Never let you go... (Cherry)

Je suis une maniaque de films d'horreurs. Il y en a qui sont plus réussi que d'autres, et qui évitent les clichés. D'autres qui les accumulent. Ici, quelques exemples:

1. Quand le héros se regarde dans le miroir, quelque chose d'horrible va forcément y apparaître quelques instants plus tard.
2. Les connes blondes et sexy ont toujours plus de chances de mourir rapidement.
3. Les personnages ne sont jamais capable de fuir en courant ou d'appeler à l'aide.
4. Les voisins n'entendent jamais rien de ce qu'il se passe.
5. Quand il y a un groupe de personnes, il y en a toujours un qui lance l'idée de se séparer - Mauuuuuvaise idée !!

Mais en général, j'adore les films d'horreur. Quand la musique accélère, que le rythme te signal un danger imminent, et que tu sens ton coeur accélérer et cogner fort fort dans ta poitrine... Le suspense avant le meurtre... Tout le bordel de sensations qui t'atteignent directement pendant ce genre de film, c'est waow.
Aussi, bien évidemment, il y a ceux qui sont si peu réalistes qu'on dirait que le sang c'est du véritable ketchup, et que le monstre, après avoir été tranché, écrasé, fusillé, massacré, passé à la tronçonneuse, frappé par un camion, par un train, largué d'un avion en plein vol... est encore en vie !

Mais depuis quelques temps... Ma vie a tout d'un film d'horreur. Et je suis LOIN d'aimer ça.

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Le tout a commencé d'une manière assez banale. Une lettre anonyme glissée incognito dans mon sac d'école, entre les pages d'un livre d'histoire. Elle était tombée par mégarde lorsque j'avais pris le livre, et je l'avais lue, intriguée bien malgré moi. Elle ne comportait que quelques mots. « I see you »
Ha. Ha. Ha. Quelle bonne blague. En fait, c'était forcément un étudiant qui l'avait laissée là, car je n'avais déposé mon sac qu'au lycée. Le reste du temps, je l'avais sur moi, et personne ne m'avait approché d'assez près pour pouvoir mettre une lettre là sans que je ne m'en aperçoives !
Je n'y avais pas pensé bien bien plus longtemps, et la chose ne s'était pas reproduite durant les deux semaines suivantes. Mais un jour, en rentrant du lycée, un deuxième mot m'attendait. Collé sur la porte de la maison. (Ah, j'oubliais de vous mentionner que j'habite seulement avec mon grand frère... qui passe plus de temps ailleurs qu'à la maison !).

« Tu ne me prends pas au sérieux ? »

Ouais. Là, ça commençait à être moins drôle. Le message était directement chez moi. La personne savait où j'habitais, et ce n'était pas pour me plaire. L'écriture était la même, sans aucun doute celle d'un garçon, car c'était une calligraphie nettement plus masculine. Hop. Déchiré le message. À la poubelle. Je m'efforçais bien de ne pas y penser. Mais cette nuit-là, ainsi que les quelques suivantes, j'eus bien du mal à dormir... En fait, je n'étais vraiment rassurée que lorsque j'entendais les pas de mon frère qui regagnait la maison, et le grincement de son lit lorsqu'il s'y couchait. Alors, je pouvais enfin dormir en paix.
Il y eu un autre message portant exactement les mêmes mots, une semaine après. Puis, il s'écoula un mois entier avant la manifestation suivante.

Nous étions en plein mois de Juin. Les cours achevaient, et bientôt ce serait les vacances d'été. J'avais un gros examen le matin, puis un plus facile en après-midi, et j'étais libre pour deux mois. Deux mois ! À l'heure du diner, j'étais sortie dehors, comme presque tout le monde. La température était belle, chaude. En prenant mon lunch, surprise: Sur ma petite serviette de table en papier, les mots « Watch out, Katherina ».

Non. Non non non. Plus drôle du tout. C'était du harcèlement, ça, ou quoi ? Et qu'est-ce que ça voulait dire exactement ? Je commençais à prendre tout ça de plus en plus au sérieux. Il y avait une petite tache ronde, rouge, sur la serviette. Je ne VOULAIS PAS savoir ce que c'était. En plus, cette façon d'utiliser des expressions en anglais... C'est drôlement plus frappant, non ? Ça fait plus peur que "fais attention...". Voilà, cela suffisait à gâcher ma journée. C'était nettement un élève du lycée, il le fallait... Au moins, la pensée d'avoir les vacances d'été pour peut-être échapper à cela me réconforta un peu. Ce stupide lycéen ne me poursuivrait quand même pas durant les vacances, non !?

Je n'osais parler à personne de cette histoire. Pas même à mon frère. Ce grand baraqué qui serait prêt à m'aider volontier si je lui exposais le problème... Mais je n'en faisais rien. De peur que, peut-être, il me fasse payer cette dénonciation... On ne sait jamais. La peur commençait à lentement prendre le dessus. Heureusement, à chaque fois, une semaine au moins passait sans qu'un autre mot ne surgisse, et cela suffisait à me faire oublier un peu toute cette histoire.

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Maintenant que vous savez tout, je peux revenir au temps présent. Je m'appelle Katherina, souvent surnommée Kath, ou Kathou pour les intimes. Je suis une fille d'une popularité qu'on peut qualifier de normale. Je connais beaucoup de gens à l'école, parle à assez de personnes sans être pour autant leur amie. Et j'ai une meilleure amie. Celle à qui parfois j'ai tant envie de tout déballer... Et que je me retiens pourtant chaque fois. À l'occasion de mon anniversaire, elle a organisé une grosse fête chez elle. Un surprise party. Sa maison est grande sans être énorme et son large salon était parfait pour organiser une fête. C'est la pièce la plus grande de la maison, et en repositionnant le mobilier de façon plus adéquate, avec les divans le long du mur, on pouvait avoir de la place pour inviter une bonne centaine de personnes. C'est d'ailleurs ce qu'elle fit.
Mais elle ne s'arrêta pas là. Elle organisa plus qu'une simple fête, c'était comme un grand bal costumé, et surtout, masqué. Quand elle m'annonça le tout, la journée même, je la traitai aussi de folle. Et elle sourit jusqu'aux oreilles en sachant bien que j'étais plus que contente. Comme cadeau, elle m'offrit une magnifique robe dorée, élégante, brillante, qui m'allait à merveille. Elle était ouverte dans le dos, attachée par des fils qui s'entrecroisaient. Avec cela, il y avait un masque tout aussi doré, qui cachait tout mon visage jusqu'au nez. Seule ma bouche était visible. Et il y avait bien évidemment des trous pour les yeux, je n'étais pas non plus pour ne rien voir du tout ! J'étais ravissante. Et mes longs cheveux bruns, légèrement bouclés, ne faisaient qu'ajouter du charme à ma tenue. En me présentant là-bas, à l'heure prévue, soit 18h, je ne reconnu presque personne. Sauf ma meilleure amie, bien entendu. Tout le monde portait un masque et parfois même quelque chose sur la tête comme un chapeau qui faisait partie de leur déguisement, de sorte qu'on ne pouvait les reconnaître. Et pourtant, tout le monde parlait, dansait avec tout le monde. Il y avait un véritable buffet dans un coin, et même un DJ. C'est bon, parfois, quand ses parents ont beaucoup d'argent...
Le party se déroulait à merveille et je m'amusais à fond sans penser à rien d'autre qu'à cette soirée. Mais c'était loin d'être terminé...

Le DJ avait lancé une série de slows, et en m'assoyant à une petite table dans un coin du salon, je découvris une belle rose rouge, toute fraiche. Je la pris délicatement, la humai, puis posai un regard troublé sur la petite enveloppe posée sur la table de bois sombre. Mon nom était écrit à l'endos de l'enveloppe, et à l'intérieur, quelques mots écrits sur du papier délicat, raffiné:

« Tu veux danser ? »

Bon, j’ai un peu honte maintenant. Ca craint d’avoir fait un truc pareil. Surtout que c’était mon idée, bien que je rejette à présent toute la faute sur lui. Un jeu stupide, encore un parmi les autres que nous avions imaginés auparavant. Et joué. Mais là, ça allait comment dire…un peu trop loin. Pas que les flics me fassent peur –de toute façon, la victime ne semblait pas vouloir les contacter-, mais c’était quand même autrement plus risqué que tout ce que nous avions testé auparavant. Faut dire que quand on s’ennuie, on peut avoir de sacré mauvaises idées.

Je sais que je suis en train de parler dans le vide là, mais j’ai vraiment envie de me confesser. Ou plutôt de dénoncer notre connerie, à Adam et à moi. Surtout la sienne de connerie, si vous voulez mon avis. Parce que moi mine de rien, j’ai juste légèrement suggéré une occupation comme une autre. C’est vrai quoi, il vous est jamais passé par la tête de harceler quelqu’un vous ? Z’êtes bizarres aussi…faut nous comprendre, on est des ados obsédés et complètement ramollis par des heures et des heures de cours sans intérêt. Ca fait un peu fondre le cerveau ça…

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Tout a commencé en cours de sport. Ce jour là, c’était endurance, et autant dire qu’on en a tous chié un max. Personnellement avec mon bon mètre 90, j’étais plus ou moins incapable de contrôler mon corps de géant assez bien pour courir sans me ramasser. Le prof étant au courant depuis le temps et ne souhaitant pas avoir un procès sur le dos –disons que je peux me révéler plutôt dangereux pour les autres lorsque je trébuche…-, il m’avait laissé m’asseoir sur le côté. Comme d’habitude. Du coup, je m’étais occupé à manger des barres de céréales en regardant courir les autres pendant deux heures. Heureusement pour moi, Adam, mon meilleur pote avant cette histoire de folie, s’était arrangé pour ne pas avoir à courir. En fait, ça avait été plutôt facile puisque son père était le directeur et qu’il lui passait à peu près tous ses caprices. Le prof de sport l’avait donc laissé s’asseoir à côté de moi sans discuter, tenant visiblement un peu à son salaire.

Et que font deux adolescents submergés d’hormones incontrôlables en regardant des filles en short courir sur une piste ? Ils parlent de leur cul, ouais. J’aimerais pouvoir affirmer que j’étais un jeune homme très chaste, mais je crois que c’est inutile de vous préciser que ça n’était pas mon cas. Et comble du malheur, toutes les filles qui courraient devant nous avaient un très, très beau cul. Et des seins beaucoup trop serrés dans un soutif de sport peu esthétiques. J’étais à peu près sûr qu’elles n’auraient pour la plupart pas protesté si je leur avais proposé de le leur retirer. Les unes parce qu’il était trop petit, ce foutu truc pour pas que leur poitrine souffre, et les autres parce que j’avais un charme fou. D’accord, peut-être que 99% des filles qui courraient m’auraient baffé aussi. Mais on peut toujours rêver, non ?

Bref, c’est en suivant des yeux les plus beaux spécimens qu’il me vint une idée. Non, je ne pensais pas au sexe tout d’un coup, ça, j’y pensais dès le début. Mon idée c’était de m’amuser un peu. Enfin, de nous amuser un peu. Parce qu’avec Adam, on faisait toujours les 400 coups ensemble. Je lui disais toujours le fond de ma pensée, et inversement. Je m’étais tourné vers lui, et lui avais exposé mon plan de génie. On allait élire la plus jolie fille qui suait sur la piste et en apprendre plus sur elle. Ensuite, on s’arrangerait pour lui envoyer de petits mots anonymes et la faire flipper. Et à la toute fin, elle tomberait dans notre lit. Ca, c’était l’idée d’Adam…moi, je voulais juste foutre la frousse de sa vie à une de ces gamines écervelées qui passaient leur temps à montrer leur nombril. Le seul problème, c’est que nous n’étions pas d’accord sur la fille à sélectionner. Adam, lui, était carrément obsédé par Loana et ses deux énormes seins. C’était une femme –à ce stade là, plus la peine de parler de jeune fille…- toute en jambes et en courbes affriolantes, fausse blonde d’au moins un mètre 85 perchée sur des talons en permanence. Même ses baskets pour la course étaient compensées ! Pour ma part, je n’aurais jamais approuvé ce choix. C’était carrément flippant de se retrouver avec une fille presque aussi grande que soi quand on est un géant, et quand je voyais les remarques supeeeer intelligentes qu’elle faisait en permanence…

Non, pour moi la fille à sélectionner était quelqu’un d’autre. Une fille pas trop grande, un peu petite même si possible –j’aimais bien dominer, ouais !-, avec les cheveux d’une couleur normale style châtain ou brun, intelligente, belle…et avec un minimum d’originalité. Ouais, ben cette fille là n’existait sûrement pas, et elle était carrément aux antipodes de celle que désignait mon meilleur pote. Mais tant pis, je ne voulais pas lâcher l’affaire.

Et c’est sur une certaine Katherina que nos avis s’accordèrent enfin. Elle était mignonne, d’une taille normale pour une fille et comme l’a fait remarquer Adam, elle avait un putain de body la fille. Ouais. Bon, okay, moi aussi je l’ai pensé très fort. J’ignorais si elle était du genre sensible, et ferait une attaque en découvrant nos mots anonymes ou paniquerait complètement, mais je m’en fichais pas mal en fait. Je faisais ça pour m’amuser seulement, moi. Pas sérieux quoi. Mais Adam, lui…lui a pris cette affaire très au sérieux. Trop au sérieux peut-être ? Il a carrément piqué le dossier de la fille dans le bureau de son père et recopié son adresse, sa date de naissance, ses signes particuliers, son emploi du temps…carrément dingue quoi !

Et malgré le fait que l’investissement d’Adam me fasse un peu peur, je m’étais lancé. On avait décidé que ce serait à moi d’écrire les mots, c’est donc moi qui rédigeai le premier avant de le déposer dans son sac, entre les pages d’un livre pris au hasard. Mon écriture soignée était un peu étrange pour un garçon, mais au moins elle pouvait croire aux messages d’une ennemie de sa classe ou autre. Je m’appliquai donc à faire des belles lettres dans une écriture plutôt romantique qui ne ressemblait que de loin à la mienne. De loin, nous observâmes sa réaction. Katherina ne se mit pas à hurler et ne courut pas raconter à ses copines ce qu’il lui était arrivé de trooopp bizaaaaare ! Ca pour le coup, ça nous a plutôt plu. Parce que si elle ne réagissait pas aussi violemment que les autres, le jeu pouvait durer.

Et il dura. Deux semaines plus tard environ, c’est Adam qui se chargea d’aller discrètement coller un nouveau mot sur la porte du domicile de la fille. Moi, j’avais juste rédigé ça en voulant provoquer une sorte « d’électrochoc » pour la faire réagir de manière intéressante. Mais je n’avais jamais voulu connaître son adresse, ni m’y rendre. Pour moi c’était trop, on ne rentrait plus dans le contexte du jeu. Effrayer, oui. Traumatiser, sûrement pas. Au bout d’un certain temps, Adam et moi avons commencé à nous disputer à propos de tout et de rien. Il m’accusait d’avoir peur des conséquences, et je le traitais de stalkeur. C’est pourquoi j’écrivis ce mot, sur une serviette. « Watch out, Katherina ». Je voulais juste la prévenir, mais c’était bête de l’avoir formulé ainsi. J’avais mal réfléchi, on aurait dit en lisant ce message que je voulais lui faire du mal. En plus, écrire ça d’une main tout en manipulant une bouteille de ketchup de l’autre…sans commentaires. Je finis par laisser tomber. De toute manière, je me fichais bien de ce que cela pouvait lui faire, on ne se connaissait pas après tout. Tant pis si elle avait peur, ça lui apprendrait sûrement un peu la vie…

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Et maintenant, il y avait cette stupide fête d’anniversaire. Dans le fond, c’est exactement ce qu’il nous fallait : un bal costumé, rien de mieux pour deux personnes se faisant passer pour un harceleur. Nous étions bien évidemment invités, comme la plupart des gars sexy de l’établissement d’ailleurs. Le problème, c’est qu’Adam et moi étions toujours en froid. Il ne cessait de me répéter que si je ne voulais pas me la faire, alors lui il se la ferait. Soit. Même pas la peine de discuter avec un borné pareil…

Nous nous sommes même disputés à propos de nos tenues respectives. Il voulait que l’un de nous deux soit en mode sexy et mystérieux et aborde Katherina pour faire connaissance. Je lui laissai volontiers ma place, tout simplement parce que son plan ne me plaisait plus. L’inviter à danser, la tripoter dans un coin et l’emmener à l’étage ? Woaw, il aurait pu inventer mieux. Après une énième engueulade, il fut décidé que j’allais mettre mon costume du bal de l’année dernière (allez donc trouver un costume à votre taille en urgence quand vous faites un mètre 90 !) et un masque tout simple de couleur noire. Adam, lui, avait décidé de sortir le grand jeu. Et j’ai le regret de dire que ça lui allait très bien.

Le soir de la fête, en arrivant, je le reconnus immédiatement. Il avait coiffé ses cheveux blonds avec soin, arborait un costume d’une classe internationale et qui valait sûrement une fortune avec une rose rouge à la boutonnière, des chaussures parfaitement cirées et un masque qui couvrait son visage de manière totalement…sexy et mystérieuse. Il avait réussi à personnifier le stéréotype même du mec parfait. J’en était carrément soufflé. Il me demanda simplement si j’avais le mot, je répondis que oui. Et partis le déposer sur une table, à côté d’une rose rouge qu’il semblait avoir déposé lui-même auparavant. Une fois ma sale besogne accomplie, je poussai un soupir de soulagement et me dirigeai vers le fond du salon, m’appuyant sur un mur dans l’obscurité.

Si quelqu'un s'approchait dans le noir du grand brun sexy que j'étais, il verrait sûrement dans mon regard: Salut, je m’appelle Maxime, je suis un foutu imbécile et je n’ai aucune envie d’être là en ce moment. Laissez un message après le bip sonore !

En revanche, s’il y en avait bien un qui était ravi d’être là, c’était bien Adam. Il était assis à côté de Katherina et attendait tranquillement qu’elle découvre que c’était lui qu’elle cherchait. Bien qu’en réalité, ce soit la dernière personne qu’elle avait envie de trouver au monde.

Il était forcément là. Ici même dans la pièce, peut-être bien plus près que je ne le croyait d'ailleurs. J'avais déjà émis l'hypothèse que ce soit un élève, et je n'avais toujours pas changé d'avis. Parce que la moitié des messages m'étaient apparus au lycée. Et je doute fort que ce soit un vieux bonhomme pédophile qui ait écrit ça. Bref. Sûrement un adolescent complètement détraqué. Il ne devait pas être bien bien dangereux, réellement... Il devait seulement faire cela pour me faire peur et ensuite bien se marrer de me voir réagir comme ça. Il était hors de question de lui donner satisfaction ! ... Même si en disant ça, j'étais loin d'être rassurée. Comme mes mains commençaient un tantinet à trembler alors que je tenais toujours le papier, je le redéposai sur la table, le temps de trouver une idée super géniale. Vite. Il devait me surveiller en ce moment même et attendre ma réaction.

Je m'emparai une nouvelle fois du papier et le relu. Puis, je souris un peu en secouant la tête, comme si je trouvais que c'était une plaisanterie débile. Ahhh, vite les talents en art dramatique... Une chance que je jouais bien la comédie. Parce qu'en dedans, je n'avais nullement envie de sourire ou quoi que ce soit. Même que, l'idée de m'esquiver de ce party devenait plutôt alléchante. Mais je ne pouvais pas, c'était la moindre des choses que de rester, cette soirée avait été organisée pour moi, et mon amie y avait mit beaucoup de son temps. Je ne pouvais pas partir comme ça. De toute façon, d'un certain côté, je n'avais pas non plus envie de partir. Je voulais m'amuser, danser, profiter de cette soirée ! Et ce n'est certainement pas de petits messages traumatisants qui allaient m'en empêcher. Non ! Même que... Il me venait tout à coup une idée.

Je me levai et sourit à quelques personnes sur mon passage en me dirigeant tout droit vers la cuisine. Je connaissais la maison par coeur, tant j'y étais venue depuis ma tendre enfance. Mon amie et moi, c'est de longue date. Sur le comptoir, je découvris le calepin habituel et un stylo. À côté du téléphone, pour pouvoir prendre des numéros en note ou quoi que ce soit. J'arrachai soigneusement une feuille et m'appliquai à y écrire un seul, simple mot : « Volontier ».

En revenant au salon, je passai près de la table où j'étais assise un peu plus tôt et y abandonnai le papier. Si cet harceleur de malheur était bien ici, il allait tôt ou tard le découvrir sur le bureau. Pendant ce temps, j'allai me poster dans un coin de la pièce, assise dans un fauteuil, un sourire aux lèvres. Et j'attendis. Patiemment. S'il voulait réellement sa danse, il allait venir à moi, et pas le contraire. Il suffisait d'embarquer dans son jeu. Il voulait me faire peur, de mon côté j'allais jouer avec le feu. Jusqu'à maintenant, j'étais la victime dans ce petit film d'horreur. Ce soir... Je serais l'héroïne. Et s'il s'avérait que le garçon représentait un véritable danger, je pourrai mieux choisir la meilleure décision à prendre. Dans le cas inverse, si ce n'était qu'un adolescent stupide, je pourrais mettre certaines choses au clair.
Une dernière hypothèse, cependant: Si je ne le reconnaissais aucunement, et n'arrivais pas à voir clair dans son jeu. Alors je resterai sur mes gardes pour les semaines à venir. Et attendrai tranquillement qu'il se mette les pieds dans les plats. Car chaque méchant, chaque harceleur, violeur ou meurtrier à un point faible. Chaque plan à une fissure qu'il faut savoir exploiter. Un jour, chacun commet une minuscule erreur qui peu les faire découvrir. Il faudrait que j'attende cette erreur.

... En me collant contre mon frère pour réussir à dormir la nuit, et en devenant paranoïaque à l'idée que quelqu'un me suive peut-être dans la rue. M'ouais.

Ma peur était loin d'être partie avec cette "démonstration" de courage. Mais il le fallait bien, non ? Je devais jouer celle qui ne s'inquiète pas de ces mots. Celle qui s'en fou. Mais ça n'allait pas être facile, oh non... Je sentais déjà mon coeur battre plus fort, plus vite qu'à la normale...

Et soudain, tout se compliqua. Du mur du fond, je voyais parfaitement qu'Adam, bien que caché par son masque, paniquait complètement. Pourtant, ça ne lui ressemblait vraiment pas du tout. Il était plutôt du genre à aborder n'importe quelle bombe inter-galactique avec une aisance dont lui seul avait le secret. Ca par exemple, j'en étais incapable. Mais revenons à lui. Il me faisait de grands signes de l'autre côté du salon, visiblement embêté par quelque chose. A grand renfort de signes plutôt incompréhensibles, il parvint tout de même à me faire comprendre qu'il l'avait perdue de vue. Aw. Bon, j'avais compris. C'était à moi de la trouver, parce qu'il ne pouvait pas bouger de là. Si jamais elle revenait entre temps...bref.

Avec un soupir exaspéré, je me décollai du mur et me faufilai entre les innombrables personnes masquées présentes dans la pièce et pour la plupart collées par paquets de deux. Mes pas me menèrent vers la cuisine, envahie par un ras-de-marée humain à l'instar du salon. En effet, cela avait commencé avec un couple ou deux isolés qui avaient voulu profiter de la tranquillité de l'endroit pour se bécoter, puis les avaient rejoins ceux qui avaient promis d'aider à s'occuper de la nourriture et des boissons, ceux qui cherchaient un verre propre et ceux qui fouillaient le réfrigérateur à la recherche de glaçons. bref, c'était presque bondé. Et là, à côté du téléphone, en train de griffonner un truc sur du papier: Katherina.

Il ne m'en fallut pas plus pour déguerpir avec cette précieuse information et me diriger directement vers Adam, le souffle court à force de courir dans tous les sens. Je l'informai de l'endroit où se trouvait la proie de notre jeu stupide, et m'apprêtai à rejoindre ma cachette lorsqu'il me retint par la manche.

-Tu sais Max', tu devrais te trouver une belle plante pour passer la soirée. Tu es trop remarquable tout seul, et j'aurais peut-être besoin que tu sois pas loin...

Je levais les yeux au ciel mais m'exécutais. Enfin...en quelque sorte. En fait, je n'avais pas vraiment envie de fréquenter une de ces filles coincées dans leurs robes deux tailles trop petites moulant beaucoup trop leurs formes et les rendant franchement rigides et ridicules. Mais bon, il m'avait dit de pas rester seul, de me trouver une belle plante. Soit. Je me rendis jusqu'à une espèce de yucca en pot et m'appuyai sur "elle" en souriant de toutes mes dents à un Adam plus qu'exaspéré. J'avais naturellement pensé à prendre deux verres d'alcool. Un pour moi, et un pour ma nouvelle amie. M'enfin, elle n'avait pas l'air d'aimer ça alors ce serait aussi pour moi.

De son côté, Adam venait de récupérer le mot de sa Katherina. Il le réduit en boule et l'envoya valser dans le verre de quelqu'un qui passait par là. Ayant repéré l'endroit où s'était posé sa victime, le jeune homme s'arrangea pour passer derrière elle avec un air décontracté et se pencher pour déposer un baiser derrière son oreille.

-Alors, allons-y!, murmura-t-il d'une voix suave.

Je faillis recracher ma gorgée. Ce truc était infâme. Mais bon, ça n'avait pas rapport avec...m'enfin, il y allait fort! Et moi qui étais là juste en face, à côté de ma plante en pot. Je me sentis soudain très con. Il n'avait aucunement besoin de moi. Il voulait juste...me faire profiter du spectacle. De la mascarade qu'il était savamment en train de mettre en place. Sympa de sa part...

(OMG le yucca !! XDDD)

Mon amie, passant près de moi, me demanda ce que je faisais assise ici toute seule. Pour toute réponse, je déclarai que j'attendais que quelqu'un vienne m'inviter à danser. Je ne voulais pas la mettre au courant, pas encore.

- Et si moi je t'invite ? plaisanta-t-elle.

Et je dois avouer qu'elle réussit à me faire rire, même si je déclinai l'offre en prétextant qu'en réalité, j'attendais une personne en particulier. Qui ne devrait pas tarder, ajoutai-je, après avoir remarqué que le mot sur la table était disparu. Mon amie haussa les épaules, après m'avoir adressé un clin d'oeil, et s'éloigna. Je la perdis de vue dans la foule, et autour, ce ne fut à nouveau qu'une marée humaine, une foule de gens que je ne reconnaissais pas, et qui me portaient plus ou moins attention. Je dois dire que l'attraction un peu plus intéressante était ce gars appuyé sur sa plante en pot. M'enfin. Je n'avais pas de temps pour ça, je guettais l'arrivée de mon "correspondant".

Lorsque des lèvres chaudes se posèrent près de mon oreiller, mon coeur fit un bond spectaculaire, bien que rien ne paru à l'extérieur. C'est tout juste si je tressaillis. Il faut dire que, si je n'avais pas été extrêmement concentrée à me calmer et tout et tout, j'aurais fait un bond et peut-être même avec un cri en prime. Mais je gardai un semblant de calme et laissai les coins de ma bouche remonter en un petit sourire. Sa voix murmura à mon oreille. Je ne la reconnu pas, mais elle sonnait sexy. Ah. Si ça pouvait être un beau personnage, au moins ça serait un peu plus intéressant. Je me levai alors avec grâce, et me tournai vers le jeune homme. Plus grand que moi. Pas étonnant, je suis d'une taille normale, mais normale petite disons. Bref. J'aime les hommes plus grands. Sentiment de sécurité quand on est dans ses bras... Hum. Sauf que lui, j'ignore sérieusement si je pouvais dire "sentiment de sécurité". J'avais plus l'impression de me jeter dans la gueule du loup, alors que je levais la main, attendant qu'il la prenne, pour l'accompagner au centre du salon sur la "piste de danse". Il était beau. Très élégant, à vrai dire, et il dégageait un je-ne-sais-quoi que j'aimais bien. Il avait du charme. Et il était méconnaissable. Je l'avais déjà croisé à l'école, je n'arrivais plus à l'identifier désormais.

Je ne savais plus à quoi m'attendre, maintenant. Le jeu était lancé. Il avait envoyé l'invitation, j'avais répondu. Et maintenant, j'étais entre ses pattes pour un moment indéterminé. Et j'ignorais aussi totalement ce qu'il comptait faire de moi, outre une danse. Avec ce genre de personne, on ne sait jamais trop ce qui se trame dans leur tête...

Dégoûté par le contenu de mon verre -sérieux, ils avaient dilué le whisky avec de l'eau!-, j'en renversai le fond dans le décolleté de ma compagne. Enfin, dans son pot quoi. J'avais franchement besoin de quelque chose de FORT qui me fasse oublier que j'étais là contre mon gré et que je ne faisais que servir les intérêts d'un obsédé. Mais bon, c'était quand même mon ami depuis le primaire et je...enfin, je pouvais pas le laisser tomber.

Lui en revanche, pouvait aisément me laisser tomber. Il n'y avait qu'à le regarder s'emparer de la main de la belle Katherina et la baiser avant de l'attirer vers le centre de la pièce, là où les autres couples dansaient déjà. J'eus un haut-le-coeur en pensant à ce que devait ressentir la jeune fille. Elle devait le trouver attirant, sûrement que sa manière de l'avoir approchée par surprise, son visage masqué et ses manières de gentleman l'avaient déjà charmée. Mais Adam n'avait rien d'un gentleman, et ça, j'aurais du avoir la force de le lui dire dans la cuisine, tant que je le pouvais encore.

-Mmh, sacré imbécile, tu ne trouves pas?, lançai-je à l'attention de ma bien aimée plante tout en jouant avec une de ses longues feuilles tellement...bref.

Mais Yucca (appelons-la comme ça, d'accord?) semblait bouder, attendant sans doute que je fasse le premier pas. Mais en ce moment, c'était...compliqué. Je n'avais pas vraiment envie de tomber amoureux maintenant. Pas qu'elle ne me plaise pas, non...c'est juste...compliqué. Dans ma tête, je préparai une excuse débile avant qu'elle ne me supplie de l'embrasser. Puis je me rappelai que c'était une plante en pot à moitié crevée par mon verre de whisky, et j'abandonnai finalement mes recherches. C'était stupide... J'inspirai un grand coup puis rivai mon regard sur les deux autres, là.

Adam avait passé un bras autours de la taille de Katherina et se tenait la tête légèrement penchée au dessus d'elle, contemplant pensivement son décolleté de haut. Heureusement qu'avec un masque il était plus difficile de distinguer la direction de son regard! Parce qu'un vrai gentleman n'aurait jamais fait ça, ni pensé des choses telles que celles qui passaient en boucle dans la tête du jeune homme masqué. Un sourire étira ses lèvres. Il n'était définitivement pas un gentleman.

Sa façon de baiser ma main, à la manière d'un vrai gentleman. Il n'y avait rien de plus menaçant. Sans lui faire totalement confiance, je lui suivis néanmoins, et acceptai de me coller contre lui pour une danse. Son bras reposait autour de ma taille, et il souriait en me regardant. Je ne sais pas comment interpréter ce sourire. Je n'étais même pas sûre que c'était mon visage qu'il regardait vraiment. Enfin, c'était difficile à déterminer, et je ne voulais pas non plus l'accuser de quelque chose qu'il ne faisait pas. Je ne dis donc rien et restai contre lui, une main sur son épaule, souriant à mon tour pour lui démontrer que, peu importe ce qu'il pouvait bien avoir fait jusqu'à maintenant, je n'allais pas m'enfuir en courant. Qu'il ne me faisait pas peur.

Pendant ce temps, mon amie était occupée à bien plus important: disputer deux imbéciles qui avaient décidé de s'amuser à mélanger toutes sortes de breuvages dans un grand verre. Le résultat était brun, et semblait légèrement pâteux. On aurait dit qu'ils y avaient ajouté de la farine. Bref. C'était une substance potentiellement dangereuse et explosive, et elle dû bien vite leur hurler dessus et leur frapper sur la tête. C'est piteux qu'ils retournèrent au salon, alors que de son côté, mon amie cherchait une quelconque façon de se débarasser de ce truc pour que ça ne soit pas dommageable pour l'environnement ou... tout simplement pour les tuyaux. Elle ne pouvait pas le vider dans l'évier, à coup sûr ça allait bloquer, coller, et tout. Dans la toilette ? Mauvaise idée aussi... Bon. Finalement, elle mit le tout à la poubelle, grimaçant en voyant la texture de la substance, désormais de consistance gélatineuse, tomber parmis les autres déchets. Ah, la joie d'inviter des garçons à son party...

Une chance, au moins, qu'elle n'avait pas vu le verre de whisky dilué versé dans son pauvre Yucca - enfin, celui de ses parents. Il allait agoniser sous peu, celui-là. Bref.

Katherina ne semblait pas être une fille facilement impressionnable. Tant mieux, parce qu'Adam commençait à en avoir marre de toutes celles qu'il avait terrifiées ou violées auparavant. Elles se plaignaient toujours trop. Et c'était désagréable de devoir les faire taire, surtout quand on est dans l'urgence. Non, avec Kaherina, il avait l'impression qu'il pouvait y arriver sans avoir recours à la force de manière exagérée. Après tout, il n'était pas du genre à douter de son charme!

De mon côté, je tentais toujours de trouver une occupation tout en les surveillant du coin de l'oeil. Je savais exactement ce qui allait se passer entre ces deux là, après tout ce n'était pas la première qu'Adam essayait d'avoir à l'aide de son charme et d'une douceur factice. Et malheureusement, ça marchait souvent très bien. N'allez pas croire que je suis jaloux ou...bon, c'est vrai que cette fille est superbe, mais j'ai repoussé les avances de Yucca, alors vous pensez bien qu'il y a une raison! Je n'en ai pas encore trouvé une qui vous ferait renoncer définitivement à m'embêter avec mon célibat plutôt louche pour un beau garçon dans mon genre, mais j'y travaille. Je suis plutôt chiant en vrai, vous saviez? Je n'avais rien à faire avec une fille, trop fragile et susceptible, tout ça...

Pendant que je ruminais à côté de ma plante verte, Adam menait son affaire de main de maître. Il n'attendit pas la moitié de la chanson pour descendre légèrement ses mains, de façon assez discrète pour qu'elle croie à un accident. Puis, comme pour prouver le contraire, il enfouit son visage dans le cou de Katherina, inspirant son odeur à pleins poumon. Je grimaçai. Je pouvais d'ici voir son air réjoui alors qu'il déposait des baisers papillons le long de sa jugulaire, et ce malgré son masque.

-Je sais ma belle. Moi aussi j'en ai marre de cette fête, soupirai-je en regardant Yucca avec un sourire désolé.

Tiens. Voilà monsieur déjà plus entreprenant. C'était léger, mais tout de même, vu le personnage, je ne croyais pas à un accident. Non, il faisait bien glisser ses mains plus bas volontairement, et comme pour me prouver que j'avais raison de le croire pervers, sa tête se retrouva bien vite dans mon cou. Que faire ?
Je décidai de jouer le jeu. Je n'aurais qu'à l'arrêter s'il allait trop loin. Je voulais connaître ses intentions réelles. Et surtout, savoir la raison de tous ces messages.

Lentement, je montai une main et la posai sur sa nuque, emprisonnant quelques mèches de ses cheveux entre mes doigts, et penchai un peu la tête vers l'arrière pour lui laisser plus de place dans mon cou. Il faut dire qu'en même temps, j'aimais bien. Ses lèvres, dans mon cou, créaient de petits frissons qui remontaient le long de ma colonne vertébrale. C'était agréable.

Ce n'était pas évident, avec un masque. Mais il ne semblait pas avoir trop de problème, et je le laissai faire à sa guise, avec ses mains trop basses. De toute façon, ce n'est pas comme si nous étions les seuls. Nous passions totalement inaperçus dans la foule, tant les gens se collaient, s'embrassaient, dansaient bien plus langoureusement que nous en osant en faire bien plus. Sa tête comme ceci dans mon cou, je pouvais sentir son odeur. Il avait une bonne odeur. C'était masculin, viril... Mais n'allez pas croire que j'allais tomber bêtement dans son piège.

Je me levai, agacé par le petit manège d'Adam. J'étais d'autant plus énervé que cette Katherina se laissait faire; dommage étant donné que je l'avais crue intelligente pendant une folle seconde. Bref, en tout cas je n'avais pas de leçons à lui donner, si elle avait envie de se faire violer, libre à elle. J'men, foutais. Totalement. Rien à foutre.

...Okay, je sais que vous avez déjà deviné depuis longtemps que j'ai un côté un peu protecteur malgré moi. J'aime pas trop les gens qui font du mal aux autres de manière préméditée. Moi, je faisais ça depuis le début pour m'amuser. J'aurais finis par dire à la fille que j'étais désolé, et elle aurait peut-être même trouvé ça drôle. Mais il n'y aurait jamais moyen de trouver ça drôle aux côtés de Adam. Tiens, Yucca venait de perdre 1 ou 2 feuilles d'un coup...bizarre non? ^^'

-Euuuh...okay, bouge pas je vais te chercher un...rafraichissement.

Je fonçai vers la cuisine, me sentant immédiatement mieux loin de la scène qui se déroulait sous mes yeux quelques secondes auparavant. Décidément, je me foutais bien de ce que pouvait penser mon meilleur pote de moi, maintenant. D'ailleurs il ne l'était plus, mon meilleur ami. Je le trouvais beaucoup trop idiot sur cette affaire pour le lui pardonner.

Une fois dans la cuisine, je me retrouvai à slalomer entre des couples s'embrassant comme si leur vie en dépendait, et dus même demander à une fille allongée sur le comptoir de se pousser un peu pour que je puisse utiliser le robinet et remplir un verre. Son petit ami -bien que je ne sois pas persuadé qu'ils se connaissent, et ne cherchent pas à se démasquer- la prit dans ses bras et l'emmena directement à l'étage. Je crois vraiment que les parents de la fille qui invitait allaient avoir des surprises. Une fois le verre remplis et après avoir rejoint ma dulcinée, je lui arrosai les racines avec amour. Tant pis pour mes principes de célibataire, cette plante me rendait vraiment diiiiingue!

Un coup d'oeil rapide vers le couple d'enfer qui était toujours à quelques pas de moi m'appris qu'Adam avait profité de mon absence pour faire avancer les choses plus rapidement. Une de ses mains était maintenant glissée dans le dos de la robe de Katherina, entre les fils qui se croisaient sur sa peau. Quant à sa bouche, elle allait et venait entre la mâchoire et le cou de la jeune fille, se rapprochant parfois dangereusement de son décolleté. J'avais l'intention de me détourner pour continuer à converser avec Yucca quand je sentis que les choses allaient se corser.

Adam, sans doute lassé de jouer au collégien, raffermit sa prise sur les hanches -voir les fesses- de Katerina et profita du fait qu'elle ait la tête renversée en arrière pour l'embrasser à pleine bouche. Je suffoquai, accroché à ma plante pour ne pas tomber. Ce qui me rendait hystérique, c'était de savoir que cette fille ne faisait rien pour se défendre!!!

D'accord, cela faisait peut-être un petit moment que je n'avais pas été touchée par un homme, je l'avoue. Et sa main directement sur ma peau, dans mon dos, c'était agréable. Et ses lèvres dans mon cou itou itou. Mais ça commençait à aller trop loin. Et ce gars, près du yucca, semblait au bord de l'apoplexie. Ne me demandez pas le rapport, je l'avais juste vu s'énerver, comme ça, brièvement, à côté du yucca. Bref.

Et alors que mon gentleman masqué commençait à bien s'amuser, je décidai de couper court à son plaisir. Il se jeta sur mes lèvres sans plus de façon, mais n'eut le temps d'en profiter qu'une seconde ou deux avant que je ne le gifle brutalement. Si fort en fait, que son masque se retrouva légèrement de travers, mais cachant malgré tout son visage. Je me penchai alors à son oreille, et murmurai:

- Je ne suis pas une fille facile.

Un sourire étira mes lèvres et je l'abandonnai là au beau milieu du salon, prenant la direction de la cuisine pour aller me chercher un verre de punch aux fruits alcoolisé. Sans doute bien meilleur que le whisky dilué.

Je faillis pousser un cri de joie lorsque Katherina réagit enfin, mais la proximité d'Adam m'en dissuada rapidement. Planté au milieu de la piste de danse, seul, il la regardait s'éloigner avec une expression perplexe qui ne tarda pas à se changer en un rictus furieux. Il n'avait plus rien de beau ni de sexy tellement il semblait prêt à étrangler quelqu'un -n'importe qui dans cette fête pourrie.

Lorsqu'il se dirigea vers moi avec une expression furieuse, je reculai de quelques pas avec prudence, le regard rivé sur le sol pour ne pas montrer que la gifle qu'il avait reçu m'amusait fortement. Adam jeta un coup de pied rageur à Yucca, qui vacilla et s'effondra sans connaissance sur le sol. Je poussai un petit cri de désespoir -ben quoi, je m'y étais attaché à cette plante moi!- et tentai de la relever tant bien que mal mais celui qui avait été jusque là un ami extraordinaire me chopa par le col et me redressa d'un coup sec.

-Toi espèce de petit fouteur de merde, tu vas me la ramener! Et plus vite que ça!

J'ouvris la bouche puis la refermai, incapable de parler. Il croyait que c'était de ma faute, sans blague! QUI avait déconné, hein? Et QUI avait décidé de traiter cette fille comme un objet? S'il voulait aller la chercher, il n'avait qu'à y aller lui même. En plus...

-Si on s'en tient à notre jeu stupide, elle ne doit pas savoir qu'on est deux personnes différentes. C'est pas que je veux pas t'aider hein mais...

Mais finalement, je commençais à me demander si c'était une bonne idée que ce soit lui qui aille la chercher dans la cuisine. Là bas, je doutais que quiconque bouge le petit doigt lorsqu'il aurait décidé de la plaquer contre un mur pour commencer à la déshabiller. C'est exactement pour ça que je finis par abandonner et me diriger d'un pas trainant vers la cuisine. Je suis trop bon, je sais...

Une fois là dedans, je remarquai qu'il faisait hyper méga chaud. Forcément, avec la chaleur corporelle de tous ces gens entassés...qui étaient d'ailleurs pour la plupart sans masque, pour des questions d'accessibilité du visage. Pour ma part, je finis par l'enlever car je suais à grosses gouttes là dessous. Katherina allait connaître mon visage mais bon...je lui dirai que je rendais juste service à un copain, ce qui en soit était vrai.

-Huu, excusez mooii..., marmonnai-je en lui tapotant l'épaule, braquant mes yeux brun brownie désolés sur elle.

Comme si le pauvre - pauvre !? - Adam n'en avait pas eu assez comme ça, mon amie (appelons-la Lily, pour le bien du rp) passa près des deux garçons et remarqua son pauvre yucca qui venait de subir une agression, et dont le copain n'avait pu le sauver à temps. Elle haussa les sourcils. Ben si maintenant les invités s'attaquaient à ses plantes en pot...
Elle se tourna vers Adam et lui donna la gifle du siècle, puis l'attrapa par le col pour l'approcher de son visage et lâcher:

- Hé ! Que je te revois donner des coups de pieds à mon yucca toi !

Elle le relâcha et s'éloigna ensuite dans la foule.
Et moi, pendant ce temps-là, je buvais tranquillement mon verre en repensant à ce qu'il venait de se produire. Ce garçon... Je n'avais aucune idée de qui il était. Tout compte fait, j'aurais peut-être dû lui arracher son masque. Mais sur le coup, l'idée ne m'était pas venue. Et maintenant, j'ignorais sa réaction. Peut-être était-il furieux. Sans doute. Mais je ne savais pas si je venais d'augmenter le jeu d'un cran. C'est vrai, il me semble que dans les films d'horreur, plus tu fais chier l'adversaire, plus ça devient dangereux pour ta vie... Il devient fou furieux. Au début, ne désire que baiser, ou une quelconque chose de moindre importance. Et à la fin, son désir n'est que de t'achever lentement dans d'atroces souffrances. Et le film fini dans un joli bain de sang irréaliste qui me fait bien sourire. Mais je n'ai pas envie de vivre ça en vrai, voyez-vous. Et si mon superbe harceleur aux mains baladeuses se fâche... Aïe. Je vais devoir changer de nom, de pays, de planète ! huh, de galaxie !
Bon, je crois que seulement de pays suffira. Bref. C'était peut-être le punch qui me faisait dire pareilles stupidités... Combien de pourcentage d'alcool là-dedans !?

Tiens... Bon voilà. On me tapotait l'épaule. Tout gentiment. Je pense que je m'attendais un peu à voir mon "gentleman" mais... En fait, en me retournant, je tombai face à face avec un tout autre garçon. Il avait retiré son masque, et me regardait d'un air... désolé. Ah. Il avait sûrement vu l'épisode, un truc du genre, et maintenant il se sentait mal que j'aie eu à subir ça ! Mon dieu ! Mais il y a encore des gens sensés sur cette planète !?

Je le connaissais, ce gars. M'enfin, connaître, c'est un bien grand mot. Disons plutôt que je l'avais déjà vu au lycée. Dans ma classe de gym, je crois bien. Et il n'arrêtait pas de trébucher, si bien qu'il devenait un potentiel danger public... Oh oui ! C'était bien CE mec. C'était... c'était lui aussi, près du yucca. Mais pourquoi il était là, maintenant ?

- Euh, oui ?

-Beeen, comment dire...

Je jetai un regard angoissé derrière moi, m'attendant à tout moment à voir surgir Adam et ses mains baladeuses. Visiblement occupé à quelque chose d'autre -à se faire gifler une deuxième fois peut-être?-, il n'était heureusement pas dans les parages. A peu près rassuré, je retournai à mon occupation première: parler à Katherina des menaces d'Adam.

Ouais, j'avais décidé de faire ma bonne âme aujourd'hui. J'allais la mettre en garde et ensuite...ensuite, elle ferait bien ce qu'elle voulait, je m'en fichais pas mal. Donc, il fallait lui dire qu'Adam la cherchait. Okay. Super facile, surtout qu'elle n'allait pas duuu touuuut se poser la question de POURQUOI j'aidais cet imbécile. Ni se douter que j'étais dans le coup,bien sûr que non!

-Il te cherche. En fait, il m'a envoyé pour te ramener dans le salon. Mais si tu n'es plus là, je ne peux pas t'attraper hmm?

Je m'éventai avec mon masque en carton, incommodé par la chaleur. Allait-elle partir comme je le lui avais conseillé, ou au contraire rester pour me harceler de questions? Ca, ce serait vraiment la pire des choses parce que je suis vraiment incapable de mentir à qui que ce soit, même à une inconnue. Et si elle découvrait que j'étais à l'origine du jeu de harcèlement...

Bon. En fait je m'attendais à tout sauf à une mise en garde. Surtout que bon, s'il me disait que le harceleur l'avait envoyé, c'était vraiment louche. Du genre... Il le connait !? Ha. Ha. C'est ça, tu crois que je vais partir sans poser de questions ? Il me faut en savoir plus !

- Attends, attends... Je veux bien partir. S'il le faut vraiment. Mais pas avant d'avoir éclaircis quelques points.

Je lui souris cependant, pour le mettre un peu à l'aise. Je n'allais pas poser tout ça trop directement. Il semblait bien gentil, et surtout bien mal à l'aise.

- Tu dis qu'il t'as envoyé... Tu le connais donc, je me trompe ? Non, je ne me trompe pas. Et je ne te demanderai pas qui c'est, car je suis gentille. Et que je ne trahirais mon amie pour rien au monde, alors je ne te forcerai pas, toi, à le faire. Mais s'il te plait, passe-lui un message pour moi: Il devra travailler bien plus fort, s'il me veut. Les petits messages diaboliques, il faudra bien plus que ça pour me rendre hystérique et folle de lui.

Je bu tranquillement ma dernière gorgée de punch puis déposai mon verre, lui sourit une dernière fois et passai à côté de lui pour retourner dans le salon. Bon. Peut-être devrais-je chercher mon amie pour lui dire que je m'en allais. Mais si je faisais cela, je devrais lui exposer la situation, et ça ne me tentait pas vraiment. Pas que je ne lui fasse pas confiance, mais je préférais régler ça toute seule.
Tout compte fait, je n'étais pas obligée de partir. Seulement me tenir éloignée de ce con toute la soirée. Comme l'ambiance devenait un peu étouffante, je sortis tout simplement de la maison et m'installai à l'extérieur, assise dans les escaliers qui partaient de l'allée pour monter jusqu'à sa porte. Il y avait quelques autres personnes, dont un couple, assit dans le gazon. Il faisait chaud, c'était une nuit d'été, mais quand même plus frais qu'en dedans. Et j'aimais bien. C'était un peu plus calme, aussi...

Je ne regardai même pas où Katherina allait en quittant la cuisine, inquiet à l'idée de devoir potentiellement mentir à Adam. Mais je n'eus pas à me forcer, puisqu'en réalité je ne savais pas où elle avait bien pu passer.

Lorsque je revins vers mon pote harceleur en chef, il s'était un peu calmé. Je crois que la gifle de Lily avait peut-être à voir là dedans, mais je n'allais pas le lui faire remarquer. D'ailleurs, Yucca avait retrouvé sa place initiale et on aurait dit que rien ne s'était passé.

-Alors?
-Elle n'y était pas. Peut-être qu'elle est rentrée chez elle..., fis-je sans grande conviction.

En réalité, j'espérais que c'était ce qu'elle avait fait. Parce que chez elle, elle serait en sécurité. Ou peut-être pas finalement, vu que Adam connaissait son adresse...oh mon dieu, faites que cette petite écervelée ne soit pas seule à la maison, si elle y était! En plus...bon, j'allais essayer de retarder cet enfoiré. Surtout que si elle était toujours à la fête...

-Mais elle m'a dit quelque chose! Elle a dit...quelque chose du genre "il peut m'avoir s'il y met beaucoup de volonté".

En partie vrai, j'avais juste un peu reformulé. Et ça avait marché, puisqu'Adam sembla reprendre totalement confiance en soi et haussa les épaules avec un air convaincu. Bien sûr qu'il pourrait l'avoir, il n'y avait qu'à voir sa réaction! Une pauvre petit claque de rien du tout...une autre l'aurait réduit en charpie!

Content de lui, l'imbécile alla fumer une cigarette dans le jardin, réfléchissant déjà à ce qu'il allait faire pour la revoir et la charmer. Aller à son domicile en pleine nuit? Il s'était renseigné, elle vivait seulement avec son frère... Ou peut-être continuer les messages en version un peu plus "hot"?

Ce n'est pas que l'air frais de l'extérieur me déplaisait, mais les bruits mouillés venant du couple à ma gauche commençaient à m'exaspérer. Non mais c'est vrai, ils étaient zéro discrets. C'est possible, aussi, d'embrasser en faisant moins de bruit ! Eux, ils venaient vraiment de battre le record de décibels émis par des bisous. Bref.
C'est d'ailleurs pourquoi je décidai de contourner tranquillement la maison, passant par la petite porte dans la haie qui entourait la maison, pour rejoindre le jardin. Au fond, un joli bassin avec des p'tits poissons colorés. Et la lune se reflétait sur l'eau, ce qui faisait bien joli. Il y avait encore une fois quelques personnes, mais aucun bruit désagréable malgré les baisers des couples. Bon. Enfin un peu de paix. Il y avait aussi quelqu'un qui fumait, quelqu'un que je ne reconnu évidemment pas car il faisait trop sombre. Si j'avais su qu'en fait, c'était la personne que je cherchais à éviter qui était la tranquillement, je serais peut-être retourné en avant de la maison. Avec les bruits mouillés. Ou je serais tout simplement rentrée à l'intérieur. Mais sans plus m'en préoccuper, j'allai m'asseoir dans l'herbe près du petit bassin, doucement éclairé, et observai les poissons. Un en particulier, qui était jaune et tout beau, que j'avais baptisé "Soleil", quand j'étais toute petite et que je venais chez Lily.

Adam contemplait le jardin avec un air dubitatif -bien qu'avec son masque, il était difficile de s'en apercevoir-, seul au milieu des innombrables couples squattant la pelouse. Normalement, il aurait dût être derrière ce petit buisson, en train de déshabiller une Katherina complètement folle de lui, ou à défaut, assommée par une bonne dose d'alcool. Mais non, il était debout dans le jardin, en train de finir de fumer sa clope.

Il s'apprêtait à rentrer à l'intérieur pour se consoler avec une de ces grandes blondes perchées sur leurs talons de 15 cm quand un éclat doré attira son attention. Ca aurait pu être un poisson, vu que ça venait de près du bassin. Mais si c'était un poisson, alors il était carrément ENORME. Ou alors c'était une belle nana dans une robe dorée.

...Bon sang, Katherina!!!

Enthousiasmé par le fait qu'elle n'ait pas encore quitté la fête, Adam jeta son mégot dans l'herbe et se dirigea directement dans sa direction, se foutant éperdument de pouvoir provoquer un incendie. Une fois près d'elle, il se racla la gorge et lui fit un sourire charmeur.

-Re-bonsoir jeune demoiselle. Vous seriez vous calmée?

Regardez un peu qui était venu la rejoindre... Ah, les joies d'être belle et de taper dans l'oeil d'un harceleur... -.-
Elle se tourna à demi vers lui et esquissa un léger sourire.

- J'imagine. Un peu d'air pur, cela fait toujours du bien.

Non, elle ne disait pas ça dans le sens de "je te pardonne tout et on reprend où on avait arrêté". Même que, ça voulait pas dire ça du tout. Mais il pouvait mal l'interpréter, alors elle se tenait quand même prête à réagir s'il s'aventurait trop près. Elle reporta son attention sur les petits poissons, observant en même temps le reflet du garçon dans l'eau calme. Il était beau, comme ça, avec son sourire, sous le clair de lune. Mais elle ne se laissait pas impressionner. Nombreux étaient ceux si beaux à l'extérieur, et horribles et pourris à l'intérieur. Et la beauté n'est pas seulement une question d'apparence, ce n'est pas par le physique qu'il faut juger les gens.

Adam fit mine d'observer la passionnante ronde des poissons, mais son esprit était totalement ailleurs. Et comme par hasard, sa main, elle, avait finit par aller s'échouer sur celle de Katherina. Cette fois il n'avait pas tenu à se cacher...de toute manière, il l'avait déjà embrassée alors il pouvait bien lui caresser la main!

-Je suis désolé pour tout à l'heure si j'ai été un peu...trop vite.

Il grimaça intérieurement, dégoûté par sa fausse mièvrerie. Franchement, on avait pas idée de demander pardon à une fille pour lui avoir roulé une galoche cinq minutes après s'être rencontrés!

-Mais, c'est que tu me plais beaucoup toi!, ajouta-t-il en lui caressant la joue de sa main libre.

Je ris un peu en tournant la tête vers lui. Je n'avais pas retiré ma main, ce qui était sûrement bon signe. Je le contemplai un instant, avec un sourire.

- Un peu ? Certes. Mais je crois que je vais te pardonner, pour cette fois.

Je m'amusais. Il ne faisait pas bien bien menaçant, et au final, j'appréciais presque sa compagnie, quand il ne s'aventurait pas trop loin et que ses mains restaient à leur place. Sur la mienne, ça allait. Au moins, s'il essayait de l'envoyer ailleurs, je pouvais la lui rattraper. Et son autre main, elle caressait ma joue. C'était agréable. J'avais envie de profiter de ma soirée, moi... Non, pas coucher avec lui. Mais les caresses, c'est que j'aimais bien ça... ^^

- Oh, vraiment ? Je te plais ?

Le tout dit avec un petit sourire amusé et une moue absolument craquante. C'était à se demander lequel de nous deux jouait le plus avec l'autre.

-Wé. T'es super mignonne toi.

Adam finit par laisser retomber la main qui caressait la joue de Katherina, préférant s'allonger dans l'herbe un peu humide du jardin. Décidément, il se fichait bien du fait que son costume qui coûtait un bras puisse être foutu après cette soirée. Ses parents étaient plus qu'aisés, et il ne le remettrait sans doute jamais. Bref, les tâches vertes et humides, il ne s'en préoccupait pas.

-Et moi, j'ai de quoi te plaire non?

C'était une question qui n'en était pas une. Il se savait beau, il se pensait intelligent et il était populaire. Et en plus il pouvait payer des cadeaux hors de prix à ses copines et ça, c'était souvent très convaincant. Finis les bagues en plastique achetées dans une boutique d'accessoires pour gamines, faites place aux robes en soie et aux sous-vêtements en dentelle. Parce que oui, j'avais oublié de préciser que ses cadeaux étaient aussi faits pour LUI plaire.

Katherina toujours assise, Adam se retrouva la tête presque en dessous de ses seins et se mit à sourire tout seul. Cette fille là avait TOUT pour lui plaire, sauf peut-être un caractère facile à vivre pour quelqu'un qui voit les femmes comme des joujous sexuels. Mais bon, personne n'est parfait...

- Tu crois ça ? Tu ne devrais pas en être si sûr...

Cette fois, je posai sur lui un regard plus sérieux. Il avait l'air de se croire plutôt irrésistible. Et ç'avait le don de m'énerver un peu. Il avait peut-être bien de l'argent et assez de charme, ça ne me suffisait pas. Si au fond ce n'était qu'un con, à quoi bon ?

- Et je te prierais de regarder ailleurs, ajoutai-je en poussant tout doucement sur sa joue pour lui tourner la tête dans l'autre sens, et qu'il zieute l'herbe à la place de ce qu'il regardait auparavant. M'ouais. Disons qu'il était pas gêné, le monsieur, hein !

Un brin d'herbe chatouilla le nez d'Adam qui éternua bruyamment, mais resta le nez dans la pelouse sans discuter. Il était beaucoup trop choqué pour protester. Comment ça, il ne devrait pas en être si sûr? Mais...mais elle ne pouvait pas lui résister! Elle ne DEVAIT pas résister. Toujours sans regarder Katherina, le jeune homme, à force de tâtonnements hasardeux, posa une main sur sa cuisse et y exerça une légère pression avant de se mettre à la caresser de bas en haut.

-Mais pourquoi alors, Maxime m'a dit que je pouvais t'avoir si je faisais des efforts?

Il y avait un accent de douleur dans sa voix, comme s'il avait du mal à admettre que j'avais pu me tromper. Je ne pouvais pas m'être trompé, cela voudrait dire que son charme pouvait ne pas opérer sur une jolie fille, et alors...

- Maxime ? Je vois, oui. Ce n'est pas tout à fait ce que j'ai dis. Je dirais plutôt que c'était formulé comme suis: Il faudra bien plus que ça pour m'impressionner. Mais ce n'est pas totalement impossible.

Je posai ma main sur la sienne, sur ma cuisse, et suivit le mouvement, le laissant faire ses caresses à sa guise dans dire un mot à propos de ça. Il m'amusait. Il avait l'air bien malheureux que je remette son charme en question. Pauvre petit... Il faisait presque pitié, c'est fou !