Never let you go... (Cherry)

Mais c'était quoi, ça!? Mon doudou adoré était en train de faire sa crise d'ado ou je rêvais? Non mais franchement, il n'avait jamais protesté lorsque je lui avais fait des câlins après m'être roulé dans la boue (il y a longtemps, je vous rassure...), ni quand je l'avais jeté dans le bac à sable...alors pourquoi tant de violence? Vexé, je finis par lâcher le traitre pour mieux aller bouder de mon côté. Enfin, bouder...disons que je me retournai sur le côté avec une mine trop craquante de gamin frustré. Je réussis quand même à ne pas pleurer...ce qui en soi était plutôt un gros exploit! Vous imaginez vous, être abandonné par votre plus vieil ami?

Ça y est, je me sentais officiellement mal. La tête, qu'il tirait... C'était tellement drôle, et tellement craquant à la fois... Ohh, il faisait pitié. J'aurais peut-être pas dû enlever mon bras. OU plutôt non, c'était une bonne chose ! J'allais lui développer un peu d'autonomie, à ce jeune-là ! Dodo sans peluche pour une fois !
Je pris le bas de son chandail pour essuyer mon bras puis entreprit de lui caresser tout doucement les cheveux.

Je poussai un petit grognement lorsque Katherina commença à me caresser les cheveux, persuadé que c'était doudou qui revenait vers moi. C'était bien le moment! Après m'avoir lâché comme une vieille chaussette et repoussé et renié et brisé et et...et ben il me revenait, comme ça! Je peux vous dire qu'il avait intérêt à s'excuser!

-Je vais te priver de dessert pendant au moins...1 siècle ou ou pire...trois jours! En plus, tu peux plus bouger, je t'ai mis en prison!

J'eus un semblant de rire sadique, même si c'était un peu raté. Ca ressemblait plus à...un petit couinement de souris. Mais bon, on fait avec ce qu'on a...

Ouhlà. Il était vraiment en train de gronder son doudou ? Alors celle-là, c'était la meilleure ! Je ne pu m'empêcher d'éclater de rire, surtout qu'en réalité, il s'adressait à mon bras ! Entre deux éclats de rire, je parvins à articuler:

- T'es pas un peu méchant !?

Oh merde... Quand je repensais à son "rire sadique", je riais juste encore plus. J'étais presque limite en train de crever de rire, étendue là dans l'herbe à côté de lui. J'avais mal aux côtes, et peinait à retrouver mon souffle. J'en pleurais, même. Oufff !!

Mais pourquoi, pourquoooiiiiiii tant de haaaaaaine? Pourquoi est-ce que doudou se moquait de moi!? Je l'entendais rire comme un taré juste à côté, et c'était vraiment gênant! Non mais, pour qui il se prenait d'abord!?

-Je suis pas méchant. C'est TOI qui est méchant. Tu m'as laissé...tout seul.

Et c'était vrai. Ce vilain ours en peluche m'avait rejeté et...et...Niaaaah, ne pas pleurer! J'étais fâché. Très en colère. Pas triste. Ok.

Je décidai de jouer le jeu, parce que franchement, c'était trop drôle. D'accord. Alors j'étais le doudou. Voyons voir si je pouvais tirer une quelconque réaction à Maxime en lui faisant gentiment la conversation.

- Et moi, tu penses à moi un peu parfois ? Tu me baves dessus, tu me serres super fort... Je suis toujours là pour toi ! Et moi, j'ai quoi en retour, hein ?

Oh bon sang. Sérieux... Ya quelqu'un qui a une caméra ? Ce serait trop une scène à filmer et à mettre sur le Net ! Oh non, ça serait trop méchant, ça...

-Mais je t'aime!

Ca avait été comme un véritable cri du coeur. Ouaip, je l'aimais, mon doudou. Tellement même que quand ma maman avait voulu le jeter, j'avais fondu en larmes (c'était il y a deux semaines, paix à mon âme) puis le lui avait arraché des mains avant de lui claquer la porte au nez. Ouais, je ne m'étais jamais disputé avec ma mère. Première fois. Il faut dire que là, insinuer que cet ours d'amour était dégueulasse et tombait en miettes...quelle erreur!

-Je t'ai toujours défendu quand tu en avais besoin X__x

Oh, oh... On rit pas ! On fait comme si ce grand adolescent ne venait pas d'avouer publiquement qu'il aimait encore son doudou de ton son coeur, même à cet âge ! Oh wow. S'il l'avait depuis qu'il était tout p'tit, elle devait être foutument vieille cette peluche !

- Mais comparé à tout ce que MOI j'ai fais, c'est pas grand chose. Je t'ai consolé, j'tai aidé à dormir... j'étais là chaque fois pour un câlin. Maintenant, j'veux quelque chose en retour. Mon travail de doudou est trop dur et mal rémunéré ! J'veux une augmentation de salaire, point barre. Et je changerai pas d'avis !

Ouaip. C'était la rébellion du doudou, non de dieu !

Là, c'en était trop. Doudou m'avait brisé le coeur et en plus, il me faisait maintenant du chantage. J'étais en train de me rendre compte que depuis que j'étais un tout petit bébé, j'avais profité de lui sans penser à son bonheur. Et ça faisait mal, très mal.

-Excuse mouuuaaaaa, mais j'ai pas d'argeeeeent, mamaaaaaan m'a puniiiiii parce que j'ai été méchant avec elle en voulant te défeeeeendre!

Je ne pleurais pas encore, mais je n'en étais pas loin. Parce que doudou ne m'aimait pas, mais que moi si. Tant. C'était pire que de se prendre le plus gros rateau du monde avec une fille franchement canon. C'était la fin de toute mon existence, le tout en une seconde. Doudou allait me quitter, et je n'aurais plus personne. personne.

Oh non, ça ne pouvait pas se finir comme ça. C'était beaucoup trop triste comme fin, comme un super bon film qui est gâché par les quelques dernières minutes qui sont absolument nulles. Il faut pas que ça finisse mal, je m'en voudrais trop de le savoir troublé et perturbé à vie par la perte de son doudou qui l'aurait abandonné. Hum...

- Euh... Paye-moi autrement, alors ! Trouve autre chose ! J'suis pas bien difficile, tu dois bien pouvoir trouver un truc qui m'ferait plaisir...

Muahahah. Je me sens profiteuse, là. J'pourrais me servir de lui pour plein de trucs ! Genre, doudou lui demande d'acheter plein de chocolat à Katherina, et houp, quand il se réveille, c'est moi qui profite !! =D
... Non, m'étonnerait que ça marche...

Le payer autrement? Mais qu'est-ce que je pouvais lui donner, moi? Un baiser mouillé, un câlin? Mais...mais il n'en voulait plus, il disait que c'était nul et qu'il en avait marre! J'avais une dette envers doudou...et cela ne pouvait plus durer. Et soudain...l'idée. La bonne. Après tout, je le connaissais si bien, mon ours en peluche préféré! Bref, j'avais à peu près trouvé ce qu'il voulait. Enfin c'est ce que je croyais.

-Je sais que t'es un p'tit pervers, alors...ben, j'te laisserai sous le lit un de ces jours, quand j'aurai une fille à la maison. Okay?

... Ça y est. Il vient de détruire à jamais les charmants souvenirs que je gardais de mon propre doudou. De savoir que le sien était un pervers venait de me traumatiser à vie. ... Non, je blague. Mais sérieux, j'comprenais vraiment pas où il allait pêcher toutes ces idées !

- Dessous ? Rooh, j'préférerais être sur la table de chevet... J'serais super discret, caché derrière quelques ptits trucs ! Et puis... C'est nul, le jour où tu ramèneras une fille à la maison, j'serai plus en état de profiter de quoi que ce soit !

Euh... Où est-ce que je voulais en venir, avec ça ? Ça sonnait pas comme "dépêche-toi de trouver une jolie fille à ramener dans ton lit", non ? Hein, hein, ça sonnait pas comme ça ?

Je faillis lui répondre qu'il n'était plus en état de profiter de quoi que ce soit. Mais mes sentiments à son égard m'en empêchèrent; Je ne pouvais tout simplement pas lui dire quelque chose d'aussi méchant. C'est pourquoi je me contentai de soupirer en bougeant un peu dans l'herbe.

-C'est ça, c'est ça...En attendant, je t'ai jamais vu ramener une seule oursonne à la maison, TOI. Chuis sûr que t'es toujours puceau...

J'étais pas méchant, je faisais juste un constat. C'est que moi, j'aurais bien aimé qu'il se trouve une gentille oursonne en peluche, et se reproduise avec pour faire plein de petits doudous, wiiii!

- Que... Même pas vrai ! Et puis d'abord, si j'suis toujours resté seul et sans oursonne, c'était par loyauté envers toi ! Mon premier devoir était d'être ton doudou ! ... T'aurais dû demander une oursonne à ta mère en cadeau de Noël !

Ça virait au n'importe quoi. Pendant qu'il méditait tranquillement sur ma réponse, je me levai pour aller acheter une glace au vendeur de glace du coin de la rue. Mouuuahah, crème glacée au chocolaaat... D'accord, c'pas bon pour la ligne. Mais on s'en fiche, je fais ce que je veux. -.-
Je revins ensuite m'asseoir aux côtés de Maxime et sourit.

- Parlons franchement. Ya une jolie fille qui t'a tapé dans l'oeil ? J'suis ton doudou depuis toujours, tu sais qu'tu peux tout me dire ! Et... t'es pardonné pour avoir abusé de moi. T'en fais pas.

-Crois moi, tu es la dernière personne à qui je songerais pour confesser mes émois. En plus, depuis que la petite stagiaire de l'année dernière est partie, huuu...non, franchement, y'a bien une fille qui me plait. Mais j'te l'dirai pas. Sauf...sauf si tu avoues que tu t'es jamais fait aucune oursonne en peluche, jeunot!

Je ris doucement avant d'éternuer, dérangé par un brin d'herbe qui me chatouillait le nez. Bien heureusement, il n'y eu aucunes...projections. Et je pus donc continuer à dormir tout simplement, sans même appréhender la réponse de mon nouveau doudou Katherina. C'est vrai quoi, en plein sommeil, je ne connaissais ni stress si gêne.

HAHA !! J'allais enfin lui tirer des vérités troublantes que je pourrais ensuite utiliser contre lui ! Haaa, mais c'est le comble de la manipulation ! Il faudra que je pense à lui faire un groooos câlin et à être gentille avec lui pour me faire pardonner. oui, c'est une bonne idée ça !

- ... C'bon. T'as gagné. Non, j'me suis jamais fait d'oursonne en peluche. Mais, mais, mais... J'ai bien voulu essayer avec le canard, mais il a pas trop apprécié...

En espérant qu'il ait réellement eu un canard en peluche. Mais, tout le monde a déjà eu un canard en peluche, non ? Moi, si ! J'en ai eu un ! Et puis il était tout mignon, et il s'appellait "coco" et si je pesais dessus, il faisait un petit "couic" !! Ahh... J'avais deux ans, à l'époque. J'avais tellement joué avec Coco...

Non...il avait voulu...avec mon canard!? Avec MARCEL, mon canard qui avait perdu tous ses poils le jour où je m'étais retrouvé avec lui dans une main et des ciseaux dans l'autre. Le pauvre Marcel, qui avait aussi perdu une patte dans la bataille. Doudou et Marcel. Non. Impossible.

-J'y crois pas...t'as pas fait ça, quand même!? Pis cours toujours, j'te dirai pas. C'est secret èé

Ouais, c'est secret. Et quand c'est secret, faut pas le dire! Ben oui, c'est logique. Et puis c'est gênant aussi...même si j'avais confiance en lui, fallait pas abuser. C'était classé défense, même.

- Hé ! J'tai quand même révélé mon secret le plus gênant ! Pfff... Chuis sûr que c'est parce que t'es gay, que tu veux rien me dire. Menteeeur.

Bon, c'était pas aujourd'hui que j'allais obtenir des informations utiles pour pouvoir lui faire du chantage. Dommage, ça aurait été bien quand même...
Je poussai un léger soupir et posai la main sur l'épaule de Maxime, bien décidée à le réveiller pour vrai cette fois. Alors je le secouai sans ménagement. Tant pis, il l'avait cherché ! J'avais été douce avec lui, au début !

Je n'eus pas le temps de protester, car on me secoua violemment. Enfin, violemment pas très doucement quoi. Après avoir grogné un peu, j'ouvris les yeux et découvris le visage de Katherina au dessus de moi. Hein? Mais où pouvait bien être passé doudou? Doudou, DOUDOOOOOOOOOOUUUU! Où es-tu mon beau!?

-Où est...pourquoi...comment?

- Rebienvenue parmis nous !

Je lui adressai un sourire rayonnant. Gentille, gentille. Je l'avais quand même utilisé à des fins malveillantes. Espérons juste qu'il ne comprenne pas que j'étais en fait doudou. Mais pour ça pas de risques, c'est un mec. Comme s'il pouvait se rendre compte d'une telle supercherie !

- Alors, bien dormi ?

-Uuuh, ouais, super...

Je me grattai pensivement la nuque, essayant de repérer Doudou au loin. Mais il semblait bien caché, ce sale petit pervers...quand je pense qu'il avait insinué que j'étais gay! Et que j'étais incapable d'avoir une copine, aussi! Grrrr, sacré boulet d'ours en peluche!

Une fois un peu calmé, je pensai enfin à m'étirer et souris vaguement à Katherina. J'ignorais pourquoi elle souriait autant, elle, et qu'elle était toute gentille, mais quelque chose me disait qu'il valait mieux ne pas le savoir. Mouais, bonne idée...

- N'empêche que, t'aurais pu prévenir, que t'allais faire une sieste ! J'ai cru que t'étais mort, pendant, quoi, une demi seconde !

Je fis mine d'être vexée, me détournant et croisant les bras. Boudant même un peu, pour la forme. Puis, je me levai et m'étirai.

- Bon c'est pas tout. Moi, j'ai faim. On va manger un truuuc !

Bon sang, parfois, je pense que je suis un peu trop hyperactive. Et je le bousculais vraiment ! Il venait tout juste de se réveiller, et moi, hop hop hop, debout et on repart !

-Mort? Mais non, et puis...rassure toi, ça ne risque pas d'arriver avant longtemps. Je sais à quel point cela serait difficile à vivre...la mort de ton modèle, du gars que tu admires le plus au moooonde, le plus beau gars de tout le lycée...aah, quelle tragédie.

Je me levai en secouant la tête, puis passai un bras autour de ses épaules avec décontraction. Non, pas d'approche foireuse en vue d'une soirée à deux. Juste...en fait, j'étais très tactile. J'avais besoin de sentir les gens avec qui je vivais près de moi, et de les toucher. Or, Katherina ne dérogeait pas à la règle.

-Une envie spéciale, pour le repas?

Ouais, je sais, j'étais trop galant...la classe, non?

- Oh c'est fou. J'aurais jamais survécu à une telle perte.

Je souris d'un air moqueur suite à cette phrase dite sur le ton le plus sarcastique possible. Puis, je m'appuyai un peu sur lui, alors qu'il avait son bras autour de mes épaules, et déclarai:

- Pour te dire franchement... Non. Je sais pas de quoi j'ai envie, alors on se trouve un charmant resto et je vais consulter le menu pendant au moins dix bonnes minutes. C'est ok pour toi ?

-Oui, Capitaine! Mettons les voiles dans ce cas sur...celui-là!

Je désignai alors un petit resto un peu plus loin dans la rue, avec une terrasse paisible où seules quelques personnes se prélassaient au soleil. Oui, c'était un bon endroit pour manger quelque chose de sympa en tête à tête. Ou juste à côté. M'enfin, l'un ou l'autre, il n'y avait pas tant d'autres solutions possibles.