Everyone knows I'm in over my head~ [Mon pikachu aka Dreamz]

- En 2592, qu’elle phrase célèbre a été dite et que représentait-elle?

- « Il ne faut pas adapter la Terre à nous, nous devons nous adapter à la Terre ». Alexis Leclerc, chef militaire du Canada, région du continent du Nord-Ouest à l’époque, a fait réaliser au peuple survivant que la planète avait été détruite par l’homme qui avait essayé de la modifier. Les quelques 500 000 survivants des catastrophes ont donc rebâti le monde selon la technologie habituelle, mais propre : énergie éolienne, solaire ou hydraulique. En 2621, ces énergies seront remplacées par la force de l’âme, et chaque humain mettra en contribution sa force pour chaque action du quotidien. Encore aujourd’hui, les personnes décédées donnent leurs derniers souffles d’âme pour subvenir aux besoins publics. Les humains ne font plus de mal à leur planète, et nous vivons dans son respect, comme promis.

- Exactement, Rashel. Nous avons à peine commencé ce chapitre, comment avez-vous recueilli des informations si précises?

- Je… je lis beaucoup, Madame.

- Très bien. Pouvez vous me dire, si vous êtes si souvent dans vos bouquins, quels sont les autres usages de l’énergie de l’âme? Autre que pour subvenir aux besoins de l’homme.

À vrai dire je ne lisais pas. J’avais simplement cette petite voix au fond de moi qui avait tout vu, tout connu, et qui savait tout. Les autres étudiants me jetaient des regards moqueurs : ça avait toujours été la guerre entre moi et cette professeure. La guerre franchement! Entre une gamine de douze ans et une enseignante de quarante. Vieille femme frustrée tiens. Et c’était toujours moi qui gagnais. Elle pensait m’avoir donné une colle : je n’avais pas du tout l’air de la fille sportive. Et bien, elle verra, cette vieille peau!

- Comme divertissement, un sport. Les règles sont simples : on survit. On utilise notre âme pour faire différents sorts, mais pas d’armes. Les armes utilisées sont fournies et vérifiées par différentes boutiques. C’est un combat aérien : il faut utiliser sa puissance d’âme pour voler et attaquer l’ennemi. Pas le droit de tuer, la personne avec la plus grande force d’âme gagnera. Et pour votre gouverne, je suis une des meilleures joueuses de l’équipe de l’école.

Et vlan.

- Et votre numéro Un, le dragon, Rashel!

Ah, si elle m’avait vu cette journée là, cette vieille folle, elle se mordrait les doigts de m’avoir recalée en cours d’histoire pour « copie » alors que c’était totalement faux. Ça m’apprendra à écouter la petite voix dans ma tête et à écrire des textes si précis, si nets et clairs… à douze ans. Bref, cette journée là, treize ans avaient passés. Faites le calcul, j’avais alors vingt cinq longues années. Enfin, la personne contre qui je me battais, c’était un homme dans la trentaine qui m’avait défié, croyant qu’il pourrait me battre. Mais personne ne le pouvait. Du haut de mes cinq pieds et sept pouces, je n’avais pas tant un physique qu’une aura imposante : j’étais mince, pourvue de formes généreuse, bref, tout ce qu’il faut où il faut. Mais ma démarche, mes mimiques, tout sur moi était empreint de grâce, de fierté et même d’un certain dédain pour toute autre chose que moi. Je n’avais que peu de connaissances amicales : c’est lorsqu’un est le plus connu qu’on est le plus seul, je l’avais bien appris à mes dépends. Bref, lorsque les gens me voyaient arriver, on s’écartait pour me laisser passer.

J’avançai dans l’arène de pas nonchalant, j’étais toujours au sol, le match n’étant pas commencé. L’homme en face de moi avala sa salive d’un air surpris : disons que j’étais plutôt surprenante. Je portais en effet le dernier cri de tenue de compétition : le tout de cuir noir, recouvrant tout le corps avec d’énormes pics aux épaules. Mes longs cheveux noirs étaient ramenés impeccablement vers l’arrière en une couette haute et je portais des lunettes fumées pour cacher mes yeux bleus. Dans ma main, accotée sur mon épaule, je portais un énorme canon. Arme crée par moi-même, puisque seule moi avait la force d’âme pour le faire fonctionner. Je fis une moue dégoutée en voyant le monsieur muscle devant moi : outre ma personne, la plupart des compétiteurs avaient le corps, pas l’âme. Car les plus faibles physiquement n’osaient pas se montrer. Moi j’étais belle et puissante.

- Avec ou sans armes? Fis-je

Il me répondit sans, probablement terrorisé par mon canon : il allait tord, c’était de mes poings qu’il fallait avoir le plus peur. Bref, je retirai un véritable dépôt d’armes de mon corps : les deux katana accrochés à mon dos, les dagues dans mes bottes hautes, dans mes bracelets. Les trois révolvers que je portais à la jambe et mon canon. Ajoutez à cela quelques couteaux et projectiles et vous aurez mon arsenal. Bref, je lui souris innocemment alors que l’arbitre donnait le départ : je m’élançai d’un bond dans les airs, et, délaissant le sol blanc immaculé du stade, attendis monsieur muscles.

Il monta à une vitesse ridiculement lente, sous le regard impressionné de la foule. Je souris. Au début, pour leur faire plaisir, je me contentai de bloquer avec maladresse les attaques de l’homme : il croyait avoir le dessus. D’un coup, je me laissai tomber au sol sous les cris effrayé de la foule : leur favorite détrônée! À quelques pouces du plancher blanc, je me repris et m’arrêtai : je retournai vers monsieur et lui envoyai un coup de pied sur les genoux. Il grogna sous la douleur et plongea vers moi, poing en premier, j’évitai l’attaque avec facilité et lui lançai une décharge d’énergie argentée : le pouvoir du vent. Au même moment, je sentis une douleur m’envahir, mon âme consommait son énergie. Une douce chaleur m’enveloppa alors, et la douleur disparu : elle était là. Elle, mon autre moi, mon secret. La voix dans ma tête qui me donnait cette force surhumaine.

Je lançai une autre décharge : rouge, le feu, une autre bleue : l’eau et une dernière verte : la terre. L’homme était tout près du sol, haletant. Je lui lançai un poing dans le ventre et, une fois qu’il fut au sol, je posai ma main à son cou. Le même bruit étrange qu’à l’habitude résonna dans tout mon être « tue-le » Je levai les yeux vers la foule, ma façon à moi de contenir cette envie. Mon regard croisa celui d’un homme, et une fureur plus vieille que moi se réveilla dans mon être. Ma poigne sur le cou de l’homme se fit plus forte, je le senti s’étouffer. Cette fois je murmurai à moi-même.

- Allez! Achève-le! Je veux sentir la vie quitter son corps. Je veux qu’il meure!
- Tais-toi! Je ne suis pas une meurtrière!
- Pour l’instant. Haha~

Horrifiée, je lâchai l’homme au moment où on annonça ma victoire par un : « votre numéro un, jamais détrônée : le dragon! » Sans un mot, la mine troublée, je me rendis à mon vestiaire personnel. Alors, j’ignore pourquoi, je me rendis dans l’armoire, et agrippai un de mes couteaux, le passant sans presser sur mon poignet. Je retirai mes lunettes et les lançai dans un coin de la pièce. La voix dans mon fort intérieur reparti de plus belle.

- Coupe-toi, mon ange. Fais sortir ces jolies ailes noires qui te vont si bien!
- Je… je ne veux pas! Fis-je d’un ton effrayé.
- Je veux voir du sang, je veux qu’il en sorte de tes veines.
- Je… ahh.

Un étrange bien être se répandit en moi et je baladai le couteau sur mes doigts, en fendant le très bout. Quelques gouttelettes de sang s’échappèrent, et l’euphorie me gagna.

- Le poignet! Ouvre-toi le poignet!

Oui. Excellente idée. La sensation de faiblesse de la perte de sang devait être agréable, tellement agréable. Je souris. C’est alors qu’une silhouette m’apparu : l’homme de qui j’avais croisé le regard plus tôt. Il tomba sur une scène très étrange : la femme la plus connue du monde qui essayait de s’ouvrir les veines, en se parlant seule.

- Je… répondis-je à la question silencieuse.