Sunday, Bloody Sunday

Le garcon hésita un peu, avant de répondre:
- Je serais porté à dire oui. Bien sûr que je veux être papa... mais si tôt... je ne sais pas trop.

- Dans ce cas... Nous le garderons, conclut Jay avec un petit sourire.
Au fond, il était content. Certes, ça lui faisait un peu bizarre d'imaginer qu'il allait être papa... Mais après tout, c'était ce qu'il voulait. Un enfant. Avec Nathalie.

- Aouch. J'avais pas pensé à tout ça par contre. C'est sûr que mes parents vont être ravis de nous fournir un peu d'argent, mais il faudra trouver un moyen de la gagner nous-mêmes ensuite. Puis, pour l'école... Je sais pas. Mais je veux être policier, alors il faut que je peux pas la lâcher.

- Oui... On verra.
Jason sourit, un beau et grand sourire, et la serra tendrement contre lui. L'avenir lui semblait maintenant si beau et heureux...
- Je t'aime.

- Ouuais... Ils vont le prendre comment, tu crois...?
Il semblait un peu incertain, malgré son petit sourire. Lentement, il se leva pour mettre un boxer et un jeans.

- Naaon voyons! Tu racontes n'importe quoi. Ils sont pas comme ça.
Il lui sourit, confiant, et lui prit la main une fois qu'elle fut rhabillée. Il l'entraîna hors de la chambre, puis en direction du salon.
- T'en fait pas ça va bien aller... je crois.

Quand Jay entra dans la pièce avec Nathalie, ses parents se tournèrent vers eux en souriant.
- On a un truc à vous dire... commença Jay.
- Vas-y, on t'écoute mon garçon!
- Eum... Ben voilà, eeuh... Vous allez être grands-parents en janvier prochain. ^^
Maria haussa les sourcils, Jean entrouvrit la bouche de surprise.
- Tu veux dire que... qu'elle est...
- Héhé... Ouais...

Jay se gratta un peu la nuque en serrant la main de Nathalie dans la sienne, la caressant un peu avec son pouce.
- Alors... voilà.
Maria se leva lentement en les regardant. Puis, elle sourit.
- Félicitation !!
Jean semblait un peu moins enthousiaste.
- Ne sont-ils pas un peu jeunes...?
Jay soupira un peu.
- Je sais, je sais... Mais on a réfléchit, pensé à tout ça, et...
- C'est correct chéri, voyons... le coupa sa mère.

Maria poussa un peu Jay, avec douceur, pour serrer Nathalie contre elle.
Jean, quand à lui, haussa les épaules.
- Bah. Si vous êtes heureux, alors ça me convient.
Il sourit, aussitôt imité par Jay. On voyait bien, à sa mine réjouie, que tout ça lui faisait plaisir.

Après un moment Jay tapa doucement sur l'épaule de Maria, qui serrait toujours Nathalie.
- M'man... Maman!
Celle-ci se tourna vers lui.
- Quoi ? Oh, tu veux un câlin aussi ? Viens là...
Elle l'attira à elle pour le serrer dans ses bras en riant, et Jay sourit, amusé.
- Naaon...
Il lui rendit cependant son étreinte.

Maria le lâcha finalement et Jay sourit en se tournant vers Nathalie. Il allait l'enlaçer, mais son père le tira soudain en arrière et le serra un peu à son tour.
- Félicitations bonhomme.
- Merci...
Il sourit et se dégagea enfin, s'avançant aussitôt vers Nath. Il l'attira à lui et sourit.
- Enfin!
Ses parents éclatèrent de rire.

Elle rit également et le serra contre lui.
-Je t'aime ! lui murmura-t-elle.

(On passe genre... 9 mois ? XD)

(Ouais xD Tu peux le faire ? =D)

(Évidemment !!)

* 9 mois lately *
Nathalie sentit la douce lumière du soleil se coller contre ses yeux encore tout endormi. Se lever ? Naaoonn... Pas question. On était samedi, elle sentait le corps chaud de Jay contre elle. Pas question de briser le bonheur des fins de semaine.
Encore une fois, elle fut surprise de se rappeler qu'elle attendait un enfin d'un jour à l'autre. Agréablement surprise. Pour ne pas s'ennuyer à rester dans son lit par un si beau matin, elle se rappela son parcours des neuf derniers mois.

Après avoir annoncé à ses beaux-parents l'arrivée prochaine du bébé, en mai dernier, elle et Jay avait filer à la maison pour l'apprendre à Jordan et Johanne, les seuls qui tenaient vraiment à elle. Comme ils étaient arrivés sur l'heure du souper, ils n'avaient cependant pas pu éviter de l'annoncer devant la peste d'Alice et son père, Pierre, également.
-Jay et moi... on va avoir un bébé.
Jordan avait soupiré. Sa mère s'était levée, joyeuse : elle avait elle-même eu Jordan à 18 ans et selon elle, l'âge n'avait pas d'importance : il fallait seulement être une bonne mère et elle savait que sa fille le serait. Alice avait fait toute une affaire sur l'importance de se protéger, comme quoi son imbécile de soeur aurait du apprendre de ses erreurs et cesser de leur pourrir la vie avec ses crises de folie, ses tentatives de suicide et ses bébés. Elle partit, mais cela ne réussit pas à dégriser le reste de la famille, heureuse. Seul Pierre n'avait rien dit, était resté songeur à la table.
Un mois plus tard, une lettre leur était parvenue, directement sur l'oreiller de Nathalie. Comme elle ne portait que son nom, elle l'avait ouvert. Et avait été plus que surprise.

Nathalie,
Je sais que tu ne me considères pas vraiment comme un père aimant. Je sais que tu es au courrant de tout... de mes infidélités comme de mes pires faiblesses. Mais si tu savais le nombre de choses que tu ne sais pas...
J'étais un peu comme toi. Toujours déprimé, la plupart du temps. Je me suis toujours demandé si c'était héréditaire. Je me sentirai toujours coupable de ta dépression. Je la partage avec toi depuis bientôt deux ans, deux ans interminables quand je te vois aussi déprimée que moi.
J'aurais toujours aimé te sauver. Mais je ne suis pas capable de me sauver moi-même. Ça peut te paraître égoïste, mais je vais tenter de me sauver d'abord. Et je crois que tu as trouvé ton sauveur. Jason a fait des miracles avec toi. Je te connais désormais heureuse. Et tu me fais penser affreusement à ta mère. Tu lui ressembles beaucoup. Heureuse, tu es tout aussi bout-en-train qu'elle.
Je l'aime, ta mère. Tu peux penser que je te mens, que je lui mens quand je l'embrasse, mais c'est faux. Je l'aime beaucoup. Depuis que je sais que tu seras mère à ton tour, j'ai tout abandonné. La vie était trop compliquée. J'ai délaissé mes maîtresses et j'accorde désormais tout mon temps à ta mère. J'ignore comment j'ai pu tromper une femme aussi merveilleuse qu'elle. Désormais, je comprends pourquoi je l'aimais à ce point, quand j'étais adolescent, et je l'aime toujours autant, sinon plus aujourd'hui.
Tu me fais penser à ta mère. Comme elle, je t'aime. Je sais que je te le montre mal, mais c'est un fait. Je t'aimerai toujours, d'ailleurs.
Je ne veux pas que tu refuses mon cadeau pour toi et ta future famille. Même si c'est la dernière chose à laquelle on veut penser, je sais que c'est la première qui nous fait défaut. J'ai travaillé fort pour arrivé à ce résultat aujourd'hui et c'est la moindre des choses que je partage avec mes enfants.
J'espère qu'une fois déménagés, toi et Jay viendrez nous voir souvent car, je le crois, je m'ennuierai.
Je t'aime fort,
Papa.

Dans l'enveloppe, un chèque d'un demi-million de dollars.

Le deuxième mois, grâce à l'argent de son père, Nathalie avait déménagé avec Jason dans une ville voisine où le CÉGEP proposait la technique policière comme étude. La maison était belle, simple, petite à comparer à son ancienne. Néanmoins, elle put avoir une chambre assez grande pour les choses du petit -ou de la petite- une pièce pour son piano, une grande chambre pour Jay et elle, salon, cuisine, salle à manger, bureau... Une magnifique petite maison, comme ils l'avaient souhaitée.
Le cinquième mois de sa grossesse fut débuté par l'entrée de Jay au CÉGEP. Nathalie, par soucis de santé, restait à la maison. Elle apprenait à la voisine, Chantale, une vieille dame gentille mais retraitée, à jouer du piano, en échange de quelques cours de cuisine. C'est comme cela, d'ailleurs, qu'elle passa ses longs mois d'attente.
Au début de son neuvième mois, environ deux semaines avant la date prévue de l'accouchement, le directeur du programme de Jay remarqua son drôle de comportement. Il alla le questionner et c'est ainsi qu'il apprit qu'il allait devenir père, à 17 ans seulement. Le directeur l'envoya chez lui pour s'occuper de Nathalie et lui proposa d'y rester deux mois. Il pourrait suivre ses cours d'une journée en environ deux heures, le soir, et passer toute sa journée avec son amoureuse, la future maman. C'était certain que cela demandait à Jay une plus grande attention, mais il était très intelligent, sans doute parmi les premiers de son cours, et rien ne pouvait détruire la joie qu'il avait dans son petit foyer.
Comme son père l'avait demandé, Jay et Nathalie avait désormais la routine du mercredi : un souper chez ses parents à elle. Pour les parents de Jay, ils venaient souvent et ils y allaient souvent également. Jordan venait également à la maison régulièrement, entre ses cours d'Université et quelques devoirs.
C'est après avoir pensé à tout cela qu'elle se décida à bouger un peu pour se glisser davantage contre Jay, son ventre énorme, vraiment énorme, appuyé contre lui.
Elle ne savait rien de ce qui y habitait. Fille ? Garçon ? Jumeaux ? Triplés ? Octuplés ? Trisomique ? Malade ? Amputé ? Rien du tout. Elle n'avait pas voulu savoir.

C'est à ce moment que Jay ouvrit doucement les yeux. Il les plissa un peu le temps de s'habituer à la lumière du soleil. Il se hissa sur un coude, et posa ensuite les yeux sur Nathalie avec un sourire joyeux.
Depuis son entrée au CÉGEP, ses traits semblaient un peu plus adultes, et moins jeunes. Il avait pourtant conservé son joli sourire, ses beaux yeux étaient toujours aussi pétillants. Il avait encore grandit un peu durant ces neufs mois, et avait développé un peu plus ses muscles. Il avait maintenant vraiment le physique d'un policier, et arrivait à suivre ses cours, même en simplement deux petites heures chaque soir. Il s'imaginait déjà, en uniforme, sur les lieux d'un crime quelconque... Il avait hâte, bien évidemment.
Alors que Jay approchait de ses dix-huits ans, l'accouchement arrivait lui aussi à grands pas. Comme à chaque matin, le jeune homme déposa un doux baiser sur l'énorme bedaine de Nathalie avec un sourire. C'était devenu une habitude. Il avait hâte de voir enfin naître la petite merveille qui s'y cachait, et dont ils ne savaient rien.
Bref, Jason ne pouvait souhaiter une meilleure vie. Il débordait de joie. En ce superbe matin de janvier, il se hissa sur un coude et regarda Nathalie avec son éternel sourire.
- Bon matin.