Pv Bridgess

J'hésitai un quart de seconde, puis
le suivit jusqu'à la tente.
En entrant, mon coeur se serra encore
plus qu'il l'était en voyant Marek.
Je ne bougeai pas.

Doucement, je la poussa légèrement dans le dos en direction du petit blottit dans le lit sous un tas de couvertures en raison du froid à l'extérieur, et dont l'expression du visage laissait voir beaucoup de tristesse.

Je remerciai l'homme d'un regard, à contre-coeur,
puis me blottis contre Marek en caressant sa petite tête.

Un peu réconforté, il se colla plus contre elle et la serra doucement.
L'homme sourit un peu en voyant ça et sortit de la tente pour aller se coucher dans la sienne.

J'ouvris difficilement les yeux et tentai de me redresser un peu mais deux mains sur mes épaules m'en empêchèrent. Je frottai un peu mes yeux puis vit le médecin à mes côtés. Il me regardait d'un air grave. J'ouvris la bouche pour dire quelque chose, il plaqua sa main dessus en secouant la tête en silence. Je compris que je ne devais rien dire. Il baissa les couvertures pour voir de quoi ma plaie avait l'air et refit un nouveau bandage, puis prit mon pouls. Il était redevenu presque normal, quoiqu'un peu faible mais il était régulier.
- Comment tu te sens? demanda-t-il à voix basse.
- Ça va...
Ma voix était un peu rauque et faible, je me raclai la gorge. Le médecin sourit un peu.
- Parfait, parce qu'on a quelques questions à te poser...
Environ cinq soldats entrèrent alors dans la tente et se postèrent autour du lit, les bras croisés.

L'un d'eux se détacha du lot.
Il était grand, bruns et son sourire n'avait rien d'amical,
malgré qu'il ne soit pas là pour torturer Hans.

- Nous avons remarqué qu'une Juive et un gamin juif
sont attachés à vous, êtes-vous un espion travaillant
pour un quelquonque pays surveillant Hitler et ses actes?

- Quoi !? Non... Non je suis Allemand. C'est juste que je trouve les idées d'Hitler vraiment stupide et ses idées de race supérieur et d'élimination de Juifs, je trouve ça con...
Je fronçai légèrement les sourcils et restai silencieux un petit moment. Ça me faisait mal à la poitrine chaque fois que je parlais, ou même que je respirais.

L'homme hocha la tête en silence.

- Avez-vous mis enceinte cette femme pour
pouvoir garder l'enfant pour vous seul par la suite?

Les questions qu'il posait étaient stupides,
mais il ne s'en rendait pas compte.

- Mais c'est quoi votre fou...
Je me retrouvai à nouveau avec une main plaquée sur la bouche avant même d'avoir finit ma phrase. Je me calmai un peu et baissai le ton pour poursuivre, d'un ton dur tout de même:
- Ça n'a aucun rapport. Ce n'est pas parce que je suis Allemand que je suis sans coeur. J'aime cette femme. Et le petit gars Juif avec elle aussi, et j'ai le bébé qui grandit dans son ventre. Si elle est encore vivante aujourd'hui, c'est parce que j'ai tout fait pour qu'elle le reste. Parce que je l'aime de tout mon coeur.
Je toussai un peu et crachai du sang à côté du lit avant de soupirer et me recoucher comme il faut.

Voyant l'état de Hans, le soldat, qui
avait tous les aspects d'un général, décida qu'il
continuerait l'interrogatoire quand l'Allemand irait mieux.

- Reposez-vous, je reviendrai lorsque vous serez guéri.

Et sur ce il partit, suivit des quatres autres hommes.

--

Je me réveillai avec un horrible mal de tête.
Marek dormait toujours à mes côtés et je me levai
en essayant de ne pas le perturber.

Je poussai un profond soupire et restai couché sur le dos à regarder le tissu de la tête au-dessus de ma tête.
- Dites, eum... J'aimerais voir Lena, est-ce que ce serait possible ? demandai-je ensuite au médecin.

Marek gémit un peu, ne sentant plus la présence de Lena à ses côtés. Cependant, il serra un petit plus contre lui le toutou qu'on lui avait donné et continua de dormir.

Le médecin sembla mal à l'aise.

- Pour l'instant, vous n'êtes pas en mesure
de voir qui que ce soit... Reposez-vous.. après nous verrons.

Il partit rapidement.


Je sortis de la tente, cherchant quelque chose à manger.
Autour de moi, les Américains me regardaient différement des
Nazis.

- Génial... marmonnai-je avec un soupire en croisant mes bras derrière ma tête, les décroisant aussitôt après deux secondes parce que ça faisait vraiment trop mal.
- Bon...
Je fermai les yeux en soupirant à nouveau et restai là à m'emmerder.

Quelques instants plus tard, Marek vint la rejoindre. Il s'était réveillé et avait emmené avec lui le gros nounours, neuf et tout doux, qu'on lui avait donné. On lui avait donné des vêtements chauds, puisqu'il faisait assez froid dehors. Doucement, il prit la main de Lena sans un mot.

Je lui souris, sans prononcer un seul mot.
J'avais toujours mes vieux habits usés et
mon visage était plus pâle que jamais.

- Tu es dans un sale état... remarqua Marek en levant vers elle des yeux un peu rougis à cause qu'il avait autant pleuré la veille.
Il l'entraîna vers l'endroit où les soldats mangeaient. Il s'approcha de l'homme qui cuisinait.
- Oh, tiens, salut bonhomme! Même chose qu'hier soir ?
Marek hocha la tête avec un petit sourire et le gars lui fit signe d'attendre un instant. Quelques minutes plus tard, il lui tendit une assiette de crêpes avec du chocolat.
- Waouh! Merci !

J'haussai les sourcils, personne
ne nous avaient traité avec autant... d'humanité, mis à
part Hans.
Hans...
Les larmes me montèrent aux yeux, mais
elles ne coulèrent pas.

Au loin, je vis l'homme qui m'avait consolé hier et,
d'un pas gêné, m'approchai de lui.

L'homme discutait avec un autre soldat. En la voyant s'approcher, il sourit doucement.
- Hey, bonjour!
N'ayant plus du tout l'attention de son interlocuteur, l'autre homme haussa les épaules et s'éloigna.
- Alors, bien dormi ? T'veux manger quelque chose ?

- Seulement s'il reste quelque chose pour moi...

J'avais l'habitude de manger les restes.
Tout était si différent ici que j'avais du mal à m'habituer,
mais je ne comptais pas rester longtemps... seulement jusqu'à
mon accouchement.

- Ben voyons! s'exclama l'homme en riant.
Il l'entraîna en direction du gars qui avait donné les crêpes à Marek.
- Hey, Jake! Prépare donc un p'tit quelque chose pour la demoiselle!
- Tout de suite Keaven ! sourit l'homme en se mettant déjà au travail.
Le dénommé Keaven se retourna vers Lena.
- Le petit semble aller mieux...
Il désigna Marek qui dévorait son déjeuner avec appétit, un petit sourire aux lèvres.

J'esquissai un mince sourire en le regardant.

- J'espère qu'il restera comme ça...

Je m'assis à une table, posa
mon regard sur l'assemblée de soldats, puis sur Keaven.

Je pris l'assiette que Jake avait fait pour Lena et allai la déposer devant elle, m'assoyant à ses côtés avec un sourire.
- Oh, il est jeune... C'est un peu moins dur pour lui, il prend moins conscience de ce qui se passe réellement...

Je me mordit la lèvre en baissant mon regard
vers mon assiette.
Voulant éviter d'éclater en sanglot devant Keaven,
je déglutis et pris une bouchée.

- Je voulais vous remercier pour tout
ce que vous avez fait pour Marek et moi...

- Ce n'est rien voyons. Ça m'a fait plaisir...
Il sourit doucement et resta assis là avec elle à la regarder manger sans un mot.

Au bout d'un moment, je finis mon assiette
en poussant un soupire de soulagement,
puis me levai.

- Où est-ce que je pourrais prendre une douche?

- Eum.... J'crois pas trop que tu vas pour te laver ici. C'est qu'un petit camp temporaire et l'eau du lac est trop froide, on a vérifié...
Il soupira un peu, l'air navré de ne rien pouvoir faire pour elle.
- On a établit notre campement dans un petit village. On y retourne en fin de journée.

J'hochai la tête.

- Je peux attendre.

Je fis un petit sourire, après tout,
j'avais déjà été encore plus longtemps sans me laver.