PV Loupio ♪

Je n'obtins même pas de réponse à ma question. À la place, Chriss nous annonça qu'on avait une mission. Un sourire apparut sur mes lèvres. J'étais à peine arrivé, et déjà j'avais quelque chose de cool à faire !
Ariane faisant un peu des siennes et coupant notre Instructeur toutes les deux secondes, celui-ci prit un air un peu vexé. Il nous révéla alors une chose que je qualifiai aussitôt d'horrible: Il ne viendrait pas avec nous.
Mon sourire s'effaça aussitôt. Woooow ! J'avais jamais fait de mission de ma vie, encore moins de mission solo, et là je me retrouvais prit à en faire une avec ARIANE !! En plus... Nos âmes n'étaient pas réputées pour être du genre, sages...

- Euum... J'suis pas sûr que...

Mais avant même que j'ai pu terminer ma phrase, Chriss commença à nous expliquer en quoi consistait cette mission. Dès qu'il parla de brèches temporelles, je fronçai les sourcils. Je n'en avais qu'une vague idée... du genre, ça peut faire traverser des gens ou des trucs dans une époque qui n'est pas la leur... Mais c'est pas super clair.
Et justement, ces imbéciles du futur voulaient empêcher Jack L'éventreur de commettre ses meurtres. Waaow ils sont encore moins intelligents qu'Ariane...

- C'est ben beau tout ça mais...

Encore une fois coupé, cette fois par Ariane qui chialait pour que Chriss passe toute de suite à ce que nous allions devoir faire, je croisai les bras et me tut, écoutant la suite.

« Hmm hmmm...bref, cet acte aurait des conséquences vraiment terribles pour le futur, et votre rôle sera de traquer les gens venus du futur, de les arrêter et...dans le meilleur des cas, de les ramener vivants.
Nous avons beaucoup hésité à vous envoyer là bas...c'est une époque dure, vous serez confronté à une misère impensable, à la maladie, à la famine...au désespoir du peuple. »

C'est mots pour mots ce qu'il a dit. Et ça ne me rassure pas du tout.
Lorsqu'il posa les yeux sur moi, j'étais d'une pâleur maladive. L'air complètement traumatisé. Il était hors de question que je fasse ça.....
Et pourtant, en moins de deux, on se dirigea vers la brèche. Je m'étais mis à mordiller le bout de mon pouce, chose que je faisais quand j'étais nerveux. Et en ce moment, je l'étais. Beaucoup.

- Ça doit être une blague, ça doit être une blague, ça doit être une blague... ne cessais-je de me murmurer en boucle, comme pour me persuader que tout ça n'était pas vrai. Même si, au fond de moi, je savais que cette mission était bien réelle. Et que je devrais écouter Ariane, puisqu'elle était la plus expérimentée, ce qui ne m'enchantait guère.

Plus on s'approchait de la brèche, plus j'avais l'impression que l'atmosphère dans notre équipe était...tendue. Personne n'osait parler, et franchement, j'avais du mal à me contrôler. Aleksa me harcelait, me posant 1001 questions sur le...le sex appeal de Jason =='
Franchement, celle là, j'avais plutôt intérêt à la faire taire avant de craquer. Avec un léger soupir nostalgique, je m'arrêtais devant notre nouveau chef de mission. J'avais été très déçue d'apprendre que Tiffany, celle qui nous avait toujours accompagnés pour la préparation des missions, était morte quelques semaines plus tôt. Mais bon, c'est la vie...et puis ça arrive souvent dans notre milieux.

-Bien, nous n'avons pas de temps à perdre...Toi -il me pointa du doigt très disgracieusement-, tu vas voir l'habilleuse, tout est prêt. Quand à toi -il pointa Jason de la même manière...sauf que lui, il ne méritait pas mieux-, le fournisseur t'attends. Il te donnera tous les gadgets appropriés.

Je grommelais...ce chef de mission était pas cool du tout! Tiffany, elle, elle aurait parlé avec moi de la mode ou des mecs...enfin je sais pas moi, elle nous aurait mis à l'aise. L'autre gorille là...rha les gars, de nos jours, plus aucun respect! Je trainais les pieds vers une inconnue entourée de fringues de toutes les époques, qui m'entraîna derrière un paravent.

-Enlève tout, je reviens avec ta tenue

Je me déshabillais lentement, gardant mes sous-vêtements malgré tout. L'habilleuse revint vite, chargée d'une montagne de tissu et de...dentelle.

-Enlève aussi tes dessous!

Je rechignais mais m'exécutais, enfilant ensuite des bas de soie bordés de dentelle. Quelle horreur...ça me donnais presque envie de vomir! Mais bon,il fallait se fondre dans le décor alors...

-NYYYYYYYYYYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHH!

La malade mentale continua de serrer le corset qu'elle m'avait enfilé de force, pas touchée du tout par mes supplications. Incapable de respirer normalement avec ce machin qui comprimais ma poitrine, j'inspirais par saccades en attendant docilement ma mort...qui ne tarderait pas. Sadique, l'habilleuse m'obligea ensuite à revêtir une lourde robe de brocard rouge et la noua dans mon dos. Pour finir de me tuer, elle ajouta, perfide:

-Ca m'étonnerait grandement que vous arriviez à vous habiller toute seule une fois là bas...oh, mais suis-je donc bête, vous avez Jason!

Je piquais un fard, à deux doigts de lui en coller une. Na mais oh, je dormirais habillée si nécessaire, mais je peux vous dire qu'il était pas près de me toucher, ce pervers! Après être morte encore une douzaine de fois lorsqu'on me maquilla, coiffa et parfuma, je sortais de derrière le paravent, à moitié asphyxiée.

-Chriss...je veux pas y aller! Regarde moi, on dirait une..., gémis-je en lui faisant les yeux du chien battu.
-...désolé pour toi, mais je n'y peux rien.

Il me sourit, après tout le corset mettait bien ma poitrine en valeur... Je lui écrasais consciencieusement le pied en passant près de lui, avec ma chaussure d'époque.

-Chanceux, minauda Chriss une fois que je fût passée à l'intention de Jason.

Je jetai presque un regard noir à King Kong - notre chef de misson... - lorsqu'il me pointa comme si je valais pas mieux qu'un simple déchet, pour me dire d'aller voir le fournisseur. M'a lui en faire, moi ! Tu parles d'une façon de parler aux gens!

"Écrase-lui ton poing sur la gueule !! "

"Hé, wow, t'a vu un peu la taille de ce géant !? U_U

Je m'empressai de m'esquiver en direction du fournisseur, juste au cas où Sam me dominerait quelques secondes de trop et que ma vie se termine tristement écrasé par King Kong... avant même d'avoir fait ma première mission.
Je m'approchai du mec en souhaitant qu'il soit plus sympa que l'autre. Il me donna un paquet de trucs à l'apparence cool... dont je ne savais pas du tout me servir. En souhaitant qu'Ariane le sache, parce que l'homme ne semblait pas porté à me donner des explications. Il me sortait ses bébelles, et je les observais d'une air un peu épaté. En tout cas, si ils étaient aussi cool que leur apparence laissait croire... Ce serait génial.

- Merci...

Il me marmonna ce que je crois être un "c'est rien..." et me poussa un peu pour que je retournes vite fait près des autres. En m'approchant, je vis Ariane arriver... habillée super bizarrement. J'haussai les sourcils en fixant sa poitrine, suuuuurtout pas influencé par Sam qui se régalait lui aussi du spectacle. Au commentaire de Chriss, je répondis avec un petit sourire:

- Oh ça oui !!.... Eum... *se racle la gorge* Regardez, j'ai plein de trucs super cool ici !

"Vaine tentative pour changer de sujet, hum..."

"Oh, pas de commentaire..."

Je leur montrai quand même les gadgets qu'on m'avait donné, leur avouant même que j'ignorais comment m'en servir, au risque de passer pour un idiot.

Très mal à l'aise dans ma tenue actuelle, j'essayais de masquer mon décolleté plongeant du mieux que je le pouvais. Cette habilleuse m'avais plus habillée en prostituée de luxe de l'époque qu'en riche bourgeoise.

... Attendez, me dites pas que je devrais me faire passer pour une prostituée pendant cette mission, hein! O___O
"oh ben ça alors...pourtant, je trouve que ça te vas à mer-veil-lleuh!"
"ta gueule"

Je prenais quelques objets des mains de Jason, lui expliquant leur utilité.
-Tu vois cet espèce de petite puce? Il faut la coller à un endroit où elle tiendra bien, pour qu'on puisse te géolocaliser. Evite sur les bras ou les jambes, elle risque de tomber.
Pour lui montrer, j'en pris une et la colla sur mon omoplate, appuyant bien pour qu'elle adhère.
-Ensuite, heeum...ce bracelet là, il sert à avoir tout plein d'informations utiles sur les lieux, les époques, les gens...et à communiquer avec notre chef de mission, même si je doute qu'on en aie souvent envie...

J'avais baissé le ton tout de même, pas envie de me faire tuer par le colosse! Je m'emparais ensuite d'un des deux bracelets et le mettais à mon poignet. Le miens était serti de pierres pour faire penser à un simple bijou.

-Met le à ta cheville, sauf si tu veux passer pour un gay...et là, c'était pas encore très accepté!

Je finissais par mon joujou préféré...un flingue à puissantes décharges électriques. Suffisant pour tuer, réglé au maximum, ou pour sonner un moment la personne, au minimum. Il n'y en avait qu'un seul...autant dire qu'il était pour moi.

-Toi, ils t'ont apparemment équipé d'un couteau de poche. Aww, j'espère que tu sais t'en servir...

L'habilleuse s'approcha à pas de loup vers nous. En la voyant, j'eu le réflexe de lever le bras pour lui briser la nuque.
-Non, attendez, je viens pas pour vous! ^^"
Elle prit la main de Jason et l'emmena derrière le paravent en gloussant. Immédiatement, elle lui demanda d'enlever ses vêtements...et sous-vêtements.
-Vous comprenez, s'ils trouvaient un soutient-gorge ou un boxer eh bien...ça changerai le cours de l'histoire. Ca a l'air bête comme ça, mais une toute petite chose peut avoir des conséquences terribles!

La jeune femme fit semblant de ne pas regarder et lui tendit un luxueux ensemble de soie bleue roi très prisé en Europe en ces temps là. Il n'allait pas être plus à l'aise que moi dans ces trucs là pleins de froufrous, à part au niveau confort peut être. Mais bon, on s'y habituera vite... J'étouffais un rire en repensant à notre mission en Egypte, avec Chriss...tout n'était que voile fin et presque transparent, épaules et dos dénudés pour les femmes et simple pagne pour les hommes...très indécent pour notre époque!

En attendant qu'il sorte, je me blottissait tout contre Chriss, consciente que je n'allais peut être pas le revoir un jour. La tête enfouie dans son cou, j'essayais d'évacuer mon stress au maximum. Je devais être forte...parce que j'étais le capitaine de notre équipe (de deux XD) et que Jason comptais sur moi...arheum. Pour masquer son inquiétude, Chriss faisait semblant de vouloir glisser sa main dans mon corset comme s'il avait mis quelque chose dedans. Il se reçut un petit coup, mais le coeur n'y était pas.

-Bon, il sort de derrière ce paravent ou pas!?, ronchonnais-je en direction de Jason.

Je relevais la tête en le voyant arriver, loin d'avoir envie de rire. Certes, il était ridicule dans son costume d'époque, tout comme moi...mais pour l'instant, je me focalisait sur une chose, une seule: la mission qui nous était confiée. Quittant les bras de mon instructeur préféré, je me relevais souplement.

-Bien, je pense qu'il est temps d'y aller...
"...promet moi de pas te faire tuer"
"...tu dis ça pour avoir l'air un peu sympathique ou...parce qu'on mourrait toutes les deux?"

Je n'eus pas de réponse...elle devait donc vraiment s'inquiéter pour moi. Haussant les épaules, je m'approchais du chef de mission, trainant Jason derrière moi.

"Hmmm, beau p'tit cul...saaaam...", roucoulait Aleksa dans ma tete, fidèle à son habitude.

Prenant une grande inspiration, je m'avançais vers la brèche, tenant fermement la main de Jason.
-C'est ton premier transfère, tu vas paniquer et c'est normal...essaye juste de ne pas lâcher ma main!

Chriss déglutit péniblement, nous regardant fixement jusqu'à ce qu'on aie disparut de cette époque. C'est uniquement après cinq minutes, pour être sûr qu'on ne soit pas rejetés ici, qu'il s'autorisa à s'effondrer par terre, mort d'inquiétude. La folie du Boss allait finir par tous les tuer...mais il fallait que ces deux là survivent.

J'atterris durement sur le sol pavé du vieux Londres. Autour de moi...personne. J'étais dans une ruelle sombre bordée de vieilles maisons et Jason ne semblait pas là. Mon coeur se mit à battre plus vite alors que je me relevais.
-Jason? Jason, t'es là?

Evidemment, personne ne répondit. Nerveuse, j'appuyais sur mon bracelet, avant de me rendre compte que ça ne servirait à rien; il s'était cassé lors de ma chute.

"...je...je fais quoi là?"

Je dois bien avouer que j'étais morte d'inquiétude pour Jason. Et s'il n'était pas dans la bonne époque? S'il s'était blessé dans sa chute? La tête pleine de questions sans réponses, je pressais le pas, essayant de trouver des gens...ou au mieux, Jason.

Je n'étais guère rassuré par l'endroit. Moi qui avait un peu l'habitude de ne pas écouter en cours d'histoire, je me rappelais néanmoins que cette époque était une époque dure. Et c'était vrai. Je le constatais régulièrement, au fil de ma marche. La chose qui me terrifiait le plus, c'était d'être peut-être attrapé par une quelconque personne, et de devoir travailler presque comme un esclave, de dures journées interminables dans de si mauvaises conditions, et...

"Ok, ok arrête de penser à ça... Tu me fais peur. Pour vrai."

Je soupirai un peu. Les élancements dans mon poignet ne se calmaient pas, et j'ignorais quand je pourrais faire soigner ça. Ma priorité était de retrouver Ariane. Car, même si c'était une chose désagréable à avouer, j'avais besoin d'elle.

"Je crois que tu devrais arrêter de marcher. Si ça se trouve, elle va peut-être passer devant nous... et si on avance, on la manquerait !"

"Écoute, Sam... Il y a combien de rues ici tu crois ? Hum? Bon. Alors il y a, tu vois, très peu de chances qu'elle passe sur CETTE rue, sauf peut-être dans un très, trèèès long moment. Alors..."

Mais j'avais beau refuser de l'écouter, l'idée de m'asseoir dans un coin et d'attendre me plaisait en un sens. Je n'aimais pas marcher ainsi. Parce que je ne savais pas du tout où aller. Au bout de quelques minutes, je remarquai un petit espace à l'ombre où je pourrais m'asseoir. C'était le coin formé par la rencontre de deux bâtiments, collés ensembles, mais l'un étant un peu plus petit que l'autre. Ce qui formait un coin. Personne ne pouvait arriver dans mon dos ce qui me rassurait - légèrement... - je m'y installai, ramenai me genous contre moi et posai mes bras dessus.

"On va mourir ici tu crois ?"
"M'y fais pas penser... Si c'est le cas, je vais aller hanter Chriss pour l'éternité U_U"

[enfin de retour!!! désolée pour l'absence ^^]

Aleksa me guidait dans la vieille ville, insensible à mes nombreuses protestations quand à ma tenue. Premièrement, j'avais les pieds comprimés dans des chaussures à talons recouvertes du même tissus que ma robe. Deuxièmement, la coiffeuse avait ramené mes jolies boucles brunes en arrière et les avait disciplinées de manière très sophistiquée, utilisant pour cela des millions de petites pinces ornées de perles. Or, ces fameuses pinces me faisaient horriblement mal, moi qui avait l'habitude de toujours laisser mes cheveux tomber sur mes épaules. Et troisièmement, j'étais un peu en train d'ameuter le quartier. Sur mon chemin, la plupart des gens présents n'avaient d'yeux que pour moi. Les uns, pauvres, me regardaient de manière dédaigneuse. Les autres, riches bourgeois, semblaient évaluer mon potentiel et se demander de quelle manière s'y prendre pour m'attirer dans leur lit. Je m'étais trompée, je n'étais pas habillée de manière vulgaire pour l'époque. En revanche, ce qui choquait -ou arrangeait...- la foule, c'était l'absence d'un chaperon. D'un homme qui m'accompagne, un mari, un frère...pour assurer ma sécurité. Et me surveiller, bien sûr.


"Grrrrr...un mot de travers, un regard plus bas que les yeux et je les pends par les tripes!"
"C'est ça, bonne idée...AH! Tournes à droite, là!"

Je m'exécutai et...me retrouvai dans une ruelle vide. Mais alors là, dans le genre vide de chez vide hein : personne dans la rue, les volets des maisons fermés, les boutiques poussiéreuses... Non, à vrai dire il y avait bien quelqu'un. C'est l'odeur de muguet qui me frappa de plein fouet, me retournant l'estomac. Je connaissais bien la signification de ce parfum...peu porté à l'époque, il l'était néanmoins par une personne.

-Jack l'Eventreur, soufflais-je en reculant d'un pas.
"Ariane...recule, vite! Faut partir, reste pas là il..."
"C'est TOI qui m'a emmenée là, je..."
"Jason est juste un peu plus loin, il faut que tu fonce...il ne t'as peut être pas vue, allez..."

Dans la seconde, mes jambes bougèrent toute seule. Je n'avais pas à hésiter trop longtemps, ou il me rattraperai. Et me tuerai. Un frisson me parcourut l'échine, et je me débarrassais de mes chaussures, en prenant une dans chaque main tout en relevant ma robe. Cette course là allait être épique...

"BOUGE MERDE!"

J'ignore combien de temps j'ai couru...peut être un peu plus de cinq minutes, le temps de retrouver une rue un peu plus fréquentée. Sur mon passage, les gens s'écartaient, me prenant pour une folle. Le sol mouillé me fit glisser et j'atterris durement sur le sol, à l'angle de deux bâtiments. Hors d'haleine, je ne vis la personne en face de moi qu'après une bonne minute. Mon coeur s'emballa alors que je criais, essayant de me relever sans succès.

"C'est Jason, imbécile!"

Mes yeux s'agrandirent alors que je portais une main à mon coeur. Ah...oui, c'était Jason. Poussant un soupir de soulagement, je me laissais aller contre lui, morte d'inquiétude pour la suite.

-Je n'ai aucune idée de ce que je dois faire...je suis perdue là., balbutiais-je en le serrant contre moi, tellement soulagée de ne plus être seule.

J'étais totalement perdu dans mes pensées, essayant de trouver une solution à mon foutu problème. Sam, pour une fois, était sympathique. Je voyais qu'il réfléchissait aussi. Il voulait m'aider, nous aider plutôt. Mais je ne cessais de me plaindre que rien ne marchait, que j'allais mourir, et que je détestais ces foutu vêtements. Les yeux baissés sur mon poignet qui me semblait avoir enflé et avait une couleur pas du tout rassurante, j'étais en train de discuter tranquillement avec Sam du fait que je lui léguais mes affaires si je mourrais ici mais que lui, d'une quelconque manière - on sait jamais, c'est quand même une âme... - pouvait récupérer mes choses avant de monter au paradis. Soudain, des bruits de course me parvinrent. Oui, des bruits de pas rapides sur le sol. Puis un bruit de chute, tout près. Avant même que je ne puisse relever la tête, Sam hurla, si fort qu'il me donna un mal de tête du tonnerre:

"ARIANEEEEEEEEEEEEEEEE !!!!!!!!!!!!"

Là, je redressai brusquement la tête, juste à temps pour la voir s'effondrer contre moi et me serrer de toutes ses forces. Une vague de soulagement me submergea et je ne pu m'empêcher de la serrer à mon tour, enroulant mes bras autour d'elle.

- Et moi donc... marmonnai-je en réponse à sa phrase, avant de laisser échapper un gémissement de douleur lorsqu'elle heurta accidentellement mon poignet cassé.
Je le ramenai aussitôt contre moi en serrant les dents.

Je regardais l'imbé...mon coéquipier avec une mine très sérieuse, celle que j'utilisais la plupart du temps quand il s'agissait de parler de choses...ben, sérieuses quoi. Et là, plus question de s'amuser ou de rire de la situation, il était de mon devoir de mener cette mission à bien et j'y arriverai.

-Maintenant que je t'ai retrouvé, les choses sérieuses vont pouvoir commencer.

Profitant de cette diversion pour m'éloigner un peu de lui -parce que là notre "collé-serré" était assez mal vu par les passants-, je jetais un énième coup d'oeil à mon foutu bracelet qui ne fonctionnait plus.

"En même temps, vu que c'est le gorille qui vous répondra..."
"Mouais, t'as raison, on s'en tape"
"On dirait bien qu'il n'y a pas que ton bracelet qui est cassé...Regarde un peu le poignet de Jason"

Un rapide coup d'oeil au bras de mon "coéquipier" m'apprit qu'il était en effet en sale état. Et que ce devait être de ça qu'il s'était plaint quand je lui avais sauté dessus. Mais bref, passons. Je glissais discrètement deux doigts dans le creux de mon décolleté, à la recherche de mon dossier d'informations. J'en retirais un bout de papier froissé qui semblait venir de cette époque, couvert d'une écriture manuscrite à l'encre noire.

-Bon, si j'en crois ce machin, la première victime s'appelle Mary Ann Nichols. J'ai vu un gars tout à l'heure qui vendait un journal quotidien, et il semble qu'on soit le 31 Août 1888. Hasard ou pas, elle sera tuée cette nuit et on a plutôt intérêt à avoir une couverture pour la journée, et surtout pour cette nuit. Je pense qu'on devrait se faire passer pour des gens de sa famille ou...non, comme ça ce sera bien. Je serais donc sa cousine éloignée, Jane Nichols, et toi seulement mon fiancé. Ca expliquera nos noms de familles différents, parce que toi le chef de mission t'a gentiment renommé Charles Davies. Retiens bien ce nom, et pour info tu es né en 1864 à Wolverhampton tandis que moi je suis Londonienne pure souche, comme ma "cousine".

Je débitais tout ça d'un trait, réfléchissant au gré de mes paroles. Au moindre faux pas, nos ennemis prendraient le dessus. Et en ce moment, ils devaient nous guetter, attendre qu'on se jette dans la gueule du loup sans réfléchir. Hors, avec cette fausse identité, on pourrait facilement expliquer notre présence près du logement de ma fausse cousine. Il fallait juste qu'on arrive à tout mémoriser...Rhaa, ce devait être pire pour Jason, je n'avais pas le droit de me plaindre!

"T'inquiètes, je mémorise...je t'aiderai à pas te planter"
"Aleksa...t'es sûre que t'es dans ton état normal?"

Je l'entendit soupirer, sans doute regrettait-elle déjà d'avoir été gentille avec moi. Toujours aussi sérieuse, je posais ma main sur le bras de Jason et arrangeais ma tenue après avoir remis mes chaussures.

-Allons y, il faut aller surv...voir ma cousine...chéri.

Aleksa se mit à ricaner dans ma tête en ressentant ma gêne. Elle, ça ne la gênerait pas du tout de se faire passer pour la fiancé de Charles. Enfin de Jason.

"Jason est beau mais...arff, qu'est ce que je raconte, bien sûr qu'il est beau. Je voulais juste dire qu'il lui manque quelque chose."
"Et ce quelque chose est...?"
"Rhoo, fais pas l'innocente toi hein..."
"Pardon d'être un peu plus raisonnable que toi"
"De l'initiative, voilà ce qu'il lui manque!"
"...comment le savoir si tu ne l'as jamais vu combattre?"
"..."


Silence radio du côté d'Aleksa. Elle semblait agacée, ou plutôt hors d'elle de constater qu'une fois de plus je ne comprenais RIEN à ses presque-monologues.

"A TON AVIS, JE PARLAIS DE QUOI, HEIIIN?! BIEN SUR QUE CA M'ARRANGERAI QUE VOUS SOYEZ ENSEMBLE, BIEN SUR QUE JE VEUX QUE TU TE LE TAPES, ET PUIS D'ABORD JE MONOLOGUE PAS!!!!"

Ouuh...cette fois ça avait été...intense. Sans que je m'en rende compte, ma main s'était agrippée plus fort au bras de mon "fiancé", heureusement pour lui, pas celui du poignet endommagé. Je serrais les dents...il ne fallait pas que quelqu'un voie que je luttais intérieurement. Ni J...Charles, ni les autres. Parce que j'avais ma fierté moi, hein, et je ne tenais pas à ce qu'il me prenne en pitié. Au moins, chose positive, les regards appuyés des passants étaient -à défaut d'avoir disparus- plus discrets qu'auparavant, sûrement grâce à la présence de mon presque-mari. Je m'éclaircit la gorge, essayant d'adopter une attitude digne de ma condition de gentille petite fiancée fragile et rougissante. Fragile mon cul ouais!

"...je sais que c'est toi qui m'a mis ça dans la tête Aleksa...j'essaye d'être discrète, alors arrête un peu de jurer comme un charretier!"

"Si on peut plus s'amuser aussi..."

-Heum...Charles...il me semble que ma cousine vit dans ce quartier, mais impossible de savoir où!, fis-je doucement, mais assez fort pour que les passants entendent.

Un homme s'arrêta, se disant que s'il m'aidait il aurait peut être droit à une faveur. Après tout, ce gars qui m'accompagnait pouvait bien être mon frère...

-Mademoiselle souhaite peut être que je l'aide à retrouver sa cousine? Je connais beaucoup de monde ici, vous savez...
-Oh...je ne sais pas si je dois...mais après tout, pourquoi pas! Ma cousine s'appelle Mary Ann Nichols.


L'homme haussa un sourcil, il connaissait assez cette femme pour avoir loué ses services à de nombreuses reprises. Cette prostituée était très connue dans les environs et avec un peu de chance sa charmante cousine exerçait la même...profession.

-Je la connais très bien, c'est même une...amie de longue date. Suivez moi je vous prie.

Lorsque Ariane commença à serrer son bras avec plus de force, Jason tourna vers elle un regard interrogateur. Cependant, avant qu'il n'ait pu lui demander ce qu'elle avait, Sam commenta:

"Aleksa doit encore faire des siennes..."

Un début de sourire apparut sur les lèvres du garçon qui continua de marcher jusqu'à ce qu'Ariane dise qu'elle ignorait où habitait sa "cousine". Aussitôt, comme s'il n'attendait que ça, un homme s'avança pour proposer son aide. Il avoua connaître la cousine en question et être un de ses amis, ce qui me fit froncer les sourcils. Je le regardai aussitôt sous un tout autre angle.

"Amie de longue date, hum..."

"Ouais... Client de longue date, plutôt..."

"Qu'est-ce que tu fais s'il essaye de toucher Ariane ?"

Cette question prit un peu Jason au dépourvu mais il répondit sincèrement:

"Je le frappe, je le massacre. Je ne le laisserai pas faire. ET CE N'EST PAS PARCE QUE J'AIME ARIANE !!"

"M'ouaiis... Mettons que je te crois."

"Alors tu préfères que, du coup, je laisse Aleksa se faire tripoter par un inconnu ?"

"Eum... Tu n'aimes pas du tout Ariane, pas du tout !! Tu la défendrais juste pour bien jouer ton rôle de mari, oui, je comprend parfaitement...! "

Il préféra ensuite se taire. Me retenant de rigoler, je me concentrai ensuite sur quelque chose de plus important pour l'instant: surveiller ce vieux gros pervers qui nous conduisait chez la cousine.

Le mec prit son temps pour nous emmener chez la prochaine victime, mais on finit par arriver là bas et c'était déjà un bel exploit. La maison était grande mais les fenêtres crasseuses et pour la plupart cassées, les briques et le toit semblaient dater d'un autre siècle, tandis que la porte était plutôt en bon état.

-Vous êtes sûr que c'est ici?, demandais-je à l'inconnu sans m'éloigner de mon "fiance" d'un centimètre.

-Sûr et certain...mais il se peut qu'elle soit sortie. En rendez-vous, vous comprenez?

Je lui jetais malgré moi un regard mauvais, agacée par ses manières enjoleuses de tombeur. Un peu plus et je lui aurai brisé le cou, à ce sale con! Mais je me contentais de respirer un bon coup et de jeter un coup d'oeil vers Jason.

-Je vous remercie beaucoup de nous avoir aidé...je pense que nous allons aller la voir dans sa chambre.
-Ravi d'avoir pu aider...votre soeur est très jolie, monsieur, fit-il d'une manière qu'il croyait subtile.
-Charles n'est pas mon frère mais mon fiancé. Bonne soirée, ajoutais-je plus sèchement que je ne l'aurai voulu avant de tirer Jason vers la maison.

Le hall de la grande bâtisse était occupé par un comptoir derrière lequel sommeillait un vieil homme, qui se releva en nous entendant entrer.
-Bonsoir jeunes gens...c'est pour une chambre?
-Euh...non. Non, pas du tout.
-Ah, je vous ai confondue avec une de mes...employées
-NON! En fait, heum...nous cherchons ma cousine. Mary Ann Nichols. Elle a une chambre ici?

-En effet...Mais je doute qu'elle apprécie qu'on la dérange. Enfin, vous pouvez toujours essayer...frappez à la porte numéro 6, et attendez un peu de voir si elle ouvre...

Je hochais doucement la tête, un peu perturbée par ce vieux qui hébergeait une horde de prostituées. Il nous regarda monter le grand escalier de pierre en souriant, c'était pas tout les jours qu'elle recevait pour des plans à trois, Mary Ann!

-On va frapper à la porte, et si elle n'est pas là on se cache dans la chambre. Si elle nous ouvre, on discute un peu et on se planque dans la maison.

Je dû me retenir comme un fou pour ne pas écraser mon poing sur le nez de l'homme, avec ses foutus commentaires déplacés. Je fus bien content d'arriver finalement devant la bâtisse, et y entrai avec Ariane. L'homme à la réception était encore plus bizarre que l'autre et je grimaçai - du moins, mentalement - en voyant son énorme sourire après nous avoir indiqué la chambre de Mary Ann. Une fois à l'écart, Ariane m'expliqua son plan. Je fronçai les sourcils.

- Hello !! Et tu crois sérieusement qu'elle va nous laisser, comme tu dis, nous planquer dans sa maison, alors qu'elle sait même pas qui on est ?

"Elle va peut-être vouloir faire des trucs avec vous... O_O"

"Arrrk rajoute-en pas !!"

Comme on n'obtenait pas de réponse, Ariane me poussa à l'intérieur. Avant que je n'ai le temps de dire quoi que ce soit, elle me força à entrer dans l'armoire. Je m'attendais à ce qu'elle vienne avec moi, mais elle alla plutôt se glisser sous le lit. Je me mordis un peu la lèvre en fermant la porte de l'armoire. Je l'entendis tout de même m'expliquer quoi faire en cas de problème.

- Ne crie pas, ne crie pas ! Facile à dire ! T'as juste le goût de faire ça, crier, quand ta coéquipière vint de se faire tuer !

Je soupirai. C'était elle la chef, et je n'avais pas le choix d'écouter. Même si l'armoire ne fermait pas totalement, je savais que je ne verrais pas toute la scène. De toute façon, je n'aurais pas regardé d'une façon ou d'une autre. J'avais déjà mal au coeur rien que d'y penser. Et les élancements dans mon poignet qui n'arrangeaient pas les choses...

"J'me sens pas bien..." gémit Sam dans ma tête.

Je déglutis péniblement et tentai de trouver une position un peu plus confortable dans l'armoire, tout en m'assurant de ne pas être visible.

"Moi non plus tu sauras ! Alors arrête de te plaindre !"

Après une attente qui me parut interminable, la victime finit par rentrer dans la chambre et aller se coucher directement. Je retins ma respiration, et Sam en fit de même. Je ne trouvai pas sa "plaisanterie" très drôle, mais je ne dis rien. J'étais stressé et ne m'autorisais à respirer que lorsque je me sentais au bout de mes réserves d'air. Lorsqu'elle tomba finalement endormie, je pu respirer plus librement, mais pas pour bien longtemps. Une nouvelle personne entra dans la pièce. Je glissai un regard à l'extérieur, pour voir à quoi ressemblait, en vrai, le fameux Jack. Dès le premier regard, il ne m'inspira rien de bon. Que de la haine et du dégoût. Je le vis brandir son couteau. Je ne détournai même pas les yeux, j'étais pétrifié d'horreur. Il abaissa le couteau, le remonta, le rentra à nouveau dans la chair alors que le sang giclait. C'est seulement à ce moment-là que je tournai la tête, retenant avec peine mon envie de vomir. Sam gémit dans ma tête. Une odeur horrible flottait dans l'air et me donnait la nausée. J'entendis alors un bruit sourd. Je ne cherchai même pas à savoir ce que c'était. Je ne voulais pas le savoir...

"Jason... Tournes un peu la tête, s'il te plait..."
Étonné de le voir si poli, j'obéis et tournai la tête de façon à pouvoir voir ce qui se passait dans la chambre par la petite ouverture dans la porte de l'armoire. Je vis Jack penché près du lit.

"Qu'est-ce qu'il fait.. ?"

"On dirait qu'il cherche quelque chose... Il a sûrement échappé un morceau du corps..."

Je fronçai les sourcils. Soudain, Jack eut une réaction étrange, un peu surpris. Comme s'il avait attrapé quelque chose qu'il n'aurait pas été supposé attraper. Mes yeux s'agrandirent lorsque je compris. Ariane !! Sam commença à capoter.

"Qu'est-ce qu'on va faire, qu'est-ce qu'on va faire !?"

Je poussai un peu, doucement et lentement, sur la porte de l'armoire pour la faire s'ouvrir silencieusement. Sam s'énerva encore plus.

"Mais qu'est-ce que tu fous !?"

"J'vais la sauver, qu'est-ce que tu crois ?"

"Mais... NON ! Tu peux pas faire ça !"

"Bien sûr que si ! Désormais, dans l'histoire, Jack aura juste été assomé par un homme complètement pas rapport nommé Charles !"

J'avais finalement fait une ouverture assez grande dans la porte pour pouvoir me glisser à l'extérieur de l'armoire. Cependant, j'hésitais désormais. Et s'il m'attrapait !? Alors Ariane et moi serions tués tout les deux ! Et en plus, Ariane m'avait dit de seulement appuyer sur le bouton du bracelet si quoi que ce soit lui arrivait....

L'homme resta quelques secondes silencieux, sans pour autant lâcher mon poignet qu'il maintenait vers lui d'une légère pression. Il savait que j'étais vivante, oui, il sentait ces veines au creux de mon poignet, des veines qui palpitaient follement tandis que mon souffle devenait erratique. Il m'était impossible de lui échapper, vu ma position par rapport à la sienne. Je décidais rapidement de me laisser faire, de le laisser passer un bras dans mon dos pour me sortir de sous le lit, ma main gauche toujours posée sur ma cuisse où j'avais attachée mon arme. Jack était étonnamment doux pour un meurtrier...même lorsqu'il avait fendu la chair de cette jeune femme, j'avais sentis sa concentration, comme s'il voulait que ce soit vraiment propre et bien fait. Toujours sans mot dire, il m'éleva au dessus du sol, dans ses bras, mettant à ma vue le carnage qui s'était déroulé quelques centimètres au dessus de moi. Mon corps s'arqua dans ses bras puissants, je n'arrivais plus à respirer, j'avais envie de hurler jusqu'à en mourir! Il écrasa son poing entre mes côtes, imaginant peut être que ça suffirait à me mettre K.O. Mais je compris ses intentions moins d'une seconde plus tard, alors que je prenais malgré moi une grande inspiration forcée par ce coup. Ce bâtard voulait que je sois bien éveillée lorsqu'il me trancherai la gorge...

"Ariane, le flingue!"
"Je peux pas le tuer!"

"Règle le à 50%, son corps sera pas endommagé mais il sera sonné pour deux bonnes heures! Vous le cacherez dans une ruelle sombre et il reprendra connaissance un peu plus tard."

Son sang froid m'étonna, elle qui d'habitude serait là à me hurler de le tuer. Je détournais les yeux du cadavre, mais Jack en avait décidé autrement et emprisonna mon menton dans sa main. Je n'avais plus d'autre choix que de regarder cet immonde spectacle. J'avais de nouveau envie de vomir... un gémissement de souffrance passa mes lèvres, l'homme desserrant sa main de mon menton pour me baillonner. Mon regard se détourna automatiquement du cadavre de la jeune femme, allant vers l'armoire. Je vis la porte ouverte, et cet imbécile de Jason qui semblait hésiter. Je lui avais dit de rester dedans! Je lui jetais alors un long regard, comme pour l'obliger à retourner se cacher. Mais c'était trop tard, Jack l'avais vu. Il me laissa tomber sur le sol maculé de sang, s'approchant rapidement de Jason. C'était plus qu'il ne m'en fallait, au moment même où il avait tourné les yeux vers lui j'avais dégainé mon arme. Le seul bruit fut émit par le plancher, qui craqua lorsque le corps inanimé de Jack tomba sur le sol. J'espérai ne pas m'être trompée...il était jeune, la décharge ne devrait pas l'avoir tué. Réprimant ma haine envers lui, je m'agenouillais près de son corps et cherchais son pouls. Il était lent, mais régulier, comme pour quelqu'un d'endormis. J'essuyais mes larmes, levant les yeux vers Jason.

-Tu es stupide...il...tu imagines un peu si tu t'étais fait tuer!?, gémis-je en détournant rapidement le regard de lui.
"Il faut sortir d'ici...les enquêteurs arriveront bientôt. Emmenez Jack loin d'ici"

J'aurai tellement aimé l'abandonner...qu'il soit découvert par la police, et enfermé en prison. D'un geste de la main, je fis comprendre à Jason qu'il devait emmener Jack loin d'ici. Moi, j'avais encore quelque chose à faire et je n'avais pas besoin de lui. Ou plutôt je ne voulais pas qu'il me voie faiblir face à une simple exécution.

"Tu es tellement stupide, Ariane...tu crois vraiment qu'il pourrait t'en vouloir parce que tu trembles?"
"Je...je tremble!?"

Tuer Jack ne m'aurait posé aucun problème et...achever un corps déjà perdu semblait si facile! Mais vu son état, je n'arrivais pas à envoyer la décharge fatale. Sans m'en rendre compte, je laissais Aleksa prendre le contrôle de ma main et en finir avec la première phase de cette mission.







La première phase...

La scène s'était déroulée trop vite. Avant même que je n'ai pu intervenir, Jack s'était relevé avec Ariane dans les bras. Il ne me voyait toujours pas, mais n'était plus en bonne position, c'est à dire totalement dos à moi, pour que je puisse lui balancer un coup sur la tête.
Ariane semblait complètement... il n'y avait pas de mot pour décrire ça. Je gueulai mentalement à Sam de se taire. Il me donnait encore plus mal à la tête, et maintenant que la porte de l'armoire était ouverte, l'odeur était encore pire. Je n'arrivais plus à me concentrer comme il faut. Soudain, je croisai directement le regard de Jack. Oui, il m'avait vu. Sam priait presque dans ma tête. Il était figé de terreur et, sans le vouloir, il me figeait aussi. Je respirais avec difficulté, comme si l'air ne voulait tout simplement plus entrer. Jack s'avançait vers moi, et je luttais presque contre mes propres jambes pour les obliger à bouger. Soudain, avec un bruit sourd, le corps du meutrier s'effondra au sol. Derrière lui, Ariane brandissant son pistolet.
Haletant, je sortis de l'armoire et m'avançai un peu vers elle, au moment où elle me traitait de stupide. Au lieu de répliquer, je ne fis que baisser la tête. Elle avait raison, de tout façon.

- J'suis désolé. J'avais une idée pour te sau... T'aider à te débarasser de ce con, mais il a été trop rapide et j'ai rien pu faire.

"Pourquoi tu veux pas admettre que tu voulais lui sauver la vie...? Pourquoi, Jason !? C'est clair que tu tiens au moins un peu à elle !"

"Elle... Elle a pas besoin de le savoir."


Je passai une main dans mes cheveux puis aggripai le corps de Jack pour le soulever sur mon épaule. Il était un peu lourd, mais c'était supportable. Et, comme si j'étais encore sous l'effet de la peur et de l'adrénaline, je ne sentais presque pas la douleur dans mon poignet. Sauf qu'une fois tout ça retombé, il me ferait vraiment un mal de chien. Je vis qu'Ariane restait dans la chambre. Je ne cherchai même pas à savoir ce qu'elle voulait faire. Moi, je devais sortir immédiatement, avant que mon estomac ne flanche. Et franchement, devant Ariane, ça serait la honte totale.
Je traînai donc le corps de Jack à l'extérieur de la chambre en faisant bien attention de ne pas tomber. J'avais l'impression que mes jambes pouvaient me lâcher à tout moment. Mon corps entier était parcouru de tremblements. Comme si le choc causé par toute cette situation était arrivé en retard et que c'est maintenant que se libéraient tout le stress et la peur.
Faisant attention de ne pas être vu - je traînais quand même un meurtrier sur mon épaule... - je suivis un chemin assez simple pour être certain de pouvoir me retrouver ensuite, marchant un bon moment pour emmener le corps le plus loin possible. Je le laissai tomber dans une ruelle, le cachant en partie avec de gros objets qui traînaient ça et là. C'est seulement à ce moment-là que la douleur devint insupportable. J'avais le poignet en feu, et je voyais des petits points lumineux danser devant mes yeux.

"C'est pas le moment de perdre connaissance, Jason !!"

"Comme si j'y pouvais réellement quelque chose... Jamais sentit une telle douleur de ma vie... "

"J'vais tuer Chriss... "

"Parle pas trop vite. Peut-être qu'on en aura jamais la chance. On vient à peine d'arriver et on a déjà faillit mourir...."

Je m'appuyai sur un mur d'une main et fermai les yeux, prenant de grandes et profondes respiration. J'espérais juste qu'Ariane aurait la brillante idée de venir elle-même me rejoindre. Car je n'étais pas certain de pouvoir faire un pas de plus.