Pv Bridgess

- Mais tu n'es pas comme les autres et je n'ai pas peur
de toi.

Je levai la tête pour planter mon regard dans le sien.

- Y a-t-il un moyen pour... rester ensemble..?

Je réfléchit un moment puis secouai un peu la tête.
- Si je reste avec toi, les autres vont se demander où je suis passé. Ça va créer encore plus de problèmes... Le mieux serait de quitter la Pologne, de changer de pays. Malheureusement, les Allemands contrôlent aussi les pays autour. Je ne vois pas comment on pourrait... Et si on nous découvre ensemble, on va être tués. Les deux...

Je baissai les yeux, désespérée,
puis soudain une idée me traversa l'esprit.

- Dans votre QG, prennent-ils des esclaves?

Ma proposition serait sans doute folle, mais c'était le seul moyen.

- Non, non c'est hors de question! m'exclamai-je aussitôt.
Je la dévisageai avec des yeux ronds, les sourcils haussés, puis expliquai:
- Tu te ferais tuer après à peine une journée! Un petit truc de travers, une tâche accomplie deux secondes trop tard et paf, tu serais fusillée. Non, c'est vraiment trop dangeureux.

- Je serais prête à prendre le risque! Je suis bonne dans
les taches ménagères, j'en ai fait toute ma vie!

Je le suppliai du regard, sachant que c'était la seule solution.

- Ce que tu peux être entêtée... Et le pire dans tout ça, c'est que je me sens incapable de te refuser quoi que ce soit...
Je soupirai un peu.
- Bon... On peut essayer. Mais si jamais il arrive quoi que ce soit...
Ma voix trembla un peu et j'eus du mal à poursuivre. Je marquai une légère pose puis ajoutai, dans un murmure:
- Je m'en voudrais tellement...

- Tu n'auras pas à t'en vouloir, je me conduirai
bien.

J'affichai un petit sourire reconnaissant.

Je levai les yeux au ciel et la serrai contre moi, glissant mes doigts dans ses cheveux.
- Tu sais quoi ? Je crois que... Je t'aime.
Je la regardai très sérieusement, un mince sourire aux lèvres.

Je relevai les yeux vers lui
et le serra fort dans mes bras.
Personne ne m'avait dit ces mots auparavant.

- Je crois que je t'aime aussi.

Je souris, plaquai doucement mes lèvres sur les siennes et lui donnai un long baiser, juste au moment ou Stefan revenait vers nous car il trouvait que ça commençait à être long. En le voyant, je me décollai brusquement de Lena.

(Il les a vu?)

Je rougis jusqu'aux oreilles et Stefan
me prit par le bras en me tirant loin de Hans.
Il me jeta un regard furieux quand je me retournai pour
voir l'Allemand. Ce que Stefan ne vit pas, c'est que je mimai avec mes
lèvres: ''viens me chercher demain''.

(Bah euh... Ouais, on va dire xD)

J'hochai un peu la tête et fit demi tour, sortant de la cachette des Juifs. Il faisait encore nuit, j'avais le temps de rentrer au campement sans être vu. Je me glissai en silence dans mon lit, sans que personne ne me voit. Heureux, je ne tardai pas à m'endormir.

- C'était quoi ça à l'instant?! me demanda Stefan en haussant la voix.

- Ce n'est pas de tes affaires. Et parle moins fort, tu vas
réveiller tout le monde.

- Mais il t'as embrassé! Un Nazi!

Je le foudroyai du regard et, d'un pas rapide, m'éloignai de lui.

Il me promit que cette discussion ne s'arrêterait pas ici.

Le lendemain, lorsque je me levai, il y avait déjà eu une nouvelle rafle dans le ghetto. On était au début du mois de Juin 1943. La rafle fut plus grosse que d'habitude, on emmena encore plus de Juifs, et ils ne furent pas conduits à Treblinka mais bien au camp d'Auschwitz, le plus gros des camps de la mort, pour les tuer le plus rapidement possible dans les chambres à gaz.
En sortant du campement Nazi, ce matin-là, je n'eus pas le choix d'aller aider à la gare, car les Juifs étaient beaucoup plus nombreux à monter dans les trains, et maintenant qu'ils avaient commencé à comprendre qu'ils allaient mourir dans ces camps, plusieurs tentaient de se sauver, de se révolter.

Un peu plus tard le matin, un gamin Juif dont la famille avait été emmené un peu plus tôt dans la rafle matinale, se présenta à l'entrée de la cachette des Juifs. Il vivait encore dans un appartement jusqu'à ce matin, et avait été le seul de sa famille à ne pas se faire trouver et emmener. Dans ses mains, le gamin d'à peine 8 ans tenait un bouquet de fleurs. Des roses. Une douzaine de magnifiques roses rouges. On le fit entrer, on l'accueillit gentiment, et on lui demanda pour qui étaient les fleurs. Le garçon les regarda puis répondit:
- Une femme qui s'appelle Lena... C'est pour elle les roses...

Je m'approchai en entendant mon nom
et découvrit avec surprise les magnifiques roses
rouges.

- Et c'est de la part de qui, le sais-tu? lui demandais-je gentiment.

Mon coeur battait la chamade
et j'avais peur que Hans ne vienne pas me chercher.

(Je suis en voyage en Suisse et la connexion est intensément longue XD
En plus, y'a 6h de décalage, alors on risque de ne pas être en même temps, mais je vais essayer de venir quand il va être 18h au Canada (Donc minuit pour moi -_-) Je reviens le 19 XD)

(Haha okaiie xD)

Le garçon leva les yeux vers elle et lui sourit doucement en lui tendant les roses. Il était tout petit, tout maigre, et en plus il venait de perdre sa famille. Pourtant, il ne semblait pas trop malheureux.
- C'était un monsieur... Un soldat avec un fusil...
- Un allemand !? grogna une voix un peu plus loin. Le petit hocha la tête.
- Oui, un Allemand... Je sais pas son nom, il me l'a pas dit. Quand il s'est approché de moi, je pensais qu'il allait me tuer ou m'emmener avec lui, mais il était super gentil ! Il m'a dit que je pourrais vous trouver ici, il m'a demandé de te donner ça... Et il m'a donné du chocolat !!

Je me retins de ne pas fondre en larmes.
Hans...

- Je.. Je te remercie.

Je lui donnai un baise sur le sommet du crâne.
Derrière moi, j'entendais des murmures mécontents.

J'allai dehors pour humer les fleurs.

Le petit garçon, tout content, finit de manger son gros morceau de chocolat. Il en donna un petit bout à un autre enfant, qui lui fit un sourire reconnaissant et le mangea rapidement, et ils allèrent ensuite jouer un peu ensemble.

À la gare, on avait du mal à contenir les Juifs. Ils se débattaient, hurlaient, attrapaient les armes des Allemands assomés et tiraient sur les autres. J'évitai de justesse une balle. D'habitude, je n'étais pas du genre à tuer les gens comme ça, mais cette fois je n'avais pas le choix. Les Juifs étaient rendus comme fous. Si je tenais à survivre, je devais me défendre. J'en tuai un, deux, trois... Les Allemands hurlaient des ordres, tiraient dans le tas de Juifs tout en les faisant peu à peu reculer vers le train. Bientôt, le dernier fut abattu, et les autres s'entassèrent dans le train. Plusieurs Allemands étaient blessés, d'autres étaient morts, étendus au sol, baignant dans leur sang.

Plusieurs Juifs du ghetto manquaient à l'appel ce
matin. Je me dirigeai donc, discrètement, vers l'endroit
où les Allemands les embarquaient.
Je me retins de ne pas crier en voyant le massacre.

J'étais tout près des portes, haletant et en sueur, observant avec un air dégouté les corps sur le sol. Puis, soudain, les portes d'un autre compartiment s'ouvrirent, et une autre foule de Juifs embarqués dans un autre camp sortirent en hurlant. Je fis volte-face, levai mon arme mais avant même d'avoir eut le temps de tirer, je sentis une vive douleur dans mon épaule gauche. J'y portai ma main et la retirai pleine de sang. J'avais été touché, la balle était encore dans la blessure. Mes vêtements se recouvrirent rapidement de sang au niveau de l'épaule, mais je tentai d'ignorer la douleur. Lorsque, finalement au bout d'une quizaine de minutes on réussit à faire rembarquer les Juifs, le train partit en laissant derrière lui un véritable carnage. Il y avait des dizaines de corps, autant amis qu'ennemis, qui jonchaient le sol, et l'odeur de sang flottait dans l'air.

En ayant vu Hans tomber au sol, je m'étais précipitée,
sans réfléchir, à ses côtés.
J'avais enjambé des dizaines de corps avant de m'accroupir
devant Hans.

- Oh mon dieu...

Mon front était couvert de sueur et mes cheveux blonds en étaient un peu mouillés. Les dents serrées, j'avais appuyé une main sur ma blessure. La douleur se lisait sur mon visage. Je n'était pas en danger de mort, certes, mais une balle dans l'épaule, dieu que ça fait mal ! En la voyant près de moi, j'eus l'air alarmé.
- Non... Vas-t'en d'ici Lena... T'en fais pas pour moi, je vais être correct... Pars, tout de suite! lui murmurai-je précipitament.

- Non, je ne peux pas te laisser dans cet état!

J'essayai de le soulever avec du mal et déchira un
morceau de mes habits pour panser sa plaie.

Les Allemands encore vivants ne semblaient pas se soucier de nous, contrairement à ce que je craignais. Ils allaient plutôt faire soigner leurs blessures, discutaient entre eux, juraient à voix basse de s'être ainsi fait prendre. Je m'assis et la regardai faire en grognant un peu.
- Aiie...
Je me mordit la lèvre et dit, toujours aussi bas:
- Le gamin Juif, il a bien trouvé votre cachette?

Je souris et le regarda dans les yeux.

- Oui et les fleurs sont magnifiques!

J'omis de lui dire qu'elles n'avaient pas plu à tout le monde.

- Ça a dû te coûter une fortune...