Pv Bridgess

Lorsque je détachai enfin ma bouche de la sienne, je lui fis un sourire encourageant, réconfortant. Je lui jouais un peu dans les cheveux en la regardant. Je l'aimais tant !
Puis, entendant des bruits de pas qui venaient par ici, je me décollai d'elle à regret et remit mon chandail.

Je fis mine de m'observer dans un petit miroir
pendant qu'une quizaine d'hommes entrèrent pour
leur douche matiale.

- Mmm bon tu viens, on va aller te trouver un petit quelque chose à faire pour aujourd'hui, dis-je en lui reprenant le poignet sans toutefois la serrer, l'entraînant avec moi.
J'entrai dans le bâtiment mais continuai mon chemin malgré qu'on passait devant l'endroit où on lavait les uniformes, jugeant qu'il était préférable qu'elle ne lave pas les vêtements couverts du sang des siens...
Je l'emmenai plutôt vers le coin cuisine et m'adressai à un soldat pour savoir si elle pouvait les aider.

Ne voulant pas que je touche à la nourriture,
de peur que j'en vole, ils me confièrent le tâche de nettoyager
la vaisselle.
J'adressai un petit sourire discret à Hans
et commençai mon travail en remontant les manches de mon
chandail.

Comme il fallait que j'aille avec les autres soldats, je lui rendis son sourire et prit la peine de dire avant de partir:
- Si jamais j'apprend que l'un de vous lui a fait du mal...
Je n'eus pas besoin de terminer ma phrase, ils comprenaient parfaitement. Je sortis, et on se rendit à la gare. On nous fit monter dans un des trains parce qu'ils avaient besoin de surveillance au camp de Treblinka. Lorsque j'arrivai là-bas, la première chose qui me frappa en sortant du train fut la forte odeur qui régnait partout. Une odeur de mort. Avec un bout de tissu, je me bouchai le nez et la bouche, comme tout les autres soldats qui m'accompagnaient d'ailleurs. Puis, on entra dans le camp, et je cru m'évanouir en voyant... ce que je voyais.
Les prisonniers étaient si maigres qu'ils n'avaient plus que la peau sur les os. Ils étaient si faibles qu'ils avaient du mal à marcher. Et malgré cela, ceux qui étaient un peu plus forts devaient travailler, encore et encore, sous peine d'être punits. Il y avait des cadavres un peu partout, des gens serrant contre eux le corps d'un être cher. Plus on avançait dans le camp, plus j'étais dégouté, furieux, répugné. C'était inhumain ! Les gens se faisaient tatouer des numéros comme du bétail ! Puis, on aperçu la chambre à gaz, d'où montaient des cris de souffrance. Cette fois, je ne pu retenir un haut-le-coeur et vomit carrément par terre, sous le regard étonné de quelques soldats qui ne comprenaient pas ma réaction. Pour eux, tout ça n'était que justice. Ils avaient l'impression de faire le bien, en éliminant ceux qu'ils considéraient comme une race inférieure.

À chaque fois que je finissais de laver la vaisselle
à ma disposition sur le comptoir, des hommes
en rajoutaient en souriant légèrement.
J'eu même le plaisir de récurer des assiettes propres.

Bientôt, ce fut le temps de donner à manger aux prisonniers. Je retins un soupire en voyant le petit bol de soupe claire que les Allemands donnaient à ces malheureux. Ce fut certainement la pire journée de ma vie. Quand je marchais, les prisonniers s'écartaient de mon chemin, la tête basse. Certains en étaient incapable, trop faibles et fragiles, et détournaient seulement le regard, craignant que je ne leur tape dessus. Je n'en faisais rien. Les poings serrées, me mordant la lèvre au sang pour refouler les larmes qui me montaient aux yeux, J'essayais de ne pas voir ce que m'entourait. Mais c'était impossible. Voir tout ces gens, sans pouvoir faire quoi que ce soit pour les aider, me faisait mal. Une grosse douleur dans la poitrine, que seule une personne arriverait peut-être à atténuer. Lena... Comme elle me manquait en ce moment... J'avais besoin de la chaleur de son corps contre le mien, de la douceur de ses baisers, de la tendresse dans son regard quand elle croisait le mien...

Finalement, j'eu finis toute la vaisselle sale,
ainsi que la propre. Je sortis des cuisines
et, prenant mon courage à deux mains, j'allai
voir un soldat.

- Excusez-moi.. Savez-vous quand le groupe
qui est partit ce matin à Treblinka reviendra?

L'homme se tourna vers elle, puis éclata de rire, imité par les soldats à qui il parlait.
- Voyez-vous ça, elle ose me parler la p'tite Juive!
Nouveau rire général. Le soldat se calma un peu et la regarda plus sérieusement.
- Ils devraient revenir en fin de journée ou durant la nuit, si tout se passe bien, répondit-il finalement.

Elle se retourna, sans le remercier
et s'apprêta à s'en aller, en rebaissant son chandail sur
son derrière.

- Hey, on t'a jamais apprit la politesse ! lui cria l'Allemand en riant.
Ils continuèrent ensuite de discuter sans plus se préoccuper d'elle.

C'était épouvantable. Il était près de 3h de l'après-midi, et je n'en pouvais déjà plus. Je m'assis un moment pour boire un peu d'eau et tenter de faire le vide dans mon esprit. Puis, je sentis qu'on me tapait doucement sur l'épaule. Je rouvrit les yeux.
Devant moi se tenait le gamin à qui j'avais donné les roses pour Lena. Il semblait encore plus maigre, plus maltraité. Mais il m'avait reconnu. Je lui souris, et il me sourit à son tour. Un sourire un peu moins joyeux qu'avant, plus hésitant. Il ne dit pas un mot, mais les fréquents coups d'oeil qu'il jetait vers mon sac me firent sourire. M'assurant que personne ne nous voyait, j'ouvris le sac et lui tendit un morceau d'une tablette de chocolat. J'en gardais toujours une avec moi, au cas où sa servirait. Il le prit et me remercia d'une petite voix, reconnaissant. C'est là que je me promis de lui sauver la vie.

Finalement, j'allai dehors un,
regardant l'entraînement de quelques hommes.
Je fûs étonnée que personne ne me surveille.

Plusieurs hommes lui jetaient quelques regards méfiants en passant près d'elle, mais on ne lui accordait pas trop d'attention.

Assez tard le soir, on rembarqua dans un camion qui allait nous ramener près du ghetto. J'avais longuement discuté avec le gamin, et nous avions convenu d'un plan. Il se cacha dans un grand sac, que je pris sur mon épaule. Quand je montai avec le sac dans le camion, personne ne posa de question. Le petit resta tranquille tout le long du voyage.

J'étais partie me coucher
et dormais dans un sommeil profond.

Le camion revint au QG et les soldats descendirent,
se couchant tout de suite pour l'arrivée d'Hitler demain matin.

Je sortis du camion et rentrai silencieusement dans le dortoir en emmenant le sac avec moi. Rendu là, je m'assis sur le matelas de Lena. Tout le monde dormait. Je la secouai légèrement et murmurai:
- Lena... Réveille-toi...

- Hmmm?

Je m'assis et remarqua le sac.

- C'est quoi ça?

- Chuuut...
Je la regardai un peu puis ouvrit doucement le sac et plongeai la main dedans, ébouriffant légèrement les cheveux du petit garçon qui s'était endormit. Il se redressa lentement, sans dire un mot. Pourtant, ses yeux s'illuminèrent quand il vit Lena et il se serra contre elle. Il l'avait reconnue, savait qu'elle était Juive elle aussi. Je souris doucement en voyant ça.

J'haussai les sourcils et sourit
en le serrant très fort contre moi.

- Tu es fou, dis-je à Hans les larmes aux yeux, reconnaissante.

- Je sais, approuvai-je en réprimant un léger rire, ne faisant que lui sourire.
Doucement, je pris sa main dans la mienne et restai ainsi à la contempler, dans la pénombre de la pièce, tandis à quelques mètres de nous les autres dormaient.

Je l'embrassai, pendant que le petit s'était
endormi.

- On fait quoi pur demain, chuchotais-je.

- Je n'en sais rien. Il faut cacher le petit. Il pourra sans douter passer encore un moment dans le sac, si on lui explique le problème. Pour toi, par contre, tout le monde est au courant de ta présence. Il vaut sans doute mieux que tu restes avec moi, et que j'essais de m'expliquer avec Hitler si jamais il y a un problème...
Je soupirai. Tout ça était compliqué et inquiétant...

J'hochai la tête, puis m'étendit, le petit toujours dans mes bras.
Je savais que demain, les ennuis commençeraient.

Je caressai un peu les cheveux du gamin, puis me penchai pour embrasser Lena. Je lui fis ensuite un sourire réconfortant et me couchai dans mon propre lit. J'eus du mal à m'endormir.

Le lendemain, je me réveilla de bonne heure,
expliquant la situation au gamin.
Il entra dans le sac et je fouillai dans le sac de Hans
pour trouver de quoi le subsiter pendant la journée.

Plus tard, je m'étais réendormis.

Lorsque je me réveillai, je vis que le garçon était retourné dans le sac. Voyant Lena dormir, je décidai de ne pas la réveiller tout de suite et allai plutôt prendre une douche. Je reviens ensuite dans le dortoir et la secouai un peu.
- Viens, si tu veux manger un petit quelque chose... Hitler arrive bientôt.