Coeur de pirate (pv Loupio)

- Capitaine !? hurla-t-elle à travers la tempête.

Il ne bougeait plus depuis un petit moment. Ça n'allait pas bien. Elle l'avait pourant prévenu !
Lena évalua rapidement la situation, s'empêchant de paniquer.
Si elle ne le sortait pas rapidement, il tomberait à la mer et là, impossible de le récuperer à cause des vagues.

La jeune femme inspira un bon coup, puis se lança sur le pont.
Elle fut propulsée un peu plus loin et son coude heurta une poutre et s'ouvrit. Elle se mordit les lèvres pour ne pas crier sous la douleur et rampa jusqu'au capitaine inconscient.

- Vous m'entendez?

Elle lui tapota la joue frénétiquement. Il ne bougeait pas. Lena se leva doucement et prit les deux bras de l'homme, afin de le tirer avec elle hors du pont. Au bout d'un long moment, avec tout l'effort du monde, le coude pissant le sang, elle réussit à le mettre à l'abris et se mit à pleurer. Pas un autre mort à cause d'une tempête...?!

En entendant les sanglots, le marin le plus proche se redressa un peu. Il semblait bien moins saoul que tout à l'heure, et tâtonna dans le noir pour trouver le cou de son capitaine. Il appuya deux doigts, et finit par trouver un pouls.

- Il est vivant. Il respire.

Ses cheveux étaient complètement trempés par la pluie, mais vers l'arrière de la tête, ils étaient plus poisseux, ce qui signifiait qu'autre chose que de l'eau les mouillait. Du sang, plus précisément. Il était juste solidement assommé. Mais bien vivant.

Lena renifla un coup et essuya ses larmes, chose inutile puisqu'elles
se perdaient dans l'eau qui coulait de son foulard. Elle voulu panser la blessure du capitaine, mais remarqua que ses vêtements trempés révélaient toute sa féminité. Elle se replia donc contre elle-même et recula pour être plus dans l'ombre.

- Vous devez arrêter l'hemorragie!

La jeune femme tremblait de froid et son coude l'élançait.

- Ben oui, mais comment t'veux que j'fasse ça moé !?

Il tira sur la chemise de Jack et la lui enleva. Il la tordit pour en enlever l'eau puis l'appuya doucement sur sa blessure à la tête. Il stoppait ainsi le flot de sang qui coulait. En même temps, il tapotait un peu la figure du jeune homme pour lui faire reprendre conscience. Finalement, celui-ci ouvrit les yeux au bout de longues minutes, toussant et clignant plusieurs fois des yeux, l'air un peu perdu. Il ne voyait rien, mais percevait de légers sanglots à peine perceptibles, et sentait un léger poids sur sa tête ainsi qu'une vive douleur.

- Doucement cap'taine.

Restée dans l'ombre, Lena ne put s'empêcher de s'approcher légèrement pour voir si le capitaine allait mieux. Elle soupira de soulagement en voyant qu'il reprenait conscience.
Il n'était pas mort.
La jeune femme replaca son foulard sur sa tête et essuya le sang de son coude sur son pantalon trempé.

Il referma les yeux pendant quelques instants, puis soupira et les rouvrit. Il aperçu alors un peu, dans la pénombre, que Leonard était tout près. Il le voyait mal, mais percevait quand même sa présence. Il sentit le matelot éponger doucement le sang restant avec la chemise, et grimaça.

- Que... Qu'est-ce qu'il s'est passé... ?

Il se rappelait avoir essayé de retourner vers la porte avec la lampe, puis... plus rien. À en juger par la douleur à sa tête, il avait dû recevoir un coup. En tout cas, il avait été solidement assomé, car le reste n'était que du noir dans sa tête.

- Vous avez été téméraire et stupide et vous vous êtes élancé dans la tempête. Je vous ai sorti de là...

C'était sans doute impadonnable de traiter un capitaine d'idiot, mais elle n'avait pas pu retenir ses paroles entrecoupées de sanglots. Elle était tout de même soulagée d'avoir pu le sauver sans y rester elle aussi.

Il haussa les sourcils en l'entendant prononcer de tels mots. Mais surtout, ce qui le surpris le plus, c'est les sanglots. Pourquoi pleurait-il ? Certes, il avait dû avoir peur pour la vie de son capitaine, mais étais-ce une raison ? Aucun des marins n'aurait pleuré, ni même celui qui essuyait sa tête, avec beaucoup de délicatesse pour un pirate.

- Pardon.

Il tenta de se trainer un peu au sol pour se rapprocher de lui et lui tapoter un peu le genoux.

- T'aurais pu y rester aussi... À cause de moi... Je suis désolé.

- Voilà capitaine. Essayez d'pas trop bouger et ça d'vrait aller.

Il eut un sourire reconnaissant en direction de l'homme qui se retourna pour se coucher avec les autres. Au bout d'une minute ou deux qui s'écoulèrent en silence, on commença à entendre ses ronflements. Bon. Voilà, à nouveaux seuls. Lentement, Jack se releva et s'affaira à allumer la lampe qu'il avait réussit à ramener. Après quelques essais, une douce lumière se répandit dans la pièce, assez pour éclairer leurs visages et leur permettre de se voir les uns les autres.

La lumière fit paniquer Lena encore plus, alors qu'elle aurait dû être rassurante.
Le jeune fille était maintenant à demi derrière le gros baril où elle était accotée quelques minutes plus tôt.

- On devrait aller se coucher... allez-y je vais vous suivre.

Tentative désespérée pour essayer de se cacher.

Il ne fit pas de commentaire et hocha simplement la tête. Il enjamba une nouvelle fois les corps endormis qui prenaient toute la place et alla jusqu'à sa cabine, laissant la porte ouverte pour que Leonard puisse venir aussi. Il déposa la lampe sur le plancher et se dévêtit. Seulement en sous-vêtements, il se glissa sous les couvertures de son lit. Il était encore un peu mouillé à cause de ses vêtements et, par conséquent, avait un peu froid. Mais ça allait passer, dans la chaleur des couvertures. Du moins, il l'espérait.

- Espérons que demain, tout ça se sera calmé...

Lena avança jusqu'à être cachée par le cadre de porte.
Elle tâtonna aux alentours pour trouver quelque chose qui pourrait l'aider.
Une serviette, un vêtement, une couverture, n'importe quoi pour la ouvrir...
Malheureusement, il n'y avait rien.

Il se redressa en voyant qu'il restait derrière le cadre de porte. Les sourcils froncés, il déclara:

- T'as pas à être gêné, viens...

Il ne comprenait juste pas. Ils étaient entre hommes. Et... et en plus... Leonard était encore habillé ! Ce n'est pas comme s'il était nu ! Et puis de toute façon, il n'aurait rien dit. Ils avaient tous un truc entre les jambes, fallait pas capoter.

- J'me rhabille si tu veux...

Une telle pudeur... Franchement !

Lena entra dans la pièce pendant que le capitaine se changeait de dos.
Là, elle chercha dans tous les sens quelque chose susceptible de l'aider.
Son coeur battait à tout rompre. S'il découvrait son identité, s'en était finit de sa fuite et sans doute aussi de sa vie. Les pieds encore mouillés, elle glissa par terre et s'étendit de tout son long par terre.
Gé-ni-al.

Son chandail trempé au plus haut point révelait une poitrine développée sans soutient-gorge.
Lena regarda le regard de l'homme, rougit de honte et d'embarassement, puis décida de faire la seule chose qu'elle était en mesure de faire: fuir. Elle assena une gifle peu puissante à l'homme et couru en direction de la porte, mais glissa une nouvelle fois par terre.

Jack fut surpris par la baffe et l'encaissa sans avoir le temps de réagir. Lorsqu'il le jeune... hum, plutôt la jeune femme, s'éloigner en courant, il se décida à se lancer à sa poursuite. Malheureusement, tout était en ordre pour qu'il se retrouve par-terre. La brutalité de son mouvement l'étourdit un peu, à cause de son coup à la tête, et le fait que la jeune fille tombe juste devant lui fit qu'il trébucha et s'effondra lui aussi. Il se retrouva à moitié sur elle, une jambe complètement par-dessus, son torse écrasé contre elle.
Reprenant ses esprits, il empoigna son bandeau et tira dessus, libérant ses cheveux. Les yeux écarquillés, il semblait fortement surpris.

- Putaaiin...

- Merde ...! Lâche-moi !

Elle se tortilla dans tous les sens sous lui, essayant de lui assener
quelques coups de poing dans le dos. S'en était finit du timide Léonard, elle n'avait plus besoin de jouer ce rôle. Elle ne voulait que s'enfuir d'ici au plus vite et se cacher à quelque part.

Il l'attrapa par les épaules pour essayer de la maintenir immobile au sol.

- Hé ho, du calme. Je brutalise pas les femmes d'habitude, alors m'oblige pas à le faire.

Il réussit à l'immobiliser et resta là à la regarder drôlement sans dire un mot. Il ne savait juste pas comment réagir dans une telle situation. Premièrement, cette demoiselle était très intelligente. Sans toute cette maladresse, elle aurait pu cacher son jeu jusqu'à la fin. Deuxièmement, elle était aussi très stupide d'être venue sur un bateau rempli d'hommes en sachant bien qu'elle pourrait risquer d'être découverte.

- ... Leonard, hein ? Ouaiiis... Ton vrai nom ?

- T'as pas à le savoir... grommela-t-elle, mécontente.

Elle continua à se tortiller, malgré la poigne de l'homme qui lui faisait mal aux épaules.
La jeune femme essaya tout de même de croiser ses bras - ou du moins, ses coudes - contre sa poitrine assez voyante.

- Sérieux... J'comprend vraiment pourquoi j'sentais un truc sous ton haut !

Il faisait en fait référence à la grosseur très appréciable de la poitrine de la demoiselle. Elle t'avait de superbes formes en tout cas, ça c'est sûr. Et il ne pouvait s'empêcher de mater, jusqu'à ce qu'elle tente de se cacher. C'est alors qu'il détourna le regard.

- Bon. Et tu viens faire quoi ici ?

- J'me rend au prochain port.

Elle n'en ajouta pas plus et ne lui revéla pas plus son vrai nom. Son attention se concentra sur un chandelier qui était tombé au sol lors de la tempête. Elle pourrait l'assommer et s'enfuir discrètement sans que personne ne soit au courant de sa situation...

- Pourquoi t'es aussi agressive ? J'vais pas te violer, relaaaxe.

Bon. Avec une telle poitrine, c'est pas l'envie qui manquait de tendre la main et toucher, mais... Non, il savait quand même se tenir un peu. Il secoua la tête et lui redonna son foulard.

- J'vais faire un marché avec toi d'accord ? Tu te calmes et agis normalement. Tu te rhabille tranquillement en homme. En échange, je ne dis rien à personne et te laisse débarquer au prochain port.

Je ne voulais pas que la situation devienne incontrôlable sur ce bateau. Avec une fille à bord, les hommes deviendraient fou ou alors ils essayeraient de faire des choses que je ne pourrais tolérer. Il faut de la discipline, sur un navire. Et ces marins n'étaient pas prêts à endurer la présence d'une femme sans rien faire.

Elle arrêta brusquement de gesticuler et regarda l'homme, à la fois perplexe et surprise.

- Et pourquoi devrais-je croire que vous allez me laisser partir sans dire un mot?

Son ton de voix était plus doux, mais elle avait planté son regard dans celui du capitaine avec défi.