Never let you go... (Cherry)

Si j'avais été au courant de son traumatisme par rapport à mon frère, j'aurais pu le rassurer sur le fait qu'il n'était pas méchant. Au contraire, c'était comme un ourson en peluche. Il avait l'air un peu dur, comme ça, mais c'était un ange au fond. Hum hum. Mais bon, en plus en ce moment il était disparu chez un de ses amis pour je ne sais trop combien de temps. J'avais pris l'habitude de ne plus du tout me soucier de où il allait, en autant qu'il rentrait à la maison une fois par semaine. Sinon, lorsqu'il réaparaissait, je lui criais dessus bien en beauté. Il avait compris, je crois.

- Oui bon... On fait quoi maintenant ?

Que faire, que faire? C'était toujours une vaste question, surtout en compagnie d'une fille. Entre mecs, on ne se posait jamais cette question. Quand il n'y avait plus rien à faire, on regardait la télé, ou...ou on parlait de filles. Ou on regardait des filles, mmh!

-...Je...hhm.

Oui, bon. Ca voulait dire "choisis, je te laisse choisir parce que tu es une fille, que je suis galant et...". Enfin, à peu près quoi.

Je soulevai un sourcil devant sa réponse claire et élaborée. Ah, c'est l'fun, moi aussi j'ai envie de faire ça ! Huuh... J'avais quand même vaguement compris qu'il voulait que je choisisse. Mais je n'en avais strictement aucune idée, sinon je ne lui aurais pas posé la question, j'aurais proposé un truc ! Bon bon bon.

- Non mais sérieux... Un gars, c'est zéro imaginatif.

Même pas foutu de trouver une idée. Je me levai et commencer à marcher dans mon salon en réfléchissant. Vous faites pas ça vous ? Il me semble que ça aère le cerveau... hum ?

Même pas vrai d'abord! Un gars, ça a plein d'imagination, le problème...ben, c'est que cette imagination là ne peut pas être divulguée, et surtout pas à une fille. Et encore moins quand on est seul avec elle dans une maison...

-Tu veux rire? Je te laisse juste choisir par galanterie.

Assis dans le canapé trois fois trop petit pour moi, je croisai les bras sur mon torse avec l'air d'y croire à fond...parce que, parce que c'était vrai, oui!

- Hum hum. Mais si je tiens absolument à ce que tu choisisse, ça ne serait pas très galant d'aller contre ma volonté !!

Je lui adressai un large sourire, certaine d'avoir raison. Après tout, quand même, c'était vrai. Monsieur voulait être galant ? Il allait alors m'empêcher d'avoir à faire un choix difficile, voir impossible, en le faisant à ma place ! N'est-ce pas merveilleux ? Les hommes galants, ahh, c'est trop génial. Malheureusement, il n'y en a plus trop trop de nos jours... Ouaiis il est un peu géant celui-là mais c'est pas grave, c'est un spécimen rare en voie d'extinction, faut le garder pareil !

Je me renfrognai, conscient d'être totalement piégé par la réplique de Katherina. Deux options s'offraient maintenant à moi. Je pouvais admettre que je n'avais aucune idée, et qu'il fallait qu'elle choisiiiiisssseeeeuh! Ou alors, ou alors et bien je pouvais me creuser la cervelle, et qui sait, trouver quelque chose de bien à faire!

-Huuu...Un...film...?

Sourire débile. J'aimais bien les films...on pouvait dormir sur le canapé en attendant que ça passe. Même devant les films d'action j'étais capable de piquer un roupillon moi...

- Ouaiis, un film... Peut-être bien ! ... Ah non, ça va créer un autre dilemme : Quel film choisir. Mais zuut alors ! Et puis, si c'est pour me taper une autre crise de doudou, alors on ferait mieux de décider autre chose.

Je ne me souvenais que trop bien de sa belle sieste dans le parc, où il m'avait fait toute une histoire sur doudou. Pas question que je lui donne une autre chance de s'endormir, ç'avait été drôle mais assez pénible en même temps. Hum hum. Et ennuyant à la longue, puisque j'avais l'air de parler toute seule, car lui, rien d'autre ne l'importait que son doudou...

-Hein, quelle crise de doudou?

Je levai un sourcil interrogateur, réellement surpris pas sa remarque. J'avais bien un doudou mais...je n'étais pas au courant que j'avais déliré devant elle en dormant! Sinon c'est sûr, je serais sans doute mort de honte... En plus, mon cerveau commençait à surchauffer à force de réfléchir à une activité calme et tout à fait chaste pour passer le temps. Et ce n'était pas elle qui était là pour m'aider!

Je m'étirai longuement, passant mes bras derrière mon cou. J'avais l'air d'un sacré con comme ça, en train de fixer Katherina comme si elle était la solution à tous mes problèmes, mais bon...

-Et puis...je sais pas moi!

- Bon bon bon. Tu veux que... Hum...

J'étais à court d'idées. Et ce n'était pas faute d'avoir cherché ! Je me creusais atrocement le cerveau, mais que voulez-vous, rien ne venait. Il y a des journées comme ça où l'on ne trouve strictement rien à faire. Ce genre de journées pluvieuses et ennuyantes où tout nous semble nul... M'ouais. Donc, Je ne savais pas. À moins que... Oh et puis merde. Tant pis.
Je me rapprochai du jeune homme. Plaçant mes deux mains sur lui de façon à avoir un certain appui, j'allai poser mes lèvres sur les siennes.
Humpff... J'en avais envie. Ouais.

...ouais, mettons que s'embrasser pouvait être compté comme une activité raisonnable. Enfin, pas raisonnable mais...disons valable. Ça passerait le temps, au moins. Et heureusement pour Katherina, j'avais un peu mis mes craintes envers son frère de côté. Je l'avais même complètement oublié, il faut dire!

Content de pouvoir enfin achever ce que nous avions commencé quelques temps plus tôt, au resto, je me dépêchai de poser mes mains sur la taille de la jeune fille avant de l'attirer sur le divan avec moi. Pour l'instant, je ne me posais pas de questions, c'était juste agréable et...pas sérieux? Enfin, en tout cas, c'est pas comme si on faisait quelque chose de mal hein. C'était juste pour passer le temps quoi...

C'est vrai, c'était agréable, en plus d'être une bonne façon de passer le temps. Tout à fait d'accord là-dessus. Je me laissai attirer avec lui et me retrouvai assise sur le divan, à moitié sur lui. Puisqu'il était à portée de bras, je pu entourer ses épaules et juste continuer à l'embrasser. Nous étions si bien lancés après tout... et, euh... On avait rien d'autre à faire. Ça, c'est notre prétexte. C'est bien trouvé, hein ?

Je n'avais pas envie d'arrêter, ni de ralentir le cours des évènements pour ne pas risquer de me poser quelques questions. Du genre...pourquoi est-ce que j'avais l'impression de passer après Adam, et si le frère de Katherina se ramenait...ces choses là quoi. Pour moi, c'était juste un bon moment à passer, point barre. Pas envie de m'engager dans quoi que ce soit de sérieux, ou même de discuter avec elle de la raison de son geste.

C'est pourquoi je continuai de l'embrasser, décollant légèrement mes lèvres des siennes pour reprendre mon souffle de temps en temps, puis recommencer à l'infini. Si ça se trouve, on allait finir par mourir étouffés, mais osef. Mais bon, quand j'avais un peu de mal à reprendre mon souffle, j'écartais tout de même légèrement son visage du mien, la regardant un moment avant de la recoller contre moi.

Finalement, la chance, mon frère n'apparut pas comme par magie dans la maison. Il avait la fâcheuse habitude de toujours arriver au moment où je souhaitais le plus qu'il ne soit pas là, et d'être absent lorsque je désirais plus que tout sa présence. Ouais. Mais cette fois là, on eut de la chance. Au bout d'encore quelques minutes à l'embrasser comme ça, je finis pas décoller doucement mes lèvres des siennes et déposer mon front contre son épaule. Là, je fermai les yeux et repris tranquillement son souffle. En me posant aussi des questions au sujet de la drôle de sensation que j'avais dans le ventre. Qui me chamboulait un peu, quoi.
Mmm non, c'était rien, sûrement rien du tout.

Je laissai Katherina reprendre son souffle contre moi en tout tranquillité, caressant légèrement son dos du bout des doigts. J'avais un peu mal au crâne tout à coup, encombré par une foule d'idées et de questions débiles. C'est vrai que j'aurais pu prendre ça du genre..."Ça y est, on a trouvé une activité, point. Pas la peine d'en faire tout un cake, mieux vaut oublier". Le problème, c'est que j'étais plutôt du genre anxieux. Et à ce moment là, je ne savais pas exactement ce qu'il y avait dans la tête de Katherina.

- Je t'aurais bien demandé pardon de t'avoir sauté dessus à l'improviste, comme ça, mais... Je crois que tu as bien aimé, tout autant que moi en fait, alors ça ne vaut pas la peine...

Je souris un peu, toujours contre son épaule, et commençai à le flatter distraitement au niveau de l'omoplate. Mes doigts passaient sur sa peau avec légèreté. Ayant finalement récupéré, je me redressai ensuite et le regardai directement dans les yeux, mon sourire toujours sur mes lèvres, essayant de voir comment lui prenait la chose.

-Heum...ouais...c'est sûr...

Bon les gars, je crois qu'on a un problème. Je venais juste de me rendre compte que j'avais laissé CETTE fille m'embrasser sans discuter, pire, que j'en avais profité. Or, nous savons tous que Katherina n'était pas juste une jolie fille comme ça. C'était aussi et surtout une jolie fille que j'avais harcelé durant des mois, et ce avec l'aide de mon ex meilleur pote Adam. Franchement, que faire? La dissuader de m'approcher de trop, lui briser le coeur pour la faire s'éloigner de moi? Euh, non, quand même pas...

-Mais, si je peux me permettre...j'aimerais savoir pourquoi...enfin...

Je le regardai un instant avec un air légèrement perdu. C'est que... Au fond de moi-même, j'essayais aussi de comprendre pourquoi. Je n'en avais strictement aucune idée, pour tout vous avouer. C'est vrai, je l'avais embrassé. Oui, j'aimais bien aimé. Mais c'était sous quelle motivation, et dans quel but ?

- Je crois que...

Je replaçai lentement derrière mon oreille une mèche de cheveux rebelle qui retombait dans mon visage.

- Je ne sais pas trop. J'en avais envie, c'est tout ce que je sais.

A vrai dire, Katherina ne m'apprit rien que je ne savais déjà. Enfin, j'avais plus ou moins deviné qu'elle m'avait embrassé sur un coup de tête, juste parce qu'elle en avait ressenti le désir. Comment je savais ça? Ben...son expression, juste avant qu'elle ne le fasse ou...enfin, quelque chose du genre. Je caressai doucement sa joue avec mon pouce, souriant gentiment même si je n'en avais pas vraiment envie. Ce que j'allais dire n'était pas drôle.

-Tu es vraiment mal tombée, hein. Je ne suis pas exactement celui que tu crois que je suis parce qu'en fait...bon, voilà, je ne suis pas celui-là.

Je mis doucement sa main sur la sienne, le laissant caresser ma joue à sa guise, flattant son poignet du bout des doigts. Je ne comprenais pas ce qu'il voulait dire, et l'observai donc en silence une fraction de seconde avant de soupirer.

- J'comprend pas ce que tu veux dire. Ex... Explique-moi ! Je te trouve bien, moi...

-Ce n'est pas une question de bien...c'est juste que...toi+moi, sérieux ou pas, ça n'est pas possible à cause d'un léger problème antérieur à notre rencontre...

J'aurais bien voulu retirer ma main, pour ne pas qu'elle sente son léger tremblement, mais sa main sur la mienne m'en dissuadait. Elle était chaude, sa main, et c'était agréable. Et c'était exactement pour cela que je m'en voulais tant d'avoir tout foiré bien avant cette histoire. C'est vrai, maintenant je regrettais qu'elle m'ait embrassé. J'avais maintenant un souvenir agréable que je me trouvais obligé à confronter à une atrocité de ma part en permanence.

Léger problème ? Sans lâcher sa main, je laissai l'autre glisser doucement sur son torse jusqu'à sa joue, puis se confondre dans ses cheveux au niveau de sa nuque.

- Quel genre de problème ? Ça m'est bien égal, moi...

Ce que je pouvais être entêtée ! Quand j'avais une idée dans la tête, je ne l'avais pas dans les pieds ! Une chose était certaine, je voulais savoir ce qu'il en était, je voulais comprendre pourquoi il ne voulait pas que je m'attache trop à lui... Et j'allais le savoir, coûte que coûte !

Je secouai doucement la tête. Ça lui était égal? Évidemment, elle ne savait rien de l'affaire. Parce que si cela avait été le cas, elle aurait déjà quitté ce canapé en hurlant. Enfin non, elle ne se serait jamais assise avec moi. Elle ne m'aurait jamais embrassé, même. Après avoir inspiré un grand coup, je me résolus enfin à tout avouer. C'était mieux ainsi, et au fond de moi, j'espérais qu'elle voudrait encore de moi après ça. Qui sait, peut-être que mon côté stalker allait l'exciter? Bon, j'arrête...

-C'est moi. Les mots, sur ta porte, sur les serviettes en papier, en soirée. C'était même mon idée de départ, de jouer le harceleur. Seulement voilà, officiellement, le harceleur, c'était Adam. Moi, je ne voulais pas te toucher, t'approcher...

Quand je disais que ça m'était égal, je n'étais pas du tout préparée à ce genre d'aveu. J'imaginais vraiment quelque chose d'autre, et de moins pire surtout. C'était un coup dur. Parce que je savais qu'il avait autrefois été le meilleur ami d'Adam, mais je ne savais pas que ce coup, ils l'avaient préparé ensemble. Pire, que c'était son idée à lui, à Maxime, et qu'il avait été l'auteur des messagrs. Même si, plus officiellement, c'était Adam qui avait été méchant et complètement cinglé... Ça me faisait quelque chose.

- Que... Quoooi ? Non... Je veux dire... Il me semble que...

Je me défis lentement de lui et me levai, l'air franchement troublée. Regardant ailleurs, je fis quelques pas, comme essayant de me convaincre que ce que je venais d'entendre était faux.

Je ne parvins pas à la retenir, persuadé qu'elle devait me haïr au plus au point. Et franchement, c'était sans doute ce que je ferais, si j'étais à sa place. Mais là, j'avais un peu envie de pleurer. D'ailleurs, j'avais les yeux tous brillants de quelqu'un qui s'en voulait sincèrement. Et croyez moi, c'était vraiment le cas.

-Je t'en supplie, Katherina...je ne te voulais aucun mal. Je ne t'en veux toujours aucun...c'est..., gémis-je en la regardant de mon divan.

Je tournai la tête vers lui au son de sa voix et croisai son regard brillant. Tout aussi brillant que le mien. Je lui faisais confiance, moi ! Loin de m'imaginer qu'il avait manigancé avec cet idiot... dans mon dos... Je ne savais plus quoi croire... Tout comme j'ignorais si je devais lui pardonner. Mon coeur me disait que oui. Mais ma raison hésitait.
Finalement, je retournai vers le divan et pris lentement place à ses côtés, regardant fixement son torse au lieu de son visage.

- Pourquoi ?...