Pv Bridgess

En entendant gueuler l'Allemand, je fronçai les sourcils et posai Marek au sol.
- Reste derrière ces boîtes et ne bouge pas.
Il se cacha et je partis vers la cuisine. En entrant, je poussai un juron et dévisageai l'Allemand d'un air furieux.
- Il me semble que j'avais été clair là-dessus !! Personne ne frappa ma prisonnière bordel !! lui hurlai-je en m'approchant.
Il déglutit et marmonna des excuses en reculant au fur et à mesure que j'avançais. Je le toisai férocement pendant quelques instants puis me tournai vers Lena et lui prit la main pour la relever.

Je me relevai sans l'aide de sa main
et passa une main sur ma joue, comme pour
voir si elle était douloureuse. Elle l'était.

- Tu n'étais pas obligé d'intervenir,
il allait s'en aller de toute façon..

Son ton n'avait rien d'un reproche, seulement
une remarque.

- Et alors? Il faut bien qu'il comprenne, non? Sinon, il recommencera encore et encore.
Je soupirai et la regardai longuement sans rien ajouter. J'avais la désagréable impression qu'il y avait un froid entre nous deux depuis la sélection. Je n'aimais pas ça.

Je baissai les yeux.

- Ici, je suis beaucoup plus choyée qu'avant.
Au ghetto ou dans la rue, je me faisais sans cesse battre.
Alors une gifle de temps en temps, ça ne me tuera pas.

Je n'essayais pas d'être froide avec lui,
mais je voulais qu'il comprenne que j'étais forte
et que j'essaierai de surmonter toutes ces épreuves, même
si je dois les surmonter seule.

J'haussai un peu les épaules.
- Ok alors, je ne m'en mêlerai plus.
Sans rien ajouter, je sortis des cuisines pour aller chercher le gamin à l'endroit où je l'avais laissé. Il insista pour que je le prenne dans mes bras, et je le ramenai vers le dortoir.

J'étais resté de glace et, une fois qu'il eu quitté
la pièce, tombai à genoux en éclatant en sanglot.

Assit sur mon lit, Marek assit devant moi, je poussai un profond soupire. Il mit sa main sur mon bras et me regarda.
- Ça va pas?
J'haussai un peu les épaules. Il comprit et demanda à nouveau:
- C'est Lena ?
- À vrai dire, c'est rendu bizarre entre nous...
Je me couchai sur le dos et il soupira à son tour.
- Si elle t'aime plus, c'est pas cool. Moi je te trouve super!
Il me sourit. Je souris à mon tour et murmurai:
- T'en fais pas... On arrête pas d'aimer quelqu'un d'un coup comme ça... Enfin, je l'espère.

Je passai la moitié de la nuit
couché sur le sol des cuisines,
puis me décidai à me lever pour retourner
au dortoir, pour m'excuser auprès de Hans.
mais en refermant la porte derrière lui, il avait barré les
cuisines sans faire exprès. Je me réendormis par la suite.

J'avais fini par m'endormir, et Marek s'était blottit contre moi, s'endormant à son tour. Lorsque les autres vinrent se coucher, ils ne firent pas de commentaire à propos du garçon.

Le lendemain matin, c'est le petit qui me réveilla. Il pointait le matelas vide à côté de mon lit.
- Elle est où Lena...?
- Mmm j'en sais rien gamin... marmonnai-je, à moitier endormi.
Aussitôt, il se leva et me tira le bras.
- Faut la trouver !
Je soupirai un peu mais m'habillai et le suivit hors du dortoir.

Entre-temps, des hommes avaient débarré les cuisines
et entraient afin de commençer leur travail.
Je dormais assise, la tête accotée sur une armoire.
Une de mes joues était violacée et
les traces de mes larmes étaient restées.

En entrant dans les cuisines après avoir cherché partout ailleurs, on la vit endormie. Marek se précipita aussitôt vers elle et entreprit de la réveiller. Je me mordillai un peu la lèvre en m'approchant à mon tour, me sentant mal. Elle avait pleuré. À cause de moi sans doute. Je m'en voulu aussitôt et m'agenouillai à ses côtés, prenant sa main dans la mienne.

- Hmmm?

Je battis des paupières
et après avoir aperçu Hans
devant moi, je me jetai dans ses bras,
ne prenant pas compte des cuisiniers autour.

- Je suis désolée...

- Ce n'est rien voyons... murmurai-je en lui frottant le dos, jetant un regard un peu inquiet en direction des cuisiniers qui étaient heureusement un peu trop occupés pour nous porter attention.
Marek se colla à son tour à nous, pour un câlin collectif. Je passai un bras autour de lui avec un sourire et il dit avec un petit sourire tout à fait mignon:
- Je vous aime...

Je relevai la tête vers Marek, les yeux
embués de larmes et fit un magnifique sourire
en le collant un peu pus à moi.
De cette manière, j'avais un peu l'impression
d'avoir une vraie famille, pendant un instant.
Mais se n'était pas suffisant.

- Nous aussi on t'aime Marek... murmurai-je au petit en lui souriant.
Puis, finalement, je me décollai un peu et me relevai, aidant Lena à en faire de même.
- Une bonne douche ne te ferais pas de mal... dis-je en passant doucement mon pouce sur sa joue.

Je grimaçai un peu: le contact de ses doigts
sur ma joue m'avait fait mal. J'hochai la tête, un
vague sourire flottant sur mes lèvres et lâchai à
contre-coeur Marek et Hans.

Je la poussai doucement vers les douches avec un sourire, le petit garçon trottinant joyeusement à côté de nous. Les Allemands nous regardaient d'un air mauvais, furieux que je sois si tolérant avec ces deux Juifs. Certains leur criaient des insultes parfois, mais je les faisais taire d'un regard.

Je regardai Marek et lui dit, suivit d'un
petit clin d'oeil.

- Retourne-toi, je vais entrer dans la douche.

Il y avait d'autre hommes dans les douches,
mais Je les ignorai et enlevai son chandail et mes sous-vêtements,
les laissant tomber au sol.
Depuis que j'était arrivée ici, j'avais pris un peu de
poid et ma poitrine avait grossit, faisant honneur à
mon corps de 16 ans.

Le garçon se retourna. Voyant que moi, je ne me tournais pas, il s'exclama:
- Heey !
Tout en me donnant un coup de poing amical. Seulement, vu son jeune âge, il était assez petit, et son poing arriva juste à la mauvaise place. Je lâchai un juron en tombant à genous, me tordant de douleur sur le plancher tandis qu'il balbutiait des excuses.

Je me retournai,
une main cachant ma poitrineet m'agenouillai
à côté de Hans.

- Il a mal à l'épaule, faut pas le frapper, dis-je au gamin.

Tous les hommes se tournèrent vers moi, nue et accroupis.

- Ah... J'suis désolé...
Marek s'agenouilla à son tour tandis que, une main sur l'épaule, je serrais les dents sous la douleur.
- Bordel que ça fait mal...
Je foudroyai tout de même les Allemands du regard en me redressant un peu, jusqu'à ce qu'ils se détournent du magnifique spectacle que leur offrait Lena.

- Tu t'es fais battre par un gamin, dis-je
pour plaisanter.

Un sourire aux lèvres,
j'entrai dans une douche en faisant couler l'eau.

- Ha. Ha. Ha. Trèèèès drôle.
Je ris un peu tandis que Marek, lui, était littéralement mort de rire. Il semblait tout fier de son coup. Je me relevai lentement, et il fit de même après s'être calmé. Je sentais les regards méchants peser sur nous. Le gamin le sentit aussi, car il garda une certaine distance entre lui et moi et ne me porta plus attention. Je l'ignorai aussi. Nous paraissions trop amis, ce n'était pas bien, pas ici. Pas en présence de tant de soldats Nazis.

Je me mis à chanter, pas trop fort, une
mélodie. Je chantais juste et ma voix était harmonieuse.
J'entendis ceux qui chantait allemand s'arrêter pour
m'écouter.

J'entendis quelques hommes murmurer en allemand qu'elle avait du talent. C'était désormais le silence dans les douches, même les discutions avaient arrêté. Les hommes sortirent de la douche, se séchèrent et commencèrent à s'habiller tout en l'écoutant avec un mince sourire. Même s'ils avaient finit, personne ne sortait. Ils écoutaient Lena chanter. Tout comme moi, d'ailleurs.