PV Loupio ♪

- Allez, ça va aller t'en fais pa... ETHAN, LÂCHE CE BÂTON ! >_<"

Le petit brandissait un bout de bois comme si c'était une épée, et venait de passer tout près d'assomer Ruby deux ou trois fois. Avec un air piteux - raaah je déteste quand il fait cette tête-là, je me sens mal à chaque fois... - il lança la branche plus loin et s'installai plus calmement à côté de Ruby. Voyant que le danger était écarté, je me retournai une seconde fois vers Ariane. C'est dûr de surveiller un gamin et de faire autre chose en même temps, bon sang !

- Si ça se trouve, il va pas le prendre si mal que ça... Je suis sûr qu'il va être correct. T'en fais pas.

C'était pas comme si il était aveugle ou un truc du genre. Là, ça serait chiant. Mais même sans âme, il pouvait vivre une jolie vie quand même, j'imagine... Bon, j'en avais franchement aucune idée, je n'avais jamais vécu ça, mais bon...

- Oh, Ariane...

Je lui fis un gros gros câlin pour la réconforter. Je savais bien, que c'était pas facile... Euh, un caillou ? Pourquoi elle lui donnait un caillou ? C'est fou comme les enfants, ça pense que n'importe quel truc pas intéressant nous fait plaisir quand ils nous les donnent... Bon. Voilà Ethan qui s'en venait avec une substance non-identifiée.

Dans ses belles petites mains - d'ailleurs toutes sales - il tenait une sorte de tas de terre un peu humide de la pluie récente. C'était visiblement moelleux et un peu dégoûtant, et il avait mit - "assaisonné, selon lui - le tout avec des brins d'herbe bien verts. Et voilà le premier plat préparé par notre fils: C'était, encore une fois selon lui, une pizza. Et les brins d'herbe, c'était le fromage. M'ouaiis... J'aurais jamais deviné. Euuuh... Il tenait vraiment à me mettre ça dans la main ?

J'acceptai pour lui faire plaisir, lâchant Ariane et tendant la main pour qu'il dépose sa mixture dans ma paume. Ah, génial. En plus, c'est Ariane qui allait être contente pour le débarbouiller après, il s'était mis de la terre partout. Même dans les cheveux, si ça se trouve.

- Eh eh... Bravo Ethan... C'est, hum... Très joli.
- Ben... Tu manges pas ?
- Euuh...
- Allez, papa ! Steuuuplait ! C'est bon !

Il se fourra un brin d'herbe dans la bouche, et j'écarquillai les yeux en le dévisageant. Ah ben voilà, les premiers problèmes que lui apportaient mon cerveau peu développé.

- N-Non, mange pas ça Ethan, on peut pas manger ça, c'est pas bon.
- Ben ma pizza, elle l'est. Go !
- Bon bon, d'accord. Je la mange, mmm...

Je fis mine de porter la pizza à ma bouche et de croquer dedans. Ah, c'est fou comme ça sentait bon, de proche, comme ça...

- Yééé ! Je t'aime, papouu ! Est bonne, hein ?
- ... Délicieux.

Une chance quand même qu'il était naïf au point de croire à mon cinéma. Et pourtant, j'étais horrible comédien. Bref.

Je bougonnai un peu en la voyant bien se retenir de rire. Pendant qu'elle commençait à nettoyer notre beau garçon, je profitai du fait que celui-ci me tournait le dos pour balancer sa pizza plus loin. Comme ça, il ne s'en rendrait pas compte et ne serait pas troublé. Voilà. N'empêche que, maintenant, j'avais les mains vides et il me regardait avec de gros yeux surpris.

- Tu l'as mangé ?
- Ben... Oui.
- Mais t'avais dit qu'cétait pas bon et qu'il fallait pas !
- Non, mais... Je veux dire, j'ai fais semblant de la manger. Après, j'ai, euh, donné le reste aux oiseaux là-bas.

Il sembla rassuré en voyant son tas de terre au pied de l'arbre. J'crois bien qu'il avait eu peur que je l'aie bouffé pour vrai. M'enfin. Il était plus préoccupé aussi en ce moment par le débarbouillage extrême de ses joues. Il semblait pas très content, mais bon, y'avait qu'à pas s'en mettre partout. Je me nettoyai gentiment les mains, et repris même une deuxième lingette. C'était tenace, ce truc !

- M'maaaan... Ça fait mille fois que tu me frottes ! Ça va, chuis propre !

Oh... Je crois que je la sortais souvent, cette phrase-là, à ma mère, quand j'étais tout p'tit. Non, allez pas croire que j'étais un malpropre, mais j'aimais pas particulièrement me laver. Surtout quand ma mère s'acharnait sur un coin de peau que je trouvais totalement propre. Pas assez selon elle, en tout cas. Peuuh...

"Hééé Jason... Comment tu réagirais si je te disais que le Gorille a une mission à te confier ?"
"Euuuh...."
"Je l'entends d'ici, je suis caché, faut pas qu'il me voit... Il dit qu'il va t'en parler, euh, maintenant !"

Je fronçai les sourcils et attendit. Selon Sam, King Kong s'en venait directement me voir pour soi-disant me confier une mission. Ahh, euh... m'ouais. J'aurais dû m'en douter. Aucun respect pour les mères de famille et leurs enfants, ici ! En tout cas, j'espère que c'était pas trop dur, ni trop long...

(xD Idée Oo)

"Oh, il a l'air furax..."
"Ça fait changement... >_<"

Je vis alors monsieur le Gorille en personne qui sortait justement de l'Académie et s'en venait dans ma direction. Je levai les yeux vers lui. Ah bah tien, Sam avait raison: Il semblait de mauvaise humeur. Mais comme je l'avais dit, c'était pas nouveau. Il se posta devant moi après un regard dégoûté en direction des deux enfants qui se roulaient dans l'herbe. Arff, non, lui il avait certainement pas d'enfant, y'avait pas à se poser la question ! Juste à voir la façon dont il semblait traumatisé par ces deux adorables créatures...

- JASON !
- OUI CHEF !
- Ha. Ha. Ha. Fais pas le malin avec moi...
- OUI CH... euh... d'accord. Pardon.
- Je suis bien malheureux de t'annoncer que, aussi incompétent et idiot puisse-tu être, tu pars en mission !
- Eh...

Il s'attendait sûrement à une plus grosse réaction, car il restait perplexe quelques instants, avant de se reprendre et poursuivre:

- Et ce n'est pas n'importe quelle mission ! C'est une mission de la plus HAUTE IMPORTANCE ! D'ailleurs, je me demande encore pourquoi le boss a décidé d'envoyer un imbécile pareil, mais bon...
- J'peux savoir c'est quoi, cette mission ?
- Chriss a des problèmes. On t'envoit l'aider. Ou, si l'on voit les choses plus dramatiquement, lui sauver la vie. Dans le meilleur des cas, le ramener vivant.

QU...QUOI !?

Je levai les yeux vers Gorille, sûre de m'être trompée. Il n'avait pas dit...sauver la vie? Ramener vivant? Mais alors, ça voulait dire que...que que que...qu'il était en danger alors!? Mais, mais mais...mais noooon! Je me tournai ensuite vers Jessica, et tendis les bras pour prendre au moins l'un des bébés. Je sentais que sinon, elle allait en faire tomber un. Devant son absence de réaction, je les pris tous les deux, en déposai un dans la poussette double et gardai l'autre contre moi. Il gazouillait contre mon épaule, inconscient de la gravité du problème.

-Ramenez-le moi...ramenez-le moi vivant, je vous en supplie!

Jessica était blanche comme un linge, et je voyais ses mains trembler légèrement, hors de contrôle. Je comprenais. Chriss n'était pour moi que...bon, peut-être la personne qui m'avait obsédée pendant longtemps. Et qui continuait un peu à m'obséder. Mais pour elle, c'était son mari, le père de ses trois enfants et...enfin, elle en était tellement amoureuse quoi! Et c'est aussi à cause de ça que je me levai pour me dresser devant Gorille, toujours le petit de Jessica dans les bras.

-J'en suis. Je sais que ça va être dur de laisser Ethan... -je jetai un regard anxieux et protecteur vers mon fils avant de reprendre- mais je veux ramener Chriss. On a besoin de lui ici, et pas ailleurs.

- Nan, tu comprends pas. C'tune mission d'homme, ça. Et si je doute que lui y arrivera - il eut un geste du pouce dans ma direction - alors toi, on en parlera pas !

- Hé, j'vous interdit de parler d'Ariane de cette façon !
- ... Avec beaucoup de trucs en hauteur, besoin de beaucoup de muscles dans les bras, une endurance hors du commun, des capacités de mec. Non, toi tu restes avec ton morveux pendant que ton copain va *koff koff* sauver l'aut' incompétent.

Je secouai la tête, complètement troublé. Sur mon visage, un mélange d'étonnement, d'incompréhension et de peur. Chriss, c'était après tout mon Instructeur. Non, peut-être quee ce n'était pas comparable à ce que Jessica, ou Ariane, pouvaient ressentir en ce moment. Mais je ne voulais malgré tout par le perdre comme ça. Et si je pouvais faire quoi que ce soit pour l'aider, j'étais prêt à partir n'importe quand. Tant mieux, d'ailleurs, car King Kong me précisa que j'y allais dès la fin de l'après-midi. Je rassis doucement Ariane et passai un bras autour d'elle, alors que le Gorille s'éloignait pour terminer les quelques préparatifs.

- ... T'en fais pas. Je vais y aller. Et je vais le ramener bien vivant. Il vaut mieux que tu restes ici et t'occupes d'Ethan. Si cela avait à... à mal tourner, je... je voudrais pas qu'il... je l'aime beaucoup et... Hum.

Je secouai un peu la tête, l'air découragé. Voilà, elle m'accompagnait officiellement. Ce qu'elle pouvait être tête dure, quand elle voulait vraiment quelque chose...
Je passai doucement ma main dans les cheveux d'Ethan, dans un geste réconfortant. Un cadeau ? Faudrait voir. En espérant avoir le temps et la possibilité de lui choper un petit quelque chose... Mais à vrai dire, je crois que ce serait sûrement plus simple de lui acheter une jolie peluche à notre retour et lui faire gentiment croire que c'est là-bas qu'on l'a prise. Ah... En tout cas, on verra bien.

- T'en fais pas, ça va passer vite vite. On va se revoir bientôt.

Je l'espérais. Je me levai pour aller rejoindre le gorille et lui annoncer qu'il fasse préparer deux équipements plutôt qu'un. Il semblait furieux, son visage passa au rouge et une veine commença à palpiter sur son front. Mais ça, je m'en fichais bien. Je repartis avant même qu'il n'ait eu le temps de se plaindre. Maintenant, le truc c'est... Euh, qui va garder notre n'amouuur ? J'voulais qu'il soit super en sécurité moi ! Et dorloté, et bien traité, et... ouais, quoi !

Je ne savais pas trop si c'était une excellente idée, mais nous n'avions pas trop le choix non plus. À genoux après d'Ethan, je mis une main sur son épaule et sourit.

- Tu seras un bon garçon, hein ? Il faudra que tu sois super sage.
- T'inquiète pas papa. Chuis capable d'être sage !
- Oh ça je le sais, mon chéri.

Il passa ses petits bras autour de mon cou, et me serra fortement contre lui. Après ce gros câlin, je me relevai et jetai un regard à ma montre, puis à Ariane.

- On a tout juste le temps d'avaler un petit quelque chose avant d'y aller. Gorille ne tolérera pas une seconde de retard, visiblement.

J'allais pas avouer que ça me brisait le coeur de le laisser derrière. Ariane s'inquiétait déjà suffisamment comme ça sans que je n'en rajoute. Elle s'inquiétait pour deux, en fait. Et si nous voulions mener à bien notre mission, il fallait se concentrer là-dessus et arrêter de se faire du souci pour rien. Ethan allait bien, il restait avec Jessica. Elle avait de l'expérience. Tout allait bien aller.
Je passai à la cuisine prendre un demi sandwich. Je n'avais pas très faim tout à coup, mais c'était préférable de manger un peu pour avoir au moins un petit quelque chose dans le ventre. Puis, après avoir mangé, ce qui ne fut pas bien long, je pris la main d'Ariane et l'entraînai vers notre charmant gorille. Il avait l'air pas content, mais il ne dit rien contre le fait qu'Ariane était là et lui fit simplement signe de passer à l'habillement au plus vite. En fait, il m'avait expliqué super brièvement ce qu'on avait à faire. Chriss était parti dans sa superbe mission, et il avait des problèmes. Ils n'étaient plus capable de le joindre depuis quelques temps et nous envoyaient pour aller le chercher. Ils n'arrivaient même pas à le ramener ici eux même, de force, ce qui était mauvais signe. Donc, il devait être sérieusement dans le trouble.

(Ouéé en fait j'sais pas trop c'était quoi la mission super dangereuse de Chriss XDD T'as une idée toi ? Oo)

(xDDD eeeuh...un truc pendant la seconde guerre mondiale, où Chriss devait essayer d'arrêter un type dangereux qui voulait faire en sorte qu'Hitler parvienne à détruire le monde? Oo)

J'écoutai religieusement le discours de Gorille avant de me faire enlever par cette hystérique de styliste. J'ignorais encore dans quelle époque nous allions, et vu qu'elle s'occupait en dernier de la tenue ben...j'étais carrément pleine d'appréhension. La femme qui s'occupait de moi allait et venait autour du siège où j'étais assise, farfouillant dans la salle et dans les armoires qu'elle contenait jusqu'à avoir les bras chargés de machins bizarres. Je savais par expérience qu'elle allait me teindre les cheveux d'une couleur fadasse, histoire que je me fonde dans une époque où l'on ignorait encore les joies des mèches et tout le tralala. Elle allait sûrement me refaire une coupe, aussi...Arrrh, l'horreur. Je crois que je préférais vraiment l'époque de Jack l'Eventreur, au moins j'avais pu garder mes beaux cheveux longs...

(Oh ouii !! Plein de générals dangereux + Hitler + guerre, bombardements et tout ça = Adieu Chriss si personne ne l'aide ! Ouaiis !! XD)

En voyant une deuxième femme s'avancer vers moi - pas le temps que l'autre ait fini avec Ariane, il fallait pouvoir partir le plus vite possible - j'haussai les sourcils. Elle... Elle allait me raser les cheveux, là ? Oui, c'était carrément ça. Elle allait les mettre si courts que je pourrais faire "Kiwi, pêche, kiwi, pêche" (Bon d'accord, j'explique XD Mon ami s'est fait couper les cheveux super court et quand on passe notre main dessus dans un sens, c'est un peu rude, c'est Kiwi. Dans l'autre sens, c'est doux, c'est pêche. XD Donc, passer notre main allé-retour sur ses cheveux, ça fait "kiwi, pêche, kiwi, pêche" xDDD). Je ne comprenais pas le but. Je ne pouvais pas garder mes cheveux comme ça !? Visiblement, non. Elle s'appliqua à me faire une jolie coupe rasée, puis s'attaqua à tout autre détail. Comme par exemple, me re-teindre en blond - faut dire qu'avec le temps, et le soleil, mes cheveux avaient viré plus châtains foncé que blond. Et voilà, de retour à ma couleur naturelle. Un beau blond éclatant. Puis, elle s'attarda un instant sur mes yeux et sourit, ravie, en mentionnant un truc comme "pas besoin de verres de contact". Je ne compris pas au début. Puis quand elle m'emmena derrière un joli paravent pour me changer, je saisis. Alors voilà, j'allais être un beau grand soldat Nazi, c'est ça ? Vu les vêtements qu'elle me tendait, c'était sûrement ça. J'avoue que c'était bien trouvé. Surtout qu'avec les cheveux blonds, les yeux bleus, je faisais Allemand. Même que, je faisais allemand parfait. Euurk ça me dégoûtait. Mais pas le choix. Je m'habillai avec ce qu'elle me donnait, pour que j'ai l'air aussi professionnel que possible.

(Run Chriss, ruuuuuun! Non mais il faudrait pas qu'il se prenne un obus dans la tête quand même... Et kiwi, pêche, kiwi, pêche...mdrrrrrr!)

Une fois teinte en espèce de châtain complètement fade et déprimant, je me retrouvai à devoir subir une coupe toute aussi classique qui m'arrivait à peine aux épaules. Adieu la longueur, et pas question de dégradé ou de frange! Non, maintenant j'étais officiellement une femme qui vivait dans les années 40. Génial...Heureusement, je réussis à négocier mon sort lorsque la styliste me tendit des lentilles de contact. Alors là, pas question! Mes yeux verts étaient très bien comme ça...surtout que ses lentilles avaient juste pour but de les éclaircir, alors tant pis.

L'habillement, lui, n'était pas négociable. Je croyais qu'elle s'était trompée de tenue avant qu'elle ne se mette à arracher mes vêtements pour me coller des chaussettes montantes, une robe qui m'arrivait en dessous des genoux et une blouse blanche un peu tâchée. Naméoh, même pas foutue de me trouver des vêtements propres! Aaaah...mais c'est vrai que si je devais me faire passer pour une infirmière, autant faire croire que j'avais de l'expérience. Ouais. Mais...attendez, je voulais amputer personne moi, yaaaark!

(Haha xD Ça serait presque drôle ! :O Enfin... Moi faudrait pas que je retourne dans le temps comme ça, j'assassinerais Hitler. Et ça changerait le cours de l'histoire et tout serait bouleversé... ^^")

Je ressortis tout habillé devant le Gorille qui aussi les sourcils. Je croyais avait droit à un commentaire négatif, voir méchant et totalement mesquin, mais il déclara:

- Tu fais très réaliste. Gaaarde à vous soldat !

Aussitôt, droit comme un piquet, la main sur le côté de la tête, l'air sérieux et immobile. Et... Et un premier minuscule sourire passa sur les lèvres de King Kong. Il me donna une claque derrière la tête, mais tellement peu fort comparé à d'habitude que je pris cela comme une marque d'affection.

- ... Et tu as l'attitude. Peut-être que finalement, tu pourras servir à quelque chose dans cette mission...
- Euh, merci ?... Je vais le prendre comme un compliment, j'imagine...

Et alors, le petit monsieur aux gadgets s'approcha de moi et me tendit le fusil le plus performant possible pour l'époque. Fallait pas que j'aie des armes surdéveloppées, mais je pouvais quand même avoir la meilleure qualité et technologie qui existait dans ce temps-là ! Aussi, et ça c'était totalement invisible, j'avais une petite veste pare-balles ultra performante. Dans le temps, il en existait déjà quelques-unes, mais c'était presque totalement inutile et offrait une faible protection. La mienne était très protectrice, bien plus que ce qu'il existait à l'époque, mais faite mince de sorte qu'elle avait l'apparence de celles que portaient les soldats de l'époque. Ils voulaient quand même que j'aie un minimum de protection de plus, pour survivre à cette mission.

- Je sens que ça va brasser...

Je m'inquiétais deux fois plus pour Ariane, maintenant. J'aurais bien préféré qu'elle ne vienne pas, là ! Ça pouvait être dangereux !

- Allez, cette fois je te lâche pas, hein !

Je ris un peu même si en fait, j'avais pas le coeur à rire. Cette fois, il ne fallait absolument pas se perdre, parce que ce serait fort dangereux. Je serrai un peu plus sa main, adressai un léger signe de tête au gorille et entraînai Ariane dans le portail. C'était encore une fois spécial, mais je m'étais habitué aussi, à la longue. Cette fois, on se retrouva tout les deux ensemble, et relativement sains et saufs. Parce qu'on avait réussit à atterir debout - woow, première fois de ma vie que je ne m'explose pas la gueule lors d'un atterissage ! - mais dans des conditions... ouais. Pires que la mission "Jack l'Éventreur". C'était assourdissant. Il y avait des bombardements, des bruits de tirs, des avions. Le tout mélangé ensemble pour faire un brouahah de guerre hautement désagréable. Personne n'avait rien remarqué en plus, faut dire qu'ils étaient occupés ailleurs. Bon. Fallait faire quoi, maintenant ? Je ne voulais pas tuer d'innocents, moi ! Je ne voulais tuer PERSONNE en fait. Surtout que j'étais du côté des méchants bien malgré moi, alors je ne voulais pas abattre des Américains, des Français, des Anglais, des Canadiens ou peu importe ! Naoon, ils étaient ceux qui avaient mit fin à cette menace que représentait Hitler et son armée...

- On fait quoi !?!

Subtile... Il fallait que je crie pour qu'elle m'entende avec tout ce bruit.

-J'en sais rien!!!, lui hurlai-je en retour.

Le pire dans toute cette affaire, c'était peut-être de devoir être obligé de parler allemand. Nan mais vous me voyez, moi, parler une langue aussi barbare et...d'ailleurs on ne parle pas l'allemand, on vomis l'allemand. Nuance Oo

Heureusement, j'avais suivi depuis le premier jour passé à l'Académie des cours très poussés dans toutes les langues existantes sur terre ou presque. Chinois, Russe, Italien, Croate, Espagnol, Arabe, Polonais, j'avais tout appris, et j'en passe! Et bien malheureusement, j'avais aussi eu Hitler en personne (ou presque) en guise de prof d'Allemand durant plus de deux ans. Ouais, allez savoir pourquoi, c'est la langue pour laquelle j'ai eu le plus de mal à apprendre. Bizarre, non? --"

Bref, revenons à notre mission. Nous étions euh...dans une espèce de ville un peu défoncée. Même plus une ville à proprement parler, puisque les seules habitations qui semblaient grouiller de monde étaient des tentes militaires alignées sur des centaines de mètres. Et des soldats, partout. Parfois une femme ou deux, type cuisinière ou infirmière. J'étais une infirmière, et je me fis embarquer par une allemande en moins de deux secondes. Je réussis néanmoins à faire un dernier signe à Jason avant que nous n'entrions dans une tente, l'une des plus vastes. Un cimetière où la particularité des morts était de respirer. A part ça, il n'y avait pas grand chose de différent. Je pris une grande inspiration et me forçai à réciter sans m'auto-baffer:

-Hallo, ich war in ein Lager weit weg und ich muss arbeiten übertragen.

Wai, cherchez pas, je vais vous faire la traduction: En gros, je lui avais demandé si je pouvais avoir du travail. Ou alors je l'avais traitée de grosse vache, allez savoir...N'empêche, j'avais pris un accent italien pour expliquer ma difficulté à m'exprimer en un allemand parfait. Et vu que l'Italie était un pays allié de l'Allemagne...enfin, peut-être. Si ca se trouve, ils allaient me brûler tout de suite!

-Arbeit? Aber du bist mein ziemlich verrückt, es gibt keine Notwendigkeit zu fragen! Come on, an die Arbeit!, s'écria l'infirmière en me désignant une des cinq rangées de lits occupés par des soldats gémissants, tous au bord de l'agonie.

Soit à peu près: Du travail? Mais vous êtes folle ma jolie, il n'y a pas besoin de demander! Allez, au boulot!

Je la regardai s'éloigner en lui adressant un dernier sourire que je voulais rassurant. Puis, je me fis apostropher par un général qui s'étonna de mon air frais et reposé. Bon, je vous explique tout de suite ici: J'ai suivis aussi quelques cours intensifs - encore plus que ceux d'Ariane, sûrement, parce que j'avais dû apprendre le tout en pas mal moins de temps - et l'Allemand était celui que j'avais eu le plus de facilité à réussir. En fait, c'est que j'ai toujours parlé Allemand à peu près couramment. Mon oncle était Allemand. Ou alors c'était mon grand oncle... Ou peut-être un arrière grand-père, allez savoir. En tout cas. Tout ça pour dire que je vomissais mon Allemand à la perfection.

- Ich habe gerade angekommen und ich...
- Folge mir, folge mir! Ich kann Ihnen in meiner Gruppe zu nehmen. Du wirst mit meinen Soldaten zu kämpfen.

Je n'avais pas eu à dire grand chose en fait. Je lui avais à peine annoncé que j'étais nouveau ici qu'il s'était empressé de me demander de le suivre, pour soit-disant m'intégrer à son groupe à lui. Son groupe de soldats, j'veux dire. Pour que je puisse combattre avec eux. En fait, c'était sûrement parce que j'avais l'air en pleine forme et en excellente santé qu'il en avait profité pour me prendre avec lui. Bah, tant mieux, au moins ça c'était un point de réglé. Ç'avait pas été long... Maintenant, faudrait bien retrouver Chriss hein ! Pratiquement impossible ! >_<

Bon. Je n'avais pas le choix, il allait falloir m'occuper de tous ces pauvres gars, allemands, certes, mais pas très bien en point quand même. Je tentai d'expliquer à l'autre infirmière que j'étais débutante, mais elle me répliqua sèchement que toute seule, elle n'y arriverait jamais. Certes. Du coup, je m'approchai doucement du premier lit. L'homme était plutôt tranquille par rapport aux autres qui gémissaient, et semblait plongé dans un profond sommeil. Il avait une partie du crâne bandé, et serrait dans sa main un papier chiffonné. Une lettre de sa famille? La voix de l'infirmière me rappela sèchement à l'ordre. Pas celui là, il était mort dans la nuit. Oh. Super. Je jetai un regard désolé au cadavre avant de passer au suivant, qui lui, était tout ce qu'il y a de plus vivant. Il s'accrocha à moi dès que je m'approchai du lit de fortune où il était allongé.

-Schade, etwas zu tun, ich bitte euch!

Wah, c'est fou comme les allemands avaient toujours l'air de gueuler des insultes même quand ils suppliaient à une infirmière de les soulager. Je jetai un regard perdu autour de moi. Pas de doliprane, évidemment...mais sur la table de chevet, une cruche remplie d'eau et un linge déjà tâché de sang. Tant pis, celui-là semblait avoir de la fièvre et il ne ferait sûrement pas tout un cirque pour quelques tâches sur sa peau. C'est pourquoi je trempai le linge dans l'eau et l'essorai un peu avant de le tapoter contre le front ruisselant de sueur du soldat. Je savais qu'il avait une infection quelque part, mais j'avais trop peur de soulever les draps et de voir une jambe amputée, voir les deux, pour m'en assurer.

-Calmez-vous, je vais essayer de trouver quelque chose..., lui soufflai-je en allemand avant de passer à un autre lit, sachant très bien que je n'allais rien trouver d'efficace contre la fièvre qui l'emporterait le lendemain, ou peut-être le surlendemain s'il avait de la chance.

La chance, la chance. Ils m'accueillirent avec joie, leurs visages sales couverts de terre et de poussière, leurs vêtements tachés de sang. Ah, s'ils savaient à qui ils avaient affaire... Je trouvais cela dégoûtant de me retrouver ici, mais je n'avais pas vraiment le choix. Si je voulais retrouver Chriss, je devais m'infiltrer et me familiariser avec les lieux et les gens. C'était l'heure du goûter, on avait droit à une belle collation, mais j'avais pas faim du tout. L'estomac noué.
On m'adressait souvent la parole, et je répondais du mieux que je pouvais. Je me promenais surtout dans le camp pour essayer de repérer des indices, des choses comme ça...

C'était difficile comme situation. Je veux dire, la misère et tout ça. L'ambiance que l'endroit créait, avec les explosions au loin et tout ça... C'était presque excitant, dans un sens. Je sentais des vagues d'adrénaline monter et j'aimais ça. Mais quand je repensais à notre mission, et tout ça... J'aimais plus du tout !