Never let you go... (Cherry)

Bon. Pour le moment, j'étais bien d'accord. Mais il commençait à y aller un peu fort. Oh, pas que sa main sur mes seins me dérangeait vraiment, c'était plutôt le regard des quelques rares passants posés sur nous deux qui me gênaient. Et même si le coin était plutôt vide, une personne ou deux, c'était assez pour me mettre mal à l'aise. Surtout qu'on sait jamais sur qui on pourrait tomber. Des plans pour que ce soit des potes de mon frère, ou mon frère lui-même, ou encore Maxime ! Je tentai alors de me redresser légèrement et d'attraper les poignets d'Adam, question d'attirer son attention.

- Attend. On va quand même pas... J'veux dire... Ici ?

Ben si, je voulais un endroit plus discret. C'est pas si compliqué.

Adam arrêta sa main à quelques centimètres de la poitrine de Katherina, poussant un soupir peu discret. Ces filles...toujours gênées par l'endroit, le moment, la personne...franchement, aucune capacité d'adaptation. Soit, la situation pouvait se montrer un petit peu gênante, mais lui, il avait plutôt l'habitude.

-Pourquoi? De quoi as-tu peur?

- Que n'importe qui voit ça ! Sérieux, t'as aucunes notions d'intimité, de pudeur ? On voit bien que ce n'est pas toi qui se ramasse à moitié nu en train de te faire toucher partout aux yeux de tout le monde ! -.-

J'étais franchement mal à l'aise, maintenant. Un gars à l'allure louche et bizarre, un mélange de emo et gothique et punk à la fois, avec une cigarette dans la gueule et des piercings partout sur le corps, s'était arrêté et nous fixait avec attention. En fait, je crois que c'était plutôt mes seins qui l'attiraient comme ça. Une chance que j'avais encore mes vêtements...

- Allez, fais pas le con. S'teuplait. En plus, t'imagine si mon frère débarque ? L'histoire de la lettre, il l'a pas trouvée drôle. Il pourrait très bien décider de te refaire le portrait, et ce serait dommage, parce que t'as une belle gueule.

Adam se retourna pour dévisager le type louche qui s'était ramené, relâchant un peu son emprise sur Katherina. Qu'est-ce qu'il avait, celui là!? L'avait jamais vu un gars déshabiller sa victime allongée sur la table d'une terrasse ou quoi? Après avoir fusillé l'inconnu du regard, il empoigna le bras de la jeune femme et la releva sèchement.

-Bon, très bien. Mais je reviendrai te voir, un de ces jour. Et crois moi, je vais te faire des trucs que tu ne pourras pas raconter à ton cousin avant 20 ans.

Je soupirai clairement de soulagement lorsqu'il accepta ma demande. Même s'il me releva sans douceur, et que je manquai me rétamer par terre, me rattrapant à lui de justesse. J'étais étonnée de l'avoir fait céder aussi facilement. Je m'étais attendue à devoir me débattre, ou crier comme un folle. N'empêche qu'il était temps, parce qu'il commençait à me donner vraiment trop envie. Je crois que je l'aurais laissé faire, ailleurs. Mais là... Nan. Sur une table de terrasse, c'était pas dans mes principes. Je posai mes deux mains sur ses joues, le regardant directement dans les yeux avec un sourire.

- Pauvre toi.

Posant un dernier baiser sur ses lèvres, je réajustai mes vêtements comme il faut puis m'éloignai un peu de lui.

- Ouais, tu parles. J'ai bien hâte de voir ça ! lançai-je, moqueuse, en réponse à sa dernière phrase.

Après coup, je me demandai un peu si ça sonnait comme une invitation, comme si j'acceptais son truc, et je me trouvai un peu stupide d'avoir répondit ça. Mais en même temps, c'était un peu comme si je ne le croyais pas capable de ça, donc dans un sens je me moquais de lui. Et ça, j'aimais ! =D
Je m'éloignai donc sans plus tarder, me déhanchant un peu le derrière d'une manière sexy, juste pour le faire chier.

Bon, laissons ce pauvre gars finir sa soirée dans les bras d'une gamine afin de pouvoir se recentrer sur la chose la plus importante: moi. Ouais, c'est la classe dit comme ça mais en réalité, j'étais plutôt en train de me faire chier. Der nouveau assis sur le canapé, j'étais obligé de servir de poupée géante version tête à coiffer pour ma petite soeur. Mes cheveux ne ressemblaient plus à rien, et des barrettes multicolores me parsemaient le crâne.

-Aïeuh...
-Faut souffrir pour être belle!

Voyant par la vitrine que mon cousin était assit à une table en train de manger sa crème glacée, je décidai de ne pas entrer et de profiter de mes quelques derniers instants de liberté avant qu'il ne resorte. Je m'assis donc devant le magasin, le dos contre le mur, et sortit mon téléphone ainsi que le bout de papier sur lequel Adam m'avait écrit le numéro de Maxime. Je l'apppelais, ou pas ? Je l'appelais ! Non... OUI ! Pas une bonne idée...
Bon. Il était géant. Peut-être qu'il ferait peur à mon cousin, comme ça celui-ci partirait en courant pour rentrer à la maison, ce qui me sauverait la vie ! Oui, ça c'était un argument du tonnerre ! Je me décidai enfin à appuyer sur chaque chiffre pour composer le numéro, et attendit tranquillement, écoutant la sonnerie agressante et espérant juste qu'il réponde.

Je profitai du fait que mon portable sonne pour m'enfuir loin des mains maléfiques de ma soeur et de ses fanfreluches. Une fois l'appareil bruyant trouvé, je m'empressai de décrocher et de le porter à mon oreille. Je n'avais pas pris la peine de jeter un coup d'oeil au numéro, que je n'aurais de toute façon pas reconnu. C'est pourquoi je n'avais aucune idée de qui j'avais à l'autre bout du fil, et que cela me rendait un petit peu nerveux sans que je sache pourquoi.

-Oui? C'est qui?

Soulagement extrêêême. C'était lui. Aaaaah.

- Yééé, Maxime ! C'est Kath. Fiouu, c'est toi ! Pendant un instant, j'ai eu peur que Ad... euh... *tousse tousse* hum, pardon... J'ai eu peur d'avoir le mauvais numéro. Haha. Héhé. Ça... va ?

Je suis trop excellente, avouez-le. J'ai passé tout près d'avouer à mon ami que j'ai volontairement cherché son ex meilleur ami qui lui a cassé la gueule pour avoir son numéro. Et là, il aurait compris que je n'aurais pas obtenu le numéro en question sans rien donner en retour. Et je me serais sentie ultra coupable, donc j'aurais tout raconté, depuis les baisers jusqu'au presque, euh, acte... Sur la table. Que j'avais évité de justesse, mais que j'aurais laissé faire si on avait été ailleurs que sur la fameuse table. Là, Maxime m'en aurait voulu à vie, et... Voilà. Je l'aurais pas supporté.

- Il faudrait que tu me sauves la vie. Tu vois... J'ai un cousin débile en visite chez moi, et il me colle aux basques depuis tout à l'heure. Tu pourras pas, hum, venir ? Et le traumatiser juste assez pour qu'il s'en aille ? =D

J'écoutai Katherina en silence, attendant qu'elle ait fini pour pousser un soupir plutôt bruyant. En réalité, j'avais eu peur que ça ne soit un commercial qui veuille me vendre des fenêtres ou qu'il ne lui soit arrivé un malheur. Heureusement, elle voulait juste me demander un énorme service. Ouff.

-Huu...oui, je peux venir mais...j'ai un p'tit truc à régler avant...je peux emmener quelqu'un avec moi?

Coup d'oeil vers ma soeur diabolique, qui était occupée à passer son peigne dans les poils du tapis. De ma main libre, je tentai d'enlever toutes les pinces et les élastiques de mes cheveux, et de me coiffer un minimum. Hum, Emily allait me tuer en voyant sa création toute défaite.

J'haussai les sourcils, jetant par précaution un regard à l'intérieur. Fiouu, il mangeait encore. Il était lent, dit donc. Ça m'arrangeait tellement ! Heureusement qu'avec ses manières de petit fils de riche trop gâté, il y allait lentement, prenant soin de ne pas se salir ou d'en renverser partout. Ah, parfois, ça a ses bons côtés. Pas besoin de lui dire de me battre avec lui pour qu'il lave ses mains collantes... Héhé. Et ça me laissait du temps libre.

- Ouais, pas de problème. On est chez la p'tite madame qui vend de la crème glacée. Merci, meeeerci infiniment. Tu me sauves la vie.

Après avoir raccroché et m'être débarrassé de l'essentiel des barrettes coincées dans mes cheveux courts (je ne peux pas garantir qu'il n'y en ait plus, mwahaha), je priai ma soeur de bien vouloir lâcher son peigne et de cesser de torturer ce pauvre tapis. Après cinq bonnes minutes de négociations, je lui lançai qu'on allait se promener.

-Mais t'as pas le droit de sortir, toi là!
-Ouais, mais on va manger des glaces...c'est pas très grave je pense.

Bah, on dirait bien que je l'avais convaincue. En tout cas, elle avait été très facile à traîner dehors, et encore plus une fois que l'enseigne du glacier fut dans notre champ de vision. Je la laissai partir à l'intérieur avec un billet tout en cherchant Katherina des yeux. Où pouvait elle bien être...?

- La prochaine fois, j'exige au moins quelques billets de plus !
- Mais c'est pas nécessaire, t'en as eu suffisamment avec c'que je t'ai donné !
- Mais j'avais droit qu'à une glace à la vanille, et c'est vraiment pas ma préférée hein ! J'préfère chocolat, ou bien à la fraise...
- Oh fait pas le bébé et tais-toi. >_<
- T'es pas ma mèreeee !

Juste comme j'allais finalement perdre patience et lui taper sur la tête, pas trop fort, juste assez pour lui faire mal et le faire taire du même coup, une petite fille rentra joyeusement dans le magasin, nous dérangeait tous les deux dans notre querelle. Déconcentrée, j'en oubliai ce que je voulais faire, à savoir frapper mon cousin, et celui-ci arrêta enfin de parler. Merci mon dieu !

- Est ben petite elle pour être toute seule comme ça...
- Mais t'as fini de critique tout et n'importe quoi !?

Après cinq minutes planté dehors à chercher bêtement Katherina des yeux, je finis enfin par penser qu'elle pouvait être non pas devant, mais DANS l'enseigne du glacier. Je poussai alors la porte, le sourire aux lèvres. Gourmand comme j'étais, je me disais aussi que je pourrais demander à Katherina de me payer une glace pour le dérangement! Quoi que, pas très galant tout ça...

-Heey. T'es là.

Je me tournai vers la porte au moment où Maxime entra, et levai les yeux au ciel avec un air totalement soulagée.

- Ah enfin ! Meeeerci !

Je lui aurais peut-être sauté au cou, si nous avions été seuls. Mais, eum... Non. Je m'approchai donc de lui, et affichai un sourire parfaitement sadique et cruel en voyant la mimique de mon cousin. Il s'était rapproché aussi, et se cassait littéralement le cou tellement il penchait la tête vers l'arrière pour observer Maxime. Faut dire qu'il était plus petit que moi, et que je n'étais moi-même pas extrêmement grande alors... Il avait les yeux ronds, totalement... troublé, ouais. Et moi, je riais intérieurement de la scène, en pensant "bien fait pour toi !".

- Alors voilà, cette petite chose à tes pieds, c'est mon cousin.
- Woooooohh...
- HEY ! On t'as jamais appris à ne pas dévisager les gens comme ça !? >_<

Je fus tentée de glisser discrètement à Maxime une idée de plan machiavélique. Comme par exemple, qu'il fasse bouh à mon cousin pour qu'il soit pris de terreur. Avec la grandeur du mec, il aurait la peur de sa vie.

Je haussai un sourcil. Un cousin, quel cousin? Ah, ce truc...faut dire que de haut, je ne voyais qu'un petit crâne recouvert de cheveux soigneusement peignés. Il avait l'air du genre à tout faire parfaitement, le genre de gamin qui n'aimerait vraiment pas qu'on lui ébouriffe les cheveux

-Salut p'tit gars. T'as perdu ta maman?

J'avançai la main avec la ferme intention de lui ruiner son brushing de star, d'autant plus que je ne m'étais pas lavé les mains depuis au moins 3 siècles. Hmm, super, la main toute crade dans ses cheveux doux et luisants!

En voyant où Maxime voulait en venir en avançant la main, je fus aussitôt d'accord avec ce plan. Même que je l'encourageai mentalement, observant la scène et m'en délectant. Mon cousin observa la main du géant approcher de sa tête sans penser une seule seconde à s'enfuir. Il se fit donc totalement décoiffer, par une main d'une propreté laissant à désirer, et s'écarta presque d'un bond en poussant un cri. Aussitôt, il couru vers les toilettes des hommes pour essayer de trouver un miroir et replacer ses cheveux, pestant contre le manque d'hygiène et de savoir-vivre. Je me tournai vers mon ami, souriante.

- T'es un génie. Jt'adore, tu le sais ? =D

C'est vrai, moi, un génie? Et elle m'adorait? Waaah, méga cool! Je posai un regard surpris sur Katherina, étonné qu'elle me le dise ainsi. C'était clair, pas de sous-entendu...Ben quoi, vous vous rappelez pas que c'est elle qui passait son temps à me traiter d'imbécile et de sous-doué? Pas méchant, véridique même mais franchement, les compliments c'était quand même plus agréable!

-Naaan, j'le savais pas O_O C'est vrai?

- Ben si ! Très, très vrai !

Moi par contre, j'étais qu'une idiote. Rien qu'à voir la façon dont je m'étais procurée son numéro... Mais bon, par contre je m'en étais bien sortie à la fin, donc...
J'eus la paix pendant quelques instants. Instants durant lesquels j'observai la petite avec sa crème glacée, ne voyant qu'elle dans les parages, et comprenant enfin que c'était la personne qui accompagnait Maxime. Oh... Une autre petite créature. Elle avait l'air bien maligne. Le genre qui peut être vraiment, vraiment agaçante.
Parlant d'agaçant, voilà le monstre de retour.

- Oh la vache... J'préférais vraiment le blond, moi hein... è_é

Il regardait Max avec un air franchement dédaigneux.

Hein, le blond? Quel blond? Bon d'accord, on se calme...il devait s'agir d'un autre géant blond inoffensif. Quoi que, c'était pas très probable tout ça...n'empêche, ça ne pouvait pas être lui, quand même. Parce que Katherina m'avait juré de ne plus l'approcher (hein, quand ça? Oh, ça devait être dans un rêve en fait), et que cette petite savait tenir sa parole. Hmm...okay, c'était Adam. Sûr et certain, même.

-K...kwaah, mais Katherina... X__x

Je ne répondis rien, figée sur place, une mine terrorisée sur le visage. Ben quoi, ça parait que vous n'avez pas vu l'expression de Max, vous !

- Il était au moins un peu plus... hum. Civilisé ?
- Ah ouais !? Parce que plaquer une fille sur une table pour l'embrasser, c'est civilisé ça pour toi !?
- Ahah ! Je savais qu'il s'était passé un truc, aussi ! Sinon, tu m'aurais pas envoyé voir ailleurs... Enfin si, mais bon. C'était évident, votre truc. Vous vouliez pas qu'vois vos cochonneries. C'est bon. J'ai compris tu sais.
- Meeeh... Cochonneries ? Maaaais nan, c'pas du tout ça ! Ya rien qui... On a pas... J'lui ai demandé un numéro de téléphone, merde !
- Oh. Celui du géant ?

Je l'ignorai et me tournai vers Maxime avec une tête qui fait totalement pitié. En espérant juste qu'il n'ait pas saisit que la fille plaqué sur la table, c'était moi. M'ouais... Peine perdue. C'était évident.

- J'voulais juste ton numérooooo... T_T

Je reculai malgré moi d'un pas (de géant), gêné et vraiment déçu par l'attitude de Katherina. Bon sang...j'imaginais qu'elle aurait pu faire attention, et ne plus l'approcher. D'un autre côté...c'était vraiment mignon, qu'elle ait cherché à m'appeler. Parce que bon...ça voulait dire que je lui manquais. Au moins un tout petit peu quoi.

-Mais...mais j'arrive pas à y croire t'as fait ça juste pour...mon numéro? Il t'a fait du mal? Non, j'veux dire...je veux pas savoir, mais...

- Mais nan, il m'a pas fait mal. En fait, j'ai pas eu à fournir beaucoup d'efforts. Bon, certes je l'ai engueulé. Mais quand je lui ai demandé ton numéro, il me l'a donné, comme ça. Paf.

Nonnn... Il avait l'air déçu. Il devait pas avoir l'air déçu ! J'avais fais tout ça pour lui, moi ! Pour avoir son numéro, pour pouvoir l'appeler et le revoir vite vite ! Inquiète qu'il me rejette ou me dise un truc du genre "Naah t'es idiote" je lui sautai - j'allais dire au cou, mais c'est impossible - dessus et entourai son torse de mes bras.

- Gomen >_<

Comme ça, genre...pas de contrepartie, de poitrine dénudée ou de...pire, quoi? Non mais franchement quoi, j'avais du mal à y croire. Surtout venant d'Adam, et puis avec Katherina qui était, je dois l'avouer et l'avoue depuis toujours, magnifique, ce serait étonnant. En plus, elle avait l'air coupable. Comme si c'était vraiment elle qu'il avait allongée sur la table pour...hum. Je la rattrapai quand elle se jeta sur moi, bien qu'elle s'accroche maintenant à mon torse.

-H-Heu...nan, mais c'est surtout que...m'enfin, chuis un peu jaloux, je crois.

- Il était ma seule chaaaance ! Ne va pas croire que je... Eum. J'ai longuement hésité avant d'aller le voir, j'avais peur qu'il essaye de... Enfin. Je voulais juste le numéro. C'est tout. T'as pas à être jaloux, c'est qu'un con.

Je continuai de m'accrocher à lui, avec mon air coupable qui ne voulait pas disparaître. C'est que... Je disais tout ça, et bon... Oui, c'était vrai ! C'était un con, et tout ça. Et je n'allais surtout pas le voir avec dans l'idée de lui sauter dessus et de le laisser faire ce qu'il voulait de moi ! Mais je devais quand même avouer que je l'avais trouvé plus que beau. Arff. J'me sens mal moi, là !
J'étais quand même flattée qu'il soit jaloux. Et ça me fit sourire, tout doucement.