Pv Bridgess

Varsovie, septembre 1939.
C'est sous le commandement d'Hitler que nous avons pénétré en Pologne, et atteint Varsovie. Pendant plusieurs jours, il y eut des explosions sans arrêts, des coups de feu. De nombreux Juifs ont fuit la ville, ceux qui avaient de la famille à l'étranger par exemple. Ceux qui sont restés se sont vus interdire une multitude de choses, dont le droit d'aller à l'école.

Automne 1939.
Les Juifs ne peuvent désormais plus sortir de chez eux sans porter le fameux brassard blanc avec l'étoile bleue dessus, sur le bras gauche, au-dessus du coude. Tout ceux qui osent le faire sont tués sur le champ.

Varsovie, 15 octobre 1940.
Nous avons annoncé aux Juifs qu'un mur allait être construit. Ce mur, entourant le quartier Juif, était supposé enrayer l'épidémie de typhus. Ceux qui vivaient en dehors de la zone ont dû déménager.

C'est ainsi que s'est construit le ghetto de Varsovie. Une multitude d'autres Juifs sont venus grossir la population du ghetto. Il n'y avait pas de place pour tous les loger, la plupart traînaient dans les rues, sans eau ni chauffage, ni même de toilettes. Ils mendiaient, mouraient dans les rues. Le typhus s'était répandu, plusieurs mouraient de maladie.


15 Novembre 1940.
Les portes du ghetto se sont refermées sur les Juifs, les ont enfermés. Nous autres, les soldats allemands, les Nazis, gardions les issues.

La vie dans le ghetto équivalait à la misère. Des milliers de personnes se sont retrouvées au chômage: ceux qui travaillaient à l'extérieur du ghetto ou qui venaient de loin. Les gens avaient du mal à se procurer à manger, mouraient souvent de faim, de maladie, de froid...
Très vite, la violence est apparue dans les rues du ghetto. Tout les soirs, ont tirait sur les Juifs qui ne respectaient pas le couvre-feu. Dans la rue, ont comptait facilement au moins 10 morts par jour.


Varsovie, printemps 1943.
On faisait maintenant régulièrement des rafles dans le ghetto. Des centaines de Juifs montaient dans un train, dans lequel ils étaient entassés et emmenés dans des camps de concentration. À l'intérieur du ghetto, la peur régnait partout. Les gens n'osaient plus trop sortir de chez eux, et rare étaient ceux qui mangeaient à leur faim. La nourriture manquait, surtout les fruits et les légumes. Certains Juifs, surtout ceux venant de familles dont les parents avaient encore un travail, vivaient encore dans leur maison ou appartement. Chaque jour, de nouveaux morts, des centaines de Juifs emmenés, tués dans les chambres à gaz, ou obligés de travailler.

Je marchais encore une fois dans les rues du ghetto. Chaque fois que je croisais quelqu'un, il faisait aussitôt demi tour ou courait pour éviter de finir fusillé. Je suis un soldat Allemand. J'ai un physique qui ne trompe personne: Blond aux yeux bleus. Le portrait idéal de l'Allemand pur, comme dit Hitler. Selon lui, nous devrions tous êtres blonds aux yeux bleus.
Mon arme en main, je marchais lentement. Nous étions en 1943, presque plus personne ne trainait dans les rues. Ils étaient tous morts ou emmenés en train. Je levai mon regard bleuté vers un bâtiment. Je passais devant chaque jour, et chaque jour, il y avait quelqu'un. J'avais même cru entendre des rires, une fois. Ça m'avait touché. Comment pouvait-on rire dans des moments pareils, alors que la mort frappe partout autour de nous, détruit des familles... Aujourd'hui encore, il y avait quelqu'un dans l'appartement. La fenêtre donnant sur la rue où je me trouvais laissait entrevoir de la lumière. Soudain, des cris ont retentits, tout près. C'étaient des voix allemandes, qui hurlaient aux occupants du fameux immeuble que j'observais de descendre immédiatement où ils allaient monter eux-même. J'accourus sur les lieux, quelqu'un me hurla quelque chose et je montai en premier les marches de bois menant à l'étage supérieur de l'immeuble. Là où je voyais régulièrement la fameuse lumière à la fenêtre... Les autres s'occupèrent des autres occupants, il y avait des hurlements et des coups de feu. Ceux qui refusaient de venir étaient tués sur place.
J'atteignis la porte de l'appartement. Elle était bloquée par un meuble. D'un bon coup d'épaule, je réussis à l'ouvrir. Je balayai l'appartement du regard. Mes yeux bleus rencontrèrent alors une paire d'yeux. Dans ce regard, je vis de la peur, de l'inquiétude. Ça me troubla. Je ne voyais personne d'autre, et je ne pouvais même pas apercevoir à qui appartenaient ces yeux. Tout le monde s'était caché.
Un soldat cria alors mon nom, me dit de laisser faire ceux-là et que nous reviendrions. On avait déjà assez de monde comme ça. Je me détournai lentement, repoussai le meuble de devant la porte et refermai celle-ci.

J'étais cachée par la pénombre du soir,
accoté contre un meuble de bois massif qui nous avais coûté
une fortune. Une partie de ma famille venait d'être tuée,
me laissant seule dans cet appartement délabré et couvert d'un voile
de poussière, pendant que l'autre moitié s'était réfugiée au sous-sol. J'avais cru qu'en ne faisant aucun bruits je ne serais pas à découvert, mais j'avais eu tort. Mes yeux d'un vert intense avaient croisés
ceux d'un homme qui était sans aucuns doute un Boche *.
Je sentis mon coeur avoir un râté et je me plaquai d'avantage contre l'armoire.

(* terme péjoratif pour désigner un Allemand ^^)

Je regardai un instant la porte refermée, puis redescendit. Déjà, les autres emmenaient les Juifs des autres appartements dans un camion, qui lui les mènerait à l'endroit où ils prendraient le train. Un gamin trébucha soudain et s'étala de tout son long sur le sol. Un Allemand leva son arme et le visa. La seule chose que je puisse dire, c'est que le petit n'a pas souffert. Sa mort a été rapide. Très rapide. Je poussai un homme devant moi d'un coup de crosse dans le dos en lui criant d'avancer plus vite. Évidemment, il ne comprit rien. Il ne parlait pas Allemand. Je répétai pourtant:
- Schnell ! Schnell !
Les autres scandaient la même chose. Les rares qui avaient compris se dépêchèrent un peu plus, les autres les imitèrent alors. Bientôt, tout le monde fut entassé dans le camion, les Allemands s'éloignèrent, et la rue redevint silencieuse. Restait plus que moi, debout devant cet appartement vide. Enfin... presque vide. Bientôt vide. Je pris une gorgée d'eau dans ma gourde. C'était tout ce qu'il y avait d'eau ici, les gourdes des Allemands. Toute l'eau a été coupée. Il n'y a plus rien.

Je me levai en contournant les meubles étendus par terre
en marchant d'un pas feutré. Ma maladresse me fit trébucher sur une
chaise renversée sur le sol et je perdis l'équilibre en me laissant choir sur
le sol. L'impact de mon corps contre le plancher de bois fût assez bruyant
et je priais pour qu'on ne m'ai pas entendu.

Je relevai brusquement la tête en entendant du bruit venant d'en haut. Je fronçai un peu les sourcils. Elle tenait vraiment à ce faire repérer, cette personne, à l'étage... Je m'avançai vers les escaliers, les montai lentement et m'approchai de la porte. Soudain, il y eut des pas bruyants, et un Allemand arriva à mes côtés. Il avait aussi entendu le bruit. Il n'hésita pas une seule seconde, donna un bon coup de pied dans la porte et tira aussitôt. J'eus à peine le temps de crier, en Polonais puisque c'était la langue du pays, je supposais donc que la jeune fille devait le comprendre:
- Baissez-vous, Fräulein !!
L'Allemand ne dit rien. Il n'avait pas compris, sauf le mot "mademoiselle" à la fin de ma phrase, que j'avais dit en allemand.

Sans chercher à comprendre ce qui se
passais, je me baissai, évitant par chance d'être
touchée par la balle de l'Allemand.
J'étais toujours vivante et je savais que l'homme serait
mécontent d'avoir râté sa cible, mais je n'allais tout simplement
pas me rendre à ces foutus Boches, même pour éviter la mort.

L'Allemand hurla quelque chose, mais avant qu'il n'ait le temps de tirer une nouvelle fois, il s'effondra au sol. Mort. Je baissai lentement mon arme, et poussai le corps de l'Allemand dans les escaliers. Il les déboula et atterit durement en bas. Je lançai à mi-voix:
- Faites attention à vous, Fräulein.
Je descendis les escaliers sans me ret0urner, et allai cacher le corps de l'Allemand. Je ne savais pas pourquoi, mais mon instinct m'avait dit de sauver la jeune Juive. J'espérais seulement qu'il n'y ai aucun témoin. Le général me punirait...

Surprise par le geste de l'homme, je restai figée
dans la même position, puis finit par me relever
et sortir de la pièce, encore chamboulée par les évênements.
Je descendis les marches de l'escaliers, cherchant du regard
l'homme qui m'avait sauvé. J'étais toutefois sur mes gardes,
car ''il ne fallait jamais faire confiance à un Allemand'', c'est ce que
m'avait répété maintes fois ma défunte mère.

Je marchais non loin, surveillant les alentours. Je m'adossai contre un immeuble et retirai mon calot, passant une main dans mes cheveux blonds avec un petit soupire. Qu'est-ce qui m'avait prit !? Tuer un Allemand... Ce que je pouvais être stupide parfois! Je jetai un bref regard autour de moi, pris une gorgée d'eau puis remit mon calot et reprit ma marche.

Je le suivis, regardant aux alentours pour
qu'on ne me vois pas. L'homme blond
était à quelques mètres de moi et je ne pouvais pas distinguer
son visage dans la pénombre. Je ne savais même pas pourquoi je
le suivais!

La nuit tombait lentement sur le ghetto. Il faisait un peu sombre, et je tournais la tête de droite à gauche au cas ou quelqu'un serait caché dans la pénombre. C'était bientôt l'heure du couvre-feu, mais je n'étais pas pressé de retourner avec les autres. J'aimais marcher ainsi, seul, sans coups de feu ni explosions, dans le calme de la soirée. Un bruit derrière moi me fit sursauter et je fit aussitôt volte-face, mais je ne distinguais pas bien dans la noirceur. Je regrettai alors de ne pas avoir emmené de quoi m'éclairer. Je fronçai un peu les sourcils, et en vint à la conclusion qu'il n'y avait rien.

J'avais arrêté de respirer lorsque l'homme
avait regardé dans ma direction, mais voyant
qu'il ne me voyait pas, je me défigeai.
Mais où allait-il?
Il était maintenant un peu trop loin de moi
et je dûs accélerer le pas pour le rattraper, car je ne le voyais plus.
Je fonçai dans quelque chose et mon derrière vint heurter le sol
dur.

Cette fois, j'étais bel et bien certain d'avoir entendu quelque chose, pas trop loin derrière moi. Je me retournai, prêt à tirer. Je vis quelqu'un bouger. Puis, un homme se jeta à genous devant moi en me priant dans une langue étrangère de l'épargner. Je ne compris pas un traître mot de ce qu'il disait, mais la simple expression terrifiée de son visage me décida. Je jetai un bref coup d'oeil autour de moi, puis fit signe à l'homme de déguerpir. Il ne se fit pas prier et s'éloigna aussitôt, en courant, vers chez lui. Mon regard se posa sur la deuxième personne, au sol. Des voix allemandes se firent entendre au coin de la rue. Sans hésiter, je la pris par le poignet, la poussai dans le mince espace entre deux maisons et lui intimai, d'un simple regard, de ne pas bouger. Les pas et les voix se rapprochaient. Je retins ma respiration.

Je voulus me débattre, mais je compris
qu'il ne me voulait pas de mal... pour l'instant en tout cas.
Mes yeux d'unvert profond se posèrent sur lui,
essayant de déchifrer dans son visage pourquoi il m'aidait.

Je vis ensuite les Allemand passer à côté denous sans nous
voir.

Lorsque je fus bien certain qu'ils étaient partis, je me tournai vers la jeune fille les sourcils froncés, l'observant de mes beaux yeux bleus.
- Pouvez-vous me dire à quoi vous jouez ? Sortir ainsi après l'heure du couvre-feu, c'est du véritable suicide! Échapper de près à la mort une fois dans votre journée ne vous suffit donc pas?
Je parlais à voix très basse, mais nous étions si proches l'un de l'autre qu'elle pouvait m'entendre. De plus, je parlais Polonais avec un léger accent allemand, et ça sonnait bien. Je remarquai alors que je tenais toujours son poignet entre mes doigts, et je vis avec surprise que mes doigts en faisaient facilement le tour. Visiblement, elle ne mangeait pas beaucoup.

Je tirai sur son poignet et planta mon regard dans le sien,
voulant lui faire comrendre qu'il ne m'intimidait pas.

- C'est vous qui avez décidé de me sauvez! Un Allemand
normal ne m'aurait pas avertit et m'aurait laissé pour
morte, une balle dans la tête ou dans une douche de gaz.

J'avait parlé dans un Polonais parfait, tinté de petit
accent mélodique qui rehaussait encore plus son charme.
Car du charme, on m'avait dit que j'en avait et pas juste un peu, malgré mes lngs cheveux bruns bouclés et emmêlés et mes vêtement couverts de suie.

Je lâchai aussitôt son poignet.
- Écoutez, Fräulein... Je ne comprends juste pas. Tout le monde se presse pour rentrer, vous, vous sortez. Vous imaginez ce qui vous serait arrivé si ces Allemands vous auraient vue? Vous ne seriez déjà plus ici en ce moment.
Je me redressai et sortit de l'étroit espace dans lequel nous étions cachés.
- Rentrez, maintenant. Allez-vous en!
Maintenant, la lune était bien haute dans le ciel. Je devais rentrer, le général se demanderait où j'étais passé. Je jetai un dernier regard à la demoiselle puis m'éloignai d'un bon pas.

- Vos amis ont détruit mon endroit pour ''rentrer''! criais-je
dans la nuit.

Je soupirai et le regarda me tourner
le dos, puis retourna dans l'étroit espace, me disant
que je pourrais passer la nuit ici.

Je ne me retournai pas, et rentrai directement au camp Nazi. Je mangeai rapidement un petit quelque chose puis m'assit sur mon lit. Un autre soldat s'approcha de moi et me dit, en allemand:
- Hey, Hans... Ça va pas?
Je levai les yeux vers lui. Pas question de lui dire qu'un visage Juif hantait mon esprit...
- Non non, tout va bien...
Il parut comprendre que je ne désirais pas en parler, et il hocha un peu la tête, allant ensuite se vanter avec les autres du nombre de Juifs qu'il avait tué au cours de la journée. Soudain, des paroles captèrent mon attention.
- Vers 10h demain matin, on va ramasser les derniers Juifs de l'immeuble au coin de la rue... Oui, ils vont être envoyés au camp d'Auschwitz...
Auschwitz... Le pire des camps de concentration et d'extermination. Le pire d'entre tous, le plus gros, le plus violent et meurtrier. Je retirai mon calot, posai mon arme à côté du lit et soupirai un peu en me couchant sur le dos. Lorsque je parvins enfin à m'endormir, le visage de la jeune juive vint habiter mes rêves.

Finalement, au cours de la nuit, j'étais
retournée dans mon ''appartement'', car la nuit
était trop froide. Je me couchai sur le semblant de matelas
sans base de lit et m'assoupis, me posant un tas de questions.
Le lendemain, il pleuvait des cordes et quelques gouttes, qui s'était
infiltrées dans le plafond, me tombèrent dessus, me tirant hors de mon sommeil. J'enfilais d'autre vêtements quand même plus propres que
ceux d'hier et entrepris de brosser ma longue chevelure, donc les
boucles ne se défaisaient pas, même au contacte de la brosse.

Je fus tiré de mon sommeil par le général qui me secouait.
- Hans... Hans!
J'ouvris péniblement les yeux et me redressai dans mon lit, passant une main dans mes cheveux courts. Il n'était pas rare que je doive me lever à cette heure si matinale, mais aujourd'hui, le coeur n'y était pas. Je m'habillai lentement, prit mon arme et quittai le camp. J'étais un des premiers à sortir et aller patrouiller dans les rues du ghetto. La pluie froide qui tombait finit de me réveiller. Maintenant bien alerte, j'entrepris ma marche matinale. Bientôt, je vis une femme tenter de récupérer un peu d'eau de pluie dans un seau. En me voyant, elle se précipita à l'intérieur de sa maison. Je songeai que, d'hier la fin de la journée, elle serait montée dans le train qui la mènerait à la mort... Mes pas me menèrent inévitablement devant le même immeuble que la veille. Je me forçai à continuer de marcher, à ne pas m'arrêter.

Je sortis dehors, il fallait bien que je trouve de quoi me subsister!
Je saluai une femme dehors et elle me rendit mon sourire,
avec peut être moins de gaité que moi.
Je revins quelques minutes plus tard avec quelques fruits
trouvé dans une maison qui venait tout juste d'être désertée.

Je me trouvais devant l'immeuble au moment où elle y retourna. Elle passa devant moi, et je l'arrêtai en mettant une main sur son épaule, lui prenant un des fruits des mains. Je le portai à ma bouche, mordit dedans et marmonnai:
- On va dire que je n'ai rien vu de ce que vous venez de faire...
Pourquoi continuais-je de la protéger? Pourquoi refusais-je de la tuer? Je l'ignorais. Mais c'était ainsi.

Je me retournai en sursautant
et regarda autour de moi, comme pour vérifier
que personne nous voyaient.

- Hé! Rendez-moi cela!

Je lui jeta un regard furieux qui n'était pas très convainquant.
Dans ma tête, un tas de questions se bousculaient.

Je fronçai les sourcils et prit une nouvelle bouchée du fruit avant de dire, en appuyant bien sur chaque mot:
- Vous n'avez pas d'ordres à me donner. Vous mériteriez juste que je vous tue sur le champ...
Je levai mon arme et lui visai entre les deux yeux.
- Vers 10h, les Allemands vont venir vous chercher. Cachez-vous si vous tenez à la vie. Retourner chez vous n'est pas une bonne solution.
Je la regardai longuement, la visant toujours sans pour autant avoir l'envie de tirer.