J'étais arrivé chez Logan juste un peu avant 7h. J'étais toujours comme ça, à l'heure et même souvent quelques minutes à l'avance. C'est bien d'être ponctuel. J'hésitai un instant entre attendre dans la voiture et sortir pour aller le chercher. Finalement, je optai pour la deuxième solution. J'avais envie de voir aussi un peu où il habitait. Je sortis de la voiture et me rendis tout droit vers l'appartement. Mon coeur battait un peu plus vite qu'à l'accoutumé. Je pense bien que j'étais stressé. Finalement, en arrivant près de la porte, je perçu une voix. Celle de Logan. Je crois qu'il venait de répondre au téléphone. Je me postai sur le bord, entrouvrant la porte et essayant de capter la conversation. Ahah. Il parlait à Ali. Son... "amie". Celle qui lui avait présenté l'autre personne avec qui il avait eu une relation. Ah, alors j'allais en apprendre plus ? Mmm... Oui, je suis quelqu'un qui aime bien ce genre de secrets sur les autres. Niahah je suis diabolique. Faudrait juste pas qu'il me trouve ici. Mais aucune chance. Même moi, je ne le vois pas d'ici. C'est qu'il parle fort...

Et c'est pile à ce moment que je tombai des nues. Est-ce que c'est mon imagination où il utilisait le « Il » ? Il comme un GARS !? Pire, est-ce qu'il venait de demander comment allait Tom !? Tom qui ne voulait plus le revoir ni lui parler... Non, je ne comprenais strictement rien. Alors le beau, le populaire Logan avait eu une relation avec un garçon qui ne voulait plus le voir désormais. C'était trop beau pour être vrai. D'un côté, je me sentais mal pour lui. Ce n'est jamais drôle comme situation. Mais alors il était... gay ?

Dès que je l'entendis raccrocher, je m'empressai de retourner gentiment à l'extérieur en refermant la porte dans le plus grand des silences. Et alors, avec mon sourire tout ce qu'il y a de plus innocent, je cognai et attendit qu'il vienne m'ouvrir. Non, il fallait jouer l'indifférence, comme si je ne savais pas ce qu'il venait de se passer. Du moins... pour le moment.

J'avais enfilé un jeans bleu foncé, un peu serré comme à mon habitude, avec une chemise noire à manches courtes à moitié attachée par-dessus un T-shirt aux couleurs de l'arc-en-ciel. Que j'arborais fièrement et sans remords. Qu'il y en ait un qui vienne me faire un commentaire ! Ce soir, c'est le véritable Adam qui sort s'amuser. Un garçon qui n'a pas peur de qui il est, de comment il est. Quelqu'un qui s'assume à fond et ne laissera personne lui marcher sur les pieds.

Sale con. J’étais en colère, horriblement en colère. Contre moi-même, qui me cachait depuis deux ans, qui me mentais, qui me disais que j’allais revoir Tom, que ça allait être comme avant. Et lui aussi, j’étais en colère contre lui. Je le détestais. Parce que j’étais encore bien trop amoureux de lui. Parce que je me faisais des idées, parce qu’il ne m’aimait pas assez pour souffrir pour moi. Moi je m’étais fait casser trois côtes pour lui. Et il m’avait laissé. Peut-être voulait-il seulement me protéger. Après tout, s’il avait été à ma place, l’aurais-je quitté pour le protéger, ce que j’étais incapable de faire lorsque nous étions en couple. Je l’ignore.

Me prit l’envie de rappeler Alicia, histoire de m’excuser de lui avoir carrément raccroché au nez, mais quelqu’un qui cognait à la porte m’en dissuada. Je me passai une main dans les cheveux avant d’aller répondre, et de tomber nez à nez avec Adam. Ah tiens, je l’avais oublié lui. Je me sentais mal, j’ignore pourquoi, d’avoir autant pensé à Tom. Enfin, j’allais m’amuser un peu non? Après tout cette soirée était pour moi.

« Hey! J’avais presque peur que tu viennes pas, tu avais l’air de mauvais humeur toute à l’heure. »

Je lui souris et refermai la porte derrière moi, la fermant à clé.

Je le regardai fermer la porte à clé, et le suivit en direction de ma voiture, garée juste devant sur le bord de la rue. Certes, oui j'étais de mauvaise humeur un peu plus tôt dans la journée, mais j'avais vite trouvé cette attitude stupide.

- Ça m'est passé. Disons que... Cette soirée ne peut que me faire du bien.

Il avait l'air... pas si mal. Je m'étais imaginé à pire. Qu'il aurait par exemple prétexté n'importe quelle raison pour ne pas y aller et rester finalement chez lui. Je m'attendais à une mine plus dépitée que cela. Mais il ne semblait pas trop triste ni furieux. Son beau sourire était pareil à d'habitude. Toujours aussi craquant. Hum. Avec mon sourire galant et mon air professionnel, je lui ouvris la portière.

- Si monsieur veut bien monter...

Je ris et allai ensuite m'installer du côté conducteur. Je voulais lui montrer que j'allais bien. Que, peu importe mon attitude de cet après-midi, maintenant j'étais correct. De bien bonne humeur, et prêt à m'amuser. Je démarrai, jetant un coup d'oeil en direction du garcon.

- Okay. C'est parti !

Il faut avouer qu’il était vachement canon. Dans le genre, si je n’avais pas été timide en amour, je l’aurais dragué beaucoup plus ouvertement, au lieu de jouer avec lui. Sauf que je ne savais pas qu’il avait un joker dans son jeu. Je veux dire, je me retrouvais avec une paires de roi, je pouvais le rendre jaloux et malheureux comme je voulais, tout faire pour que de toute façon, il revienne en rampant vers moi, lui, il avait une paires d’as. Il savait que j’étais aux hommes. Et le fait qu’il était canon ne faisait que rendre plus probable que je sois tout à fait vulnérable s’il décidait de s’impatienter de mon jeu, et de me sauter aux lèvres. Comprenez-moi, j’étais toujours épris de Tom, mais pour Adam… il y avait quelque chose, définitivement. J’avais clairement envie de lui raconter ma vie, de lui dire que je m’étais fait presque tuer une dizaine de fois, que mon ex ne voulait plus rien savoir de moi et tout. J’avais envie de lui dire qui j’étais. Et j’ignorais qu’il en savait déjà trop.

Remarque que l’orientation de quelqu’un, ça ne le définit pas. Je veux dire, c’est pas comme si je me promenais avec « Gay » écrit dans le front. Non c’était dans le dos. En même temps, ça changeait quoi? J’étais un bon élève, un brillant sportif et un artiste hors paire. Il faut se demander pourquoi, il y a deux yeux, le fait que je sois aux hommes m’avait fait passer de joueur vedette à candidat pour la ligue féminine. Enfin, j’entrai dans la voiture, gardant un demi sourire.

La maison de la demoiselle n'était qu'à quelques minutes d'ici, tout au plus. Lorsque j'arrêtai la voiture devant chez elle, il y en avait déjà de nombreuses autres. La musique se faisait déjà entendre, même de dehors. Elle était forte au point de ressentir les pulsations des ondes sonores dans notre poitrine, en rythme avec les battements de notre coeur. C'était une drôle de sensation que j'avais toujours appréciée. J'arrêtai la voiture et sortit lentement de celle-ci, attendant que Logan ait refermé la porte pour verrouiller. Voilà, c'était partit. Il fallait y aller maintenant.
D'un bon pas assuré, je pris la direction de la porte de la maison. J'avais sur la tête mes lunettes fumées, qui me donnaient un petit style. J'étais franchement mignon, quoi. Juste à l'entrée, une amie m'accrocha déjà par le col de ma chemise pour m'approcher d'elle.

- Joliii t-shirt. Qui tu comptes charmer comme ça mon beau Adam ?

Je lui fis un clin d'oeil mais évitai sa question. Cela la fit rire et elle me pointa une ouverte dans le fond du salon.

- C'est bon, je sais ce que tu cherches. Elle est par là, la cuisine.
- Merci bien. Tu viens Logan ?

Je ne lui demandais pas spécialement de me suivre, je voulais juste savoir s'il comptait m'accompagner. Juste pour faire un peu plus attention de ne pas le perdre dans la foule s'il venait avec moi... Et puis bon. J'espérais secrètement qu'il dise oui, mais comme j'ai dis, c'était secret. Personne n'avait à le savoir.

Alors on joue à être sexy huh. Et bien si c’était comme ça, moi aussi. Enfin… j’allais plutôt continuer de l’emmerder un peu, ainsi, pendant qu’il était aux prises avec sa copine, j’allai discuter avec la jolie petite brunette qui m’avait invité. Je la remerciai avec un sourire tout à fait craquant avant de poursuivre Adam, lui indiquant d’un hochement de tête que je le suivrais. La maison était franchement grande, dans le genre apte à un party. C’était moi ou tous les gens de cette école étaient pleins aux as? Je veux dire, l’entrée était pavée de pierres grises et de plantes impeccables, probablement l’œuvre d’un jardinier. La porte était de bois foncé et le hall était immense, décoré d’un énorme lustre qui ne semblait pas dérangé le moins du monde par les palpitations de la maison causée par la musique. J’avais toujours aimé la musique, en réalité, j’étais un véritable fan de plusieurs genres. Mais je dois avouer que le rock avait une place toute spéciale dans mon cœur. Bref.

« Ouaip ouaip, je te suis. Mais faudrait peut-être se mêler au monde aussi, non? »

- Bien sûr. Mais avant tout, il me faut un truc à boire. C'est la moindre des choses.

Je lui souris et me glissai entre encore quelques personnes avant de finalement atteindre la cuisine. Comme je m'y attendais, il y avait toute sortes de choses à boire. Je me pris un verre et me concoctai un agréable mélange: Jus de fruit + alcool + 7up. Ouais ouais. Ça pouvait peut-être paraître bizarre parfois, mais c'était bon. Et il y avait pas trop d'alcool dedans alors j'étais pas bourré en deux secondes. Une fois cela tout prêt, j'avalai une gorgée et passai ma main dans mes cheveux. Je ressortis ensuite pour aller en direction du salon, où s'entassaient déjà des tonnes d'élèves. Nombreux dansaient déjà au milieu de l'immense pièce, mais moi j'allai plutôt m'installer dans le fond sur l'un des divans pour commencer par boire tranquillement mon verre. Et essayer de mater un peu. Surtout si Logan décidait d'aller danser...

Ouais… danser. Disons que je savais comment faire alors ça irait. Seulement bon, j’en avais quoi à faire de me frotter contre une bandes de femelles en chaleur? Enfin, ça pourrait toujours emmerder mon cher Adam. Donc, j’allais poliment inviter notre hôte à danser. Notez ici que je n’eus aucune difficulté, alors que nous nous déhanchions, à avoir les mains légèrement baladeuses, car avant de rencontrer Tom j’étais disons… plutôt dragueur. Ainsi, je passai ma main sur les hanches de la demoiselle sans aucune arrière pensée, alors qu’elle me roucoulait carrément dans les bras tellement elle était heureuse. Ah, pauvre petite, si elle savait que je me servais d’elle pour faire fâcher un mec.

Sale petit emmerdeur, il le faisait exprêt ! C'était évident... À moins qu'il ne soit bi, ce qui me surprendrait quand même assez, même si tout est possible. Je n'avais pas rêvé en l'entendant parler de Tom. Et pourtant le voilà, à se déhancher contre une fille, en prenant ses mains à sa guise. Je contemplais la scène, un peu bouche bée, oubliant mon verre que j'étais sur le point de renverser. Le fait que la jeune fille mette soudain sa main directement sur les fesses de Logan me fit lâcher une exclamation surprise, qui se transforma en toux puisque, bien entendu, il avait fallu que je m'étouffe avec ma salive. Heureusement, la musique couvrait assez bien tout bruit gênant venant de ma part. Pour faire passer la toux, je bu un peu de mon verre.
Il attendait quoi, exactement ? Que je le traîne dans un coin pour le violer ?
Je pris la sage initiative de regarder ailleurs, avant de me lever sur une impulsion pour aller engueuler la fille. Mettre ses mains sur un tel corps... Corps qui pourrait m'appartenir... Raaah mais pourquoi !?

Je me levai et calai le reste de mon verre, soudain déterminé. Je fendis la foule en direction du couple. Au passage, je pris bien soin de bousculer "sans faire exprêt" la jeune fille, assez pour l'éloigner de Logan. Je pris une mine étonnée.

- Pardonne-moi.

Je continuai mon chemin sans rien ajouter, me rendant à l'opposée de la salle. En fait, je n'avais aucune destination précise, j'avais juste eu envie de passer au beau milieu d'eux et les éloigner l'un de l'autre. Je souris en coin. Ce petit jeu commençait à m'amuser, je crois...

Évidemment, avec une telle musique, des dizaines de couples se formèrent dans la pièce. Bien vite, il ne resta plus personne assit seul. Plus personne... sauf moi. Installé dans mon coin, de façon à pouvoir garder un oeil sur Logan, j'attendais. J'attendais que cette stupide chanson passe, et que l'ambiance change. Mais c'est qu'il semblait parti sur une belle lancée de slow langoureux, le DJ. Comprenant que j'en aurais pour les quinze prochaines minutes, je soupirai peu discrètement. Soudain, un poids à côté de moi sur le sofa.

- Tu viens danser, Adam ?
- Noon.
- Arrête, t'es tout seul dans ton coin. Je peux pas te laisser faire.
- J'en ai pas envie, je te dis.
- Je te dis que si.
- Et moi que non.
- Même les fif on le droit de danser.
- Oué bah les fif on aussi le droit de ne pas en avoir envie.
- On va l'impressionner, ton mec. Fait juste me suivre et faire ce que je te dis.

Elle me tira par la main. Disons que sa dernière phrase m'avait convaincu d'un coup. N'importe quoi pour le rendre jaloux, ou fou de moi. N'importe quoi qui ferait qu'il ne pourrait résister. Je voulais juste qu'il lâche cette fille. Et je ne me voyais vraiment pas aller lui parler de comment je me sentais. Si je m'étais trompé à son sujet, j'aurais l'air débile. Je laissai donc mon amie passer ses bras autour de mon cou, et posai mes mains sur ses hanches. C'était loin d'être aussi chaud que les autres couples autour, mais au moins... On ne me regardait plus comme si j'étais rejet dans le fond du salon.

- Ça marchera jamais...
- S'il le faut, je te déshabille.
- H-Hum.

Je le vis embarquer sur la piste de danse, une jeune fille avec lui. Un peu contrarié, parce que ça mettait un bémol à mes plans, je me laissai toutefois prendre au jeu. Je ne dédaignais pas la gente féminine, loin de là. Une fille, c’est jolie, ça a des lèvres douces et agréables. Mais un mec c’est encore mieux. Voyant le regard fâché d’Adam à l’autre bout de la piste, je lui lançai un regard excessivement moqueur, dans le genre « faudra plus que ça pour m’impressionner », avant d’embrasser la brunette à pleine bouche.

La demoiselle n’avait rien compris de ce qui se passait, elle pensait simplement que je m’étais épris d’elle. Et puis en même temps, ce n’était pas une mauvaise idée de sortir avec elle, histoire d’emmerder mon nouvel ami de façon très convaincante. Comme ça, s’il me voulait vraiment, il n’aurait qu’à venir le dire. Ne laissant pas de répit à la langue de madame, je passai ma main à sa taille.

Oui taille, parce que c’est mille fois plus respectueux que ces imbéciles qui passent leur temps à tripoter le derrière de leur copine. Une taille de fille, c’est fin, c’est joli. Et de tenir une demoiselle par là, ça fait gentlemen. Quoi que se servir d’une demoiselle pour séduire un mec ça ne l’était pas vraiment. Pourquoi je voulais le séduire de toute façon?

Je sentis mes jambes fléchir quand je le vis embrasser la fille avec autant de... passion ? Je me rattrapai à la demoiselle qui secoua la tête d'un air découragé devant mon expression troublée. J'étais juste teeellement jaloux ! Elle se défit doucement de moi et me tapota la joue, attirant mon attention.

- Si tu veux mon avis, fonce vers lui et embrasse-le.
- Oui, excellente idée, ensuite il va me fuir à chaque fois qu'il va me voir parce qu'il aura peur que je recommence.
- Oh et puis fait ce que tu veux, c'est trop compliqué ton histoire.

Elle s'éloigna, me laissant seul, et qui plus est sans aucune idée géniale pour régler mon problème. Je crois qu'il se jouait totalement de moi. Il voulait me provoquer et me faire réagir. Oui, j'étais jaloux. Et il fallait mettre des choses au clair immédiatement. Pour une énième fois ce soir, je pris leur direction. Mais cette fois, je ne fis pas que passer. Je tirai la fille en arrière pour la dégager des lèvres de Logan et me placer devant celui-ci. Je plongeai alors mon regard dans le sien, les bras croisés. Je n'avais pas l'air furieux. Je fronçais simplement un peu les sourcils, une expression indéchiffrable sur le visage.

- T'attend quoi exactement ? Que je te saute dessus ? Que je t'avoue passionnément que je te trouve trop canon ? Ou encore mieux, que je ne supporte juste pas de te voir taponner cette fille ? C'est ça que tu veux !?

Alerte. Arrête ça tout de suite et cours. Ça n’allait plus, tout dérapait. Au lieu de se prendre au jeu il avait décidé de l’arrêter tout de suite. Merde. Lorsqu’il s’approcha de moi et de la brunette, je sentis mon cœur sauter un battement. Et quand il tassa la fille pour me demander c’était quoi mon problème je faillis tomber au sol. Merde. Qu’est ce que j’attendais? Je faisais juste m’amuser, je n’étais pas, surtout pas…

En train de tomber amoureux de lui. Certainement pas. Deux garçons ensembles, c’était tout à fait contre nature, on me l’avait fait comprendre. Donc même si moi, j’aimais les hommes, je ne devais pas être en relation avec personne pour ne pas les blesser. J’avais l’impression que toutes mes cicatrices me brûlaient, comme si on me rappelait que tout ça, c’était carrément dangereux. C’était jouer avec le feu. En ce moment, je devais aborder un air de petit animal apeuré. Totalement sous le choc. Terrorisé, je fis la seule chose que je savais bien faire…

Je pris mes jambes à mon cou et sortit à toute vitesse de la maison. Je ne regardais pas derrière moi. Je me sentais comme un animal en cage, et j’avais besoin de m’éloigner de tous ces gens. Dehors, la pluie battante résonnait à l’unisson avec chaque battement de mon cœur. Je couru pendant je ne sais combien de temps, avant de tourner dans un réseau de ruelles et de m’affaler dans une, accoté contre le mur, tremblant.

« Merde. »

Oui, merde. C'était ce que je pensais aussi. Je n'aurais juste... pas dû faire ça. Je n'aurais pas dû lui porter attention dès le début. Je m'étais laissé avoir par mes sentiments, par les sensations qu'il créait dans mon ventre chaque fois qu'il croisait mon regard ou me souriait. Et voilà maintenant où ça m'avait mené. Non, ce n'était pas bien du tout. J'avais gaffé et je devais réparer cette erreur au plus vite. Je me lançai à sa poursuite, suivant sa trace dans la rue. Il allait vite; je l'avais perdu de vue. Mais je n'abandonnai pas pour autant et continuai de courir. J'allais forcément le retrouver, il le fallait. Je devais lui dire que... qu'il n'avait rien à craindre de moi. Que je n'allais pas le... lui... Que je ne l'aimais pas comme ça. Même si c'était absolument faux. Je savais que je me mentais à moi-même. Mais je pensais qu'il était mon ami, et si cette histoire détruisait cette amitié, je préférais laisser tomber mes foutu sentiments idiots et préserver la relation qui se construisait entre nous. Je l'aimais bien. Et je voulais me faire croire que ce n'était que de l'amitié. Pour lui. Pour nous deux.
Lorsque je le trouvai, assis contre un mur, mon coeur fit un bond. Ça commençait déjà très mal. Sa simple vue me créait des papillons dans le ventre. Lentement, je m'approchai. Je restai debout. À une distance respectable.

- Je suis vraiment désolé.

Non. Dégage. Pourquoi il m’avait suivit aussi? Pourquoi il était gentil avec moi? Fallait pas. Fallait qu’il comprenne que j’étais juste bon à apporter de mauvaises choses. Fallait qu’il me laisse tranquille. Je me relevai d’un bon lorsque je le vis, et reculai, mon dos collé au mur.

« Non, vas-t’en. J’aurais jamais, jamais dû t’approcher à la base. Criss que j’suis con. Je… non, non. Ça ça peut pas marcher. C’est juste… Ça se peut pas. J’ai pas envie que ça recommence, pas du tout. »

Crise de panique vous connaissez? Et bien que crois bien que je sentais les larmes couler sur mes joues, et que ce que je disais n’étais plus qu’un ramassis de mots incompréhensibles. Je pouvais être tombé amoureux en une journée, ça existait pas. Et pourtant? Tout le monde sait bien que l’amour arrive, mais qu’on ne s’en rend compte qu’après beaucoup de temps que parce qu’on ne veut pas l’accepter. Je pouvais pas. Je voulais pas devoir quitter cet endroit juste parce qu’on avait appris que j’étais aux hommes. Je tenais pas à retourner à l’hôpital.

Je fis quelques pas vers lui. Il était collé contre le mur, et je mis mes mains de chaque côtés de son visage, le regardant droit dans les yeux. Il fallait mettre des choses au clair tout de suite.

- Arrête, calme-toi. C'est de ma faute tout ça. Si ça n'avait pas été de moi, tu serais pas dans cet état-là. Alors du calme, et écoute bien c'que je vais te dire. Je sais que tu penses que je ne connais rien à ta vie. Que je ne sais pas ce que tu as vécu. Mais j'en sais bien plus que tu ne le penses. Et crois-moi, je ne te ferai jamais endurer à nouveau des choses terribles. Moi aussi je me suis fait taper dessus. Je comprend que trop bien. J'veux pas sortir avec toi. Je te le demanderai pas non plus. Mais fait pas exprêt pour me rendre dingue de toi.

Je reculai aussi subitement que je m'étais approché. Ce n'était que pur mensonge. Je lui tomberais dans les bras n'importe quand, il n'avait qu'à demander. J'étais complètement fou de ce gars-là. Vous savez, le choc électrique qui traverse votre corps entier au moindre contact... Mais c'était impossible. Je faisais ça pour son bien. Pour le nôtre. Notre histoire ne devait jamais commencer, si nous ne voulions pas qu'elle prenne fin. Et si on me laissait tranquille par rapport à mon orientation sexuelle, ce ne serait peut-être pas le cas pour lui. Il était nouveau et vulnérable. Non, je n'allais pas lui infliger ça.
Je lui jetai un dernier regard puis quittai la petite ruelle sans me retourner.

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