Libreeee ! =D

Vous voyez, y’a un truc que je n’ai jamais compris : comment je fais, pour réussir toutes mes missions sans aucunes exceptions. J’suis un manchot, moi. Un manchot empereur. J’glisse sur mon ventre. Je n’ai jamais rien réussit de ma vie. J’ai raté mes études, arrêtées bien avant l’heure, qui plus est. J’ai pas de diplôme d’espionnage. J’sais même pas si ça existe, un truc pareil. Mon père m’a toujours appelée le « joli p’tit cul bordé de nouilles ». Parce que j’ai toujours eu une chance de cocu. A chaque fois que ma maladresse semblait sur le point de faire capoter mes missions, ma chance débarquait comme une petite furie et rattrapait le coup. J’enchaîne les miracles. Après, forcément, les gens pensent que je suis compétente. Après, vous me direz, c’est le résultat qui compte. Et je vous dirais que, en effet, seul le résultat compte, et ce n’est pas plus mal. Parce que moi, hein. J’ai jamais été une lumière. Mais, je sais quand même comment faire mon job, croyez pas. Je suis pas non plus incompétente. Ca a toujours eu le don de m’énerver. Les gens qui foutent tout sur le dos de ma chance. Mais y’a pas que ça. Y’a de la technique, aussi. Beaucoup plus de chance que de technique. Mais y’a d’la technique.

Enfin bref. Venons-en plutôt à notre histoire, là. Moi, j’étais sur une mission. Une association louche avait contacté mon père, qui m’avait envoyée. Je devais surveiller les actions d’une organisation, pour je ne sais pas quoi. Personne ne m’avait détaillé les causes précises de tant de brouhaha. Et je ne cherchais pas à comprendre : ce qui compte, c’est de réussir, de prendre le pognon, et d’aller faire les soldes. Valà. Là, on se comprend, mon cher. Ma mission ? Empêcher la dite organisation de venir trifouiller dans les embrouilles de l’association citée plus haut. Alors je surveillais, discrète. J’apprenais, j’espionnais. Je découvrais notamment cette histoire d’espion à la mords moi le nœud. Qui ne me donnait que plus de travail. Et dieu sait que travailler, je n’aimais pas ça. Moi, j’aimais l’argent. C’est tout.

Cette organisation avait engagé un espion. Alors j’ai suivi cet espion. On m’avait chargé de surveiller ces messieurs, et de protéger les intérêts de mes employeurs. Je faisais ce que l’on me disait. Ni plus, ni moins. Le tout avec un grand professionnalisme, bien évidemment. La preuve : le matin même, alors que je le suivais le plus naturellement du monde, je l’ai perdu, alors qu’il tournait à un carrefour. J’ai toujours été douée, pour les filatures. J’ai un physique extrêmement passe-partout, on me remarque très peu. Cheveux bruns, jusqu’au haut du dos, coupe très banale, les yeux sombres, et un corps tout particulièrement normal. Rien de très singulier. Le problème, c’est qu’il m’arrivait souvent de perdre la personne filée. Mais, pas de soucis. Marraine la bonne fée était toujours là, et en allant me chercher une canette de bière dans un distributeur, je l’avais retrouvé. Et j’avais gagné une canette de bière.

Il arriva bien vite devant le bâtiment qui cachait mes patrons, et je dus faire preuve de plus de discrétion, et de plus de ruse, pour ne pas me faire remarquer. Bien sûr, je ne comptais pas le laisser s’infiltrer. C’aurait été un gros problème pour le bon accomplissement de ma mission. Et dans ce genre de situation, comme le dit toujours mon père, un ennemi de plus, un ennemi de moins, personne n’y verra jamais rien. Alors j’avais bien l’intention de me débarrasser du parasite. De façon définitive. Chez moi, on a toujours été un peu multifonction. Espions, tueurs à gages, tous ce que l’on pourrait qualifier de plus ou moins « crapuleux ». Je décidai donc de… passer par la porte de derrière, si l’on pouvait dire ça, afin de ne pas me faire remarquer. Et, habilement dissimulée par quelques pans de murs, je suivais toujours ma cible. Je la suivais, la surveillais, la surveillais, et là. Oui, là, à cet instant précis, où j’aurais préféré rester cachée, ma bonne étoile décida de m’abandonner à mon triste sort. Me demander pas pourquoi, mais là. Juste LA ! Y’avais une araignée. Dans mes cheveux. Une petite araignée. Ho oui. Je vous vois d’ici ! « Mais c’est inoffensif, une petite araignée ». Et ben croyez y, mes les plus petites, ce sont les plus dangereuses. Alors moi, j’ai gueulé. J’ai crié à l’aide du plus profond de mon estomac, en me jetant devant l’espion que je filais, et en m’agitant dans tout les sens. Pendant une bonne minute.


Une bonne minute. Vous imaginez, la scène ?! Pour une espionne, ça le faisait pas trop. Je m’arrêtais donc brusquement, pour scruter ce cher monsieur. Le fixer inlassablement, dans le blanc des yeux, le temps que la connexion se fasse dans ma petite caboche d’alouette. Je me retournais vers lui, et raclais ma gorge, avant de me crisper dans une position censée être décontractée, voulait m'appuyer sur un mur, qui n'existait pas. Manquait de tomber. Me reprenait, et cherchait une pose confiante.

- Alors, beau brun, on s’promène ?

Han. Qu'est-ce que j'étais con, quand même.

J'offrais un sourire lamentablement embarrassé à ma cible, laissant échapper un rire quelque peu nerveux. Mon cœur battait la chamade. Tellement de stress, alors que je priais ma bonne étoile de rapidement revenir. Ce serait cool, je sais pas, qu'une voiture fonce dans le mec, le percute et le tue sur le coup. Ce serait ma veine, tiens ! Manque de chance, à cette heure, les voitures manquaient un peu. Et je ne pouvais pas trop trop sortir mon taser en pleine rue. Non, non, ça ne le faisait pas. Je gardais donc l'appareil bien dissimulé sous mon sweat noir large, coincé dans mon short. Bien sûr, j'étais méfiante. Il ne savait pas qui j'étais, mais moi, je le savait parfaitement. Toute la nuit, je l'avais surveillé. Tout de même. Un si joli bout de jeune homme. Quel gâchis. J'en aurais bien fait mon quatre heure, moi, de celui-là. Ceci dit, cela ne s'inscrivait pas dans ma mission. Manque de chance. Bordel. C'est pas le moment de partir en vacances, marraine la bonne fée ! Je cherchais donc à... beh, là, on improvise. Aussi, lorsqu'il me proposa du chocolat, je cherchais à, je sais pas. L'amener autre part. Quelque part où je pourrais lui balancer quelques volts par la tête en toute impunité.

- Mon père m'a toujours dit de ne pas accepter de sucreries des inconnus. Ça te dirait pas plutôt de... venir boire un café, en ma compagnie ?

Ok, c'était pas crédible. Je n'ai jamais été crédible. Alors je cherchais à me faire insistante, en me jetant presque sur lui, d'un mouvement brusque, pour me languir à son bras, et lever un regard implorant au cher monsieur.

- S't'eu plaît ?

Merci. Merci mon dieu. Merci de répondre si rapidement à mes prières. Toujours un peu hystérique dans mon genre, je me réjouissait de la façon la plus indiscrète qu'il soit, lâchant le bras du jeune homme, pour sauter à une bonne dizaine de centimètres du sol, afin d'exprimer ma joie, accompagnant mon mouvement d'un "Yes" puissant. Lorsque j'atterris sur le sol, je reprenais une posture bien droite, et tirait un peu sur mon débardeur, prenant soin de vérifier que mon sweat dissimulait toujours le taser. Afin de m'assurer qu'il ne découvre pas ce côté-là de ma nature, je remontais la fermeture éclair du vêtement, l'empêchant ainsi de se soulever, éventuellement. Ce serait assez fâcheux.

Une fois l'explosion de joie passée, je me raclais la gorge à nouveau, avec gêne, parce que mine de rien, y'avait bien que moi pour exprimer mes émotions avec autant de liberté. Puis enfin, j'étais décidée à le mener dans un petit coin isolé de la ville. Une petite ruelle fera l'affaire. Je chopais donc avec fierté le bras de ma cible, et pointa du doigt une direction quelconque. C'était comme tenir un chien en laisse.

- Je connais un petit café sympathique, en centre-ville. C'est un peu loin, mais c'est le meilleur café de la ville.

Enfin, je disais ça, mais j'insupportais le café du plus profond de mon être. Je n'aimais pas les boulots sales. Un p'tit coup de taser, histoire d'assommer le bonhomme, et on en parlait plus. De là, un p'tit coup de seringue par-ci par-là, et hop. Dans le jardin, avec les autres. Non, je déconne, on était quand même pas assez con pour enterrer des corps dans notre jardin. On se contentait de les incinérer. Moins de traces.

D'un pas assuré, nous nous sommes éloignés du bâtiment. Je prenais le chemin du centre-ville, cherchant d'un œil discret un endroit qui pourrait faire l'affaire. Le sourire aux lèvres, je montrais avec enthousiasme mes belles dents à monsieur, tout en attendant l'instant fatidique, où j'allais devoir le transformer en condensateur. C'était triste, tout de même. Mais chacun son boulot. Comme le dit papa, les Hommes occupent chaque centimètre carré de cette fichue planète : un individu en moins, c'est pas ça qui menacera l'espèce. Lorsqu'il me sembla voir une ruelle assez discrète, je feignis tout simplement de trébucher, après avoir lâché le bras de jeune homme. Je fis s'entremêler mes pieds, et me pencha en avant, prête à tomber stupidement, avant de reprendre mon équilibre, avec un sourire.

Qu'est-ce qu'il faut pas faire, pour sortir le taser discrètement. Vous voyez, en faisant semblant de trébucher, je m'arrête, mettant automatiquement une légère distance entre lui et moi. Tout s'enchaîna assez vite. Entre l'instant où l'appareil est sorti, et l'instant où je le pointe sur lui, il ne doit pas la remarquer. Nous étions juste devant l'entrée de la ruelle, et moi, j'attrapais rapidement sa manche, avant de pointer le canon du taser dans son dos.

- Changement de plan, on tourne.

Fis-je, en l'incitant à s'engager dans la petite ruelle.

- C'est une tendance qu'ont les gens, ça, me sous-estimer. Cela dit, je ne m'en plains pas, ça facilite le travail.

Fis-je naturellement, avec une petite moue satisfaite. J'enfonçais le canon au milieu de son dos, resserrant l'étreinte de ma main sur son bras, afin d'empêcher toute éventuelle tentative pour attraper mon arme. Nous étions encore trop près de la rue principale, et je décidai de le pousser plus loin dans la ruelle sombre où j'avais décidé de m'occuper de lui. Une fois arrivés à une distance satisfaisante, n'ayant remarqué aucune volonté de se débattre, je me préparais à presser la gâchette. Je n'aimais pas bien prendre trop de temps à m'occuper de mes cibles. C'était du temps perdu, et un temps durant lequel n'importe quoi pouvait se passer.

- Je t'explique ce qu'il va se passer, maintenant. Ne t'inquiète pas, je ne fais pas souffrir mes cibles : tu vas sentir une forte décharge électrique. Ça risque de piquer un peu, je te l'accorde. Et si tu ne meurt pas sur le coup, tu serras tout de même inconscient, et je t'injecterais un produit qui t'achèvera sans même que tu ne t'en rende compte. Tu as trois secondes pour te faire à l'idée, et décider à qui tu accorderas ta dernière pensée.

Aussitôt, mon doigt se crispait sur la gâchette du taser, prête à envoyer la sauce, et je comptais à voix haute.

Un. Deux... Trois ?

Je soupirai un coup. Voilà ce que ça donnais quand on essayait d'être un peu sympa, d'expliquer, de préparer la victime à son triste sort. Quelle ingratitude. Vous ne trouvez pas ? C'est vrai, il aurait au moins pu être plus doux. Pourquoi tant de violence ? Faut être zen, dans la vie, faut être zen. Ceci dit, il était vrai que j'avais un peu pris la partie comme gagnée d'avance. Mon erreur, je l'avoue. Le canon sur la tempe, je gardai un calme olympien. Moi, me faire tirer dessus ? Ma chance ne m'abandonnait jamais, c'était juste purement impossible. J'étais comme Gontran Bonheur, mais en vrai. J'attendais juste que l'univers me file mon coup de pouce habituel, qui ne tarda pas. A peine le beau brun avait-il annoncé qu'il ne fallait pas le sous-estimer, qu'un objet blanc, une texture crémeuse, venait s'écraser sur son front, pour aller dégouliner jusqu'à son nez. Je regardais la scène avec de grands yeux, alors que le cri d'un oiseau décollait.

- L'univers te soutient dans tes propos : tu viens de te faire chier dessus par un pigeon, mon grand.

Et moi ? Je commençai à rire. Ce ne serait pas d'une grande aide, à moins que monsieur ait une phobie de la merde de pigeon. Ce qui serait bien ma veine. Mais au moins c'était drôle.

Et en plus, allez vous nettoyer d'une merde de pigeon, et tenir quelqu'un en laisse en même temps. C'était marrant de voir combien le canon pouvait bouger. Et de voir l'autre s'acharner à vouloir retirer la tâche blanche qui s'étalait sur ses cheveux, sur son visage. Moi, je tremblais de tout mon corps, de tous mes membres. De rire. Je tentais cependant de calmer mon hilarité, afin de me sortir un peu de cette galère. Aussi, lorsqu'il chopa sa gourde, j'attrapais fermement le poignet de la main qui tenait le revolver, et le faisait pointer vers un mur. Je m'agenouillai tranquillement, en fixant l'abruti qui n'était pas fichu de se nettoyer correctement. J'aurais du lui faire lâcher son arme, en profiter, le buter, là. Mais bordel, j'aurais pas pu. Pourquoi ?

- Vazy, laisses tomber, tu me fais trop pitié, là. Passes-moi ça.

Fis-je, en chopant le mouchoir, pour, à mon tour, m'acharner sur cette délicieuse texture qui s'étalait un peu partout. C'était vraiment dégueulasse. Heureusement que je n'avais pas le cœur fragile, moi, j'vous le dit. Rendez-vous compte quand même que je n'avais rien trouver de mieux à faire que d'aider mon ennemi dans l'adversité, au lieu de m'en débarrasser, ce qui, dans cette situation, aurait été plus que simple. Nan, mais cherchez pas. Je suis con, moi. Toujours été, hein !

- Ne t'inquiète pas, tu seras mort bien avant que cela ne puisses te nuire. C'est dommage, je te l'accorde, mais c'est ainsi que cela va se passer, de toute façon.

Je lui prédisais carrément sa mort, là. Alors qu'actuellement, je nettoyais minutieusement son visage, la gourde d'eau que je lui avait prise dans une main, le mouchoir dans l'autre. Et une fois qu'il me sembla tout beau tout propre, je vidais le reste de la gourde sur la tête, tranquillement, avant d'annoncer, sûre de mon coup, tout à fait confiante, souriante même.

- Et, le bétail n'est pas autorisé à m'appeler "bébé".

Je jetais le mouchoir et la gourde, toujours agenouillée devant lui, profitant de cette proximité pour l'empêcher de fuir à l'anglaise, j'attrapais doucement les mains du jeune homme, sans vraiment savoir qu'en faire. Je devais juste les occuper, ces belles petites mains. Alors je ne trouvai rien de mieux à faire que de les amener à glisser sur mes cuisses nues. Ils aiment bien ça, les hommes, généralement, les cuisses. J'aurais été en jupe, ç'aurait été plus pratique. Mais les shorts sont tout de même plus confortables. En fait, je me rendais compte que mes paroles et mes actes ne collaient pas du tout. Alors on augmente la crédibilité des gestes. Je glissai une main vers la nuque de l'espion, et commençai à l'embrasser avec une certaine passion que, d'une manière ou d'une autre, je ne me reconnaissais pas.

Mon autre main, elle, glissait doucement vers le revolver, que je fini par saisir d'un geste brusque. Une fois armée, je stoppai toute pratique aguicheuse, subitement. Avec dans la merveilleuse idée de me relever pour lui tirer définitivement une balle. Sauf que, le truc, c'est qu'il fallait être rapide. Je n'étais pas en position, pour ça. Faux mouvement. Je me suis tordue la cheville. Ça fait mal. Je suis dans la merde.

A-A-Ah... Ah la merde ! Ah le con. C'est qu'il me faisait de l'effet, en plus. Heureusement que j'avais mal à ma cheville, moi. Si, si, la cheville, ça aide. Vous voulez, je me concentrais sur la douleur qui pointait dans l'articulation et... en fait non, j'y arrivais pas. Que voulez-vous que je dise, hein ? Quand un bel homme s'occupe de vous, vous fermez votre gueule, et vous vous laissez partir. Surtout que physiquement parlant, il ne laissait pas indifférente.

Lorsqu'il se décolla enfin, je mis une ou deux secondes à me remettre de cette scène, avant de me redresser, pour le regarder partir. Han, le con. Il croyait quoi ? Je me suis tordue la cheville. Ça me faisait mal, c'était sûr, mais j'avais pas l'intention de le laisser s'en tirer à si bon compte. A quatre pattes, j'attrapais rapidement mon taser, qui gisait encore, me tournais vers le jeune homme, qui, tout seul, avait mis une bonne distance entre nous, et appuyait sur la gâchette, sans aucune hésitation. Les dards se plantèrent facilement dans son dos, pour délivrer la décharge, qui, certes, avaient peu de chance de le tuer, mais qui l'assommerais très certainement pendant un bon bout de temps. Je me relevais ensuite, non sans difficulté, pour laisser tomber la crosse.

- Pauvre noob... Tss.

Quelques heures plus tard, j'avais demandé un peu d'aide à mon père. Je m'étais occupée de le menotter, coinçant la chaîne derrière un énorme tuyau d'eau chaude, dans la cave du bar que mon père et moi tenions. Une cave un peu sombre. Les murs dégarnis, quelques vieilleries qui traînaient depuis des années. Je l'avais minutieusement fouillé, et débarrassé de toutes ses possessions, ne lui laissant que ses vêtements. Mon pied était maintenant bandé, et d'une manière où d'une autre, je n'avais pas envie de le tuer. Ce qui était parfaitement stupide, puisque je n'avais pas besoin d'informations, au vue de ma mission qui n'était jamais que mission de surveillance.

Mais ce n'était pas grave. Ça me faisait plaisir, de le voir attaché, là, comme un con.

Moi, j'étais tout tranquillement assisse sur une chaise, accoudée au dossier, avec une canette de bière à la main. Lorsque je le vis reprendre conscience, je retiens mon légendaire cynisme. Lui, ne retins pas sa remarque, et pourtant, il n'était pas trop en position de le faire. Une remarque quelque peu... troublante. Des tendances sado-maso ?

- Comment t'as deviné ?!

Fis-je, complètement bluffée. C'est vrai quoi ! Rien n'aurait pu le laisser transparaitre, même le petit épisode de tout à l'heure. Bon, sauf que je préférais largement être attachée qu'être celle qui attache. C'est pas sexy, un homme attaché. Quoi ?! Vous n'allez tout de même pas me contredire. C'est tout de même mieux, lorsque c'est l'homme qui s'impose. Ça donne un petit sentiment de faiblesse terriblement excitant, non ?

- De toute manière, ne t'excite pas, un homme attaché et maîtrisé, c'est juste tout bonnement pathétique.

Lançai-je, condescendante, en buvant une gorgée de bière.

- Cherche pas, le bétail, ça boit de l'eau.

Fis-je, levant un œil vers l'espion. Il croyait quoi ? J'étais quand même pas assez con pour m'approcher. Des fois que je me chope un coup de pied. Je me contentais de le remettre très tranquillement à sa place. Il croyait quoi ? A mes yeux, à cet instant précis, ce n'était rien de plus qu'un chiot gémissant. Aucun intérêt. Bien sûr, qu'il était beau. Mais c'était tout de même mieux lorsqu'il était sur moi, à... enfin, voilà, quoi. Là, c'était excitant. Là, ça faisait de l'effet.

Mais... attaché. Rien à faire, il me faisait pitié. Je suis une soumise, moi. On se refait pas. Quoi ? Oui, j'ai toujours été très libre quant à avouer mes penchants sexuels. Ça pose problème ? Il n'y a pas de honte à avoir à aimer être ligoté. C'est pas comme si je demandais à ce qu'on me file des coups de massue. Non, j'avais une préférence pour tout ce qui consistait à être attachée. Les menottes, les cordes, les laisses, les chaînes. Des p'tits trucs dans ce goût-là. Une petite griffure, ce n'était pas désagréable non plus. Mais là, je le regardais, j'avais juste envie de dire : berk.

- Bon. Dis-moi ce que tu veux manger, quand tu auras faim. Je suis d'humeur sympathique, je te laisses choisir ton dernier repas.