PV Loupio ♪

Au mot "assis", je me laissai carrément tomber sur le derrière, en position assise, avec un air traumatisé. Mais lentement, alors que l'infirmière avait le dos tourné, j'entrepris de ramper en direction du lit pour me rapprocher un peu plus pour pouvoir suivre l'action. Et je me trouvai une chaise, aussi, parce que c'était plus confortable. Là, je ne bougeai plus. Sauf qu'un truc me dérangeait un peu. Ça allait être long ? Je voulais pas qu'Ariane souffre. Je voulais voir mini-thon tout de suite ! Je gigotais un peu sur ma chaise, nerveux, impatient, ô combien stressé. Et Chriss qui s'était barré, pas possible ce mec sérieux, manquait plus que l'arbre mutant de la forêt décide d'en faire son joujou et... Euh, bref, je m'égare...

- Ariaaaaane.....

-Jasooooon! T.T J'me suis trompée, je veux paaaaas d'enfaaaaaant!, gémis-je à l'attention du presque-père de l'enfant en question.

J'étais tellement en panique en fait, que je n'arrivais pas à dire si j'avais vraiment mal ou pas. C'était plus de la paranoïa qu'autre chose pour le moment...D'ailleurs je crois que l'infirmière l'avait bien compris puisqu'elle s'installa confortablement dans un fauteuil et se mit à lire une revue. Super rassurant...

-Heeeu...rassurez moi...vous avez déjà fait ça avant?
-Peuh, des centaines de fois. Enfin, la dernière fois c'était en 45, pendant la guerre et la gamine a crevé avant d'avoir vu son rejeton. C'était presque émouvant comme scène...

En plus elle prenait un malin plaisir à me manipuler, cette vieille truie. Franchement, je me demande ce que j'étais en train de faire là.

Un bon bout de temps plus tard...

Et des heures plus tard, j'étais toujours en train de me demander ce que je faisais là. Enfin, je me le demandais sans trop de conviction parce que cette fois, j'étais vraiment occupée à autre chose. Le visage littéralement ruisselant de sueur, je tentai de faire sortir mini-thon de mon corps. J'avais tellement chaud qu'Aleksa, revenue à elle pour à peine 5 minutes avant de retomber dans les pommes, avait ouvert toutes les fenêtres. C'était super sympa pour ceux qui auraient pu se balader dans les jardins mais bon...

L'infirmière, toujours aussi glaciale et peu concernée par l'affaire, se contentait de masser mon énorme ventre avec énergie, histoire d'aider le petit à descendre. Ca faisait archi mal mais je n'avais plus trop le temps ni l'énergie de protester.

-Bon, ça ne devrait pas tarder maintenant. Va me chercher un tas de serviettes -ou des draps au moins-, de l'eau, une couverture et euh...dans mon bureau, tu devrais trouver une trousse avec du matériel , marmonna l'infirmière à l'attention de Jason, tout en se limant les ongles entre deux contractions violentes.

- À vos ordres, mon général !

Je m'esquivai tout de suite après ces mots, un peu traumatisé quand à sa réaction qui pouvait s'avérer violente. Je n'avais pas envie qu'elle essaye de me battre à coup de je ne sais trop quel instrument d'infirmière... M'enfin.
J'étais aussi un peu content de quitter la chambre, parce que ça faisait des millions d'années qu'on était là, et Ariane se plaignait, et Ariane criait, et elle avait l'air de souffrir, et moi j'étais plus capable. Ça me stressait, je suais presque autant qu'elle cela dit. Et encore, rien n'était réellement commençé ! Bon, quand même, j'avais un peu peur que tout à coup la tête commence à sortir d'un coup pendant mon absence - ahh, ce que ça peut être naïf, un gars. Ouais, tu sors deux minutes, tu reviens, trop tard, bébé est là ! Peuuh... - alors je me dépêchai de trouver tout ce que l'infirmière m'avait demandé. Je n'osai toucher à rien d'autre qu'à la trousse, dans le bureau, des fois que... Elle ait une mémoire supersonique et qu'elle se rappele de la position exacte au milimètre près des objets de son bureau. Et qu'elle me massacre pour avoir déplacé un crayon d'un demi centimètre. Bon, j'exagère. C'est le streeeeesse !
Je reviens quand même à une vitesse normale, avec un visage indéchiffrable, l'air plutôt calme. Totalement faux. Mais bon.

- Vlà, ma p'tite madame.

Oooh, j'vais me faire tueer...

J'étais bien contente que Jason soit revenu, parce que rester seule avec l'infirmière était une expérience affreuse et traumatisante. A peine quelques secondes après la sortie de mon chéri, l'infirmière s'était tournée vers moi avec un air sadique, l'air de dire "à nous deux maintenant...". Puis elle s'était assise à l'autre bout du lit et m'avait ordonné de pousser pour de vrai cette fois. Ce que je fis sans trop discuter, parce que c'était affreusement long et ennuyeux, d'accoucher. J'étais au bord de l'apnée, sentant que mini-thon avait du mal à passer par mon bassin. Trop petit peut être? Oo

-Ca va jamais passseeeeeeeerr!
-Mais si. Allez, go.

Une fois Jason de nouveau dans la petite chambre, je fermai hermétiquement les yeux, tendant désespérément la main dans l'espoir qu'il la prenne et que je puisse griffer la sienne jusqu'au sang. Le travail déjà bien commencé, cela ne prit qu'une bonne demi-heure de plus pour faire sortir la chose. Je vous passerai volontiers la description complète, parce que c'est vraiment...euh...voilà quoi. Tout ce que je peux dire, c'est que j'avais eu la nette impression d'être déchirée en deux.

La vieille morue recueillit la chose dans ses deux mains, la relevant tandis qu'elle poussait un hurlement étranglé. Je sursautai, les yeux toujours clos. Comment cela se faisait-il qu'un mini-thon puisse hurler? Et pourquoi la vieille ne disait rien?

-U...un problème?, questionnai-je anxieusement.
-Non...il est...beau, cracha-t-elle avec un air dépité, comme si elle s'en voulait d'admettre que j'avais au moins réussi ça dans ma vie.

Je sursautai si brutalement au premier hurlement de mini-thon que je faillis en tomber en bas de ma chaise. J'avais bien évidemment pris la main d'Ariane pendant l'accouchement, et bon, maintenant, c'était difficile de dire si c'était vraiment une main. Haaa, j'exagère à peine. Mais quelques petites marques rouges laissaient bien voir où elle avait planté ses ongles. M'enfin, j'allais m'en remettre. Sur le coup, j'étais un peu ailleurs, ç'avait quand même pris une demi-heure un peu difficile et moi j'avais été sur les nerfs tout le long. Maintenant que c'était terminé, j'avais du mal à réaliser. À prendre conscience que oui, c'était vraiment vrai. Aussi, le cri me sortit brutalement de l'espèce de brume dans laquelle j'étais depuis un moment. Et tout me sauta d'un coup en pleine face. Ça y est. On... On avait un mini-thon sur les bras. Sérieux ? L'info commençait à faire son chemin jusqu'à mon cerveau. Et mes yeux s'agrandissaient un peu plus. Et ma bouche s'entrouvrit.

- Waaaw...

Je levai les yeux sur cette infirmière diabolique. Queeeoooii ? Beau ? Sans blague ? Il était pas, genre, tout raté, difforme, affreux, horrible, et j'en passe ? BEAU !?
Je me levai, voulant le voir. M'ouais, parce que j'en croyais pas une miette, moi. Il devait forcément être pas tout à fait normal, il... OH BON SANG ! Mais c'est vrai qu'il est beau ! C'est... Waow.

- Booo bébé !!

Bouffée d'instinct paternel.

-Il a...combien de pattes...ou de nageoires...?, demandai-je bêtement à l'infirmière sans oser ouvrir les yeux.

J'entendis cette dernière s'éloigner un moment avant de revenir, visiblement après s'être occupée de lui. Sans prévenir, elle me déposa ensuite un petit paquet de linge dans les bras et partit dans un coin à l'écart finir sa manucure. Je découvris mini-thon lorsque j'osai enfin ouvrir les yeux et écarter les pans du draps dans lequel il était enveloppé. Maintenant nettoyé et, bien qu'il soit un peu rouge, beaucoup plus présentable, il était vraiment...beau. Rien à voir avec une petite bête glissante et malodorante. Non, c'était juste un petit paquet tout doux, avec une tête minuscule et une bouche en coeur. Je n'arrivai pas à décider s'il nous ressemblait vraiment, ce truc, mais j'étais d'accord avec l'infirmière. Il était magnifique.

-Mais...mais c'est un bébé!, m'écriai-je en détaillant une fois de plus son petit corps tout chaud.

Le bébé en question, les yeux toujours clos, se tortillait dans mes bras en frottant sa petite tête contre mon sein. Il était...awwww!

Je pris place aux côtés d'Ariane sur le lit. Doucement, j'entourai sa taille de mes bras et posai mes lèvres dans son cou, avant d'observer, par-dessus son épaule, le petit mini-thon. Qui aurait cru qu'il serait aussi beau, hein ? C'était un peu difficile à déterminer, comme ça, à qui le bébé ressemblait le plus. Mais il avait un petit air de famille, quoi. Et puis, toute façon, tant qu'il est magnifique, le reste, on s'en fiche.

- C'est NOTRE bébé.

Oui, oui, je me l'approprie. Ça ferait étrange quand même de dire, "c'est votre bébé à toi et Sam". Et puis, toute façon, Sam m'est identique physiquement, alors on peut dire que le bébé ME ressemble ! =D

Je souris. D'accord...notre bébé. C'est vrai qu'après tout le mal que je m'étais donné pour le faire sortir, il fallait bien qu'on se l'approprie!

-Il faut lui donner un nom...Oh!

Consternation. Je n'avais même pas pensé à demander à la vieille morue si c'était une fille ou un garçon. C'est con à dire, mais je n'avais pas envie de regarder non plus...pas passer pour une voyeuse moi. Soit, j'allais passer un peu plus de 2 ans à changer les couches de ce bébé, mais même.

-Un garçon! U___U, précisa l'infirmière comme si c'était la chose la plus évidente au monde.

Au moment où j'allais me fendre d'un "aaaah!", la porte s'ouvrit à la volée et laissa passer une Aleksa complète surexcitée à l'idée de voir le petit, tellement excitée même qu'elle sauta sur le lit juste à côté de nous. Et avant même que je ne demande à quelqu'un de fermer la porte, c'était au tour de Jessica de surgir avec sa petite Ruby, qui commençait à peine à marcher à petits pas maladroits.

-Trop mignooooooon!
-Vraiment beau!
-Dadadada! , renchérit Ruby en tapant ses deux mains potelées l'une contre l'autre.

- Héé, Ruby ! Viens voir tonton Jason !

Eh oui, disons que je n'avais toujours pas décroché. C'était moi le tonton de Ruby. Si, si ! Elle m'aimait toujours autant, et c'était réciproque. Tout en la rattrapant au moment où elle trébuchait dans mes bras, je la pris doucement et l'assis sur mon genou.

- C'est vrai, en neuf mois, on a même pas réglé la question du nom...

Et j'avais beau essayer de réfléchir, entre mon regard attendri posé sur notre bébé et ma main qui caressait un peu le bras de Ruby, c'était difficile.

Soudain, par la porte qui bon sang n'était toujours pas fermée, une millième personne entra... euh, en fait, c'était Sam, et seulement la quatrième personne. Mais bon. Il fonça aussitôt vers le lit et écarquilla les yeux.

- NIAAA ! Il ressemble à son pôpaaa !

Il posa les yeux sur moi et pointa au beau milieu de mon visage. Euh... Mon nez ?

- C'est pareeeeil ! Il a un beau nez ! Ouaiis, comme le tien ! Genre, un nez sexy. :O

Ruby pépiait des phrases complètement dénuées de sens à l'attention du nouveau-né, agitant ses petites mains potelées au gré de son monologue. Mais...peut-être bien que le petit comprenait quelque chose, vous savez, entre bébés... D'ailleurs, il venait d'ouvrir ses petits yeux en amande et de les tourner approximativement vers Ruby. La gamine lui fit un sourire lumineux et poussa un petit cri aigu qui se transforma en un petit rire vraiment trop craquant.

Mon fils, lui -c'est trop bizarre de dire ça, définitivement-, referma rapidement ses paupières pour nous cacher ses beaux yeux avant que nous n'ayons le temps de nous extasier dessus. Ou peut être à cause de la trop grande luminosité de la pièce.

-Moi je trouve qu'il a l'air normal, ce bébé...c'est étrange, vu qu'on sait bien de qui il tient, intervint Aleksa en se penchant au dessus de la nouvelle attraction familiale.

-Ouais...au fait, quelqu'un a vu Chriss?

Je me doutais qu'il avait voulu fuir loin de toute cette agitation mais bon...j'avais vraiment envie de lui présenter ma progéniture. Parce que c'était important qu'il s'extasie devant ma capacité à réussir les enfants quoi!

- ... vu qu'on sait bien de qui il tient... Je rêve ou tu parles de moi là !?
- Non mais sérieux, j'espère qu'il va avoir hérité de MON sex appeal, sinon... Ouff, je le plains.
- Non... T'as OSÉ !? Tu sauras que... que... l'est pas si mal mon ventre mou... ><

J'avais à peine eu le temps de voir les yeux du boo bébé qu'il les referma. Hoon, cette petite tête, qu'il faisait, c'était juste vraiment trop mignoooon. Je l'adorais, déjà. Beaucoup beaucoup beaucoup. J'allais lui donner un surplus d'affection, et être trop tendre avec lui. C'était à espérer qu'Ariane saurait lui imposer quelques règles parce que moi, hein, pour le moment, incapacité totale d'être bête avec c'te petite créature-là !

- Ruby ? T'sais où est ton papa ?

Bon, j'dois avouer que sa réponse était loin d'être précise. Gnagna.. ? C'était loin, ça ? Qui sait... En tout cas. Peut-être bien qu'il s'était réellement fait attaquer par un arbre maléfique de la forêt... =/
Oooohhhh ! Mini-thon avait réagit au son de ma voix...

- Ouuuuiii, ouiii c'est ça boooo bébé à papaaaaa ! ^o^
- Je, euh... Vais chercher Chriss.

Il s'enfuit presque de la pièce, même. Je me demande si c'est ma voix stupide ou ma mimique... stupide, qui l'a fait fuir...

Une fois l'excitation provoquée par la découverte du petit bout de chou un peu retombée, je me retrouvai un peu mal à l'aise au milieu de tout ce monde. J'avais juste...envie de m'enfouir sous une couette et de dormir des années durant. J'étouffai un bâillement puis regardai Jason, un sourire aux lèvres.

-Alors, tu veux prendre ton fils?

Ruby, elle aussi, semblait vouloir toucher le bébé. D'ailleurs, elle ne cessait de tripoter son petit pied en répétant "dédé, dédé!" avec un air obstiné. Cette attitude faisait beaucoup rire Jessica, qui restait à côté d'elle pour ne pas qu'elle tombe du lit. Pas qu'elle ne fasse pas confiance à Jason mais bon...

-Alors comme ça, vous n'arrivez pas à trouver un prénom? C'est vrai que c'est difficile de choisir, il y en a tellement...Vous saviez que Ruby était restée une semaine sans prénom? xD

Je la regardai avec des yeux ronds, sidérée. QUOI!? Des gens aussi parfaits et normaux que Chriss et Jessica avaient longuement hésité? Mais alors...alors on était pas les seuls au monde à avoir du mal?

(omg XDD)

- Oh ouiii, oh ouiiii !!

Je tendis aussitôt les bras vers le boo bébé. Instinct paternel, je plaçai automatiquement mes bras de la bonne façon pour le prendre. Soutenir doucement la tête, patati, patata. Hoon, il avait l'air tellement fragile dans mes bras musclés... Et si je l'écrasais !? :O

- Meeh, c'est bien d'essayer de nous encourager, mais quand même... Vous, avoir hésité aussi longtemps ? C'est ça, c'est ça, et Sam est super musclé tant qu'à y être ?
- Sérieux !?
- Nan. U_u"

Ruby rampa sur le lit jusqu'au bras de Jason, et s'y appuya pour contempler le "dédé" de plus près. Après une étude en détails de la petite créature, elle se pencha pour lui faire un bisou tout mouillé, baiser mouillé qui atterrit sur le nez de cette petite chose. Mini-thon éternua avant d'ouvrir à nouveau ses petits yeux pour fixer Ruby. Avec un petit cri ravi, la petite fille se laissa tomber sur les fesses en battant des mains.

-Je vous assure que c'est vrai! On a fini par lui donner le nom de ma pierre préférée, mais ce fut...laborieux, insista Jessica tout en retenant sa fille qui était complètement excitée par sa rencontre avec...sans nom.

Euh...mini-thon...thon...tonny, thomas, tom...tong? Oo
Non, décidément, je ne pouvais pas appeler mon fils "tong". Ce serait horriblement mesquin de ma part. Surtout que maintenant que je l'avais vu, si mignon et fragile, je ne pouvais franchement pas me résoudre à lui pourrir la vie.

J'étouffai un nouveau bâillement, la tête pesant soudain deux tonnes. Tant pis pour le prénom, j'allais y réfléchir en dormant...

(Tong XDDD Pauv' bébé...)

- OMG les yeux !!

Non mais c'est fou ce qu'il avait de beaux yeux. J'en revenais tout simplement pas. Leur forme était jolie, leur couleur était jolie, bien nette et claire. Ils étaient... En fait.. Chance ou pas, quel que soit la cause de ce truc bizarre de la nature, ils étaient bleu. Un bleu qui ressortait encore plus, vu la couleur bleue du tissu dans lequel il était emmitouflé. Oh c'qu'il avait des beaux yeux. Je me penchai sur lui, effleurai son front de mes lèvres et clignai plusieurs fois des yeux, tentant de retenir les larmes qui y étaient montées sous le coup de l'émotion. Ouais, j'étais... ému. C'était mon bébéééé ! Notre, bébé ! Oh... <3

Je posai les yeux sur Ariane, qui semblait sur le point de s'endormir. Je me rapprochai un peu d'elle, pour pouvoir sentir la chaleur de son corps contre le mien, et rester juste à ses côtés.
Mini-thon, lui, pendant ce temps-là... Il avait l'air intrigué par la créature bizarre qui venait de lui baver sur le nez. Eh oui, je parle ici de Ruby.

Avant de m'endormir, je fis l'effort de jeter un long regard à bébé, essayant d'enregistrer dans mon esprit chaque détail de son visage, le moindre petit pli sur sa main minuscule ou même la nuance exacte de ses yeux. Des yeux océan, d'un bleu aussi magnifiquement sexy que celui des yeux de son père. Ouaip, mon fils serait un tombeur, plus tard!

Une fois son petit visage rond bien mémorisé, je pu enfin fermer les paupières tout en ayant l'impression de continuer à le regarder. Je sombrai dans l'inconscience avec un grand sourire aux lèvres, l'air plus comblée que jamais. Même si ça ne durerait pas...niéhéhé, Baby Blues!

-Heeu...j'peux rentrer?, fit timidement une voix tellement...bref, de l'autre côté de la porte.

Je me tournai vers la porte, voyant Sam se glisser à l'intérieur sans se gêner, alors que Chriss semblait hésiter.

- Oui oui, rentre, lançai-je doucement, berçant légèrement bébé qui lâchait quelques petits bruits, mélange de gémissement et de pleurs.

Mais bien vite, confortablement calé contre moi, sa petite tête trouva une position confortable et il referma ses yeux pour de bon. M'enfin, pour un beau dodo je veux dire. Oh ce qu'il était beau. Je pourrais passer mes journées, ma VIE à le contempler, il serait toujours aussi beau. Et je ne m'en lasserais passs !

Chriss rentra dans la pièce comme il l'aurait fait s'il s'agissait de la tanière d'un ours n'ayant rien bouffé depuis trois jours. A petits pas mesurés et incertains, autrement dit. Une fois au milieu de la pièce, il sembla hésiter puis prit une grande inspiration et alla s'échouer sur le lit avec les autres. Il contempla ma mine pâle d'un oeil critique et tenta d'ignorer la pile de linge tâché qui trônait non-loin, avant de river son regard sur le petit.

-Ooh...ho ho, très intéressant...! Oo
-Shhht, tu vas le réveiller!, s'écria Jessica avant de lui coller sa fille dans les bras.

Le papa de Ruby avait l'air totalement halluciné, comme s'il n'avait jamais vu de bébé de sa vie. Il ne fit même pas attention au fait que sa fille bave sur son tee-shirt, hypnotisé par la bouille du nouveau-né...et sursauta même quand la petite chose fit un petit bruit dans son sommeil. C'est à se demander s'il avait réagi comme ça en voyant sa fille...ou pire?

Avec des gestes tout doux, tout tendres, je passai légèrement un doigt sur la tête du bébé. C'était un frôlement, une caresse. J'étais comme hypnotisé. Il était juste trop... Juste trop craquant.Je me sentais bien, cela dit. Autant nous avions vécu des moments difficiles, longs à surmonter, autant ce bébé désormais me confirmait que j'avais fait le bon choix en persistant à l'aimer malgré tout. Car oh oui, je l'aimais plus que tout. Et ce bébé était la huitième merveille du monde. C'était le plus beau des cadeaux. Après tant d'efforts pour préserver notre couple, je trouve qu'on s'en était pas mal sorti. Et ce bébé, que je voulais tellement... Il était là. Plus beau que jamais. Bien réel.

L'air de Chriss me fit sourire. Oui, moi aussi je devais avoir fait une tête dans ce genre-là au début. Maintenant, c'était moins pire. Moins stupide, moins capoté, et plus tendre.

Chriss, après avoir un peu digéré la nouvelle et s'être habitué à la nouvelle présence de ce bébé, afficha un grand sourire niais et tapa dans le dos de Jason, le félicitant tout en essayant de ne pas se mettre à pleurer. C'était méga émouvant, mais il avait sa fierté et...

-Jessicaaaaaaa! T.T, pleurnicha-t-il avant de se cacher contre sa poitrine, agité de sanglots nerveux.

Celle-ci lui frotta le dos, compréhensive. J'étais arrivée à l'Académie alors que je n'étais qu'une gamine, et voilà que j'étais maman. Une vrai femme, qui n'était plus aussi vulnérable qu'à mes débuts, sous la tutelle d'un instructeur de 5 ans plus vieux que je trouvais idiot et trop grand. Plus la même petite fille qui venait hurler et se jeter dans les bras de Chriss quand elle voyait une araignée. Bah...nan, maintenant y'avait Jason pour ça! ^^'

-Regaaardeee laaaaaa! C'est une grande fiillle maintenaaaaaant! T______________T

(Hooon, Chriiiiiss... ^^)

J'haussai un peu les sourcils devant cette réaction. Il s'était mis à pleurer... Il pleurait vraiment !? Bon, en plus, il gémissait des trucs incompréhensible. Il troublait le sommeil de mon bébé sans nom, laaaah ! Mais bon, en même temps, je le comprenais. Lui, il avait vu Ariane depuis sa tendre enfance. Ça devait être un choc. Oui. Maintenant qu'elle avait son propre bébé, qu'elle volait de ses propres ailes...

- Roooh arrêteeee... J'vais m'y mettre moi aussiiiii ! >.<

C'quoi ces larmes qui me montent aux yeux !? Oo

-...c'est une femme maintenant, oui...
-Naaannn, naaaaaan! Je veux maaaaa p'ttiiiiite fiiiiiiiilllleeeeeeheeuheuuuheuuuu..., gémit le grand imbécile contre la poitrine de Jessica.

J'ouvris lentement les yeux, la bouche pâteuse et les oreilles bourdonnantes. Nais qu'est-ce qui pouvait bien faire autant de...

Bruit.

Non, je devais délirer, c'était impossible autrement. Chriss ne pouvait pas...il n'allait pas...pleurer, quand même? Et Jason? Pourquoi Jason qu'il avait les yeux humides hein? Un problème avec le bébé sans nom?

-Qu'est-ce qui...?
-Ariaaaaane, ariaaaaane! , hurla le grand dadais qui me servait d'instructeur en se jetant sur moi pour me serrer. Fort. Super fort.
-Quuoooi? O__o
-T'es une feeeeemme! T.T J'veux pas qu'tu sois une femme moi! J'veux qu'tu sois...une...une...

Une gamine éternelle. Oui, ça je le savais. De tous temps il m'avait couvée, regardée grandir avec appréhension et fierté. Il avait aussi tabassé mon premier copain...puis il en était devenu un lui même, huhu. Mais même dans cette situation un peu étrange que l'on appelait couple, il s'était révélé beaucoup trop protecteur et à la fois...un peu dingue avec moi. Si si, il avait fait des trucs genre...refuser de me toucher pendant une semaine parce qu'il venait de se rendre compte de mon jeune âge, et ce après m'avoir emmenée dans la tour nord pour un après-midi très...instructif. Et la semaine d'après, ça recommençait. Il ne me voyait comme une adulte que lorsque la situation était intéressante, à l'époque. Et si je croyais que c'était une époque révolue, eh bien...

- Niaaaaaahhhh arrêteeeeeez !! J'ai les émotions tout à l'envers, moi ! C'est stressant, un accouchement ! J'vais pleuuuureeeer...

Je craquais complètement, cela dit. C'était presque mignon. Vous voyez, le gars, il a son bébé nouveau-né dans les bras, assit à côté de sa copine - la fille la plus géniale du monde - et il pleure parce qu'il a les nerfs un peu à bout, mais parce qu'il est tout content et... ému. Oui. C'est soooo cute.

Tiens, mini-thon s'agitait. Il... Il... OH NON ! Il pleurait, il pleurait, noooon !
Vite fait, je le collai dans les bras d'Ariane, l'incitant presque brutalement à lui donner à manger.

- Mini-thon a faaaaaim !!

En tout cas, ce bébé avait de la voix...c'était le moins qu'on puisse dire. Tout à l'heure, lorsque je l'avais entendu chouiner, j'avais déjà été prise par une bouffée de remords, un pincement au coeur vraiment terrible. Alors je vous laisse imaginer ma réaction lorsque Mini-thon avait commencé à hurler de tous ses poumons, tout rouge et gigotant dans tous les sens.

-M-m...mais comment je fais moi je...je ne...

Au vu de ma panique, Jessica se leva doucement et fit ce que l'infirmière aurait du faire depuis le début du sanglot de mon enfant, autrement dit me montrer comment l'allaiter. Elle s'assit à côté de moi et me montra comment tenir l'enfant pour qu'il n'ait pas mal au ventre en buvant, comment l'aider à trouver mon téton, comment éviter qu'il ne s'endorme...waah, ça faisait vachement de choses à la foi!

Heureusement pour Chriss, j'étais trop occupée pour voir ses joues rosées et son air gêné. J'étais sa petite fille mais...j'avais un corps de femme, oh oui. Une fois mon sein dénudé, Mini-thon leva sa petite tête et l'appuya avec insistance dessus. Aïe. Jessica m'expliqua en riant qu'il avait senti le lait, comme les bébés en étaient capables à leur plus jeune âge. Nous mîmes, Mini-thon et moi, deux bonnes minutes avant de parvenir à ce que tout se passe bien. Une fois dans la bonne position, le petit, à la manière d'une ventouse, se colla à moi et se mit à téter comme un affamé...qu'il était!

- Aooooon... Booo bébé affamé !

J'expédiai un tooooout petit coup de pied innocent en direction de Chriss. Peuuh, aiileurs, le regard. Tu l'observeras quand elle sera rhabillée. Moi, par contre... H-hum. Pas mal du tout, la vue... Bref. Fallait pas penser à ça et envoyer des énergies un peu louche à Mini-thon. Des fois qu'il puisse percevoir les envies sexuelles des mâles qui l'entourent et que cela le trouble psychologiquement...

- Tu sais quoi Ariane ? Je t'aiiime.

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