La part du marché. (Chibi :D)

[Bon j'aurais du répondre à Loulou avant, mais ça m'inspirait trop et de toute façon, je m'y mets maintenant
T’inquiètes, nous ferons dans les clichés aussi]

Elias lança un regard distrait à l’immense étendue d’eau noir qui, à la lueur de la lune, prenait des reflets argentés. Il était tôt, très tôt, et notre pauvre homme s’était résolu à cesser de tourner et retourner sous ses couvertures en cherchant le sommeil. Il s’était levé et avait quitté l’immense maison où il vivait, seul, en songeant avec lassitude qu’à cette heure, s’il s’était résolu à allé à la fête à laquelle il avait été invité, il serait probablement encore en train de rire et de boire. Mais il n’en avait pas envie. Voilà trois mois déjà, qu’il n’avait plus envie de rien. Trois mois auparavant, le temps s’était déchainé. Mais un peu de pluie ou de vent n’avait jamais eu d’effet sur notre beau jeune homme, qui en bon habitant du sud avait vécu depuis sa tendre enfance une planche de surf à la main. On lui avait toujours dit que lorsque le temps tournait à la tempête, il ne devait jamais braver les vagues. Mais rendu à 26 ans, quand on est un surfeur de niveau international qui n’a jamais faillit, on oublie bien vite d’écouter les conseils –aussi sages soient-ils- de sa bonne vieille mère. Ainsi, il n’est pas nécessaire de mentionner que, durant cette tempête, Elias avait décidé d’aller s’amuser un peu dans l’eau…

…Il sortait de chez lui en catimini sachant bien ce que lui dirait sa mère si elle le voyait partir pour l’océan alors que dehors, les cieux se déchainaient. Amaylia, qui habitait avec lui et n’était pas, contrairement à la famille de monsieur, uniquement de passage pour les vacances, fut enchantée à l’idée d’une balade ou plutôt d’un moyen pour échapper aux constantes réprimandes de la mère d’Elias. Il était vrai que la bonne femme trouvait toujours une critique à lui faire, mais au fond, elle l’aimait beaucoup. Enfin, toute heureuse à l’idée de l’aventure, l’adolescente –mentionnons ici qu’elle était de dix ans la cadette de monsieur- suivait avec délice Eli alors qu’il dévalait les marches de la galerie. Ce n’était pas la première escapade de ce genre qu’ils vivaient, nos chers petits, alors aucune inquiétude ne planait dans l’air plus ils se rapprochaient de la berge. Amay serrait étroitement le bras de notre jeune homme dans le sien, et bientôt, nos deux complices furent trempés de la tête aux pieds, rien de bien surprenant vu la pluie drue qui tombait.

Au début, ils s’amusaient simplement à tenter de garder la tête hors de l’eau alors que des vagues titanesques leurs déferlaient dessus. Amay se rapprochait d’Elias, puis nageait loin de la berge, comme pour le mettre au défi de la suivre. Bien entendu, son orgueil de mâle âgé eu tôt fait de lui faire abandonner toute raison et donc, lui et l’adolescente s’éloignaient de plus en plus de la plage de sable blanc. Bien vite, il lui apparut qu’ils étaient trop loin et il fit signe à la demoiselle de lui suivre, alors qu’il se démenait pour retourner sur le sable, malgré les flots tumultueux qui semblaient vouloir le lui empêcher. Et d’un coup, sans prévenir, une vague frappa : enfin, impossible de dire s’il s’était réellement agit d’une vague, puisque l’eau lui avait parue aussi dure qu’une énorme pierre lorsqu’elle atteignit le derrière de son crane. Il eu simplement le temps de s’entendre crier le nom de sa compagne avant que tout devienne noir…

Ce fut des heures plus tard, alors que le soleil était revenu et se faisait particulièrement chaud sur sa peau, qu’Elias reprit conscience. Il entendit simplement des cris confus autour de lui, avant d’ouvrir les yeux, de se relever d’un bond sans prendre grande notice du sable qui lui collait au visage. Il regarda précipitamment de chaque côté de lui, ignorant les regards inquiets de sa famille avant de lancer d’un voix aussi faible qu’un murmure:

« Amaaay… où elle est? »

Les gens autour de lui n’avait manifestement aucune envie de le lui dire, ainsi lorsqu’il remarqua la frêle silhouette d’une adolescente toute blonde étendue à quelques dizaines de mètres à sa gauche, il repoussa l’homme et la femme qui semblaient être des professionnels médicaux et couru jusqu’à elle. Pourquoi y avait-il trois policiers autour? Pourquoi Amaylia n’avait pas les yeux ouverts? Pourquoi ne levait pas la tête vers elle pour lui dire d’arrêter d’avoir se visage inquiet, qu’elle n’avait rien? Il senti à peine la main qui s’était posée sur son épaule alors que les mots prononcés eux, résonnait dans toute leur puissance dans sa tête : « Elle s’est noyée ».

Il hurlait à plein poumons, ayant rapproché le petit corps de lui, serrant la jeune fille sur son torse.

« Elle s’est noyée »

Les larmes coulaient de ses yeux. Amay ne lui lancerait plus jamais de sourire d’ange, elle ne l’attendrait plus jamais de son retour d’un compétition pour lui dire qu’il avait été magnifique.

« Elle s’est noyée »

C’était de sa faute, si seulement il était resté sagement chez lui.

« Elle s’est noyée »

S’il était resté chez lui, alors sa petite sœur ne serait pas morte.
…

Et depuis ce jour fatidique, il était resté seul dans son énorme villa blanche, sans jamais sortir que la nuit lorsque personne ne le voyait. Il n’avait plus participé à une compétition et s’était juré de ne plus jamais entrer dans l’eau. Sa planche de surf restait dans sa remise, parce qu’il avait été incapable de la jeter –c’était Amay qui lui avait donnée et qu’il l’avait peinte grâce à ces talents d’artiste- mais ne voulait pas la garder. Enfin, il était assis sur la clôture du patio de l’arrière de sa maison, le vent frais de la nuit ébouriffant ses cheveux châtains très pâles. Il scruta une dernière fois l’étendu d’eau et se résolu à aller faire une tour près de la mer, pour une raison qui lui échappait en partie.

Elias, ce qui suit est tout simplement nécessaire à cette introduction, que cela vous plaise ou non, était un assez grand homme à la peau bronzée, à la carrure d’athlète et aux yeux d’un bleu turquoise comme l’océan sous le soleil. Il avait également, bien que cet atout n’ai pas été vu depuis trois mois, un sourire d’ange qu’il avait partagé avec son adorable petite sœur. Sans un mot, puisqu’il était seul de toute façon, ses pieds nus s’enfonçant dans le sable –et son torse dénudé pour le simple plaisir du fanservice- il s’avançait vers l’océan, avec une envie incompréhensible d’aller dans l’eau. À quelques pas de la grande bleue, il se souvint alors sa promesse à lui-même…

« Ça ne fait rien… va dans l’eau de toute façon »

Ne s’écoutant qu’à moitié, il fit un pas pour entrer dans la mer, les yeux à demi clos, en se disant qu’il n’avait pas du tout envie d’y aller. Alors, à sa grande stupeur, il remarqua quelque chose de vraiment étrange : à l’endroit où son pied aurait dû entrer jusqu’au mollet dans le liquide, ce dernier était resté lisse, uniforme, et semblait soutenir Elias comme l’aurait fait une glace épaisse (enfin, en plus chaud).


Ses doigts s’enfoncèrent dans l’eau, comme ils l’auraient dû. Sans comprendre, il amena une main à son front et, d’un coup un jet d’eau s’éleva, comme un tentacule liquide de pieuvre géante et s’immobilisa dans les airs, comme la main de monsieur. Elias, plus perplexe que jamais, tendit la main devant lui et ouvrit la paume en crispant ses muscles et, contre toute attente, le jet d’eau fut propulsé vers la direction en question.


Il entendait à peine les clapotements derrière lui.

[Oualà! J'espère bien que ça te plaît XDD (:]

Abasourdi, Elias regardait l’eau se déplacer doucement au rythme de ses mouvements. Il ne comprenait strictement rien, et en même temps, cette étrange découverte avait rapidement laissé la curiosité de côté et lui avait fait ressentir un agréable sentiment d’euphorie, comme lorsqu’il surfait sur les vagues, des mois auparavant. Avant, il était capable de suivre les moindres courbures de l’eau, presque capable de faire partie du liquide. Cette journée là, c’était l’eau qui le suivait. C’était lui qui menait la danse. Il regarda avec envie les grandes vagues au loin qui, rapidement se transformaient en minuscules remous près de la plage. On aurait dit que le souvenir de sa petite sœur était loin, maintenant. On aurait dit que l’eau l’appelait, ne désirait que lui. Et pourtant, une petite partie de lui criait de ne pas y aller, de se rappeler de sa promesse. C’est dans la parfaite indécision que notre surfeur vit un vent de long cheveux blonds passer près de lui. Il retourna la tête précipitamment et, à sa grande surprise, la barrière qui le séparait de l’eau sembla céder : dans un grand « Splash! » il se retrouva moitié-assis, moitié-couché dans la mer froide. Il laissa échapper une exclamation de surprise et un juron, son pantalon de pyjama se trempant de façon très désagréable.

« Merde »

En même temps, c'était la faute de l'inconnue qui était passée près de lui: elle marchait désormais sur la plage derrière la maison de monsieur. Il la regarda, se demandant ce qu'elle pouvait bien faire dehors, dans l'océan, à cette heure ci. Une baignade nocturne? À tous les coups c'était du genre bain-de-minuit et un quelconque mec allait la suivre hors de l'eau. Excellente chose à faire derrière la maison des inconnus, ronchonna-t-il pour lui même.

Il leva les yeux pour voir, à quelques pas de lui, une jeune fille au regard gris profond et aux cheveux blonds. Il faut mentionner que depuis trois mois, la seule personne à lui rendre visite était un de ses amis, qui faisait du mieux qu’il pouvait pour essayer de lui remonter le moral. Les parents d’Eli avaient rapidement cessé de le voir, non pas qu’ils lui en veuillent. Enfin, son père était devenu distant et sa mère l’appelait de moins en moins souvent –forcément, il ne répondait pas- pour essayer de le psychanalyser. Et donc, pour les contacts sociaux, il n’était plus vraiment doué. Incertain de la manœuvre à prendre –soit garder l’expression de vieil oiseau grincheux qu’on lui connaissait le plus souvent ces temps-ci, ou tenter un sourire- il se contenta de laisser transparaitre une profonde absence d’émotion (parce que le coup des yeux tristes de chien battu, c’est pas mieux).


Ah voilà où était rendu notre garçon habituellement doué pour se faire des copains, dans le genre ultra sociale itou. Il se releva mollement, comme un gros chat paresseux, et s’avança vers elle.

« Qu’est ce que vous faisiez dehors... à cette heure ci? »

Parce que bon, il avait beau être assez bien –et de façon totalement sexy- bâti, il y avait toujours l’angoisse de retrouver un copain à la demoiselle. Genre un monsieur muscle à moitié nu qui dégageait des nuages de testostérone et qui n’avait qu’une envie, casser la gueule de ceux qui approchent sa demoiselle de trop près.

Se balader… enfin, il allait lui faire confiance –même si une partie de lui avait envie de jeter des coups d’œil inquiets autour de lui à la recherche d’un quelconque Musclor. Bref. Oh oui, le stéréotype du surfeur… c’était moyennement lui disons. Oui il avait toujours aimé la fête et assez modérément les filles, mais Amaylie gardait jalousement son grand frère pour elle et avait le don de lui dire ce qu’elle pensait de ses prétendantes. « Elle vuet juste de toi parce que t’as des abdos et un gros portefeuille », disait-elle. « Tu vas quand même pas sortir avec une fille qui s’est fait refaire vingt-cinq fois les seins? Elle tiendrait même pas debout sur une planche! », disait-elle. Et puis en même temps, elle avait raison. C’est vrai quoi, il fallait pas sortir avec une fille sous prétexte qu’elle était mignonne. Enfin, il avait eu quelques copines mais jamais rien de très sérieux. Et lorsque des idiotes en bikini tentaient de se frotter sur lui, une petite sœur avait tôt fait de surgir de nulle part pour se lancer dans ses bras.

Par contre, il devait l’avoue à contrecœur, il avait beau être un surfeur connu internationalement –qui n’avait pas donné de signe de vie depuis trois mois- il semblait presque répugnée par l’eau. En même temps, il avait presqu’envie d’aller chercher sa planche et de s’élancer au loin, sur les vagues… mais il s’était promis de ne plus faire ça. Il se renfrogna lorsqu’elle lui demanda pourquoi il était tombé. Il n’était pas pour lui lancer « Hey, j’étais en train de marcher sur l’eau tu vois, et d’un coup elle est redevenue liquide ». Il y aurait l’air d’avoir un peu de petit gazon qui fait rire là-dessous. Bref, il se contenta de s’approcher d’elle encore un peu, dans l’idée de rentrer chez lui.

« Aucune idée, j’ai perdu l’équilibre un instant et… fit-il, puis il reprit, vous habitez bien loin? »

Il examina momentanément son beau visage, comme s’il souhaitait y trouve rune quelconque information supplémentaire –ou peut-être simplement pour se dire qu’il était beau- avant s’avancer à ses côtés et de lui dire, pour une raison qui lui était tout à fait inconnue :

« Dans ce cas, je peut-être vous raccompagner? Ce n’est pas prudent pour une jeune fille de se balader à cette heure? »

Il lui répondit un « oui » dans un murmure en réponse à sa question, une ombre de sourire nostalgique sur son visage.

« D’ailleurs, je m’appelle Elias. Elias Thomas. Enchanté »

C’était un peu con, de la raccompagner comme ça, pour aucune raison valable, alors qu’il était trempé de la tête au pied. Mais dans le sud, même la nuit, il fait assez chaud, donc il n’y avait pas grande inquiétude à avoir quant au fait de prendre froid. C’était juste inconfortable. Il haussa légèrement un sourcil en entendant son nom, qu’il avait entendu à maintes reprises au cours des derniers mois, et lui lança un regard mi-confus mi-triste lorsqu’elle lui demanda de confirmer son identité :

« La mannequin, non? Et puis oui je suis… je… j’étais surfeur. Seulement les circonstances ont faites qu’il… valait mieux pour moi… me tenir loin de l’eau »

Sa voix, même bouleversée par l’émotion, avait toujours un accent mielleux et délicieusement adorable. C’est que, voyez-vous, monsieur est australien.

[Oh que oui XD]

« Dites-vous qu’il y a pire qu’une allusion. Vous savez, les gens qui vous harcèlent et tout. Alors franchement vous ne pouvez pas m’avoir ‘ramené à de mauvais souvenirs’, j’y suis déjà. Enfin, façon de parler »

Peu cohérent? C’est certain. Mais la plupart des gens ne comprenaient pas ce qu’il disait, ces derniers temps. Il était plutôt renfermé, c’est certain, mais on aurait dit que de s’être privé de vie sociale durant trois mois l’avait rendu méconnaissable. Il suivit son regard et lui lança un demi sourire –mais au fond, il devait toujours avoir l’air aussi triste, le pauvre petit- avant de lancer :

« Et bien oui… il faut croire que j’ai de la difficulté à tenir mes résolutions. C’était une passion pour moi, l’océan et s’en détourner peu être dur, non? Mais parfois, pour respecter une promesse, il faut faire des compromis… »

Et confusion au maximum, monsieur, toute nos félicitations!