Never let you go... (Cherry)

Non, pas étrange. Des remarques, j'en avais fait des millers. Dans ma tête du moins. Oui, à l'intérieur je me disais vraiment qu'un peu de ménage ne ferait pas de mal ici mais ça, j'avais gardé ça pour moi. Parce que si je le lui disais, il prendrait peut-être ça mal, comme un reproche. Enfin. Je préférais ne pas prendre de chances.

- ... M'ouais. Charmant...

Je finis par jeter un regard autour de moi. Et là, la remarque, je pouvais juste pas m'empêcher de la faire.

- J'imagine que ta chambre droit être très jolie sous tout le bordel...

Avec le temps, j'avais finis par totalement me désintéresser de l'avis des gens quant à l'aspect général de ma chambre. C'est vrai, j'y vivais, c'était MA pièce. Mais ça ne reflétait pas tellement ma personnalité...enfin, peut-être que si tout compte fait. Bordélique, gamin, irrationnel. Tout moi ça en réalité! Il n'empêche, Katherina avait enfin commenté mon "chez-moi". Hum, on aurait pu s'attendre à pire...bien pire. C'était même comme un tout petit compliment. Mais tout petit quand même.

-Sais pas. Ça a toujours été comme ça ^^'

- Oh... Donc en fait, la couleur de tes murs est un véritable mystère jamais élucidé ?

Je lui adressai un charmant sourire. J'exagérais, certes. Sa chambre n'était pas en désordre au point qu'on ne voit pas la couleur des murs, sinon, ç'aurait été grave. Les débris et traîneries de tout genre auraient dû s'empiler jusqu'au plafond ! Et là... Je ne serais pas entrée dans la zone sinistrée, par crainte d'éboulement. Je tiens à ma vie.

-C'est plutôt la couleur du sol, qui est indiscernable.

Ouais, pour de vrai, on pouvait à peine circuler dans ma chambre sans écraser quelque chose. Au sol, c'était une espèce de...moquette bizarre et vieille, qui grattait et comportait des taches de tout et n'importe quoi - coca, biscuit écrasé, dentifrice... C'est vrai que depuis le temps, j'aurais bien pu ranger ou au moins faire un brin de ménage. Le problème, c'est que si je m'y mettais, j'en aurais pour des semaines! Alors je préférais rester dans ce bordel ^^'

-De toute façon, elle n'en vaut pas vraiment la peine.

- De toute façon, ça reste une chambre. Pas besoin de voir quoi que ce soit de la décoration, en autant qu'tu y retrouve le lit le soir pour dormir...

Sans le lit, ça serait moins drôle. Mais dans le pire des cas, il balance ce qu'il y avait sur le lit par terre, ou du moins dans un coin de la pièce, et voilà. Sauf que... Enfin, ça va juste être moins drôle quand il va partir voler de ses propres ailes, aller peut-être faire des études et quitter le nid familial. Parce que là, pour ramasser ses affaires... Ça va bien lui prendre des mois. Il devra tout prévoir à l'avance !

-...en fait, je dors jamais sur mon lit. Tu es présentement allongée sur mon lieu consacré au dodo, la plupart du temps.

Devais-je lui expliquer pourquoi je dénigrais mon lit? Hmm, ct'un peu con tout de même...déjà, mes pieds dépassaient d'un peu beaucoup. Et en plus, j'avais peur de dormir tout seul dans un grand lit. Alors qu'allongé au milieu de mes coussins tous vieux et des poils de la moquette, j'étais au paradis. Bon, j'avais un peu mal au dos au réveil, la plupart du temps, mais même. C'est comme le camping, l'aventure quoi. Yeeah! \o/

Je tournai la tête vers lui avec des yeux un peu surpris. Ah... Parce qu'il ne dormait pas dans son lit, mais bien dans ce petit coin-ci remplit de coussins ? Donc en fait, techniquement, j'étais allongée sur son "lit" en ce moment. Bah tien. Pourquoi il dormait pas dans son lit ? ... Après réflexion, il devait sûrement dépasser beaucoup au bout du lit ! Pourquoi je n'y avais pas songé plus tôt ?

- Okay... C'tun peu comme du camping ! ... Pas de tente... Et dans ta chambre. C'est cool !

-Oui, tu trouves? Je suis content que ça te plaise.

En voilà au moins une qui ne critiquait pas mon mode de vie pour le moins étrange, même si elle en avait pleinement l'occasion. Ca me faisait plaisir, en fait. C'est cool, d'avoir quelqu'un de pas contrariant avec soi. Parce que...Katherina, elle n'hésitait pas à me traiter d'idiot, d'imbécile et tout ça. Mais elle ne me faisait pas trop de la peine, sur le reste. Elle...s'alignait. Ou faisait semblant, au moins. Et il faut dire que son enthousiasme vis à vis de mon camping sauvage d'intérieur me faisait chaud au coeur, pour le coup. Oh, tant pis si ça n'était pas sincère, c'était sympa au moins! Sympa...mais dangereux. Ma mère savait aussi bien que moi où se trouvait mon vrai "lit", et si elle y trouvait Katherina allongée, elle pouvait très bien sauter au plafond. Ce que j'ignorais, en plus de ça, c'est qu'elle se trouvait justement dans le hall de notre maison, en train de discuter à voix basse avec ma soeur. Si jamais cette chipie me trahissait...

- T'en fais pas, c'était sincère.

Je lui adressai un vrai beau sourire. J'étais sérieuse pour une fois. C'était une option que je n'avais jamais vraiment considérée jusqu'à maintenant. Je veux dire, de dormir sur le plancher dans un coin de sa chambre, avec une foule d'oreillers et coussins en tout genre. Ça me donnait presque envie d'essayer. Je sais... Il m'arrive aussi d'avoir une attitude un peu bizarre, et de faire des choses qui sortent de l'ordinaire. Je ne peux pas le blâmer si je suis tout aussi étrange que lui parfois !

- ... Tu m'en veux pas, hein ? Je veux dire, de m'être un peu amusée de toi avec ta soeur... ^^"

Lui en vouloir, moi? Ah, si seulement j'avais pu...non mais le problème vous voyez, c'est que j'en étais incapable. De même que je n'arrivais pas à faire une croix sur mon amitié avec Adam, le fait de tenir rigueur d'un peu de méchanceté de la part de Katherina m'était impossible. Mais devait-elle le savoir? Je veux dire, je pourrais lui faire croire que j'étais un petit peu rancunier sans l'être, histoire de forger un peu ma personnalité non? Parce qu'à force de m'écraser là...Non, je ne pouvais pas. Pas possible, pas possible...

-Mais noooon...t'as raison, je suis qu'un imbécile. Ça va hein, ça me vexe pas, j'ai l'habitude.

- D'accord... ^^

On sait jamais. Il a beau dire qu'il a l'habitude, ça pourrait lui faire du mal en dedans mais il le cache. Enfin bon sûrement pas. Il avait l'air sincère. Totalement pas rancunier ce gars-là. Et c'est un côté que j'aime chez lui, parce que si je le frustre sans faire exprêt, je m'excuse, et il me pardonne. Et voilà.

- Ben dans tous les cas je suis désolé. Parce que je me sens mal si j'mexcuse pas. ^^

Hum. Voilà c'est fait.

- ... On fait quoi laaah ?

-On pourrait...hum, non.

Ça voulait dire quoi ça, concrètement? En fait...que j'avais eu une idée géniale. Et puis non, pas possible, pas envie et tout ça. Le problème, c'est que je commençais à avoir un peu peur de la suite, si nous ne trouvions pas vite une occupation très occupante... M'enfin, me dites pas que vous avez oublié le coup de la dernière fois où on s'était ennuyés! Oui, cette fois là...et vous vous souvenez qu'on était chez Katherina, non? Ben là on était CHEZ MOI, et même si je ne savais pas encore que ma maman diabolique était dans l'escalier qui menait à ma chambre, j'avais peur quand même. Style euh...je venais de me rendre compte que notre position était un peu louche. Enfin pas louche, mais très louche pour une maman comme la mienne. Sinon, y'avait rien de mal hein...allongés par terre, sur des coussins...

- Je vois, c'est franchement intéressant tout ça ! Charmante idée !

Le tout dit avec un ton purement sarcastique, et amusé à la fois. Parce qu'il n'avait pas donné de véritable idée, évidemment. Bon je ne pouvais juste pas m'empêcher de rire de lui. Pardon. Un peu inconfortable, je me tournai lentement sur le côté, restant étendue. On était quand même bien dans sa chambre. Sur son "lit". C'était confortable, avec les coussins et tout le reste. La moquette, c'est plus doux que du plancher tout dur aussi. Donc bref j'aimais bien ça être couchée là. Et je n'avais non plus aucune idée du danger qui nous guettait, qui s'approchait de la porte, menançant...

- Ya rien à faire.

-Si, on peut dormir. Mais c'est pas vraiment le moment...

Comme j'étais tout proche de Katherina, je n'avais pas besoin de hurler pour me faire entendre, ce qui n'arrangeait forcément pas ma mère qui était par conséquent obligée de coller son oreille contre la porte pour surprendre notre conversation. Attention aux silences qui s'éternisent, elle pourrait très bien en conclure qu'on était passés en mode "action". Bon d'accord, c'était mal barré pour nous vu que ça arrivait souvent d'avoir des gros blancs, et surtout dans nos périodes de recherche intensive d'activité, évidemment. Ah la galère...!

- .....

Évidemment il avait raison là-dessus. Je me voyais mal dormir là, maintenant comme ça. Mais bon. Il devait bien y avoir quelque chose à faire, en autant que je me concentre pour trouver ça irait bien. Alors, juste comme il ne fallait pas le faire, je gardai le silence total. Pendant deux bonnes minutes. Je réfléchissais intensément. Et non, au moins, je n'avais pas la brillante mauvaise idée de l'embrasser, pour cette fois. Peut-être que sa mère nous surprendrait... Mais je ne voyais pas pourquoi elle en ferait tout un plat. On ne faisait rien de mal. J'étais juste couchée à côté de lui, même pas trop collée en plus.

Derrière la porte de ma chambre, l'infâme créature qui me servait de mère attendait patiemment son heure de gloire. Par le trou de la serrure, elle essayait de nous entrevoir mais en vain, car nous étions dans mon recoin. Ça, elle ne mit pas longtemps à le comprendre et faillit lâcher un cri de victoire; Maintenant elle savait que j'avais invité une fille sur mon "lit". Et puis, vous imaginez qu'elle n'allait pas se faire des scénarios raisonnables du genre "plus à l'aise pour discuter", mais plutôt "plus à l'aise pour faire des cochonneries"! Tu parles d'une mère agréable à vivre... -.-"

Je cru entendre un léger bruit derrière la porte. Je me redressai alors lentement, mais bon, ça ne devait être que mon imagination, sa mère ne serait quand même pas folle au point de venir s'installer derrière la porte et nous épier, pas vrai ? ... Si !? Quand je pense que je croyais mon frère débile parce qu'il me surveillait quand j'étais plus jeune pour que je ne parte pas avec n'importe quel garçon... Lui au moins il a arrêté maintenant que j'ai vieillis ! ... À croire que certaines personnes continuent éternellement leur petit manège.

- T'as entendu ça... ?murmurai-je alors à Maxime en pointant la porte.

Oui, j'avais entendu ça. Ce simple petit bruit m'avait même fait sursauter comme si quelque chose avait explosé dans ma chambre. Un peu plus et je me cachais sous les oreillers... Bon, pour ne pas passer pour un trouillard, je fis tout de même l'effort de prendre un air calme et rassurant avant de m'adresser à Katherina. Peuh, si elle n'avait pas deviné que j'avais eu la peur de ma vie, elle était vraiment à l'ouest!

-...C'est juste un p'tit bruit. Ca doit pas être important.

Faut dire que je n'avais presque pas réagit au bruit, mais lui avait sursauté si fort que j'avais moi-même sursauté, et m'était du coup cogné la tête contre un meuble ou je ne sais trop quel objet qui se trouvait là. Je grimaçai un peu, portant ma main à mon crâne et le massant un peu avec un air boudeur. En même temps, j'avais tout à coup envie de rire. Parce que oui... Ce simple petit bruit lui avait foutu une de ces peurs !

- Bon sang... Tu... Tu... Hahahaha !! Tu t'es pas vuuu !

-P-pourquoi tu ris!? C'est pas drôle!

C'est vrai quoi, j'avais sursauté comme un malade parce que j'avais cru à un débarquement imminent de ma maman dans la chambre, mais vu que ça ne venait pas...disons que je croyais maintenant plus à un petit bruit sans importance qu'à une vraie tentative d'intrusion, ou au moins d'espionnage. J'avais d'ailleurs bien tort mais que voulez vous, un coup j'étais trop prudent, l'autre pas assez. J'essayais de faire de mon mieux, mais ça ne marchait pas. Gêné par le fait que j'aie une fois de plus donné à Katherina une occasion de rire de moi, je m'emparai d'un coussin et le lui écrasait sur la tête, au mépris total de sa coiffure. Une fille sur deux aurait hurlé comme une tarée. Katherina...?

J'étais encore prise par mon fou rire, ayant bien du mal à calmer celui-ci d'ailleurs, lorsqu'un coussin vint s'écraser sur ma tête. Cela me fit aussitôt arrêter de rire, et je haussai les sourcils, les yeux ronds, relevant lentement la tête pour dévisager Maxime. Puis, je pris une mine faussement outrée.

- Tu as osé...

C'était un coup totalement traître ! Je ne regardais même pas ! ... Et on ne s'attaque pas aux cheveux d'une fille, c'est sacré ! Je m'emparai d'un coussin moi aussi, et en riant un peu, j'en donnai un coup à Maxime. Moyennement fort. En fait j'lavais frappé comme une fille le ferait, hum.

-Eh, mais toi aussi tu as osé!

Je lui redonnai son coup, sans plus de force qu'elle y avait mis pour me frapper, puis enchaînai avec un deuxième histoire de la déconcentrer. Franchement, j'espérais gagner ce petit jeu là, car sinon ce serait une fois de plus le déshonneur suprême. Et je ne voulais pas qu'elle me laisse gagner, non, je voulais vraiment avoir une victoire écrasante et loyale. Derrière la porte, c'était à ma maman de bouder. Elle avait finit par l'ouvrir un peu, tout discrètement, et avait vu que nous nous amusions comme deux gens normaux dans une chambre. Non, je veux dire comme deux ados anormaux dans une chambre. Embêtée par ce constat rassurant (ce qui en soi était le comble du comble de la mauvaise foi), elle repartit en silence pour aller s'occuper de ma soeur. J'en connais une qui allait être déçue...

- Mais c'est pas la même chose !

Cette fois je poussai nettement un petit cri indigné lors des deux coups qui suivirent. Pas que je tienne tellement à l'apparence parfaite de mes cheveux mais bon. Un peu de dignité à préserver quand même ! Et puis... J'voulais me faire croire... et aussi lui faire croire, que je protestais à ses coups d'oreillers diaboliques. Je lui en donnai un autre sur le nez, juste question de me venger.

- Tu me dépeignes !

Je fermai les yeux quand elle m'écrasa le coussin sur la figure, et portai ensuite une main à mon nez en grimacant. C'est sans surprise que je sentis un liquide tiède couler le long de mes doigts. Oui, je saignais bien du nez à cause du coup violent (ou pas) de Katherina, mais je ne lui en voulais pas vraiment. C'est vrai, j'étais un peu sensible du nez depuis tout petit. C'est pour cela que je saignais sans arrêt, pour un oui ou pour un non. Mais cette fois, c'était plutôt embêtant car nous étions dans ma chambre, et que quelques gouttes de sang venaient de tomber sur la moquette. Poussant un juron étouffé, je plaquai mes deux mains devant mon nez et me précipitai vers la salle de bain pour trouver quelque chose pour m'essuyer et arrêter l'hémorragie.

Je haussai les sourcils en le voyant porter ses doigts à son nez. Ça ne lui avait quand même pas vraiment fait mal, si ? Mais la surprise fut encore plus grande quand, sur ses doigts, commença à couler un liquide rouge sombre. Ouhlà ! Je venais vraiment de le faire saigner du nez, en le frappant tout doucement avec un coussin ? Alors là je n'y comprenais plus rien. Je l'observai se lever, sans réagir, le regardant d'abord se précipiter à la salle de bain. C'est alors que je commençai à reprendre mes esprits, et prendre pleinement conscience de la situation. Je couru alors à mon tour hors de la chambre, me sentant affreusement mal. Je n'avais pas voulu le blesser, du tout. J'arrivai enfin à ses côtés, l'observant avec une mine légèrement inquiète, pour voir s'il était correct.

- Excuse-moi ! ... Je ne voulais pas...